KRAVEN LE CHASSEUR : Les origines de l’ennemi iconique de Spider-Man. Entretien exclusif avec Aaron Taylor-Johnson (Kraven) – 2ème partie
Article Cinéma du Mercredi 11 Decembre 2024

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Quand vous avez lu les comics de Spider-Man pour étudier les antécédents du personnage de Kraven, comment avez-vous envisagé de l’aborder, psychologiquement et physiquement ?

Je me suis plongé dans la saga de Kraven pour connaître toute sa trajectoire. Le studio m’a envoyé une boîte remplie des comics originaux dans lesquels il est apparu, depuis les premiers des années 60 jusqu’aux plus récents. C’était très instructif narrativement, mais aussi pour assimiler tout ce qui constitue la physicalité du personnage : ses attitudes, ses postures pendant les combats, ses expressions faciales. Je voulais m’en imprégner en travaillant le rôle, les intégrer à la nature du personnage, puis les laisser ressurgir quand cela me viendrait naturellement en jouant. Si ces caractéristiques doivent apparaître, elles surgissent et sont bien là. Naturellement, l’un des éléments essentiels de la présence physique de Kraven, c’est sa tenue. Et notamment sa veste iconique dont le col est orné de la crinière d’un lion. Nous avons intégré l’origine de ce costume dans la trame narrative de l’histoire, et c’est, je crois, une belle manière de décrire la trajectoire et les sentiments intimes de Kraven. C’est utile et intéressant. Cela permet de voir comment le jeune Sergei Kravinoff a traversé les épreuves qui l’ont formé, lui ont permis de devenir un homme et de s’imposer dans le monde en tant que Kraven le chasseur. C’est un parcours de vie atypique et j’espère vraiment que les fans des comics l’apprécieront. Nous avons énormément travaillé pour mettre au point l’aspect et la silhouette du personnage.

Les cascades intenses et complexes que vous avez effectuées ont dû nécessiter une longue préparation physique et de nombreuses répétitions pour que vous puissiez exécuter parfaitement les chorégraphies des combats…

Oui, cela a représenté des mois et des mois d’entraînement. Beaucoup d’assouplissements, de préparations pour pouvoir faire ces mouvements. Vous avez pu voir un aperçu des nombreuses scènes d’action du film, qui sont chorégraphiées dans les moindres détails. Il fallait peaufiner chaque geste, et maîtriser le fait d’être suspendu à des câbles pendant la plupart des combats. Mais nous avons eu la chance de travailler avec des superviseurs d’action fantastiques, et avec mes cinq doublures cascades, qui sont des professionnels époustouflants. Nous avons travaillé en tandem, et collaboré aussi. J’ai été très touché qu’ils m’acceptent dans leur groupe et me permettent de faire partie de leur dynamique de travail, en tenant compte de mes capacités physiques. C’était très important pour moi. Je crois qu’un rôle comme celui de Kraven nécessite que l’acteur le joue le plus possible pendant les séquences d’action, pour assurer la continuité de la gestuelle et de la présence physique du personnage. C’est capital pour que les spectateurs trouvent ces scènes crédibles, et c’est la raison pour laquelle je suis présent dans beaucoup de ces plans d’action. Kraven est un type qui ne renonce jamais à se battre, qui se donne à fond, qui tombe et se relève pour attaquer. Je crois que nous avons réussi à le montrer et que c’est l’une des choses qui différencie KRAVEN LE CHASSEUR des autres films d’action.

Combien de temps cette préparation a-t-elle duré ?

J’ai passé environ six mois à soulever des haltères et à m’entraîner pour arriver à un poids de 90 kilos avec une musculature « sèche » et bien définie. C’était déjà un défi en tant que tel. Mais c’était indispensable car dans les comics, les bras et le torse de Kraven sont très musclés, avec des « tablettes de chocolat » sur l’estomac. Depuis le début du projet, je savais que c’était aussi cela, son costume. Mon corps est la tenue du personnage, et il fallait en passer par là. C’est l’un des aspects du rôle. En tant qu’acteur, on essaie toujours de travailler un personnage en partant de son monde intérieur, son vécu, ses pensées, ses failles, pour mettre au point ce qui se voit à l’extérieur. Dans le cas de Kraven, j’ai commencé par l’extérieur, par son physique, pour nourrir son fonctionnement psychique. C’est la raison pour laquelle je me suis formé au Parkour et à l’escalade sur des parois rocheuses. J’ai appris aussi à ramper en appui sur mes mains et mes pieds, et à me déplacer plus vite de cette manière, à quatre pattes, comme un félin. A bondir aussi, à faire des sauts périlleux, toutes sortes d’acrobaties. Et à combiner cela avec l’utilisation d’un harnais et de câbles. Ensuite il a fallu apprendre les mouvements de combat, les réflexes à avoir pour éviter les coups et pour savoir comment les donner, ou plus précisément, comment gérer le point de vue de la caméra pour donner l’impression de frapper le cascadeur qui se trouve en face de vous. Je voulais que l’on sente dans le regard de Kraven d’où vient toute cette violence…Bien sûr, ces actions s’inscrivent dans une continuité narrative, avec des déplacements chorégraphiés comme dans un ballet. Il se trouve que j’ai étudié la danse quand j’étais enfant. Ayant appris à me déplacer dans l’espace, j’arrive à mémoriser assez vite les mouvements des cascades. Mais c’est un travail d’équipe.

