COMPANION, quand la science-fiction donne le frisson- entretien exclusif avec l’auteur-réalisateur Drew Hancock - 1ère partie
Article Cinéma du Mercredi 19 Fevrier 2025

Drew Hancock fait des débuts fracassants avec ce thriller d’anticipation dont une jeune femme timide est l’héroïne, en salles depuis le 31 janvier.

Avertissement : COMPANION fait partie de ces films que l’on apprécie davantage lorsque l’on ne sait rien de son intrigue. Si vous ne l’avez pas encore découvert, nous vous conseillons d’aller le voir pour en profiter pleinement, et de lire ensuite notre entretien avec son créateur.

Un suspense vraiment original

Après BARBARE, New Line Cinema et les producteurs Raphael Margules, J.D. Lifshitz, Zach Cregger et Roy Lee nous présentent COMPANION, une histoire d’amour d’un tout nouveau genre, conçue et réalisée par Drew Hancock. Le casting réunit Sophie Thatcher (YELLOWJACKETS, LE CROQUE-MITAINE), Jack Quaid (THE BOYS, SPIDER-MAN: ACROSS THE SPIDER-VERSE), Lukas Gage (SMILE 2, DEAD BOY DETECTIVES), Harvey Guillén (le sympathique souffre-douleur des vampires dans WHAT WE DO IN THE SHADOWS ) et Rupert Friend (HIGH DESERT, ASTEROID CITY).

Le réalisateur s’est entouré du directeur de la photographie Eli Born (LE CROQUE-MITAINE, HELLRAISER), du chef-décorateur Scott Kuzio (DUMB MONEY, LA TRILOGIE FEAR STREET), des chefs-monteurs Brett W. Bachman (LA CHUTE DE LA MAISON USHER, PIG) et Josh Ethier (DON’T MOVE, ESTHER 2 : LES ORIGINES), de la chef-costumière Vanessa Porter (THE TOXIC AVENGER, ARCHIVE 81), et du compositeur Hrishikesh Hirway (SONG EXPLODER, EVERYTHING SUCKS!).

Entreprendre un nouveau départ

Entretien avec Drew Hancock, scénariste et réalisateur


Drew Hancock mène depuis vingt ans une carrière de scénariste et metteur en scène spécialisé dans les séries mêlant humour et fantastique, comme MY DEAD EX et SUBURGATORY. COMPANION marque ses débuts au cinéma.

Une love story du 21ème siècle

La plupart de vos projets précédents reposaient sur la comédie. Quelles opportunités aviez-vous envie d’explorer en tant qu’auteur-réalisateur, en mêlant l’humour, la science-fiction et l’horreur dans COMPANION ?


Je suis généralement attiré par des personnages qui ont des problèmes identitaires, et qui se demandent qui ils sont vraiment dans leurs têtes et leurs coeurs, sans doute à cause de mes propres failles et de mon manque de confiance en moi. Je crois qu’il s’agit aussi du sujet central de COMPANION puisque son héroïne est une jeune femme dont la plus grande crainte est de ne pas être digne de se trouver dans la situation qu’elle vit. Non seulement elle éprouve ce sentiment stressant d’imposture, en ayant toujours l’impression d’être une intruse, mais elle découvre au cours du récit que ses peurs sont fondées et qu’elle n’a effectivement pas le même statut que les gens qui l’entourent…A partir de là, les éléments de comédie surgissent de situations crédibles, quand les protagonistes sont brutalement confrontés à des obstacles qui les forcent à agir et à se révéler…Je dois dire aussi que j’aime les personnages incompétents, ou tout simplement mauvais dans leur manière d’agir face à un problème. Sans révéler l’un des éléments de l’intrigue, cette notion d’incompétence est un formidable filon pour trouver des idées amusantes ! C’est jouissif de voir des gens échafauder des plans dans des domaines qu’ils ne connaissent pas, en croyant qu’ils pourront être aussi efficaces que des experts. Leurs bêtises qui s’additionnent devient alors un spectacle particulièrement savoureux.

