Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

C’est dans une ambiance digne d’Halloween que nous entraîne la nouvelle série des Studios Marvel, dont les deux premiers épisodes seront disponibles à partir du 19 septembre sur Disney +. Il s’agit d’une suite directe de WANDAVISION, cette fois-ci consacrée à l’adversaire de Wanda, la sorcière Agatha Harkness, toujours incarnée par la savoureuse Kathryn Hahn.

La dernière fois que nous avions vus Agatha Harkness dans WANDAVISION, elle avait été vaincue par Wanda, qui l’avait privé de ses pouvoirs et lui avait jeté un sort. Au début d’AGATHA ALL ALONG, on découvre qu’elle est captive d’une réalité alternative, non pas dans un univers de sitcom cette fois-ci, mais dans ce qui semble être une série policière. Qu’est-ce que cela a changé à votre interprétation d’Agatha ?

Eh bien Agatha n’est pas consciente que Wanda lui a assigné un nouveau rôle, car elle est persuadée que ce monde est réel. Comme on le sait, Wanda a disparu à la fin de DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS, et son sortilège perd de sa puissance et se fragilise autour d’Agatha. Elle commence à se rendre compte de choses bizarres. Ce nouveau personnage qu’elle joue dans ce monde est une enquêtrice, lieutenant de police. C’est certainement un moyen inconscient de trouver des informations sur ce qui lui arrive et sur la manière de récupérer ses pouvoirs magiques. C’était très intéressant de tourner ces scènes d’une série policière dramatique. Je les ai abordées simplement, en jouant cette autre Agatha comme une femme endurcie par la dureté de son job.

Comment avez-vous travaillé sur l’arche émotionnelle de votre personnage avec la showrunneuse Jac Shaeffer ? Quelles idées lui avez-vous soumises pendant le développement de la série ?

Je lui ai proposé d’utiliser une chanson que j’aime beaucoup dans un certain contexte, mais en fin de compte, ça n’a pas abouti. J’ai suggéré aussi certains détails de ma panoplie de sorcière, et inclus à mon costumes des petites choses que j’ai portées toute ma vie. Le résultat final est un étrange mélange de tout cela, de réalité et de fiction, en quelque sorte. Quand le chef costumier Daniel Selon a conçu mon superbe manteau mauve, il l’a orné de broderies de lions et de runes celtiques, issues de très anciennes pierres magiques d’Irlande. Chaque détail a été longuement étudié avant d’être utilisé. En ce qui concerne le développement émotionnel du personnage, tout était déjà dans les scripts. Je savais exactement ce qu’Agatha pensait, et comment je pouvais jouer cela. Et je partageais totalement la vision de Jac. Souvent, nous pouvions nous passer de mots pour communiquer, comme si nous étions en liaison télépathique ! Je savais ce qu’elle voulait dire, et les actions du personnage étaient claires. Il y avait certaines émotions qu’il me fallait contenir pendant le tournage des épisodes, car elles ne se libèrent qu’à la fin, mais tout était bien présent dans les textes qui avaient été écrits.

Avez-vous étudié la véritable histoire de la sorcellerie ?

Bien sûr ! Je dois avoir mille livres sur ce sujet à la maison ! Pendant la préproduction de la série, j’ai même rencontré chaque semaine une superbe sorcière qui se fait appeler « la Sorcière Blanche de Los Angeles ». Et elle a été formidable, très sympathique et extrêmement utile. Et oui, j’ai lu beaucoup de choses étonnantes sur la sorcellerie. Elle est intimement liée à la terre. A tout ce qui nous connecte aux forces des arbres, du sol, du ciel, et qui nous rend présents en ce monde. Un partie de ce pouvoir qui peut vous soutenir vient de ces connections, de votre respiration qui va être en phase avec celle d’un arbre, de votre empathie avec un autre arbre, malade celui-là, et qui va dépérir et s’abattre. En fait, l’approche traditionnelle des sorcières ne repose pas sur la violence, mais sur la communication avec les forces de la nature, comme les druides. Mais ce n’est pas ce que raconte notre série, car Agatha penche plutôt du côté de la magie noire…même si elle est mauve ! (rires)

Que diriez-vous aux visiteurs d’Effets-speciaux.info pour les convaincre de regarder AGATHA ALL ALONG ?

