ANDOR Saison 2 : Entretien exclusif avec le showrunner Tony Gilroy - 2ème Partie
Article TV du Vendredi 18 Avril 2025

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

De nombreux projets STAR WARS sont uniquement axés sur les Jedi et la Force, tandis qu’ANDOR parle surtout des gens ordinaires. Pourquoi était-ce un sujet important pour traiter cette histoire et cette jonction vers ROGUE ONE ?

Eh bien, pour deux raisons. D’abord, cela m’a toujours intéressé. Je veux dire, cela a toujours été mon intérêt principal, quelle que soit le contexte de l’histoire que je devais traiter. Quand j’ai écrit et réalisé MICHAEL CLAYTON, mon propos était de décrire le fonctionnement des cabinets d’avocats en les observant de l’intérieur, depuis les coulisses auxquelles les gens normaux n’ont habituellement pas accès. Pour prendre une autre image, dans un restaurant, il y a la partie salle où l’on reçoit les clients, et la partie cuisine. Je trouve que la cuisine est beaucoup plus intéressante. La partie cachée d’une grande compagnie ou d’un commerce est toujours plus intéressante que sa facade et l’endroit que voient les clients. Donc mon intérêt se porte automatiquement là. Et sur ce que vivent les gens ordinaires. George Lucas et ses équipes l’ont d’ailleurs fait depuis 1977 dans STAR WARS. Si vous cherchez à faire quelque chose de nouveau, pourquoi ne pas s’éloigner un peu de cela, des Jedi et de l’histoire de la famille Skywalker ? L’action de STAR WARS se déroule dans une galaxie gigantesque. La plupart des créatures qui y vivent n’ont jamais entendu parler des Jedi, des Skywalkers ou des Sith. En travaillant sur ANDOR, j’ai donc traité ce qui m’intéressait le plus, les gens ordinaires, car j’ai considéré que c’était une belle opportunité de faire quelque chose de nouveau au cours de cette préquelle. Pourquoi nous serions-nous privés de cela ?

Quand vous avez commencé à écrire la première saison puis la deuxième, comment vous êtes-vous préparé à équilibrer toutes les histoires et à relier toutes ces arches narratives pour arriver au point de jonction avec ROGUE ONE ?

C’est comme essayer de construire une cathédrale ou quelque chose d’aussi imposant. Par où faut-il commencer? Il faut bien commencer quelque part…Cela dépasse l’entendement si l’on considère le projet dans son ensemble. Vous allez paniquer, et être incapable d’avancer ! Vous ne pourrez rien faire et cela vous semblera insurmontable. Il faut donc agir étape par étape, et commencer par trouver un terrain intéressant où vous pourrez poser les fondations du récit et commencer à tracer son plan au sol. Il suffit d’avancer ainsi, point par point. Il n’y a pas d’autre option pour procéder, vous savez. On continue à construire les choses très progressivement, en considérant chaque trajectoire, chaque situation, chaque détail, et en espérant n’avoir rien oublié en cours de route. Si une scène se déroule dans un bureau, vous allez vous demander quel personnage pourrait arriver en premier, puis ce qu’il devrait commencer à faire, et qui pourrait arriver ensuite. Et qu’est-ce qu’ils se diraient et feraient alors ? Et est-ce que ce serait intéressant, excitant ? Est-ce que les spectateurs risqueraient de s’ennuyer? Tout cela n’a rien de spécifique à STAR WARS, c’est juste le même vieil exercice que j’ai pratiqué pendant toute ma vie de scénariste. Mais dans le cas d’ANDOR, il est juste cinquante fois plus grand, cinquante fois plus cher et repose sur le travail de cinquante fois plus de gens ! (rires) Vous essayez de communiquer cette passion du récit à toutes les autres personnes avec lesquelles vous collaborez. Et si tout se passe bien, comme cela été le cas sur ANDOR, tout le monde avance en utilisant la même méthode. Cela devient une obsession partagée. Et ce qui est très plaisant, c’est que tous les gens qui sont venus collaborer à ANDOR aiment travailler de cette façon. Si vous les laissez être créatifs et impliqués dans la narration du récit, les acteurs sont heureux et les membres des équipes artistiques et techniques aussi. Tout le monde est satisfait parce que si quelqu’un a une bonne idée, nous l’écoutons. Quand tout le monde est considéré avec respect, comme un cinéaste de l’équipe, les gens sont motivés, travaillent tard, et emportent même du boulot à la maison s’ils ont envie d’aller encore plus loin sur quelque chose d’urgent et qui leur tient à coeur. Voilà pourquoi l’ambiance a toujours été excellente sur le tournage d’ANDOR : les gens se sentaient tous impliqués. Il n’y a pas de moyen facile de créer une série comme celle-ci. Cela représente énormément d’efforts faits par énormément de gens. Pelletée par pelletée. Il n’y a pas de raccourci à prendre ni de moyen de tricher pour que ce soit plus aisé à réaliser.

