L’ACOLYTE : L’univers visuel de la dernière série Star Wars
Article TV du Vendredi 12 Juillet 2024

La nouvelle intrigue se déroulant à une époque jamais traitée en prises de vues réelles, l’équipe chargée de donner vie à cet univers avait du pain sur la planche. L’ère de la Haute République est marquée par une paix et une prospérité durables, au cours de laquelle les Jedi sont à leur apogée. Si STAR WARS : L’ACOLYTE nous montre des décors familiers comme la capitale galactique Coruscant, de nouveaux mondes luxuriants ont été conçus spécifiquement pour la série afin de montrer la splendeur de cette période.

La couleur caractéristique des décors permet de traduire non seulement l’idée de prospérité mais aussi les dynamiques de pouvoir qui constituent le cœur du récit. Insuffler de la couleur dans le monde de L’ACOLYTE était en effet essentiel pour représenter les motivations nébuleuses des personnages. Exactement l’inverse de la dualité clairement définie du bien et du mal qu’on retrouve dans le style visuel de nombreuses productions STAR WARS.

Kevin Jenkins, le chef décorateur de L’ASCENSION DE SKYWALKER, a créé ces nouveaux univers. Ceux-ci ont été construits en dur et sur mesure en Angleterre, au Pays de Galles et sur l’île de Madère (Portugal). La majeure partie des séquences a été tournée dans d’authentiques décors afin d’ancrer la série dans des lieux somptueux mais réalistes, comme dans la trilogie originale.

Pour Kevin Jenkins, l’idée de montrer une période inédite était à la fois enthousiasmante et inquiétante. Créer une série se déroulant un siècle avant tout ce qui avait été fait en prises de vues réelles impliquait en effet de ne pas reprendre des concepts stylistiques postérieurs à l’intrigue. Il souligne : « Prenons l’exemple de l’Empire romain. Entre le IIIe siècle avant notre ère et la naissance du Christ, Rome a beaucoup changé. Nous avons donc conçu une version plus ancienne et plus paisible de la galaxie que celle que nous connaissions jusqu’à présent. »

Le chef décorateur a également été chargé de développer un nouveau langage visuel, ce qui impliquait notamment de tout réinventer, des vaisseaux spatiaux jusqu’au style d’éclairage utilisé dans les scènes en intérieur.

LE STYLE DES PERSONNAGES

La cheffe costumière Jennifer Bryan a rapidement estimé que les vêtements de la série devaient être non seulement fonctionnels - notamment pour les séquences d’action - mais aussi fournir des éléments de contexte culturels pour les nouveaux mondes que nous découvrons. Elle s’est notamment inspirée de cultures anciennes, notamment celles du Maroc, de Mongolie, de Sibérie et des Berbères d’Afrique du Nord.

La dichotomie des tons noirs, gris foncés, blancs et crème comme symboles de la lutte entre le bien et le mal est bien connue dans l’univers STAR WARS. Trouver des couleurs vierges de toute signification était donc un défi. Son choix s’est finalement porté sur le violet foncé, qui apparaît au fil des épisodes. « C’est une couleur universelle, symbole de la royauté et d’un rang élevé », explique-t-elle.

Comme les autres chefs de service, le chef coiffeur et maquilleur Jeremy Woodhead (LES ANIMAUX EXTRAORDINAIRES, LE SEIGNEUR DES ANNEAUX) souhaitait lui aussi s’attaquer à une autre saga légendaire. Le style des personnages de la série fait ainsi référence à de nombreuses autres productions STAR WARS.

Pour le look de Mae, son équipe et lui ont eu recours à une technique spécifique pour donner du volume et du mouvement à sa perruque. Les mèches des extensions s’inspirent de celles des tribus africaines, à base d’argile. Sa collaboratrice Kamanza Amihyia explique comment elle a obtenu l’effet souhaité : « Pour ce faire, Jeremy a eu recours à une couche d’acrylique - plus durable que l’argile – une technique je n’avais jamais utilisée dans ce contexte. Nos perruques étaient donc lavables et solides. Chaque mèche était peinte de huit couleurs différentes. » Après avoir commencé au pinceau, l’équipe a finalement opté pour une application au rouleau, tout aussi efficace.

Côté maquillage, la série est peuplée de centaines de créatures extraterrestres. L’un des Jedi, Jecki, a le visage entièrement maquillé. « C’est une prothèse pour éviter que le maquillage se mette à couler à cause de la transpiration liée à la chaleur des projecteurs. Mais Dafné était fantastique : elle se retenait de mettre ses doigts dessus ! », commente Kamanza Amihyia.

