THE GORGE nous entraîne dans le périmètre sécurisé d’une vallée classée Top Secret. Mais pourquoi doit-elle être surveillée 24h sur 24 par des sentinelles tireurs d’élite, et quels sont les dangers qui peuvent en surgir ?

Une âme en souffrance

L’incroyable performance de Miles Teller, élève d’un cruel professeur de batterie dans le film indépendant WHIPLASH en 2014, lui a permis de décrocher peu après des roles dans des blockbusters comme TOP GUN: MAVERICK, produit par Skydance. Le studio avait hâte de retravailler avec lui, et le rôle masculin principal de The Gorge était une belle opportunité de le faire. Don Granger explique : « Au fond de lui, Levi est une âme en peine, à la recherche de nouvelles relations humaines, qui espère avoir une chance de recommencer sa vie. Et en même temps, il possède des capacités uniques. Nous savions que Miles pourrait incarner toute la profondeur de ce personnage, et restituer les nuances complexes de son cheminement. » Scott Derrickson ajoute que si la beauté virile de Teller le prédestine à tenir des rôles de héros, « il réussit toujours à exprimer la sensibilité de son rôle. Dans ce cas précis, Levi est un tueur à gages traumatisé d’avoir exécuté tant de gens. Et Miles possède une force naturelle qui le rend crédible en tant qu’assassin, tout en ayant la vulnérabilité requise pour nous faire ressentir les tourments de son personnage. » Comme beaucoup d’ex-militaires, Levi n’est pas bavard. Et Teller fait justement partie de ces comédiens qui peuvent exprimer autant de choses avec un regard qu’en récitant un long monologue. Le producteur C.Robert Cargill observe : « Alors que bien des acteurs se servent des mots pour creuser la psychologie de leurs personnages, Miles réussit à communiquer énormément de choses en se servant de son regard. Cela correspond parfaitement à Levi, dont l’esprit est traversé par des multitudes de pensées complexes, alors qu’il est taiseux et a du mal à exprimer ses émotions. Miles nous fait si bien ressentir le désespoir tranquille de son personnage que l’on ne peut s’empêcher d’éprouver de l’empathie pour lui. »

L’autre sentinelle du ravin infernal

Bien sûr, tout va changer pour Levi quand il fait la connaissance de Drasa. Elle devient la femme qu’il aime, celle qui sait écouter tout ce qu’il a à confesser. Arrivé à ce point de sa vie, il ne parvient plus à gérer sa culpabilité en la rangeant de manière rationelle dans différents compartiments de son esprit, comme l’explique Scott Derrickson. « Pendant nos conversation à propos du personnage, Miles et moi avons trouvé une expression qui exprime ce dilemme : ‘Si vous y enterrez assez de corps, le cimetière finira par être entièrement rempli’. Levi a atteint un tel stade de détresse morale que ses supérieurs commencent à se demander s’il peut encore leur être utile. » De son côté, si Drasa est également une solitaire, elle est restée très proche de son père et ne lui dissimule rien de ses activités. Pour Derrickson, « Drasa est un beaucoup esprit plus libre que Levi. Zach a écrit une très belle scène au début du film pendant laquelle son père lui dit ‘Donne-moi ta honte’. Et symboliquement, elle lui remet la douille du dernier tir qu’elle a réalisé, et avoue se sentir coupable, car même si l’homme exécuté était un traficant d’armes, il avait plusieurs enfants. Son père lui rappelle alors que les mines et les fusils vendus par le criminel ont causé la mort de nombreuses petites victimes, et qu’elle a agi pour le bien commun. » Celle qui l’incarne dans le film est Anya Taylor-Joy, qui en l’espace de quelques années, s’est imposée dans des rôles aussi divers que l’adolescente puritaine de THE WITCH, la prodige des échecs de la série « LE JEU DE LA DAME », le sorcière slave médiévale de THE NORTHMAN et tout récemment la guerrière rebelle de FURIOSA : UNE SAGA MAD MAX. « Anya est Drasa » commente Don Granger. « Elle déborde d’une force vitale provocatrice, est prête à relever tous les défis, mais veille aussi à protéger celles et ceux qu’elle aime. Elle se dédie totalement à la recherche de la vérité du rôle. Je suis convaincu qu’Anya est la seule actrice qui pouvait exprimer la profondeur d’âme de Drasa. » Scott Derrickson a été également sidéré par le talent naturel de Taylor-Joy, dont il n’a vu aucun équivalent : « Anya fait constamment des choix d’interprétation audacieux et surprenants. Elle a une présence tellement magnétique que l’on a le sentiment que la force de gravitation vous attire vers l’écran ! C’est ce qui fait la différence entre une comédienne et une vraie star de cinéma. Une star est capable de vous faire comprendre beaucoup de choses de manière subtile. Je n’ai jamais vu Anya mal aborder une scène. Elle est toujours captivante, intéressante et totalement convaincante. » La comédienne a aimé explorer aussi un aspect inattendu de la personnalité de Drasa : son côté extraverti, joyeux et ne se prenant pas au sérieux. « Anya a su exprimer l’enthousiasme et la fantasie de Drasa » raconte Cargill. « Elle arrivait toujours sur le plateau en étant parfaitement préparée, et se glissait aussitôt dans la peau du personnage. Elle est incroyablement charismatique et photogénique. » Selon Dan Granger, le rôle de Mrs Bartholomew, la responsable des services secrets qui a choisi Levi pour devenir la nouvelle sentinelle du gouffre, du côté américain, semblait avoir été écrit pour Sigourney Weaver : « Mrs Bartholomew a beaucoup d’allure, et l’on sent qu’elle est redoutable, même si elle sait déployer des arguments brillants pour vous convaincre d’accepter ses propositions. » Cette femme de pouvoir venue du secteur privé est l’une des rares personnes qui connaît tous les secrets de la gorge. Elle supervise les opérations mises en place dans ce site hautement confidentiel. Et Scott Derrickson se rejouit que Sigourney Weaver ait accepté de l’incarner. « Sigourney est une légende, et elle a aussi la meilleure ethique que je connaisse dans le milieu du cinéma. Depuis le début du projet, nous avons eu exactement la même vision de son personnage. »