Je leur dirai que la série fonctionne comme un rollercoaster qui réserve de nombreuses surprises. Même si on croit savoir ce qui nous attend au prochain virage, on découvre quelque chose de totalement différent ! La série est drôle tout en puisant dans des émotions universelles et très profondes. Toute la distribution a fait un travail formidable, et lorsque l’histoire se met en place, le résultat est très satisfaisant. La série est différente de WANDAVISION, mais fonctionne elle aussi comme une sorte de « méchante belle sœur des séries Marvel », pour ainsi dire ! (rires) Le côté malicieux et sarcastique d’Agatha Harkness est bien là. Vous savez, je crois que personne ne s’attendait à ce que l’on consacre une série Marvel à une sorcière de trois cents ans, moi la première. Agatha a aussi le profil d’une outsider. Quel que soit l’objectif fixé, elle va encourager tout le monde à l’atteindre. On nous a demandé de faire des choses très spéciales pendant ce tournage, et parfois, je n’arrivais pas à croire tout ce que nous arrivions à filmer en une seule journée, alors que sur un tournage de cinéma, ça prend généralement des semaines. Je crois que la série est un témoignage de la confiance que Marvel a placé en nous, du professionnalisme de toutes les équipes, et de la capacité de Jac Shaeffer à exprimer son talent d’artiste et de créatrice.

L’une des caractéristiques de l’horreur dans les BDs Marvel est de mêler les situations effrayantes à la comédie. Et dans les premières images de la série, il y a ce clin d’œil amusant à la scène de la « marche de l’araignée », cette séquence-choc de L’EXORCISTE où la fillette possédée descend l’escalier en étant recourbée en arrière, et en s’aidant de ses pieds et ses mains…Pouvez-vous nous parler de ce mélange d’épouvante et d’humour ?

Ah, j’adore cette fusion de comédie et de situations horrifiques, quand on trouve le ton juste pour l’aborder. C’est délicat à faire, mais c’est très divertissant. Et tellement imprégné dans la nature humaine : après une grosse frousse, dès qu’on est rassuré, le premier réflexe est de rire. La nuit dernière, ma fille et moi sommes rentrées en début de soirée à la maison et elle a cru entendre un bruit bizarre. Il n’y avait rien d’anormal en fait, mais quand nous avons exploré la maison toutes les deux avec nos lampes de poches, nous avons bien ri. Tout le mode a vécu ce genre de choses, où l’on se dit que le danger pourrait surgir dans notre réalité. On en rit plus tard, mais ces alertes sont utiles et nous permettent de rester prêts à agir au cas où. Et c’est exactement ce que vit Agatha. Le rire et l’ironie lui servent de mécanismes de défense pour masquer sa peur.

Avez-vous évoqué des idées pour d’autres saisons de la série avec Jac Shaeffer, et ce qu’Agatha pourrait faire dans le futur ?

J’ignore comment les choses vont évoluer. Tout ce que je sais est contenu dans cette série, et j’en suis très fière. J’ai hâte que les fans de Marvel qui ne connaissent pas encore cet univers puissent le découvrir. Cette bande de sorcières est vraiment irrésistible. Comme vous le savez, dès qu’un groupe de femmes se réunit, les bavardages commencent, on papote, on rigole et on échange des potins. Une énergie féminine très particulière se dégage de tout cela. Eh bien Jac Shaeffer a réussi à restituer cette ambiance dans AGATHA ALL ALONG, et cette série se suffit à elle-même. Je la trouve très bien telle qu’elle est. Cela étant dit, j’espère avoir le plaisir de collaborer à nouveau avec Jac Shaeffer et je serais prête à aller frapper à sa porte pour poursuivre nos discussions. J’aime la manière dont son cerveau fonctionne. Et notre façon de communiquer qui se passe de mots quand nous travaillons ensemble. Jac a réalisé deux épisodes de la série, et j’ai beaucoup apprécié d’être dirigée par elle. C’est une metteuse en scène formidable.

La suite de notre dossier AGATHA ALL ALONG apparaîtra comme par magie sur E.S.I. !

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