ANDOR Saison 2 : Entretien exclusif avec le showrunner Tony Gilroy - 3ème Partie
Article TV du Vendredi 25 Avril 2025

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

La série aborde des thèmes éternels, et notamment jusqu’où l’on est prêt à aller pour défendre une noble cause et aider les autres. Pouvez-vous nous parler de la manière dont l’éveil et l’évolution de Cassian Andor peuvent inspirer les gens de toutes les générations qui regarderont la série ?

Cassian est un héros. C’est vraiment un héros. Et c’est un grand honneur d’avoir emmené ce personnage si loin, au cours d’un voyage aussi incroyable. L’objectif du début de la série était de placer Cassian au pire endroit et dans la situation la plus terrible qui soit. Quand on le découvre, ce type est un parasite, un cafard qui ne s’intéresse à rien ni à personne, et on assiste à la transformation progressive de ce voyou cynique, sans ambition et presque dangereux en un héros capable d’inspirer beaucoup d’autres rebelles. La chenille répugnante devient un magnifique papillon à la fin. Ça, c’était le projet. Et comment y sommes-nous parvenus ? En numéro un, il fallait trouver un acteur qui ne soit pas seulement capable de jouer parfaitement ce rôle, mais qui soit aussi un homme bien, avec lequel tout le monde serait heureux de collaborer pendant de longues années. Et Diego Luna est un être humain tout simplement remarquable. Je peux vous assurer qu’au fil du temps, en plus de 10 ans d’étroite collaboration, il ne m’a jamais laissé tomber d’aucune façon. Diego est un homme au comportement toujours absolument impeccable. Et en plus, il se trouve qu’il est un acteur brillant ! Nous avons donc eu l’honneur de nous emparer de ce personnage de Cassian Andor et d’autres personnages tout au long du processus et de les montrer en train de prendre conscience de la situation, et de découvrir les choses qu’ils avaient ignorées auparavant. Ensuite, les choix qu’ils font, qui sont souvent difficiles, les obligent à assumer pleinement leur destinée. Pour résumer tout cela, je dirais que c’est un honneur d’écrire une histoire si riche, si complexe, et qui se déroule sur le long terme. J’espère que le public ressentira la même chose que ce que je ressens à propos de Cassian. C’est tout ce que je peux dire... J’ai fait de mon mieux pour que cela fonctionne de cette manière. Maintenant, c’est à chacun de nous de voir pour le reste. Nous voyons tous ce qui se passe actuellement dans le monde. Mais j’espère qu’il y aura des gens dans le public qui en tireront des raisons d’avoir du courage. J’espère que des spectateurs seront inspirés par ce récit, et que d’autres deviendront peut-être plus prudents grâce à cela. J’espère qu’ANDOR touchera les gens.

Êtes-vous fier de la direction prise par cette dernière saison, en attendant de découvrir comment les gens réagiront en la voyant ?

Oui. Je pense qu’on a le droit de le dire…Ce que j’ai appris en faisant autant d’interviews récemment, c’est qu’il n’y a rien de plus ennuyeux que d’entendre des gens dire «Oh, nous sommes tellement fantastiques et je suis si fier de l’apport de tout le monde sur notre série. C’est tellement génial, et cet acteur est tellement talentueux, etc .» Bref, toutes ces conneries dans lesquelles on finit par tomber pendant une promotion médiatique ! Je sais que quand je m’écoute dire ça ou que je vois quelqu’un d’autre le faire, j’ai horreur de ça. Donc, je ne veux pas vraiment agir ainsi, ni tomber dans ces clichés assomants, mais pourtant, c’est la vérité ! Il devrait être assez évident qu’ANDOR est l’expérience créative la plus incroyable de toute ma vie. Je veux dire que je ne vois pas dans quelle autre situation j’aurais pu avoir la chance de concevoir une telle épopée, consacrée à des questions aussi importantes, avec des scènes d’action aussi spectaculaires, un tel casting, un budget aussi élevé, et en jouissant d’une liberté totale par-dessus tout cela, puisque je peux vous jurer que personne n’est venu m’embêter ! Ça ne se reproduira probablement plus jamais. Donc oui, je suis extrêmement fier de la série. Je ne peux même pas vous dire à quel point, parce que ce serait ridicule pour moi de le faire. Je peux juste vous dire que je suis tombé amoureux de tout le monde, et de toutes nos équipes pendant la production d’ANDOR. Chacune des ces personnes a très bien travaillé. Et à ce sujet, je tiens absolument à citer la productrice exécutive Sanne Wohlenberg. Sanne et moi avons travaillé en étroite collaboration sur les deux saisons d’ANDOR. Nous ne nous étions jamais rencontrés avant. On nous a fait travailler ensmble, il y a un peu plus de six ans, et j’ai vite constaté que ne n’avais jamais eu de productrice exécutive d’un tel niveau. Sanne croit en toutes les choses auxquelles je crois. Comme moi, elle a été pendant longtemps une employée. C’est vraiment utile d’en passer par là au cours d’une carrière. Si vous commencez à travailler en tant que patron, peut-être n’apprendrez-vous jamais les choses les plus importantes dans l’organisation d’une équipe. J’ai une théorie selon laquelle votre niveau d’empathie est stoppé net au moment précis où les gens commencent à vous prêter trop d’attention et à vous brosser dans le sens du poil… Et c’est pour cela qu’il est vraiment intéressant d’être d’abord un employé. Sanne a la même attitude que moi : ANDOR et l’univers de STAR WARS n’est pas un appât pour attirer les gens. Une série aussi complexe à produire et à tourner ne peut pas être une pépinière de jeunes talents qui ne connaissent pas encore leur métier. Nous ne faisons pas de baby-sitting. C’est un travail complexe, hautement spécialisé et très sérieux. Tout le monde doit être au sommet de son art, chacun dans son domaine. Mais nous voulons que tout le monde soit impliqué créativement et content de son apport. Et pour toutes ces raison, oui, je suis vraiment fier d’ANDOR. Absolument !

