Furiosa : Une saga Mad Max  : Entretien avec Tom Burke (Praetorian Jack)
Article Cinéma du Lundi 24 Juin 2024

Le terme de Prétorien est le titre officiel des gardes du corps d’Immortan Joe, mais ceux-ci sont répartis en fonction de leur spécialité. Le rôle de Jack, pour l’essentiel, consiste à piloter le Porte-Guerre car il y excelle et que c’est un enjeu majeur des machinations de la Citadelle. Toute la vie de Praetorian Jack se joue au sein de la Citadelle et de l’univers de la Citadelle – Moulin à Balles et PétroVille – dans ce périple triangulaire incessant d’un endroit à l’autre. « Il nous rappelle Max, explique Tom Burke. « C’est un outsider de l’intérieur, en tout cas à mes yeux. George m’a fourni les fondements de son parcours – il est originaire d’une famille de militaires qui connaissait Immortan Joe avant qu’il ne devienne Immortan Joe. Après l’effondrement, s’est manifestée une volonté farouche de s’emparer de la Citadelle : on estimait que c’était un endroit sûr sans vraiment savoir de quel genre d’endroit il s’agissait. Je me suis raconté que son passé était lié à ces événements, et que ses meilleurs souvenirs d’enfance ont trait aux moments passés sur cette route. C’est ce qui m’a permis de comprendre pourquoi il prend autant de plaisir à se trouver dans le Porte-Guerre – c’est vraiment une source de réconfort ».

« Le Porte-Guerre est incontestablement un personnage à part entière. George disait qu’il s’agit d’un engin ‘totémique’ et qu’il se rattache à la dimension religieuse de l’univers d’Immortan Joe. C’est comme un temple sur roues, magnifique à voir, tout de chrome et d’acier. Le degré de détails dans l’habitacle est époustouflant. Le levier de vitesse semble sculpté dans un fémur et le volant est orné d’un énorme crâne, avec une grenade dans la bouche, fabriquée à partir de boulons et de vis ».

Furiosa et Praetorian Jack

« À un moment donné, sans que je me souvienne comment on est arrivés à parler de ça, on a évoqué cette citation : un intellectuel, c’est celui qui se rend compte qu’il y a plus important que le sexe. On est partis là-dessus et on s’est dit qu’un intellectuel dans la Désolation, c’est celui qui sait qu’il y a plus important que la survie – et je pense qu’au fond, c’est l’humanité. Je pense que Jack en est un peu conscient. Quand il rencontre Furiosa, il en prend davantage conscience encore, surtout quand elle lui explique qu’elle doit se rendre quelque part. Au départ, quand ils concluent leur pacte, il lui dit que c’est un mirage. ‘Dans quelques années, on aura la liberté de poursuivre les mirages’. Au cours de leur relation, il se met à croire dans ce lieu vers lequel elle se dirige et il a envie de l’aider à le trouver. À un moment donné, il a même envie de s’y rendre avec elle. Au début du tournage, on l’envisageait davantage comme un garçon qui veut raccompagner une fille chez elle, d’une manière très simple, même si cela peut sembler un peu vieillot. C’est ce qui me permet de me dire qu’il existe dans ce monde – et ce n’est pas facile d’exister dans ce monde – mais il s’est rendu compte de ce qui était faisable. Et je crois qu’elle lui offre la possibilité de vivre une tout autre vie, et c’est considérable pour lui ».

La chorégraphie des scènes d’action

TOM BURKE : « L’une des plus grosses scènes d’action est celle de la Passagère clandestine : elle faisait 42 pages dans le scénario et elle dure une quinzaine de minutes à l’écran. Dans le script, l’action est délibérément détaillée si bien qu’elle est facile à suivre. Mais je ne savais pas bien à quoi m’attendre au moment du tournage. J’ai déjà tourné quelques scènes de courses-poursuite et j’y avais pris du plaisir. En général, on arrive sur le plateau, on passe la première moitié de la journée à tourner les plans larges, puis on tourne les plans rapprochés et on passe à une autre scène. Sur FURIOSA, on consacrait une journée entière à trois plans différents qui duraient entre 7 et 9 secondes au mieux, et au moment où ces plans étaient prêts à partir au montage, on se retrouvait avec deux ou trois secondes utiles et parfois moins. J’ai adoré ces journées-là. Il faut réfléchir à deux ou trois choses à la fois, parfois plus – de temps en temps, on a une ligne de dialogue pendant la scène – mais c’est très rythmique. C’est un travail assez technique. On nous repassait les scènes qu’on avait tournées antérieurement et qui devaient coller parfaitement à celle qu’on tournait au moment présent – et c’était très utile pour se souvenir où on en était et savoir quel était le degré d’adrénaline à tel ou tel moment. J’ai adoré cette séquence ».

« Je crois que le film parle autant d’humanité que de violence, mais il parle aussi d’espoir et il semble empreint d’un optimisme étonnant à certains moments. J’avais une ligne de dialogue dans une des versions du scénario qui parlait de deux êtres capables de sauver le monde – et je pense que c’était judicieux que ce dialogue saute. Car en réalité ils n’essaient pas de sauver le monde – ils essaient d’en trouver un autre. À mes yeux, le fait qu’ils doivent vivre dans le monde où ils se trouvent était intéressant et réaliste. Je crois que c’est lié à ce qu’on appelle parfois la banalité du mal. C’est ce qui donne un ancrage solide à l’histoire. C’est une sorte de fable, avec une dimension parfois surnaturelle, mais qui semble très incarnée ». Bookmark and Share


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