LES CASCADES

Pour cette série qui fait beaucoup appel aux arts martiaux, Leslye Headland s’est attaché les services de cascadeurs de haut niveau, coordonnés par Mark Ginther et Chris Cowan, chorégraphes des scènes d’action et réalisateurs de la seconde équipe,

Mark Ginther a réuni une équipe d’horizons artistiques très variés : « Nous avons intégré ce que nos designers Guillermo Grispo et Lu Junchang nous proposaient, et nous avons travaillé avec notre chorégraphe Daren Nop pour les scènes physiques. Ce mélange nous a permis d’obtenir ce que nous recherchions : beaucoup d’arts martiaux et de luttes au corps à corps avec Lu Junchang, et des combats à l’arme à feu et à l’arme blanche avec Guillermo. » Les arts martiaux, très présents dans ces chorégraphies, combinent le kung-fu, le kenjutsu, le kali philippin et le kickboxing.

La contribution de Chris Cowan à la conception des cascades a été essentielle. Il déclare : « Je voulais vraiment penser le rôle de la caméra et du montage dans les scènes l’action. J’aime savoir précisément comment les plans vont s’enchaîner ». Mark Ginther a donc utilisé le logiciel Unreal Engine 5 pour numériser les environnements créés par l’équipe de Kevin Jenkins. Cet outil utilise la capture de mouvement pour optimiser à la fois les chorégraphies et les mouvements de caméra.

Effets sonores et viSUELS

Industrial Light & Magic (ILM), le studio d’effets visuels de Lucasfilm, et le studio son Skywalker Sound, ont finalisé l’univers de la série. ILM, qui a produit 2 000 plans pour L’ACOLYTE a notamment travaillé sur les extensions d’environnement, les séquences spatiales, les scènes d’action et les nouvelles créatures. Julian Foddy et Carlos Ciudad - respectivement directeur et producteur des effets visuels - ont supervisé les effets en direct et en postproduction, en collaboration avec Rob Bredow, producteur et directeur artistique d’ILM. Leur premier réflexe a été de se demander ce que George Lucas aurait fait à leur place, d’où le choix de décors réels, de marionnettistes pour les créatures et d’effets produits « en direct », afin de permettre à l’équipe des effets visuels de se consacrer à créer « l’impossible ». Le travail en amont de Leslye Headland et de son chef décorateur a permis d’optimiser le processus.

L’épisode 3, dans lequel les Jedi rencontrent les sorcières sur Brendock, en est un parfait exemple : il est le fruit de la collaboration entre les décorateurs et des responsables des effets « en direct », le service des effets visuels n’intervenant qu’en fin d’épisode sur la manifestation physique de la Force chez ces femmes. Entièrement conçu par Julian Foddy et ILM, le majestueux concept de « Force Aurora » témoigne de l’intégration subtile et souvent imperceptible de ces artifices dans la série.

Tous les effets sonores de L’ACOLYTE, qu’il s’agisse des craquements d’un séchoir sur Ueda ou de l’ambiance effervescente qui règne à bord du cargo transportant les Mek Neks, sont l’œuvre de Skywalker Sound, le temple des sons de l’univers STAR WARS. La conceptrice sonore Kimberly Patrick explique : « Dès notre première conversation, Leslye et moi nous sommes mises d’accord sur le fait que la conception sonore de la série devait faire le plus souvent possible référence à celle de Ben Burtt, tout en proposant de nouveaux sons ou de nouvelles versions des célèbres effets sonores de la saga ».

L’équipe a même fait du zèle en donnant une identité sonore distincte à chaque sabre laser. Elle ajoute : « Je me suis concentrée sur leur allumage et leur bourdonnement. Dans le premier cas, il s’agit d’une version remasterisée du bruitage classique, avec des sons de papier qu’on déchire et un effet explosif qui étoffe l’ensemble. Pour le bourdonnement, j’ai utilisé celui de Ben Burtt, mais dans des tonalités différentes en fonction des personnages, avec un plugin qui ajoute un peu de feedback, pour un effet un peu plus granuleux. »

LA BANDE ORIGINALE

Pour L’ACOLYTE, Michael Abels - qui a notamment signé la bande originale de GET OUT - a créé une partition dynamique. Le compositeur estime en effet que les effets sonores et la musique de STAR WARS sont tout aussi importants que le reste. Le véritable défi était de concilier démarche innovante et respect de la tradition pour ces nouveaux personnages et cette intrigue inédite. Il explique : « Il y a des moments où la musique s’inscrit vraiment dans la grande tradition STAR WARS, ce qui permet de faire le lien avec les autres contenus de la saga. Et d’autres où l’on découvre des choses qu’on n’avait encore jamais vues. C’est intentionnel. Il y a des moments qui semblent familiers et d’autres pas du tout. Nous avons donc travaillé sur ces deux niveaux. »

La séquence du restaurant au début de la série est symptomatique de cette philosophie. Comme l’explique le compositeur : « On commence par les grands thèmes sonores de STAR WARS qui cèdent progressivement la place à des sons plus percussifs à mesure que le combat prend de l’ampleur. On voulait une ambiance à la fois primitive et dynamique. Mais quand Indara tire son sabre, tout bascule et la musique reprend le langage traditionnel de la saga. »

LES CRÉATURES

Neal Scanlan, qui a travaillé sur sept projets STAR WARS dont LE REVEIL DE LA FORCE, ROGUE ONE et ANDOR, est le responsable des effets « créatures », des maquillages spéciaux et des droïdes. Son équipe, qu’il a constituée à l’époque du REVEIL DE LA FORCE, est aujourd’hui très soudée, ce qui établit une continuité artistique et méthodologique.

