TWISTERS : le retour d’un univers culte du film catastrophe – 1ère partie - Flashback sur les principaux films du genre
Article Cinéma du Jeudi 27 Juin 2024

Par Pascal Pinteau

Ne vous fiez pas au pluriel du titre : s’il y a encore plus de tornades dans TWISTERS que dans le film original de 1996, il ne s’agit pas d’une suite, comme le réalisateur Lee Isaac Chung nous l’a expliqué lors de l’interview qu’il a accordé à ESI, et que vous découvrirez dans la deuxième partie de ce dossier.

Si ce nouveau chapitre de la saga est situé dans le même univers, vous n’y verrez pas revenir le personnage du Docteur Jo Harding interprété par Ellen Hunt dans le film original, ni bien évidemment Bill Hardin joué par Bill Paxton, puisque le sympathique acteur a hélas disparu en 2017. TWISTERS n’est pas un remake non plus, car les situations présentées sont différentes.

Le point commun entre les deux films reste le studio ILM, dont les effets visuels en images de synthèse étaient déjà précurseurs et étonnants en 1996. Autant dire que ses équipes ont mis à profit les nombreux progrès accomplis depuis dans le domaine des simulations 3D, pour préparer des scènes d’action époustouflantes.

Les films catastrophe, un genre né avec le cinéma

Saviez-vous que les films catastrophe sont apparus dès les débuts du cinéma ? Le génial George Méliès, l’inventeur des premiers trucages sur pellicule, a réalisé en 1902 ÉRUPTION VOLCANIQUE À LA JAMAÏQUE, en utilisant une maquette, des découpes peintes, des fumigènes et un petit pour reconstituer le désastre en miniature dans son studio ! En Italie aussi, dans les années 1910, des superproductions comme LES DERNIERS JOURS DE POMPEÏ et CABIRIA attirent les foules dans les salles. Aux États-Unis, c’est à partir des années 30 que le genre se développe, en s’appuyant sur des trucages de plus en plus sophistiqués (Décors montés sur vérins hydrauliques, maquettes extrêmement détaillées), comme dans l’excellent SAN FRANCISCO (1936), consacré au tremblement de terre qui ravagea la cité californienne en 1906. Citons aussi HURRICAINE (1937) de John Ford, histoire d’amour et de conflits sur une île de la Polynésie française, alors qu’un ouragan approche, ou LA MOUSSON (1939), autre récit romantique, dont l’action se déroule en Inde.

Les trois films qui ont popularisé le genre dans les années 70

Dans ce registre particulier du cinéma à grand spectacle, trois films sont devenus des références absolues dans les années 70, en traitant chacun un type de désastre bien précis. Dans L’AVENTURE DU POSEIDON (1972), un tsunami renverse un paquebot. Après le désastre, un groupe de passagers tente tant bien que mal de se déplacer dans cet univers à l’envers (les décors inversés sont étonnants), et de remonter étage après étage vers la quille du paquebot qui émerge des flots, dans l’espoir que les secours arrivent. Même si certains de ses trucages sont un peu plus visibles aujourd’hui, l’incendie du gratte-ciel géant de LA TOUR INFERNALE (1974) est un tour de force cinématographique qui reste impressionnant à voir. Le séisme qui ravage la Californie dans TREMBLEMENT DE TERRE (1974), était une expérience encore plus spectaculaire à découvrir en salles grâce au procédé « Sensurround », qui consistait à combiner des ondes sonores de basses fréquences (entre 17 et 120 Hz) et à les diffuser par l’intermédiaire de puissants amplificateurs de 1600 watts et d’enceintes géantes de type « caissons de basse » ou « subwoofer ». Quand le système était déclenché pendant les scènes de séisme, les spectateurs ressentaient des vibrations dans les tympans, la poitrine et les membres ! Après cet âge d’or des films catastrophes dans les seventies, la majorité des blockbusters ont exploré les registres de la science-fiction et du fantastique après les succès phénoménaux de STAR WARS (1977), SUPERMAN, LE FILM (1978) et ALIEN, LE 8ÈME PASSAGER (1979). Nous allons revenir longuement sur TWISTER (1996), dont le succès a contribué à relancer le genre dans les années 90, puisqu’il a été suivi de peu par l’efficace LE PIC DE DANTE (1997), qui imaginait l’éruption d’un volcan dormant depuis des millénaires, dans l’état de Washington. Plus récemment, en 2009, le spécialiste du genre, Roland Emmerich, s’est surpassé en imaginant l’apocalyptique 2012, qui combine tous les types de désastres en un seul film !

