WALLACE & GROMIT, LA PALME DE LA VENGEANCE : Le retour en grande forme des personnages iconiques de Nick Park - 4ème partie
Article Animation du Lundi 10 Mars 2025
Autre membre historique de l’équipe : le compositeur Julian Nott qui a fréquenté la même école de cinéma que Nick Park et qui a composé la partition d’Une grande excursion. Pour LA PALME DE LA VENGEANCE, il a collaboré avec Lorne Balfe (LES PINGOUINS DE MADAGASCAR, EN ROUTE !, LEGO BATMAN, LE FILM, 13 HOURS) qui avait déjà été son partenaire pour LE MYSTERE DU LAPIN-GAROU. « Je ne suis pas moi-même musicien, mais c’est formidable de pouvoir échanger avec Julian et Lorne parce qu’ils sont extrêmement ouverts », signale Nick Park. « On donne parfois une indication assez vague du genre ‘pour cette scène triste, pourriez-vous apporter une tonalité un peu mélancolique au thème de Wallace et Gromit ?’, et ils vous répondent alors ‘Oui, pas de souci, on va essayer.’ » Merlin Crossingham confirme : « Ils savent parfaitement s’inspirer de nos remarques d’amateurs et en proposer une musique très évocatrice. » Grâce aux progrès technologiques, la création de la bande-originale peut désormais intervenir beaucoup plus en amont. « Auparavant, il fallait d’abord achever le travail d’animation et le montage final », reprend Nick Park, « et le compositeur ne pouvait rien faire avant que tout cela soit finalisé au cas où le minutage du film change. » Merlin Crossingham ajoute : « Il existe à présent tout un ensemble d’outils à la disposition de Julian et Lorne. Ils peuvent proposer des thèmes sous forme digitale et on peut facilement les intégrer à un premier montage pour voir s’ils correspondent bien à l’atmosphère du film. La musique joue un rôle crucial dans le film, une fois finalisé, si bien que c’était formidable de pouvoir les associer à cette aventure dès le départ. »
« On voulait retrouver dans la musique la puissance d’un gros film d’action hollywoodien », expliquent Julian Nott et Lorne Balfe, « mais il fallait, dans le même temps, que la partition soit suffisamment loufoque et excentrique pour évoquer le désespoir de Wallace et de son fidèle cabot à la patience légendaire. La bande-originale est donc un peu alambiquée : on a l’impression, à un moment donné, d’être dans un pur film d’action et, quelques secondes après, on change radicalement d’ambiance avec un thème musical exprimant le côté grotesque de la situation. Notre rôle était donc de mettre en valeur les aspects les plus loufoques de l’univers de Wallace & Gromit ! Cela dit, la musique doit toujours prendre la menace au sérieux : on a adoré jouer sur l’absurdité des situations consistant à composer un thème musical très sombre pour un personnage d’animation comme s’il s’agissait d’un individu en chair et en os qui était vraiment en danger ! C’est un décalage voulu qui, à notre sens, ajoute de la drôlerie. Pour Feathers McGraw, on a écrit un thème sombre et maléfique qu’on aurait tout aussi bien pu associer au pire antagoniste machiavélique d’un film en prises de vue réelles, alors même qu’il s’agit d’un petit pingouin en plasticine ! »
Grâce aux progrès technologiques accomplis depuis UN MAUVAIS PANTALON, il est possible d’explorer des pistes inenvisageables à l’époque. « Nous sommes ouverts à la technologie », reprend Nick Park, « car elle nous permet d’enrichir notre univers. Par exemple, on a beaucoup utilisé l’eau dans ce film et on n’aurait pas pu s’en sortir en ayant uniquement recours à du film étirable comme on le faisait autrefois ! » Les effets aquatiques de la séquence du canal ont été réalisés sur mesure par les infographistes des studios Aardman. « Nous faisons le film en stop-motion, qui est l’une des techniques les plus anciennes du cinéma », ajoute Crossingham, « mais on l’associe aux toutes dernières innovations technologiques. On peut faire appel à des effets visuels auxquels on n’aurait même pas osé rêver il y a seulement quelques années. Mais le principe fondamental reste toujours le même : ‘Est-il possible d’obtenir ces effets en plateau ?’ C’est toujours la première question à se poser. Et si c’est impossible, quelle solution peut-on trouver ? »
Comment l’équipe pourrait-elle qualifier le « style » de ce nouvel opus ? « La Palme de la vengeance représente un progrès par rapport aux précédents films de la saga », note Crossingham, « en raison des techniques de tournage et de postproduction à notre disposition. Mais la difficulté avec ces technologies actuelles, c’est qu’il faut conserver l’ADN de la saga, faire en sorte que le style ne soit pas trop lisse et qu’on garde ce côté artisanal et ’bricolé.’ » Le superviseur de l’animation Will Becher renchérit : « Nous déplaçons nous-mêmes les figurines de plasticine avec nos doigts pour simuler le mouvement, et nous cherchons vraiment à conserver ce côté ‘fait-main’. C’est grâce à cette texture qu’on s’identifie facilement à ces personnages à l’écran – ils ont une dimension organique et réelle. » Nick Park conclut : « On voit même les empreintes des pouces des animateurs. On souhaite qu’il y ait une signature et qu’on sente la présence d’un artiste ou, tout du moins, qu’on puisse se dire qu’il y a la patte d’une seule et même équipe. »
Le saviez-vous ? Les infos amusantes sur le tournage de WALLACE & GROMIT, LA PALME DE LA VENGEANCE
En moyenne, un animateur produit 4,2 secondes d’images utiles par semaine. Par conséquent, grâce aux 30 animateurs qui collaboraient au film au plus fort du tournage, un total de 127 secondes d’images animées étaient produites chaque semaine. ?