Leslye Headland et lui ont discuté de chaque droïde et créature. Tous deux se sont systématiquement demandé si leurs créations contribuaient au développement de l’intrigue ou si leur rôle de figuration était simplement destiné à donner l’impression d’un monde totalement étranger.

Au fur et à mesure que leurs idées prenaient forme, le responsable de la conception des créatures et la directrice artistique de la série rédigeaient une courte biographie des différents personnages. Ainsi est né Kelnacca, qui se distingue des autres Wookiees par de nouvelles technologies permettant d’animer plus précisément son visage, mais aussi par son crâne tatoué et rasé par endroits. Sans oublier ses tresses. Tout ceci le différencie évidemment de Chewbacca, le Wookiee le plus célèbre de STAR WARS. Neal Scanlan s’est beaucoup amusé à imaginer le passé de ces nouveaux venus : « Kelnacca est intelligent. Même s’il est un Jedi, il est un peu vaniteux. Il attache beaucoup d’importance à son apparence et prend soin de sa crinière, qui est vraiment l’un de ses signes distinctifs ! »

En matière de créatures et de droïdes, il ajoute que ces nouveaux personnages ont généralement un petit air familier. « De mon point de vue, une création efficace, c’est celle qui donne un côté presque ordinaire à un droïde », conclut-il.

LES ÉQUIPES ARTISTIQUES ET TECHNIQUES

Amandla Stenberg (HUNGER GAMES, THE HATE U GIVE – LA HAINE QU’ON DONNE), Lee Jung-jae (la série « Squid Game »), Manny Jacinto (TOP GUN : MAVERICK), Dafne Keen (LOGAN, la série « His Dark Materials : À la croisée des mondes »), Charlie Barnett (les séries « Poupée russe » et « You »), Jodie Turner-Smith (la série « Anne Boleyn »), Rebecca Henderson (CALL JANE), Dean-Charles Chapman (1917), Joonas Suotamo (L’ASCENSION DE SKYWALKER) et Carrie-Anne Moss (la saga MATRAX, la série « Jessica Jones ») sont au générique de cette série produite par Rayne Roberts, Damian Anderson, Eileen Shim, Rob Bredow, Cameron Squires, Candice Campos et Adam Teeuw. Leslye Headland, Kathleen Kennedy, Simon Emanuel, Jeff F. King, Jason Micallef, Charmaine DeGraté et Kor Adana en sont les producteurs délégués.

Leslye Headland (la série « Poupée russe ») est non seulement la créatrice et la directrice artistique de STAR WARS : L’ACOLYTE mais également la réalisatrice des deux premiers épisodes, et la scénariste des épisodes 1 et 6.

Jason Micallef et Charmaine DeGraté sont les scénaristes du second épisode. Le troisième est mis en scène par Kogonada et écrit par Jasmyne Flournoy et Eileen Shim. Le quatrième est réalisé par Alex Garcia Lopez sur un scénario de Claire Kiechel et Kor Adana. Kor Adana et Cameron Squires ont écrit le cinquième, signé Alex Garcia Lopez. Le sixième est réalisé par Hanelle Culpepper et écrit par Leslye Headland et Jocelyn Bioh. Le septième est mis en scène par Kogonada, sur un scénario de Charmaine DeGraté, Jen Richards et Jasmyne Flournoy. Le huitième et dernier épisode de la saison est réalisé par Hanelle Culpepper et écrit par Jason Micallef.

L’équipe technique réunit notamment les directeurs de la photographie Chris Teague et James Friend, le chef décorateur Kevin Jenkins, la cheffe costumière Jennifer Bryan, le chef coiffeur et maquilleur Jeremy Woodhead, le responsable des cascades Mark Ginther, les responsables des effets visuels Julian Foddy et Carlos Ciudad, la conceptrice sonore Kimberly Patrick, le responsable de la conception des créatures Neal Scanlan et le compositeur Michael Abels.

La suite de notre dossier consacré à L’ACOLYTE paraîtra bientôt sur E.S.I. !

Si vous voulez tout connaître sur l’histoire des trucages, dans le cinéma, les séries, le maquillage, le cinéma d’animation et les plus belles attractions des parcs à thème, offrez-vous EFFETS SPÉCIAUX : 2 SIÈCLES D’HISTOIRES, la bible des SFX, unanimement célébrée par la presse comme l’ouvrage absolument incontournable sur le sujet, avec 848 pages, 2500 photos dont beaucoup exclusives, et les interviews de 160 des plus grands spécialistes mondiaux ! Vous découvrirez des anecdotes incroyables sur les tournages des films et séries cultes, et vous saurez exactement comment les moments les plus étonnants de vos œuvres favorites ont été créés !
Pour vous procurer ce livre de référence en un clic sur Amazon, c’est par Ici. Bookmark and Share


.