ANDOR Saison 2 : Entretien exclusif avec le showrunner Tony Gilroy - 1ère Partie
Article TV du Vendredi 11 Avril 2025

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Vous êtes issu d’une famille d’auteurs. Votre père, Frank D. Gilroy, était un scénariste et un auteur de pièces de théâtre récompensé par le prix Pulitzer. Et d’ailleurs, je me souviens avoir regardé la série policière NERO WOLFE qu’il avait écrite, et qui était diffusée en France quand j’étais adolescent. Votre frère Dan a écrit et réalisé l’excellent thriller NIGHTCRAWLER, que je recommande à tous les visiteurs d’ESI, et a travaillé avec vous sur les scripts d’ANDOR. Et de votre côté, avant ROGUE ONE et ANDOR, vous avez notamment écrit DOLORES CLAIBORNE, d’après Stephen King, et la saga JASON BOURNE. J’aimerais donc vous demander ce que Dan et vous avez appris de votre père à propos de l’art de la narration…

Je crois que la chose la plus importante que nous avons retenue, c’est la manière dont on doit gérer sa vie quand on décide d’écrire. Nous avons grandi dans une maison remplie de livres, où l’on se racontait souvent des histoires. Nous avons vu notre père vivre en exerçant cette profession, avec ses aventures, ses joies, ses peines, ses périodes de rythme de travail intense, ou d’attente quand le téléphone ne sonne plus. En observant tout cela, nous pensions parfois que ça n’avait aucun sens, comparé aux professions « normales ». Quand on fait ce job, on gagne de l’argent, parfois on est très bien payé, et puis plus rien n’arrive et on est fauché…On finit par décrocher un nouveau contrat et votre banquier retrouve le sourire, mais au bout d’un moment, les comptes sont à nouveau vides…On n’est pas salarié. Nous avons appris d’abord ce qu’était ce rythme de vie, et c’était la chose la plus importante à savoir. Si vous êtes un conteur dans l’âme, vous finissez par y arriver. Mais nous n’avons pas suivi des leçons de notre père, en l’écoutant assis sur des chaises. Nos discussions avec lui ne se transformaient pas en conférences. A vrai dire, aucun d’entre nous n’avait prévu d’exercer cette profession. Avec le temps, nous nous sommes rendus compte que nous avions des capacités pour ça, et que nous nous débrouillions bien. C’est en voyant notre père vivre en faisant ce métier que nous avons appris les choses les plus utiles, et que nous avons fini par trouver cela naturel. Vous voyez ce que je veux dire ?

Oui, tout à fait. Et j’imagine que ses commentaires sur la vie en général vous ont également influencé, en tant qu’auteur…

Effectivement. C’était un père sensationnel, qui partageait avec nous les expériences de sa vie, de son métier, sa manière de gérer le succès et les échecs, les périodes d’exaltation et de calme plat désespérant. Bref tout ce que l’on connaît quand on est scénariste indépendant. Nous étions bien préparés à ce qui nous attendait. Le reste, nous l’avons appris par nous-mêmes, en travaillant.

Les acteurs d’ANDOR sont très élogieux à propos de votre travail de scénariste. Ils apprécient la façon dont la série réussit à divertir tout en présentant un récit humaniste aux téléspectateurs. Ce message qui résonne avec les préoccupations du public fait songer à un cheval de Troie, discret mais présent à l’intérieur de ces scènes d’action avec des effets visuels et des décors impressionnants…

Je l’ai probablement déjà dit plusieurs fois, mais je ne commence jamais à écrire un projet de cette manière. Je n’entreprends pas la création d’un récit en songeant à un message à faire passer, qu’il soit politique, social ou lié à une autre thématique. Je ne l’approche jamais ainsi. Je sais quelles sont mes opinions personnelles. Je sais ce que j’ai appris au cours de ma vie. Je sais ce que j’ai absorbé et compris pendant mes expériences. Je sais en quoi je crois. Mais ce qui me préoccupe plus que tout, c’est le comportement humain. Je veux que chaque personnage ait sa propre façon d’agir et que ce soit crédible et intéressant à suivre. Et parfois contradictoire, ou lié à ses angoisses ou à d’autres choses qui dépendent de sa situation professionnelle ou privée…Voilà ce que je veux d’abord mettre en place. C’est ma carte de navigation principale pendant l’écriture. Concernant le reste, je veux être très prudent dans mes propos…Bien évidemment, ANDOR est une série dont le thème est très politique, mais je ne souhaite pas m’étendre sur ce sujet. En créant STAR WARS en 1977, George Lucas, a parlé d’emblée de politique. Il a continué dans cette voie tout au long du processus de développement de la saga. Parfois, les gens qui ont pris le relais de STAR WARS et créé d’autres histoires n’y ont pas prêté attention, et parfois ils le font. STAR WARS est intrinsèquement politique. Mais je ne veux pas établir des parallèles entre des événements actuels et notre série, ou quoi que ce soit de ce genre. Ça ne me serait pas utile, et cela ne ferait aucun bien à ANDOR. La série parle d’elle-même. Et ce que je dis là, ce ne sont pas des bêtises. Je commence réellement à construire une histoire en pensant à chaque personne, à une tout petite échelle humaine, puis je réfléchis à ce qui se passerait ensuite. Et j’avance en espérant que le vaste paysage que nous allons construire peu à peu sera cohérent et correspondra à mes convictions.

Pourriez-vous nous donner des détails sur certains des personnages, lieux et situations qui apparaîtront au cours de cette seconde saison d’ANDOR, comme le robot K2SO et la poursuite de la construction de l’Étoile de la mort ?

L’Étoile de la Mort sera bien évidemment un sujet très important, et c’est aussi la raison de la présence du superviseur de sa construction, le directeur Orson Krennic, incarné par Ben Mendelsohn. C’est l’une des nombreuses situations que nous traitons. Comme vous le savez, dans la chronologie de STAR WARS, ce qui se déroule dans ANDOR nous conduit aux événements de ROGUE ONE, qui vont ensuite jouer un rôle majeur dans UN NOUVEL ESPOIR. Tout cela nous amène à ce qui se passe pendant cette dernière semaine. De ce fait, il était inévitable que l’enquête pour découvrir qui sait quoi sur le mystère de l’Étoile de la Mort soit abordée d’une certaine manière parce que c’est l’enjeu majeur de ROGUE ONE. Donc, oui, cela constitue une partie importante du déroulement de la série. Et K2SO est bien présent lui aussi, je vous le confirme ! Nous avons toujours dit qu’il apparaîtrait dans ces épisodes. Je sais que les gens on dû patienter un peu, mais je ne pensais pas qu’il aurait été approprié, sage ni même tout simplement logique de le faire apparaître plus tôt. Il nous restait quatre ans à traiter avant le début de ROGUE ONE et K2SO apparaît donc à un moment que nous avons soigneusement choisi. Mais il sera bien là.

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