AVATAR, LA VOIE DE L’EAU, dans les coulisses du nouvel exploit de James Cameron – 3ème partie
Article Cinéma du Mardi 13 Decembre 2022

LA PRODUCTION

Plutôt que de créer une multitude de nouvelles planètes, James Cameron a choisi de poursuivre son exploration de l’exolune Pandora dans les suites d'AVATAR. Il a considéré que celle-ci, qui tourne autour d'une planète géante gazeuse appelée Polyphème dans le système stellaire Alpha Centauri-A, pouvait offrir toute une gamme de paysages, à l’instar de la Terre.

« Pandora est un personnage à part entière du film », explique le producteur Jon Landau. « Nous l’avons utilisée comme une métaphore de notre monde. Nous pourrions voyager sur Terre pendant des siècles sans voir toutes les merveilles qu'elle recèle. Jim a donc pris la décision de maintenir l'histoire sur Pandora et d'explorer de nouveaux biomes et de nouvelles cultures. Compte tenu de son amour, et du mien, pour les océans, nous les avons choisis comme terrain d'exploration de nos histoires à venir. »

James Cameron s'est tourné vers le chef décorateur Dylan Cole pour concevoir tout ce qui concerne l’aspect physique de Pandora et les Na'vi, tandis que son confrère Ben Procter était chargé de se concentrer sur l’environnement, les véhicules et les armes des personnages humains. Le cinéaste précise : « Habituellement, un seul chef décorateur gère tout ce qui se passe devant l'objectif. Mais il y avait deux mondes en collision dans cette histoire : celui des humains qui est hautement technologique et très reconnaissable pour nous, et le monde de Pandora, les Na'vi, les créatures, les plantes…. Dylan et Ben ne créaient pas seulement les décors pour le deuxième film - ils devaient concevoir l'ensemble du métarécit. »

LE MONDE DES METKAYINA, LE CLAN DE LA MER

« James Cameron en sachant plus que tout le monde sur le sujet, la conception des océans de Pandora a représenté un défi de taille », se remémore Dylan Cole. Dylan se réfère non seulement à la plongée solo record du réalisateur au point le plus bas de la Terre en 2012, qu'il a relatée dans le film documentaire National Geographic de 2014 DEEP SEA CHALLENGE 3D : L’AVENTURE D’UNE VIE, mais aussi à sa passion de toujours pour la mer.

Au-delà du défi, Dylan Cole a eu pour mission de créer l’écosystème qui a façonné le mode de vie du clan Metkayina. Les personnages eux-mêmes sont d'une nuance de bleu légèrement différente de celle des Omatikaya. De plus, ils ont une tout autre physiologie, avec de grandes mains, une poitrine et une cage thoracique plus développées sans oublier d'épaisses protubérances de cartilage sous la peau, presque comme des nageoires qui auraient poussé de chaque côté de leurs bras et de leurs jambes, et qui les aideraient à se mouvoir dans l’élément liquide. Ils ont également une queue plus large qui les aide à propulser leur corps dans l'eau. Selon James Cameron : « Le clan Metkayina, le peuple des récifs, s'est adapté à la vie dans l'océan, ce qui lui confère un aspect très différent. »

Le village Metkayina a été conçu pour donner un sentiment de vie idyllique sur le récif. Et tout comme les Omatikaya vénéraient des lieux sacrés dans la forêt tropicale, les Metkayina se rassemblent dans la crique des Ancêtres, où s’élève leur arbre spirituel. « Il fallait qu'il s’agisse d’un arbre sous-marin et exotique, mais qu'il rappelle également l'Arbre des âmes », explique Dylan Cole en référence au saule géant attaqué par les forces de la RDA dans AVATAR. « Nous avons gardé l'idée d'un arbre, avec des filaments magenta lumineux et des frondes ressemblant à des algues exotiques. »

Les Metkayina entretiennent une relation unique et spirituelle avec les tulkun , des créatures sensibles ressemblant à des baleines et pouvant mesurer près de 90 mètres de long. James Cameron développe : « Les cultures tulkun et Na'vi sont étroitement liées par la musique, le chant et la danse. Les Metkayina par exemple dessinent des tatouages sur les tulkun qui racontent l'histoire de leur famille. Les tulkun, après leur cérémonie de passage à l'âge adulte, ont le corps et les nageoires tatoués, tout comme les Metkayina qui se font également tatouer pour la première fois à l’adolescence. »

Payakan, un adolescent tulkun, se lie d'amitié avec Lo'ak, le fils de Jake et Neytiri. Tout comme le jeune Nav’i, il est aussi une sorte de paria. Ils communiquent ensemble grâce au langage des signes développé spécialement pour le film par l'acteur et défenseur des sourds CJ Jones. « Ce sont deux adolescents incompris et mal acceptés, qui se lient d’amitié dans l’immensité sauvage de l'océan » confie James Cameron.

