En ce dernier week-end de janvier 2009, l’Alexandra Palace, situé sur les hauteurs au nord de Londres, a ouvert ses portes pour la seconde année consécutive à l’IMATS, sous l’œil bienveillant de Mickael Key, son fondateur et accessoirement directeur de publication du magazine Makeup Artist Magazine. Après un trajet en métro puis en bus, nous voici devant un lieu mythique, qui a connu bien des transformations depuis sa création en 1873, notamment à la suite de différents incendies, dont un à peine trois semaines après son inauguration et un autre en 1980.

Article par Gilles « Alienfactory » Paillet et Jean-Philippe « Ohbewan » Lomas avec la participation de Gouach, les envoyés très spéciaux d'ESI ! Merci à eux !
Photos par Ohbewan, Alienfactory et sources Internet (notamment Jacqueline Banerjee sur www.victoriaweb.org).



L'IMATS n'est pas un simple salon réservé aux effets spéciaux. Il s'agit d'un salon pour les professionnels du maquillage (International Makeup Artist Trade Show) comme il en existe très peu, voire pas, en Europe. Cependant, une bonne partie est dédiée aux maquillages FX. Ce salon se déroule deux fois par an, en janvier à Londres et en juin à Los Angeles. Et bientôt, un autre salon verra le jour à Sydney en Australie.

L'IMATS c'est un endroit où un peu moins d’une soixantaine d’exposants du monde entier se côtoient : Des fournisseurs de produits de maquillage (beauté et en volume) viennent présenter leurs nouveautés, des écoles de maquillage se font connaître, des professionnels du maquillage montrent leur talent et exposent leurs créations au muséum. C'est aussi des conférences, des démonstrations, des tables rondes. Durant ce week-end, les deux compétitions de maquillage, l’une sous le thème ‘Gothic’ axée sur le maquillage, et l’autre, ayant pour sujet ‘X-men’, centrée sur la pose de prothèses (fournies), étaient réservées aux élèves des écoles de maquillage du monde entier, sur dossier. La première se déroulait samedi après-midi, la seconde, dimanche après-midi. Depuis son apparition à Londres en 2001, de grands noms du maquillage se retrouvent associés chaque année à l’IMATS européen : Howard Berger, Tom Woodruff, Jr, Alec Gillis, Christopher Tucker, Dick Smith, Stuart Freeborn, Michael Westmore, David Marti, Montsé Ribe pour n’en citer que quelques-uns, nous ont fait l’honneur de venir partager avec nous un instant privilégié lors des précédents salons. L’invité d’honneur de l’édition 2009 était Mike Elizalde, de Spectral Motion.

Après un passage obligatoire par le stand dans le hall des palmiers et réception des bracelets identifiants, on entre dans le hall Ouest. A peine le temps de ‘prendre possession des lieux’ et de se repérer, qu’on se dirige déjà vers l’estrade principale, pour assister à la première démonstration du week-end.

Début des « hostilités »

Cette année encore (on pourrait même parler de tradition), le coup d’envoi a été donné avec la démonstration de Neill Gorton (Doctor Who, Torchwood, From Hell, Judge Dredd). Cette fois-ci il s'agissait d'un vieillissement utilisant de multiples prothèses en silicone.

Neill Gorton participe à l'IMATS de Londres depuis sa création, il y a huit ans. Son travail est toujours aussi impressionnant de réalisme. Et bien sûr, même si la démonstration a lieu dans une très grande salle, celle-ci s’est remplie très vite et les places ont été prises d’assaut très rapidement : mieux vaut ne pas arriver en retard sous peine d’être mal placé, voire rester debout. Heureusement, un écran géant retransmetait les images pour les plus éloignés. Karen Spencer était à nouveau le modèle de Neill Gorton cette année ; Elle avait été transformée en vieille femme asiatique l’année dernière. Elle sera, au cours du week-end, à nouveau transformée en vieille indienne sur le stand de Neil Gorton.