Les décors de la Gorge

La conception artistique et technique des sinistres paysages du ravin a nécessité une préparation méticuleuse. Ce que l’on voit dans le film est le fruit d’un habile mélange de décors concrets et de perspectives ajoutées en 3D, qui ont pu être filmées grâce aux dernières innovations dans le domaine de la réalité virtuelle augmentée : les simulations 3D provisoires sont ajoutées dans ce que voit l’opérateur caméra, afin d’aider le cadrage et la captation de la scène. En complément, on utilise aussi des effets visuels générés en temps réel (affichages sur mur vidéo LED), des trucages concrets (fumigènes, effets pyrotechniques), et la participation d’une équipe de cascadeurs très expérimentés. Le tournage a débuté en mars 2023 dans les studios Warner Bros de Leavesden, situés près de Londres, puis dans les décors naturels de forêts du Pays de Galles. Le chef décorateur Rick Heinrichs a supervisé la conception et la construction des environnements de THE GORGE à Leavesden, et travaillé en étroite collaboration avec le superviseur des effets visuels Erik Nordby, le superviseur des effets spéciaux supervisor Alistair Williams, et le directeur de la photographie Dan Laustsen. « Rick est un designer fabuleux » dit Scott Derrickson. « Je souhaitais que le public comprenne que tous les environnements du film sont concrets, tactiles. Et on ne peut obtenir cela qu’en construisant de vrais décors. Rick est connu pour sa capacité à créer des ambiances réalistes pour des films à grand spectacle. Il a constamment proposé des idées intéressantes, y compris après que la production du film ait débuté, car il trouvait encore de meilleures solutions. » Henrichs estime que 80 à 90% des décors ont été conçus en collaboration avec le département des effets visuels, pour déterminer à l’avance les endroits où les acteurs et les cascadeurs allaient marcher ou interagir physiquement avec certains éléments. Toute la gorge a été modélisée en détail pour aider le département artistique à y placer chacun des décors et à en ajuster la conception et les dimensions afin que ce soit cohérent. Henrichs et ses équipes ont ensuite fabriqué les différentes parties de cet univers, des tourelles en béton implantées en haut des falaises jusqu’au fond du ravin, avec ses arbres décharnés aux branches noueuses et ses autres caractéristiques effrayantes. « La concrétisation des deux tours de surveillance opposées, de leur design et de toutes leurs fonctionnalités, est en soi l’un des effets les plus impressionnants du film » déclare Don Granger. Si la localisation précise du site n’est jamais révélée, le superviseur des effets visuels Erik Nordby a modélisé le panorama qui l’entoure en s’inspirant d’une forêt norvégienne : «Les arbres, le paysage et le type de formations rocheuses correspondaient exactement à ce que Rick avait imaginé. Après avoir numérisé ces références, nous avons construit le modèle digital de la gorge. Les deux tours étaient filmées sur deux plateaux différents que nous avons combinés en plaçant un fond vert, puis en incrustant au milieu la représentation numérique des falaises et le fond embrumé du ravin. Pendant le tournage, notre directeur de la photographie Dan Laustsen a mis en place les éclairages afin qu’ils correspondent aux heures et aux saisons de l’année décrites dans le scénario. »