La relation complexe père-fils est l’un des éléments-clés de l’histoire de Kraven. Comment avez-vous travaillé avec Russell Crowe sur ces scènes ?

Jouer avec Russell Crowe a été un moment unique. J’ai eu l’impression qu’un de mes rêves était devenu réalité. Je l’idolatrais quand j’étais gosse et c’est toujours le cas. Russell apporte une présence dramatique incroyable à une scène, et arrive toujours parfaitement préparé, en ayant songé à d’excellentes idées. Collaborer avec lui a été fantastique. C’est un partenaire tellement brillant ! Les relations entre nos personnages sont très tendues et nous nous opposons de manière frontale. Le côté poignant de ce conflit père-fils est bien sûr que Sergei / Kraven meurt d’envie que son père agisse enfin en tant que tel, en étant simplement gentil et affectueux. Mais il n’y a rien à faire : Nikolai Kravinoff est un chef de gang russe, qui est motivé par la cupidité et la quête de plus de pouvoir dans le milieu criminel. Kraven et son frère cadet ont catalysé tous ces abus, ces sévices physiques et psychologiques. Ils ont grandi dans un environnement famillial très sombre auquel ils n’ont pas envie d’appartenir. Mais rien n’est simple, ce père écrasant est toujours là, et Kraven, de par les circonstances et sa manière de réagir, choisit une voie criminelle pour lui échapper. Russell est fantastique dans le rôle de Nikolai. C’est vraiment le type de personnage que l’on a envie de le voir incarner, en déployant toute sa puissance de jeu. Il apporte aussi beaucoup d’émotions à ces scènes. C’est une histoire plus émouvante qu’on ne l’imagine, en fait.

Même si ce film a été décrit comme un « one-shot », un récit indépendant des autres adaptations de BDs Marvel, avez-vous l’intention d’incarner à nouveau Kraven dans d’autres projets ?

On pourrait effectivement décrire ce film comme un récit indépendant, mais je pense que cette version de Kraven peut pousuivre son chemin au cinéma. Je crois et espère qu’après l’avoir vu, vous aurez envie de retrouver ces personnages dans d’autres aventures, parce que nous avons conçu des rebondissements variés et surprenants. Il y aurait des perspectives intéressantes à explorer dans des suites, en développant d’autres personnages. Je suis hyper-fier du film, et j’ai hâte que le public puisse le voir. Mais je n’aurais pas investi autant de temps dans ce projet si c’était simplement pour m’arrêter là. Comme je vous le disais, nous avons passé trois ans à élaborer la transposition de ce personnage au cinéma, afin que je sois totalement prêt à passer les sept années suivantes à l’incarner et à raconter le reste de sa trajectoire. Je pense que « Kraven's Last Hunt” est une BD sensationnelle, et je serais extrêmement heureux de pouvoir en faire un film. Ce serait une adaptation de comics incroyable, comme on n’en a encore jamais vue. Mais le seul moyen d’y parvenir est de convaincre les gens d’aller voir KRAVEN LE CHASSEUR en salles ! Je suis certain qu’ils ne seront pas déçus. Je ne peux pas en vous dire plus au moment où nous parlons… Le personnage est captivant et tout en étant issu des comics, le film pourra intéresser aussi un public plus large, grâce à l’approche réaliste choisie par J.C. Chandor pour traiter cette saga d’une famille de gangsters. J’espère que le grand public viendra le découvrir, et aimera ce personnage. Et si tel est le cas, j’aimerais l’emmener plus loin et l’interpréter dans d’autres aventures, sans aucun doute !

La suite de notre dossier KRAVEN LE CHASSEUR surgira bientôt dans les pages d’ESI !



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