TWISTERS : La préparation du tournage
Article Cinéma du Lundi 15 Juillet 2024
Une fois le scénario de TWISTERS achevé en 2022, Joseph Kosinski a quitté le projet pour aller tourner un autre film. C’est Lee Isaac Chung qui a pris la relève, après avoir réalisé des films indépendants pendant 13 ans et notamment signé, en 2020, le drame familial MINARI nommé à plusieurs Oscars. Alors qu’il se demandait s’il allait s’atteler à la suite de MINARI, Chung a mis en scène un épisode du MANDALORIEN, la fameuse série STAR WARS créée par Jon Favreau et produite par Kathleen Kennedy, épouse de Frank Marshall. Et cela a été une expérience décisive dans la recherche du réalisateur idéal de TWISTERS menée par Marshall. « Comme tout le monde, j’ai adoré le travail d’Isaac effectué sur MINARI », remarque le producteur. « Je savais qu’il savait parfaitement raconter une histoire empreinte d’humour et d’émotion, autour de personnages forts, et créer une atmosphère. Mais j’ignorais s’il serait capable de diriger des scènes d’action de grande ampleur. Et c’est là que ma femme Kathleen a joué un rôle. Comme je savais qu’il avait collaboré à la série LE MANDALORIEN, je lui ai demandé son avis. Non seulement elle m’a totalement rassuré en me disant qu’il était l’homme de la situation, mais elle m’a permis de visionner certaines images qu’il avait tournées pour la série. J’ai découvert un réalisateur naturellement doué qui sait exactement où placer la caméra et raconter une histoire dans le registre de l’action et de l’aventure. Et quand j’ai discuté avec lui, il m’a prouvé qu’il avait une véritable intelligence de l’écriture et une vision très affirmée de la mise en scène. Il correspondait parfaitement au projet ».
Pour Chung, TWISTERS était l’occasion d’explorer un genre qu’il souhaitait aborder depuis longtemps – et il n’était pas loin d’y avoir renoncé, faute de perspective. « Avant MINARI, j’envisageais même d’abandonner le cinéma parce que cela devenait de plus en plus difficile de monter un projet », souligne le réalisateur. « Je me donnais une toute dernière chance avec MINARI. Si je devais arrêter le cinéma, je voulais terminer ma carrière sur cette histoire qui comptait énormément à mes yeux. Par chance, le film a connu beaucoup de succès si bien que je n’ai pas dû abandonner la réalisation. Et mieux encore, il m’a ouvert des portes ». À tel point qu’il a pu s’atteler au type de projet dont il rêvait. « Je peux comprendre les gens qui se disent qu’après MINARI, je n’aurais plus envie que de raconter ce genre d’histoires, mais ce n’était pas le cas », confie-t-il. « Au contraire, je voulais explorer d’autres registres qui m’ont toujours intéressé. TWISTERS était le genre même de film que je rêvais un jour de réaliser. J’ai toujours eu envie de mettre en scène un film d’action. J’ai toujours eu envie de m’attaquer à un projet de grande envergure. Et j’adore raconter des histoires autour de plusieurs personnages dont les relations et les destins s’entremêlent. Le plus drôle, c’est qu’à bien des égards MINARI, qui pourtant est un projet modeste et personnel, m’a préparé à TWISTERS dans la mesure où il a plusieurs points communs avec lui : le dénouement de MINARI tient du film-catastrophe à une échelle intime et l’histoire se déroule dans un coin de l’Amérique que je connais très bien ».
Né à Denver de parents d’origine sud-coréenne, Chung s’est installé avec sa famille dans une région rurale de l’Arkansas à l’âge de 2 ans. Ses parents ont ensuite vécu dans plusieurs villes différentes avant d’emménager à Lincoln (qui compte environ 2000 habitants), dans l’Arkansas, pour s’occuper d’une exploitation agricole. Un parcours qui lui a inspiré l’histoire de MINARI. En revanche, ce film n’aborde pas un incident qui s’est produit trois semaines après l’arrivée de sa famille à Lincoln. « Une tornade a balayé la région », dit-il. « Mon père n’y avait jamais songé quand il a décidé qu’on allait vivre dans un mobile home sur le terrain où il souhaitait construire sa ferme. Il n’y avait pas d’abri contre les cyclones, si bien qu’on a tous grimpé dans le pick-up de mon père et roulé jusqu’à ce qu’on arrive dans un lieu où nous avons pu nous garer à l’abri, en toute sécurité. À partir de là, on est devenus attentifs aux alertes de tornades à chaque printemps, et mon père a construit une maison avec un sous-sol où on pouvait se réfugier en cas de tornade. On se sentait beaucoup plus en sécurité ».
Chung a de nouveau été confronté à une tornade, fictive celle-là, en 1996 au moment de la sortie de TWISTER. « J’étais au lycée et on est allés voir le film en famille », se rappelle-t-il. « Je me souviens parfaitement de la scène d’ouverture où une famille tente de fuir une tornade de nuit, et je me suis tourné vers mes parents et je leur ai dit ‘Hé, mais c’est nous !’ On a tous adoré ce film. Du coup, avec TWISTERS, j’ai le sentiment de boucler la boucle. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir enchaîner, après MINARI, avec un film qui me touche de près, bien qu’il soit très différent et d’une tout autre ampleur ».