Alors que nous nous apprêtons à découvrir TWISTERS à partir du 17 juillet, Effets-spéciaux.info revient sur la création du film originel, resté une référence de la pop culture.

TWISTER (1996), l’un des meilleurs films catastrophes de tous les temps

Un nouvel exploit du tandem de JURASSIC PARK : Michael Crichton & Steven Spielberg

L’histoire de TWISTER a été co-écrite par Michael Crichton (l’auteur de MONDWEST et de JURASSIC PARK ) et par son épouse canadienne de l’époque, Anne-Marie Martin après qu’ils aient découvert un documentaire consacré aux chasseurs de tornades sur la chaîne HBO. Crichton et Martin décident d’adapter ce sujet en fiction et de le pimenter en ajoutant une histoire d’amour compliquée entre les deux héros, inspirée de la comédie LA DAME DU VENDREDI réalisée par Howard Hawks en 1940, avec Cary Grant et Rosalind Russell. Le couple envoie son synopsis à Steven Spielberg. Persuadé qu’il tient un nouveau blockbuster, Spielberg achète le concept pour 2,5 millions de dollars, une somme record à cette époque. Il décide d’en confier l’adaptation cinématographique à l’ex directeur de la photographie Jan de Bont, encore auréolé du succès de son premier film d’action, SPEED. Misant sur le réalisme, De Bont décide de montrer les tornades comme si elles avaient été filmées sur le vif, par un opérateur dérouté par la situation et surpris par le déroulement des destructions. Ce concept astucieux va être le point de départ de toute la conception des scènes d’action et des nombreux trucages du film. Toujours fidèle au studio d’effets visuels de son ami George Lucas, Spielberg demande à ILM de créer les tornades ondulantes qui donnent leur nom au film…

Les premières tornades simulées en 3D

Le superviseur des effets visuels Stefen Fangmeier et ses collaborateurs décortiquent le scénario pour déterminer comment mélanger les images de synthèse des tornades aux prises de vues réelles. Fangmeier et une petite équipe d’ILM suivent alors chaque étape du tournage, vérifiant les mouvements de caméra et les cadrages pour éviter que ceux-ci ne couperont pas le haut des tornades 3D qui seront ajoutées plus tard. Tous les déplacements de caméra sont enregistrés par le système de tracking mis au point pour JURASSIC PARK, qui permet d’intégrer des images de synthèse au milieu de décors, quels que soient les mouvements effectués et les objectifs utilisés pendant le tournage des prises de vues réelles. L’équipe d’ILM relève aussi les positions, les intensités et les couleurs des sources d’éclairages pour les reproduire et les projeter sur les modélisations de véhicules ou d’immeubles voués à la destruction. Pendant la postproduction, des copies hyperréalistes de tracteurs et de moissonneuses-batteuses sont placées dans les images réelles, puis animées pour être emportées par la tornade virtuelle. Dans une autre séquence, ce sont les bâtiments d’une ferme qui sont disloqués et aspirés : les tuiles s’envolent, les charpentes craquent et les cloisons cèdent les unes après les autres, grâce aux simulations animées par les artistes d’ILM. Mais à l’époque, on se contente de montrer tout cela à une certaine distance, pour ne pas révéler les limites de ces éléments recréés en 3D.