Panel Hellboy II

Pour beaucoup, le second grand moment de la première journée a été la table ronde portant sur Hellboy II. Très attendu, le panel, à l’initiative de Joe Nazzaro, rédacteur pour le Makeup Artist Magazine et auteur de livres relatifs aux effets spéciaux, se composait d’un voire deux représentants (dans le cas de David Marti et Montsé Ribé) de chacun des ateliers d'effets spéciaux en charge d’une ou plusieurs créatures du film. On ne parle ici évidement que d'effets physiques, les créatures 3D n'ayant pas leur droit de cité à l'IMATS. Ainsi, pendant un peu plus d’une heure, Mike Elizalde, Doug Jones, Montsé Ribé et David Marti, Cliff Wallace, Verner Gresty, Anthony Parker, Simon Webber (à gauche de Doug Jones, voir plus bas), Iván Pohárnok (à droite de Doug Jones, voir plus bas) et Leo Burton (2ème à gauche, voir plus bas) nous ont parlé de leur impressions et des temps forts du tournage, des difficultés rencontrées, etc… Au passage, Joe Nazzaro a souligné que tous les créatures du marché de HB II étaient réelles et non en synthèse, tout comme les yeux garnissant les ailes de l’Ange de la Mort, et le bras mécanique de Wink, et très complexes à mettre au point. Ce qui mettait un point final à certaines rumeurs qui circulaient.

La discussion était accompagnée d'un diaporama. L'acteur Doug Jones a relaté certaines anecdotes du tournage et nous a parlé de son travail particulier d'acteur masqué, ainsi que de la relation quasi intime qu’il entretient avec ses maquilleurs, du fait de la complexité de certains maquillages, qui le rendent très dépendant de tiers personnes, puisqu’il ‘ne peut se déplacer seul, voir ou entendre proprement’. David Marti et Montsé Ribé ont parlé du Young Hellboy (interprété par Montsé), et comment il a évolué d’un personnage dessiné très basique, à un personnage qui devait, au fur à mesure que le tournage avançait, délivrer de plus en plus de lignes en Anglais (un cauchemar pour Montsé, plus que de se retrouver couverte de la tête aux pieds de mousse de latex) face à John Hurt… On serait volontiers restés plus longtemps à les écouter, mais les autres conférences se succèdent à un rythme relativement soutenu. Il faut arriver à satisfaire le maximum de monde en un minimum de temps. Et il est temps de céder la place à la remise des prix de la compétition de maquillage gothique.

‘Demos’ et Merveilles

Également présent tout au long du week-end (et en préambule à deux semaines de cours qu’il donne en ce moment chez Neill Gorton à Millenium FX), Jordu Schell occupait un tout petit coin du stand de Neill Gorton/Mouldlife. Où il à même pris le temps d’observer une sculpture d’un élève de Métamorphose, en la gratifiant de beautiful ! Le premier rendez-vous de la seconde journée était la démo du Canadien Guy-Louis XVI dans la salle Londesborough.

Guy-Louis est à la fois un sculpteur et l'initiateur d'une gamme de produits pour la peinture du silicone. C'est sur ce second point que portait sa démonstration. Il a, entre autres, présenté de nouveaux produits permettant de lisser le silicone et ainsi réaliser des pièces en volume lisses et sans défaut, un démoulant permettant de tirer des pièces en silicone polyaddition dans un moule en silicone polycondensation sans perte de détails… Et comme toujours, il a clôt son intervention pleine d’humour en prenant son assistance en photo ! De retour à son stand, on pouvait le voir peindre une tête selon la méthode qu’il avait décrite le matin, et lui poser toutes les questions que l’on voulait. L’homme était, de l’avis de tous, très accessible, toujours content de répondre aux questions, et toujours prêt a blaguer… En Français ou en Anglais dans le texte.

Au détour d’un stand, on pouvait assister en direct, au poilage d’un cochon, grâce à une machine à poilage électrostatique, qui permet, après avoir passé une couche de Pros-aid sur la partie à poiler, de coller des poils (jusqu’à une longueur de 12 mm) en les orientant à volonté à l’application, ce qui peut épargner des heures de travail fastidieux pour recouvrir une créature ; à des démonstrations de prises d’empreintes, comme sur le stand de Neil Gorton.



