DAREDEVIL : BORN AGAIN : Entretien exclusif avec Charlie Cox (Matt Murdock / Daredevil) – 2ème partie
Article TV du Mercredi 05 Mars 2025
Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau
Dans les saisons précédentes, si l’on considère que Daredevil est le côté « diable » du héros, on pourrait dire que son côté « ange » s’exprime dans ses activités d’avocat, puisqu’il défend souvent des personnes pauvres, et n’hésite pas à s’attaquer à des milliardaires ou à des hommes de pouvoir qui méprisent les classes sociales défavorisées. Ce message était utile et pertinent à l’époque, et il l’est probablement encore plus aujourd’hui…
Alors, ce que vous évoquez à propos de ces combats juridiques à la manière de David contre Goliath, et du fait que Matt s’était initialement mis au service des gens pauvres et des laissés pour compte de son quartier, tout cela est juste, mais sans vouloir trop en dire, cela évolue un peu au cours de cette nouvelle saison, pour des raisons que je ne peux pas dévoiler, afin de ne pas gâcher les surprises du récit. Mais disons que Matt Murdock prend une voie légèrement différente dès le début de cette histoire, qui l’amène à s’éloigner de cette vie-là et de cette manière de considérer l’évolution de sa carrière…Pour revenir à votre question, oui, on ne peut pas nier que la défense des innocents et des gens défavorisés est l’une de ses motivations principales. Vous savez, on peut très bien regarder une série comme la nôtre et l’apprécier parce qu’il s’agit des aventures d’un super-héros, dans lesquelles il y a beaucoup de séquences d’action et de situations humoristiques même si le contexte global est réaliste et parfois dramatique. On peut très bien se détendre et manger du popcorn tout en profitant des combats et des moments plus légers de DAREDEVIL : BORN AGAIN. Mais même s’il s’agit d’un divertissement, je considère que l’écriture des scripts a toujours été de la plus haute qualité. Nous essayons à chaque fois d’utiliser ces situations pour parler de la nature humaine, exactement comme les artistes de Marvel l’ont fait dans leurs BD. Daredevil est un super-héros, et l’une des fonctions de ces personnages iconiques de justiciers, est de permettre aux lecteurs de comics et aux spectateurs de la série de s’identifier à lui et à la meilleure part d’eux-mêmes. Quand Daredevil a été créé, il a été l’un des premiers personnages de comics handicapé, et ses superpouvoirs s’inspirent de la manière dont les personnes aveugles développent et amplifient leurs sens pour agir dans la vie quotidienne. Ces histoires ont toujours été des messages d’espoir et d’encouragement, même si leur but initial est de divertir. C’est aussi le cas de notre série, et ses protagonistes sont confrontés à toutes sortes de problèmes et d’épreuves. En observant la manière dont ils se comportent, on peut être amené à songer aux décisions que l’on a prises dans sa vie, et envisager de suivre un autre chemin. Pour ma part, quand je regarde des films et des séries, je me demande souvent si un personnage a pris la bonne décision, et si cette réflexion pourrait m’être utile. On se pose fréquemment ces questions quand on est acteur.
Les fans que vous rencontrez vous parlent-ils de cela, de la manière dont la série les inspire ?
Oui. J’en ai rencontré énormément depuis dix ans, et régulièrement, des gens me racontent que la série les a aidés à traverser une période difficile de leur vie. J’en suis heureux, et je dois dire que cela me rappelle ce que j’ai éprouvé moi-même pendant mon enfance et mon adolescence, quand les choses ne se passaient pas bien à l’école, et plus tard aussi, en grandissant. Je me souviens que certaines séries que je regardais me faisaient vraiment du bien. Je suis donc ravi que notre travail sur DAREDEVIL puisse avoir un impact positif lui aussi. Je ne veux pas exagérer les choses, bien sûr. Nous sommes seulement des artistes et pas des médecins ni des chirurgiens qui sauvent des vies, ou des bénévoles qui partent aider les populations en danger dans des pays défavorisés. Cela n’a rien à voir.
En incarnant Daredevil, vous nous aidez à oublier nos problèmes, et c’est déjà un vrai superpouvoir !
Oh merci de dire cela, Pascal, ça me touche beaucoup !
Pouvez-vous évoquer votre collaboration avec Vincent D’Onofrio, et la manière dont vous avez apporté tous les deux des suggestions quand la direction de Marvel a constaté que les premiers épisodes tournés avaient besoin d’être retravaillés ?