Désastre sur commande : les trucages en direct de John Frazier

En dehors de ces exploits virtuels, de nombreux trucages concrets sont créés par John Frazier, l’un des meilleurs experts dans ce domaine, qui a déjà collaboré avec Jan de Bont sur les effets de SPEED. Une séquence de TWISTER témoigne de l’impact de son travail : le moment où un énorme camion citerne « relâché » par la tornade tombe juste devant la camionnette des héros. Pour permettre le tournage de cette scène, John Frazier fabrique un duplicata du véhicule en aluminium et plexiglas et le suspend par des câbles à une grue géante. Au signal du réalisateur, le faux camion citerne tombe pile sur ses marques, non loin des acteurs et l’effet est sidérant. Le même système de fabrication est employé à d’autres moments, pour faire pleuvoir des répliques d’engins agricoles sur la route, mais cette fois-ci, ils sont largués par des hélicoptères militaires loués à l’armée. Certains éléments réels des décors sont arrachés du sol et des façades des maisons grâce une série de câbles fixés à leurs faces cachées, et tractés par des machineries. Les câbles seront effacés numériquement par la suite, pendant la postproduction. C’est ainsi que s’envolent les poteaux de la barrière à côté de laquelle courent les héros poursuivis par la tornade. La scène de l’orage de grêle, réalisée en direct, nécessite l’emploi d’une machine spéciale, qui broie des blocs de glace et projette des grêlons artificiels à 20 mètres de hauteur grâce à une pompe à air à haute pression. Helen Hunt et Bill Paxton, qui incarnent les deux héros du film, subissent vaillamment cette pluie de grêlons pendant cinq jours.

La consécration : l’adaptation en attraction aux Studios Universal

À sa sortie en 1996, TWISTER aspire aisément les tickets de cinéma, et se classe à la 16ème place des plus grands succès de tous les temps, avec 495,7 millions de dollars de recettes au boxoffice mondial. Ce triomphe engendre la création d’une attraction dans le parc des Studios Universal de Floride. Les spectateurs découvrent d’abord une reconstitution de la maison dévastée de la tante Meg, l’un des personnages du film. Les stars de TWISTER Helen Hunt et Bill Paxton apparaissent sur des écrans pour expliquer les caractéristiques des tornades, puis invitent le public à pénétrer dans la salle suivante. Les spectateurs découvrent alors un immense décor reconstituant la place d’une petite ville américaine. Le vent devient de plus en plus violent, une tornade apparait à l’horizon (sous la forme d’une projection), s’approche, puis se forme réellement devant la foule ! Les façades des bâtiments et les poteaux électriques se couchent, les voitures s’envolent, une pluie torrentielle s’abat et un court-circuit provoque l’incendie d’une station service qui explose en formant une boule de feu de dix mètres de large...Au cours de cette démonstration de trucages, la tornade est recréée « en vrai », grâce à une batterie de ventilateurs géants si puissants qu’ils pourraient gonfler quatre ballons dirigeables en une minute. Toutes les destructions et les effets pyrotechniques sont pilotés par ordinateur pour assurer une parfaite sécurité. Et dès que les spectateurs sortent de la salle, les éléments de décors se remettent automatiquement en place, pour subir le passage d’une nouvelle tornade quelques minutes plus tard. Après avoir tant marqué la culture populaire, TWISTER semble être le sujet tout trouvé d’une suite. Bill Paxton (disparu en 2017), puis Helen Hunt tentent de faire aboutir le financement d’un nouvel opus, mais leurs scripts sont rejetés par les dirigeants des studios…Un reboot de ce classique du film catastrophe est d’abord développé par Joseph Kosinski (le réalisateur de TRON L’HÉRITAGE, OBLIVION, et TOP GUN : MAVERICK) , qui est crédité en tant que co-créateur de l’histoire. Kosinski se consacrera finalement à d’autres projets, et 27 ans après le film initial, c’est finalement Lee Isaac Chung qui a dirigé TWISTERS, en bénéficiant des fabuleux progrès accomplis dans le domaine des simulations 3D. Avec la contribution d’ILM à ce nouvel opus, on est déjà assuré que le grand spectacle sera au rendez-vous.

La suite de notre dossier TWISTERS paraîtra bientôt sur E.S.I. !

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