Chung a été impressionné par le scénario de Mark L. Smith et indique que deux aspects ont particulièrement frappé son imagination. « Mark a vraiment réussi à donner le sentiment que la météorologie était une aventure – une aventure réelle, qui vous confronte aux merveilles et au chaos de la nature, et non à un univers fantastique », note Chung. « Mais ce qui m’a également plu, c’est que le scénario était jubilatoire. Il y a notamment le personnage de Tyler, joué par Glen Powell, chasseur d’orage et cow-boy, dont le seul plaisir est d’amplifier les tornades en envoyant des feux d’artifice dans leur direction. J’ai trouvé ça hilarant. Ça m’a rappelé les bêtises qu’on rêvait de faire avec mes copains quand j’habitais dans l’Arkansas. Je ne sais pas si c’est mon côté péquenaud ou ma fibre de réalisateur, mais après avoir lu cette scène, j’ai vraiment eu envie de la tourner parce que je n’avais jamais rien vu de tel au cinéma et que je savais qu’elle allait faire rire tous mes copains d’enfance ».
Chung s’est nourri de plusieurs sources d’inspiration pendant le tournage, à commencer, bien entendu, par TWISTER de Jan de Bont. « Je n’ai cessé de m’inspirer de ce film en me demandant comment Jan s’y prendrait. Car non seulement sa mise en scène était brillante, mais je voulais aussi respecter les fans du premier film », remarque le réalisateur. « Mais j’ai toujours adoré Steven Spielberg et c’était merveilleux de travailler avec lui. J’ai revu LES DENTS DE LA MER et LA GUERRE DES MONDES plusieurs fois – deux films qui parlent de redoutables créatures ou de phénomène monstrueux qui vous menacent. J’y ai trouvé la tonalité que je voulais pour les scènes de tornades. Mais pour me préparer à TWISTERS, je crois que j’ai surtout vu des films de course-poursuites comme FRENCH CONNECTION (1971) ou 60 SECONDES CHRONO (2000) car notre film comporte plusieurs scènes où des bandes de chasseurs d’orage sont dans leur véhicule ». En effet, sur 60 jours de tournage, une quarantaine ont été consacrés à des scènes où les personnages poursuivent des tornades en voiture. « On était constamment en mouvement, et constamment sur la route », relève la productrice exécutive Ashley Jay Sandberg, présente sur le tournage du début à la fin.
Pendant la prépa, Chung s’est plongé dans la documentation et n’a pas hésité à revoir le scénario, cherchant à développer certaines relations essentielles entre les personnages, à imaginer un passé aux innombrables seconds rôles (en collaboration avec leurs interprètes) et à composer minutieusement les scènes de tornades qui intègrent de nombreuses cascades. Mais la décision la plus importante de Chung concernant le style du film a consisté à choisir le lieu de tournage. Le réalisateur tenait par-dessus tout à ce que ce film, censé se dérouler en Oklahoma, y soit tourné. C’est d’ailleurs un État qu’il connaît bien et qui a accueilli le tournage de MINARI.
Pourtant, ses partenaires souhaitaient qu’il envisage d’abord la Géorgie pour des raisons budgétaires, d’autant qu’il s’agit désormais d’un pôle de tournage majeur, disposant de nombreuses ressources et d’équipes extrêmement compétentes. « On a parcouru près de 2500 km en six jours à sillonner la Géorgie pour repérer des lieux, mais on a eu du mal à trouver des sites qui pouvaient passer pour l’Oklahoma de manière crédible », indique le producteur exécutif Thomas Hayslip (OPPENHEIMER, TENET). « Il était évident qu’Isaac n’était pas satisfait, mais comme il est bon joueur, il voulait quand même essayer parce qu’il savait que c’était plus favorable financièrement. Par conséquent, nous nous sommes rendus dans l’Oklahoma et, en quatre jours, nous avons repéré 90% des lieux que nous cherchions. Contrairement à la Géorgie, on a très peu eu besoin de recourir aux effets visuels pour pallier ce qui pouvait nous manquer dans les décors. On a réuni des fonds complémentaires et on a bouclé le tour de table. C’était la bonne démarche d’un point de vue artistique ».
Chung était soulagé de pouvoir tourner dans une région où il a longtemps vécu. « En Géorgie, je n’ai pas retrouvé les paysages que j’ai connus en Arkansas, près de la frontière avec l’Oklahoma, où j’ai grandi, ni même à Tulsa, où on a tourné MINARI », affirme Chung. « Les villes, les vastes étendues des plaines, les chemins de terre rouge, les teintes jaunes et vertes des champs, le ciel à perte de vue. Dans l’Oklahoma, on a d’abord visité une ferme qui pouvait camper la maison où Kate a grandi. Le propriétaire est venu à ma rencontre et m’a pris dans les bras en me disant ‘J’ai été figurant dans MINARI !’ C’était un signe. En voyant les champs tout autour de la ferme, j’ai su qu’il fallait qu’on tourne le film là-bas. Et je suis très reconnaissante envers toute l’équipe de m’avoir accompagné ».
Chung était très attaché à ce que son casting représente une vraie diversité. « Quand je faisais des recherches sur les chasseurs d’orages, je me suis rendu compte que ce sont des gens très différents, issus de diverses régions et communautés », affirme le réalisateur. « Je voulais que le film soit conforme à cette diversité chez les chasseurs d’orage, tout en ayant des personnages attachants avec qui j’aurais plaisir à partir à l’aventure. De manière générale, je souhaitais que le film soit un vrai divertissement et, du coup, tous les acteurs sont des personnes avec qui j’adore parler et passer du temps. Et bien entendu, ils ont noué des liens très forts et se sont éclatés entre les prises… même si c’était peut-être parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire ! Après tout, on était au fin fond de l’Oklahoma ! »
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