Ma question concerne l’un de vos réalisateurs, Alonso Ruizpalacios. Qu’a-t-il apporté au projet ? Pourquoi l’avez-vous choisi pour diriger certains de ces épisodes ?

Eh bien, j’aime beaucoup Alonso. Vous savez, pendant la première saison, nous avions travaillé avec le directeur de la photographie Damian Garcia, qui a fréquemment collaboré avec Alonso. Et tout le monde l’a adoré. Nous avions donc déjà une « connexion mexicaine » avec Diego Luna, Damien, et Alonso. Quand j’ai vu ses films, je me suis dit qu’on devrait tout faire pour qu’il vienne travailler avec nous sur cette saison deux. Mais c’est très dur d’obtenir la participation de réalisateurs. Je n’avais jamais essayé de le faire auparavant, et on m’avait averti que c’était compliqué. Pendant la production de la première saison, je n’ai pas vraiment fait attention à cela parce que nous étions encore en pleine période de la pandémie de COVID et ne pouvions embaucher que des réalisateurs britanniques, les frontières étant fermées. Mais normalement, tout le monde se bat pour engager les meilleurs réalisateurs de cette industrie. Vous finissez par réaliser que c’est très compliqué, parce qu’ils sont courtisés par les producteurs de toutes les autres séries. Vous passez donc beaucoup de temps à regarder des tonnes de choses pour trouver des réalisateurs dont le travail vous plaît, vous vous battez pour les engager, et bien souvent, hélas, ils ne sont pas disponibles. Par chance, Alonso a pu se libérer au bon moment. Il était censé faire autre chose et il est redevenu disponible quand cela fonctionnait pour nous. Nous avons juste tenté de le séduire pour qu’il rejoigne l’équipe ! A propos de ce qu’il apporte, je ne peux que répéter que nous voulons que tout le monde agisse en cinéaste. Notre façon de faire est différente de la plupart des productions de séries, parce que nos scénaristes ne sont jamais présents sur le plateau. Moi non plus, je ne viens presque jamais sur le plateau, c’est vraiment très rare. Tout le travail narratif a lieu pendant la préparation. Nous préparons tout comme des fous. Tout est soigneusement réfléchi et conçu en amont, chaque costume, chaque accessoire, absolument tout, parce que nous voulons que les réalisateurs puissent travailler ensuite comme ils l’entendent, comme s’ils étaient libres. Il n’y a pas de storyboards pour déterminer la manière de couvrir l’action. Les réalisateurs que nous engageons connaissent l’esthétique d’ANDOR et de STAR WARS. Ils savent ce que nous aimons, le type de cadrage que nous apprécions. Et ils agissent en fonction de leurs propres préférences aussi. Nous voulons que les gens viennent et se sentent libres de créer, en sachant que je ne vais pas m’imposer et venir m’asseoir sur leurs idées. Avec Alonso, c’était un très bon mariage artistique. Je pense que les gens aimeront découvrir ce qu’il a fait. Il a réalisé trois épisodes sensationnels. Et comme Damian est revenu travailler avec Alonso, nous avons eu le plaisir de réunir cette équipe.

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