J’aimerais vous poser une question sur le format atypique des groupes de trois épisodes qui correspondent à une année de la continuité de cette dernière saison. Pourquoi avez-vous considéré que c’était la meilleure manière de la raconter ?

Eh bien, nous étions partis du principe que la série allait compter cinq saisons, chacune consacrée aux événements se déroulant pendant une année, jusqu’au point de jonction avec ROGUE ONE. Nous n’avions pas la moindre idée de ce que cela allait représenter concrètement, et nous avons fini par le découvrir en commençant à travailler sur la série. Pour vous donner une idée, c’est quasiment comme si nous étions en train de camper sur une plage, et occupés à fait griller des guimauves au-dessus d’un feu de camp, et que tout d’un coup, nous ayions vu un gigantesque tsunami arriver droit sur nous. C’est là que nous avons commencé à comprendre que le plan initial était ridicule, naïf, irréaliste et beaucoup trop complexe à mettre en oeuvre ! Quand nous sommes arrivés à la moitié du tournage de la saison un, j’étais déjà sensé mettre au point les grandes lignes de la saison deux. Nous avions dit à Disney que nous allions encore tourner ANDOR pendant quatre ans. Et un soir, Diego et moi étions en train de boire un verre de scotch à la fin d’une longue journée de tournage en Écosse, et en discutant, nous nous sommes dits tous les deux que nous ne serions jamais capables de faire cela, de tourner quatre autres saisons les unes après les autres. Ce ne serait possible ni physiquement, ni en essayant de maintenir un tel rythme de préparation et de tournage pendant quatre autres années de production, même en prévoyant des intervalles importants entre chaque saison… Ce serait déraisonnable, trop coûteux pour Disney+ et Lucasfilm, et beaucoup trop long à créer. Même en étant extrêmement optimistes, cela représentait au moins une dizaine d’années de travail supplémentaires ! Et peut-être plus. Bref, c’était clairement impossible, et une fois que nous en avons pris conscience, nous avons imaginé de condenser le récit de ces quatre années en quatre blocs de trois épisodes pendant la saison deux, qui serait aussi la dernière…C’est ainsi qu’une conversation anodine dans un bar, au cours de laquelle on note des idées sur une serviette en papier, est devenue peu à peu un concept narratif que nous avons trouvé sensationnel. Bien sûr, il nous est quand même arrivé d’avoir des doutes et de nous demander si ce n’était pas une approche trop expériementale, du genre « projet scientifique bizarre », qui ne fonctionnerait peut-être pas en fin de compte…Et puis au fil du temps, en travaillant sur ce découpage des épisodes, nous avons constaté avec soulagement que oui, cela semblait vraiment fonctionner. La preuve en sera le « pudding » que vous verrez tous en avril, pendant la diffusion de cette saison deux ! C’était très excitant d’utiliser aussi les ellipses des parties du récit qui ne sont pas traitées à l’écran, entre chaque bond dans le temps. Pour être plus précis, il y a un écart d’un an avec l’épisode précédent, puis nous décrivons ce qui a lieu pendant trois jours au cours de ces trois épisodes, et après, nous faisons encore un bond d’une année dans la narration de l’action…A chaque fois, nous nous concentrons sur des événements extrêmement précis et importants pour tous ces personnages, et tous ces endroits différents. Nous avons essayé de choisir les moments les plus puissants et les plus dramatiques de cette année-là. C’est ainsi que ce qui était une nécessité de production au départ, pour réussir à nous en sortir, est devenu un concept narratif cool qui marche bien ! Mais je ne devrais pas dire ça, car en fin de compte, ce sont les spectateurs qui vont juger si cela fonctionne réellement, pas nous. Par contre, je peux vous dire que nous avons vraiment creusé cette approche jusqu’au bout. C’est vraiment excitant de mettre au point un nouvel outil narratif à ce stade d’une carrière de scénariste. C’était fou !

Remerciements à Tony Gilroy et Olivier Margerie

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