Parmi les autres créatures aquatiques, l'ilu représente une espèce de mammifère fringant et joueur que le réalisateur décrit comme « un croisement entre une raie manta profilée telle un biplan, à laquelle auraient été adjoints le long cou d'un plésiosaure et les ailes d'un avion de chasse européen ». Pour Dylan Cole, ces créatures aquatiques volantes renvoient à l'ikran, une espèce de prédateur aérien ressemblant à un dragon mis en vedette dans AVATAR. Et James Cameron de poursuivre : « Nous voulions qu’elles aient la personnalité d'un dauphin ou d'un phoque, qu’elles soient très drôles, mais aussi qu’elles aient des dents, histoire de faire peur si nécessaire. »

Le skimwing est quant à lui un amphibien : il possède une structure branchiale mais peut également respirer à la surface de l'eau. « Le skimwing est décrit comme une monture de guerrier, ce qui signifie qu'il est plus agressif, plus dangereux et plus rapide » précise James Cameron. Il s’inspire en partie du poisson volant, mais avec une forme de tête très différente et des ailes brillantes, colorées sur un motif basique de noir et d’orange avec un peu de blanc.

LES COLONISATEURS HUMAINS : LE MONDE DE LA RDA

Lorsque les humains reviennent sur Pandora, ils ont un seul objectif en tête : imposer par la force un contrôle total de la planète. Voyageant à bord d'une flotte d'ISV (Véhicules Inter Stellaires), la RDA, lourdement armée, a remplacé les modules d'habitation qui accueillaient autrefois les scientifiques et les candidats au programme Avatar par des « transporteurs à élingue », qui acheminent des équipements lourds, des véhicules militaires et des machines. Les énormes moteurs des ISV réduisent en cendres le paysage indigène au cours de leur atterrissage. Le chef décorateur Ben Procter déclare : « C'est une prise de contrôle hostile, un débarquement en force, un peu comme celui des alliés sur les plages de Normandie. Mais dans ce cas-là, la RDA réduit sans hésiter un magnifique pan de forêt en cendres dans un rayon de plus de 30 km2. »

Ben Procter a conçu le transporteur comme une structure industrielle géante, un croisement entre une plate-forme pétrolière et un immeuble de bureaux de 30 étages. Il confie : « Elle est dotée de pieds amortisseurs parce qu'elle doit se poser sur la planète. Au bas de cette tour de 30 étages, il y a une rampe géante d’où peuvent sortir toute une série de véhicules de construction, des AMP (exosquelettes bipèdes) et des personnes. »

Tout cet équipement est utilisé pour la construction de la base d'opérations de la RDA, une ville tentaculaire appelée Bridgehead. « C'est un port industriel à part entière » souligne Ben Procter. « On y pratique le raffinage de l'unobtanium et des combustibles fossiles. Jim voulait que cela ressemble à une ville frontière en plein essor, à une construction en expansion constante. À l’image des fourmis qui œuvrent sans relâche à bâtir. »

En plus d'une flotte d'avions d'attaque, la RDA possède dans son arsenal le monstrueux mais remarquablement aérodynamique Dragon des Mers . Ce navire de 122 mètres de long peut se soulever hors de l'eau et effleurer la surface de l'océan à une vitesse de 140 nœuds. Il transporte en son sein des vaisseaux plus petits, conçus pour la protection et la chasse au tulkun. Cette armada meurtrière comprend des sous-marins d'attaque mako (référence à une espèce de requins) armés de torpilles suspendues comme des bombes prêtes à être larguées dans l'eau depuis le ventre de la coque. On trouve également à bord des exosquelettes ayant la forme de crabes sous-marins, la version amphibie des AMP découverts dans AVATAR.

James Cameron explique : « Cette combinaison est une sorte de matelot de pont robotique surdimensionné qui permet d’accomplir tous les travaux pénibles dans et hors de l'eau. Comme un vrai crabe, elle permet de se frayer un chemin à travers les coraux et les plantes, de nager et de s'agripper aux objets. Sur le pont, grâce à ce matériel, le soldat peut marcher sur ses articulations. Mais dans l'eau, il a en plus une capacité de préhension qui lui permet de déployer ses orteils et de s'agripper au varech et à d'autres objets. »

Le Dragon des Mers transporte également une multitude de bateaux de surface, dont le Matador - une plate-forme de commandement, de soutien et d’harponnage à grande vitesse - et plusieurs Picadors, qui sont utilisés pour les patrouilles à courte distance et les réactions défensives.

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