Le plan de la policière Mukherjee au téléphone, d’une durée de 17 secondes, a pris cinq semaines ! Il s’agit de la scène qui a mobilisé le plus de temps à animer.
Plus de 200 techniciens ont collaboré au film, réunissant maquettistes, marionnettistes, animateurs, et spécialistes d’effets visuels.
La marionnette du lion a été surnommée affectueusement Gavin, en hommage au graphiste du film, Gavin Lines. ?
Le scientifique qui figure en couverture du magazine de Wallace, Practical Inventor, s’inspire du chef-décorateur du film, Matt Perry. ?
Le perroquet visible sur le panneau du zoo, « Interdiction de dire des gros mots », est un clin d’œil à Ruby, perroquet du chef-opérateur Dave Alex Riddett, qui a tendance à être grossier... ?
L’une des œuvres accrochées au mur du musée s’inspire d’un tableau de Peter Crossingham, ?père du réalisateur Merlin Crossingham.
LA MAGIE PREND FORME
Le total des enregistrements de Ben Whitehead pour les dialogues de Wallace s’élève à 22h30. ?
La réplique qui a fait l’objet du plus grand nombre de prises est celle où Wallace déclare « J’ai été attrapé par les Norbots ! C’était très désagréable ! » En effet, elle a été enregistrée de 44 ?manières différentes. ?
Au total, 432 répliques ont été enregistrées pour les besoins du film. Les réalisateurs ont ensuite ?passé pas moins de 216 heures à sélectionner les versions finales. En moyenne, cela représente 15 minutes pour choisir chaque réplique des acteurs. ?
L’eau de la scène de toboggan aquatique est constituée de morceaux de résine, tandis que les bulles de son bain sont un mélange de billes de verre collées à de la mousse et de la cire.
DES MARIONNETTES FABRIQUEES A LA PERFECTION
Au total, les marionnettistes ont mis au point 750 mains pour les différentes marionnettes Norbot. ?
On dénombre 23 « figurants » dans les scènes de foule dont certains s’inspirent des villageois de ?Wallace & Gromit : Le Mystère du lapin-garou. ?
Au total, 600 yeux ont été créés pour les différents personnages du film. ?
Les yeux du pingouin Feathers McGraw sont deux têtes d’épingle en verre noir. Les ?marionnettistes ont dû passer au crible 50 boîtes d’épingles pour dénicher un nombre suffisant ?d’épingles de 2,77 mm de diamètre précisément pour les 11 exemplaires identiques de Feathers. ?
Le lion qui affronte Gromit au zoo a nécessité le plus long développement parmi l’ensemble des marionnettes jamais créées par Aardman. Trois maquettistes ont travaillé d’arrache-pied pendant plusieurs mois pour mettre au point cette marionnette qui est la plus complexe du film d’un point ?de vue technique, même si elle n’est à l’image que pour quelques plans furtifs. ?
On compte 10 marionnettes Norbot avec 20 têtes interchangeables. L’équipe de marionnettistes a également créé une armada de 34 marionnettes équipées d’une armature intégrale. Elles étaient aussi munies de têtes interchangeables nécessaires pour la séquence où ces nains de ?jardin maléfiques passent dans le camp du bien ! ?
CLINS D’ŒIL
Le panneau « No Parkin’ » [« Stationnement interdit »] à la frontière entre le Yorkshire et le Lancashire est une référence au Parkin Cake, spécialité gourmande aromatisée au gingembre du Yorkshire, région du Royaume-Uni. ?
Le « Snoozy Choc » que les Norbots utilisent pour mettre Wallace KO est d’abord apparu sur une affiche publicitaire dans WALLACE & GROMIT : UN MAUVAIS PANTALON. ?
Pour les yeux de la marionnette du chaton, l’équipe s’est servi de ceux de Ginger dans CHICKEN RUN : LA MENACE NUGGETS. ?
Le panneau « Hangar à bananes » dans la ruelle où les Norbot glissent sur une peau de banane est un clin d’œil au QG des studios Aardman, sur Gas Ferry Road, à Bristol, qui, au départ, était ... un hangar à bananes. ?
Si vous voulez tout connaître sur l’histoire des trucages, dans le cinéma, les séries, le maquillage, le cinéma d’animation et les plus belles attractions des parcs à thème, offrez-vous EFFETS SPÉCIAUX : 2 SIÈCLES D’HISTOIRES, la bible des SFX, unanimement célébrée par la presse comme l’ouvrage absolument incontournable sur le sujet, avec 848 pages, 2500 photos dont beaucoup exclusives, et les interviews de 160 des plus grands spécialistes mondiaux ! Vous découvrirez des anecdotes incroyables sur les tournages des films et séries cultes, et vous saurez exactement comment les moments les plus étonnants de vos œuvres favorites ont été créés !
Pour vous procurer ce livre de référence en un clic sur Amazon, c’est par Ici.