Vincent et moi sommes devenus de très bons amis depuis le début de la série, il y a dix ans. Et par chance, il se trouve que nous avons souvent les mêmes réactions et les même remarques à faire lorsque nous lisons un script. C’est étonnant que nous pensions à ce point les mêmes choses, et c’est très rassurant aussi. Quand nous en discutons ensemble, cela nous confirme à l’un comme à l’autre que ce que nous avons ressenti instinctivement était justifié, et qu’il ne s’agissait pas d’une fausse piste. Pour revenir aux débuts du projet en 2023, Marvel avait eu l’idée d’aller dans une direction légèrement différente de celle de la série originale. Je tiens à dire que c’était une option tout à fait valide, qui aurait pu donner des résultats intéressants. Ensuite, nous avons commencé à tourner, et quand la grève des scénariste et des acteurs a interrompu le tournage, Marvel et les producteurs de la série en ont profité pour avancer sur le montage, afin de voir si ces épisodes fonctionnaient bien…Et c’est tout à leur honneur d’avoir reconnu qu’il y avait des problèmes, même si ces épisodes n’étaient pas du tout ratés non plus. Ils nous ont invité à les regarder, Vincent et moi, pour nous permettre de dire ce que nous en pensions. Franchement, ces épisodes étaient intéressants et bien faits, mais je crois que le problème principal venait du fait qu’il ne s’agissait pas d’un changement d’approche aussi marqué que ce que Marvel avaient imaginé au départ. Par rapport à ce qui avait été établi dans la série originale, on se retrouvait dans une sorte de zone intermédiaire, un « no man's land » qui n’était ni assez nouveau ni assez différent pour justifier ces changements. La direction des Studios Marvel s’est donc demandé s’il était utile de prendre cet autre chemin, et finalement, après avoir tenu compte de notre avis, a décidé que non. Et je veux à nouveau lui rendre hommage, car prendre ce genre de décision alors que le tournage d’une série a commencé, et que plusieurs épisodes ont déjà été montés est incroyablement compliqué, disruptif et coûteux. Cela demandait beaucoup de courage, car il allait falloir mettre en place de grands changements…
Comment avez-vous procédé à ce moment-là ?
Je pense pouvoir dire que le sentiment général était que nous avions trouvé et mis au point une formule qui fonctionnait bien dans la série précédente, et qu’il serait probablement plus intéressant et plus amusant d’aller dans cette direction-là. C’est donc la décision qui a été prise, et c’est à ce moment-là que Dario Scardapane, notre nouveau showrunner, a été engagé pour intervenir et tout reprendre en main. Dario a d’abord analysé très précisément le matériel dont nous disposions. Ensuite, il a coupé des choses et réécrit des parties de la série en ajoutant de nouvelles scènes. Il a conçu un nouvel épisode-pilote et plusieurs des épisodes de la fin de cette saison, y compris sa conclusion.
Cela a du être un travail colossal !
Absolument, c’était une tâche herculéenne. Quand Dario Scardapane s’y est attelé, je dois même avouer que j’étais sceptique, car je me demandais si ce serait possible. Mais quand nous avons repris le tournage, puis quand j’ai vu le résultat final, j’ai été époustouflé. Je pense que les spectateurs qui visionneront la série seront incapables de deviner que plus de la moitié de des épisodes a été tournée dans un second temps, tellement les scènes forment un ensemble fluide et cohérent. Cela prouve que Dario a fait un excellent travail et que cette décision était effectivement le choix qui s’imposait.
Pour conclure, qu’avez-vous envie de dire aux fans de la série originale, pour les inciter à regarder DAREDEVIL : BORN AGAIN ?
Je crois que les fans de la série originale espèrent que DAREDEVIL : BORN AGAIN reposera encore sur des scènes sombres, violentes et parfois sinistres, avec le même mode de découpage du récit que dans les épisodes des saisons précédentes. Si nous nous sommes parfois écartés un peu de ce type de narration, les autres éléments sont bien là. J’espère qu’ils apprécieront à la fois ce qui est familier et ce qui est nouveau. C’est assez curieux de dire cela, mais finalement, c’était une bonne chose que le tournage ait dû être interrompu, car cela nous a donné l’opportunité d’examiner ce qui avait été fait, de réfléchir, et d’effectuer ensuite les corrections nécessaires. Vincent et moi ne pourrions pas être plus heureux de la tournure des événements. Nous sommes ravis du résultat, et extrêmement fiers de la série !
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