Cyclops : un nouveau système de réalité augmentée

Les cinéastes ont employé le système Cyclops afin de visualiser en temps réel les éléments 3D dans l’image filmée sur le plateau. C’est un outil précieux, notamment lorsqu’il faut cadrer des personnages animés, des véhicules virtuels en mouvement ou des extensions numériques de décors concrets. De plus, ces effets en images de synthèse sont représentés avec un rendu déjà très poussé, presque identique à celui que l’on verra dans les plans truqués finalisés. Cyclops a également aidé les comédiens à comprendre comment leur environnement immédiat apparaîtrait dans le film. « Nous tournions dans des décors concrets vraiment étonnants, comme la forêt qui se trouve au fond de la gorge, construite dans de grands plateaux » explique Anya Taylor-Joy. « Ensuite, au lieu d’avoir à imaginer comme d’habitude ce que cela donnerait une fois les effets visuels ajoutés, cette super technologie toute nouvelle complétait l’image, et c’était vraiment magique à voir. À chaque fois que je tourne dans un film qui va utiliser de nombreux effets visuels, je ne les découvre que beaucoup plus tard, et je me dis parfois que j’aurais pu jouer certaines choses différemment si j’avais su quel serait le résultat final à l’image. Ce nouveau système a donc été extrêmement utile. » Le chef décorateur Rick Heinrichs est tout aussi enthousiaste : « C’était une toute nouvelle expérience pour moi, et le système a fabuleusement bien fonctionné ! » Cette technologie n’existant que depuis très peu de temps, elle a étonné aussi des cinéastes très expérimentés, comme le raconte Cargill : « Quand nous recevions des invités sur le plateau, je leur montrais le poste de travail d’Erik, où il réalisait ces mappings d’éléments 3D en direct, avec son équipe. Ils étaient sidérés. Pouvoir découvrir le trucage quasi-finalisé pendant le tournage grâce à Cyclops nous a permis de travailler de manière beaucoup plus confortable, et nous a donné aussi la possibilité d’obtenir de belles performances de nos acteurs dans des scènes tournées avec un minimum de décors et d’accessoires. » Le système a également permis à Scott Derrickson de reconsidérer son approche de la manière de filmer certaines scènes, en s’adaptant mieux à ce qui était ajouté en 3D : « Quand Rick m’a tendu le casque de réalité virtuelle pour la première fois et que que j’ai pu voir autour de moi les vastes étendues de forêt entourant la gorge, cela semblait totalement réel. J’avais l’impression d’observer un vrai paysage. Et l’ampleur du panorama était stupéfiante ! J’ai immédiatement pu mieux visualiser comment nos personnage allaient pouvoir descendre dans le ravin. Et je me suis rendu compte aussi que j’allais pouvoir utiliser des objectifs de type grand angulaire pour filmer les plans près des tours. Notre directeur de la photographie Dan Laustsen et moi avons découvert également grâce à Cyclops comment nous allions pouvoir changer nos choix d’objectifs et d’éclairages pour altérer complètement l’atmosphère visuelle. L’un des points forts de Dan consiste à se focaliser toujours sur les visages des personnages, afin que l’on mette Drasa et Levi bien en évidence, même lorsqu’ils traversent d’épaisses nappes de brouillard. » C’est ainsi, en mêlant décors concrets et éléments 3D avec une précision accrue, que les équipes artistiques et techniques sont parvenues à rendre crédible l’univers fantastique de THE GORGE. Mais nous ne vous révélerons pas ce que Levi et Drasa découvrent en explorant le ravin : pour le savoir, visionnez ce film sur Apple TV+ ! Ne ratez pas ce suspense très original, qui plaira autant aux amateurs d’ALIENS que de Lovecraft !

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