La Compétition FX

Dans l'après-midi il y eut le concours de maquillage FX. Cette année, une majorité de japonais et un français, élève de l'école Métamorphose à Strasbourg. Le thème de concours cette année était X-Men, en l’honneur de l’invité du salon, Mike Elizalde. Chaque participant s’est vu remettre des prothèses en mousse de latex. Les participants étaient libres d'apporter des costumes, perruques, dentiers et autres accessoires. Ils avaient 3 heures pour réaliser leur maquillage. Dans la salle principale, on a assisté fébrilement à la présentation des maquillages et de leur créateur.



Un chèque de 600 £ récompensait le vainqueur. Cette année, tous les prix ont été remportés par les japonais, venus en nombre. On se souviendra que l'an passé c'était la France qui avait tout raflé, de la même manière. Mais le niveau était, de l’avis de tous, définitivement très haut, et l’on n’a pas à rougir de la prestation de la France cette année encore. L’équipe française a même, au détour d’un stand, samedi, bénéficié de quelques conseils avisés et totalement improvisés d’un certain Doug Jones, sur la façon de se mouvoir et donner vie à une créature en mousse de latex. Quelle leçon ! Cet homme est vraiment extraordinaire et d’une gentillesse tellement rare de nos jours !

Invité d’honneur

La journée s’est terminée par l'interview de Mike Elizalde par Michael Key. Il nous a relaté ses débuts dans le métier jusqu'à la création de Spectral Motion. Un moment passionnant, évidemment trop court ! Mike Elizalde est nommé cette année aux Oscars pour son travail sur Hellboy II.

Après la fermeture du salon vers 17 heures, la coutume veut que tout le monde se retrouve au pub de l'Alexandra Palace. C'est là que chacun peut faire les plus belles rencontres autour d'une pinte de bière. Cette année cet "afterglow" fut très réussi et plus convivial que l’année dernière (première année de transition après le Business Center de Islington où se déroulait le salon jusqu’alors). Quelle n’a pas été notre surprise en voyant approcher Doug Jones du haut de son mètre 92 de notre table et commencer à discuter avec nous! Il nous a fait l’honneur d’échanger quelques mots en français et des répliques tirées du film qu’il est en train de tourner à Paris (mais chut !! C’est un secret !^^). Ensuite, Nicola Pandel et Sarah Wirtz, co-fondatrices de l’atelier Whiterabbitfx de Cologne en Allemagne sont venues discuter à notre table, et il y a fort à parier qu’un voyage à Cologne s’organise avant la fin de l’année, puisqu’on a été cordialement invité à leur rendre visite ! Puis ce fut au tour de Mike Elizalde de venir s’asseoir à notre table, d’échanger quelques mots et même de prendre une bière avec nous! Là aussi, un grand monsieur, d’une grande gentillesse. Certains d'entre nous y sont restés pendant près de 5 heures sans pour autant avoir vu le temps passer. Et la bière n'y était pour rien!

Le week-end s’est déroulé à une vitesse phénoménale, et on n’en a pas manqué une miette, même si on n’a pas assisté à toutes les démonstrations et conférences qui se sont tenues pendant ce court week-end : Entre les gens que l’on retrouve d’année en année, et ceux que l’on rencontre pour la première fois au détour d’une allée, d’un stand ou d’une pinte, il y avait vraiment de quoi passer un formidable moment ! Rendez-vous l’année prochaine pour l’édition 2010 !

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Bienvenue au Musée

Tout au long du week-end, on pouvait admirer à volonté les créations exposées dans le musée, que Cliff Wallace met un point d’honneur à renouveler chaque année. Si l’année dernière, certaines pièces provenaient de films passés de longue date, il n’en a rien été cette fois-ci. Provenant de toute la planète, on a pu voir des créations aussi diverses que variées, qui montrent que le silicone prend de plus en plus le pas sur le latex ou la mousse de latex. Retrouvez des photos ci-dessous !

Les photos du Musée sont suivies par trois images des sculptures, démonstrations de maquillage et autre bodypainting...

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