Sans en dire plus, cet aspect du film fait songer à un classique de la comédie Italienne, LE PIGEON de Mario Monicelli, et dans un registre beaucoup plus sombre, au film de Sam Raimi UN PLAN SIMPLE…

Oh oui, j’adore UN PLAN SIMPLE ! J’aime les approches réalistes de situations qui révèlent petit à petit toute leur complexité, leurs tenants et aboutissants, et qui décrivent comment des gens agiraient réellement dans ces cas-là, en étant anxieux, maladroits et gaffeurs, et non pas efficaces comme on le montre trop souvent dans les films de suspense. UN PLAN SIMPLE était fantastique, très proche du cinéma des frères Cohen, particulièrement de leur manière de mêler le drame à la comédie sans que cela tourne à des ambiances cartoonesques, même s’ils l’ont fait une fois au début de leur carrière, dans ARIZONA JUNIOR. Ce film-là reposait beaucoup sur les gags visuels proches des dessins animés.

On retrouve aussi des petites touches de FARGO dans COMPANION.

Oui, FARGO est mon film préféré de tous les temps, tous genres confondus !

Le passage au grand écran

COMPANION est votre premier long métrage. Comment ce projet a-t-il débuté, et comment avez-vous développé les aspects concernant l’intelligence artificielle et la robotique d’une manière si originale ?


Je dirais que ce qui m’a incité à aller dans ce sens est tout simplement l’envie d’évoluer dans ma carrière. Je me suis rendu compte que c’était ma faute si je n’avais pas eu accès aux opportunités dont je rêvais, tout simplement parce que je n’avais pas encore conçu un script qui présenterait mes envies artistiques et ma vision personnelle. Depuis toujours, j’aime les films de genre, la science-fiction, l’épouvante, les thrillers, les films d’aventure et d’action, et COMPANION a été ma manière de me lancer et de dire ‘OK, je vais tenter d’écrire un film qui contiendra tout ce qui me passionne et que j’aimerais vraiment présenter aux spectateurs.’ Je me suis donc forcé à m’asseoir devant mon ordinateur et à imaginer un concept qui représente le cinéma que j’aime. Voilà comment COMPANION est né. Je me suis appuyé sur mes passions, ce tout ce qui me fait vibrer et qui me donne le plus envie de réaliser un film. Ensuite, le processus a juste consisté à envoyer ce script à un ami producteur, pour lui demander de me dire franchement ce qu’il en pensait. Je m’attendais à ne pas obtenir de réponse tout de suite, mais il m’a immédiatement dit qu’il aimait le scénario, et qu’il le trouvait si réussi que lui et ses associés seraient prêts à le produire et à m’en confier la réalisation. J’étais bien sûr ravi. Mais pour revenir à l’aspect SF de l’histoire, pour me préparer à l’écrire, j’ai quand même étudié un peu où l’on en était des prévisions concernant l’intelligence artificielle et les robots domestiques. Je me demandais si la technologie que j’avais l’intention de décrire dans le film pourrait exister, et si tel était le cas, dans combien de temps. J’avais besoin de me rassurer sur ce point, puis de passer à autre chose, car la manière dont mon cerveau fonctionne consiste à absorber les éléments scientifiques basiques dont j’ai besoin, puis de les faire passer au second plan, parce qu’ils ne m’intéressent pas plus que cela : ce qui me passionne vraiment, ce sont les points de vue des personnages. De ce fait, dès que j’ai établi que Iris est un robot, j’ai tout de suite pu l’intégrer dans un contexte enraciné dans le monde réel, et l’entourer de personnages réalistes, déjà habitués à interagir avec ces technologies importantes qui existent déjà aujourd’hui et se développent en progressant très rapidement. En ce qui concerne les autres protagonistes, il ne s’agissait pas de représenter des gens mal intentionnés : ce ne sont pas des « méchants » à l’ancienne qui ricanent en s’amusant à tortiller le bout de leurs moustaches. Mais il est question de cupidité et du sentiment frustrant de ne pas avoir reçu ce que l’on croit avoir mérité de posséder dans la vie. Ce sont les motivations et les éléments qui m’intéressent le plus dans une telle histoire, bien plus que l’approche intellectuelle et philosophique de l’I.A. et de la robotique d’Alex Garland dans EX MACHINA, par exemple. Ma vision est plus basique et repose sur les émotions et les personnages.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

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