Pinocchio : La musique
Article Cinéma du Dimanche 25 Decembre 2022

CHANSONS ORIGINALES ET MUSIQUE DE FILM

Après sa collaboration avec le compositeur Alexandre Desplat, dont la musique a été récompensée d’un Oscar pour LA FORME DE L’EAU : THE SHAPE OF WATER, Guillermo del Toro savait qu’il souhaitait retravailler avec le célèbre artiste français pour les chansons et la musique de PINOCCHIO. Del Toro et Patrick McHale ont couché par écrit leurs idées de départ pour les chansons et le scénario et, en 2019, le réalisateur a rencontré Desplat dans son studio parisien pour savoir comment s’y prendre au mieux pour les mettre en musique. De son côté, le musicien a sollicité un parolier avec lequel il travaille souvent, le franco-américain Roeban Katz. « Patrick et moi avions jeté les grandes lignes des paroles de quelques-unes des chansons mais Katz et Alexandre ont transformé ces idées et ces phrases en d’authentiques chansons », raconte del Toro.

L'une des premières chansons à avoir été finalisée est également celle qu’on entend au début du film : il s’agit de My Son, que Geppetto chante à Carlo dans la scène de flash-back inaugurale. « C’est une berceuse pleine de lyrisme », indique Desplat. « Étant donné que l’histoire se déroule en Italie, nous voulions que les chansons soient toujours amples et réellement empreintes de lyrisme : elles ne pouvaient pas être minimalistes, sèches et âpres. Les mélodies devaient être fluides et chantantes, presque à la manière d’un opéra ». En composant la musique de My Son, Desplat a cherché à restituer une dimension atemporelle adaptée à l’époque à laquelle se déroule l’histoire, privilégiant largement l’accordéon.

Contrairement à My Son, la première chanson qu’entonne Pinocchio, Everything Is New to Me, est animée du même esprit joyeux que la marionnette qui vient d’être fabriquée. « C’est très léger », poursuit le compositeur. « Il a un côté très comique car il pose des questions sur des sujets qui paraîtraient évidents à un enfant mais qu’il ne comprend pas, puisqu’il vient juste de découvrir le monde. Je me suis beaucoup amuse à écrire ces morceaux ».

Les paroles de Fatherland March [Marche patriotique, NdT.], l’hymne fasciste que Pinocchio chante ensuite, sont en partie inspirées des recherches de McHale sur les chants nationalistes de l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Pour le dernier spectacle de Pinocchio dans la troupe de Volpe, les paroliers du film ont travaillé à partir de cet hymne traditionnel pour créer Big Baby Il Duce March. « On a tous bien rigolé quand on a commencé à écrire les paroles », confirme Desplat. « On était comme des enfants, comme si on avait 8 ans et qu’on s’amusait ensemble en disant ‘pipi’, ‘caca’ et j’en passe ».

Si Big baby Il Duce March incarne, chez Pinocchio, l’exemple le plus flagrant de la grossièreté typique des garçons, Ciao Papa est profondément émouvant et montre la petite marionnette sous son jour le plus sincère et tendre. « C’est un moment très touchant, quand il dit au revoir à Geppetto », reprend le compositeur. « Gregory Mann a vraiment réussi à insuffler beaucoup d’émotion dans cette chanson. Grâce à sa voix très pure et douce, quand il dit ‘Adieu, mon papa, on entend presque sa voix se briser ».

En dehors de Geppetto et de Pinocchio, seuls Volpe et le Criquet ont leur propre chanson, même si les Lapins Noirs entonnent un chant funèbre qu’ils interprètent en chœur avec solennité au moment où ils conduisent Pinocchio vers Limbo la première fois. Il s’agit de The Late Lamented [Les dernières lamentations, NdT.]. Dans la chanson de Volpe, We Were A King Once [Nous étions roi autrefois, NdT.], le patron de la fête foraine repense aux jours plus heureux qu’il a connus et envisage de retrouver sa gloire passée. « Volpe est agité, et il fallait donc une chanson ample et très lyrique », poursuit Desplat.

Le Criquet tente lui aussi de se lancer dans une chanson à deux reprises mais finit par être accidentellement écrasé par un Pinocchio surexcité, puis avalé par la Baleine. Ce n’est qu’à la fin du film qu’il réussit à chanter en entier Better Tomorrows [Des lendemains meilleurs, NdT.], qui s’inspire du célèbre compositeur américain George Gershwin. « Il est constamment interrompu dans sa chanson », ajoute del Toro. « Quand nous étions à Paris pour composer, je disais à Alexandre, ‘On a besoin de commencer par une parole vraiment forte du genre 'My dear father used to say...' [‘Mon cher père avait l’habitude de dire...’, NdT.] et puis il se fait écraser ». Bookmark and Share


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