Le retour de Superman au cinéma : Entretien avec le scénariste, réalisateur et producteur James Gunn – Seconde partie
Article Cinéma du Lundi 14 Juillet 2025
La relation entre Superman/Clark et Lois est cruciale dans votre histoire. Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur votre vision du personnage de Lois ?
Je crois que Lois a un passé bien plus tumultueux que Superman – et cela en dit long quand on sait que la planète de Superman a explosé et qu’il a été envoyé sur Terre bébé. Mais en dehors de cet élément de son parcours, Superman a grandi, très entouré, dans un environnement extrêmement affectueux, et il a été élevé par deux êtres merveilleux qui l’adoraient et dont il était le centre du monde. En revanche, je pense que Lois a eu un passé un peu plus chaotique. Elle est coriace. J’adore Margot Kidder dans le SUPERMAN de Richard Donner, mais elle est plus en retrait. Elle est amoureuse de Superman, mais il est... Superman. Dans notre film, on comprend que Lois est vraiment à la hauteur de Superman et on comprend pourquoi un type aussi cool, aussi puissant et aussi bon que lui peut tomber amoureux d’elle. Elle est idéaliste, elle est intègre, mais elle ne croit pas forcément dans la bonté. Et à travers leur relation – entre la sagesse de Lois et la pureté de Superman –, ils se complètent magnifiquement.
Comment Rachel Brosnahan a-t-elle abordé le rôle ?
Rachel est une boule d’énergie, tout comme le personnage. Elle est extrêmement vive, drôle, rapide d’esprit et forte. Je me souviens qu’à un moment donné, elle m’a regardé et m’a dit « Ce rôle me fait très peur. » Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu « Parce que je n’ai jamais joué quelqu’un d’aussi proche de moi. » Je crois que c’est vrai. Rachel ressemble beaucoup à Lois. Et Superman ressemble beaucoup à David. En revanche, on ne peut pas en dire autant de Nick ! Nick n'a rien à voir avec Luthor, mais alors rien du tout ! (rires)
Peut-on dire qu’en confiant le rôle de Lex Luthor à Nicholas Hoult, vous avez joué la carte du contre-emploi ?
?Nick est tout simplement le type le plus doux, le plus adorable que je connaisse. Il est très réservé et il n’a pas d’ego. Il passait beaucoup de temps avec les techniciens, il dînait avec eux et il ne se donnait jamais de grands airs. Il n’a vraiment rien à voir avec Lex Luthor ! C’est aussi un très gros bosseur. Il cherchait constamment à jouer le personnage en respectant mes consignes, et c’est lui que j’ai le plus poussé dans ses retranchements pour fouiller le personnage et bien le cerner : Lex était une vraie brute à l’école, mais c’est aussi le type le plus intelligent au monde, à la fois totalement égocentrique et pas du tout sûr de lui. Lex ne se considère pas du tout comme un sale type. Et honnêtement, en dehors des deux ou trois choses terribles qu’il fait dans le film, beaucoup de gens seraient sans doute de son côté. À mon avis, Lex perçoit Superman comme beaucoup d’artistes envisagent l’intelligence artificielle parce qu’il est le meilleur et le plus brillant dans tout ce qu’il fait – et tout à coup, un extraterrestre débarque sur Terre avec sa tenue ridicule, et tous les enfants et les habitants de Metropolis se mettent à l’adorer. Du coup, Lex trouve que c’est parfaitement injuste et même dangereux. Par ailleurs, il ne fait pas confiance à Superman. Il est essentiellement animé par l’envie et la jalousie, mais je crois qu’il se préoccupe sincèrement de l’avenir de la planète et du symbole que représente Superman. À cet égard, il agit de manière assez altruiste. Ce qui ne veut pas dire qu’il a raison. D’ailleurs il n’a pas raison. Car Superman n’a aucune intention de faire du mal aux hommes. Il n’a à cœur que le bien de notre planète. Mais, du point de vue de Lex, Superman est dangereux, et c’est un point de vue compréhensible. Je ne prétends pas que Lex soit quelqu’un de bien ou qu’on aurait envie de l’inviter à déjeuner. Je dis simplement que les raisons qui le poussent à agir comme il le fait – et ses décisions sont épouvantables – ont une certaine logique.
Lex Luthor a beau être l’ennemi de Superman, il ne refuse pas de faire appel aux métahumains. Pouvez-vous nous parler du personnage de l’Ingénieure ?
C’est un personnage intéressant que j’ai voulu utiliser dans le film parce qu’elle est issue d’une série de livres intitulée The Authority, publiée au départ par WildStorm, et c’est une série que j’adorais. Ces personnages ont ensuite été rachetés par DC et intégrés à l’univers DC. L’Ingénieure, alias Angela Spica, m’a toujours plu et je l’ai toujours trouvée cool. C’est un personnage fort dans les BD et je ne pense pas qu’Angela soit foncièrement mauvaise. Sa relation avec Lex Luthor est très particulière, et je ne pense pas qu’elle soit totalement platonique. À mon avis, elle éprouve des sentiments profonds pour lui, et inversement. Son corps est entièrement composé de nanites – une matière qui n’existe pas dans la réalité, mais qui existe dans les albums – et elle peut transformer ces nanites en tout et n'importe quoi. Elle est donc très puissante et suffisamment pour pouvoir rivaliser avec Superman. Et Lex est suffisamment intelligent pour envisager une situation sous tous les angles, imaginer un million d’issues possibles et trouver le meilleur moyen de s’en sortir. Il est capable d’anticiper la prochaine décision de n’importe qui en s’appuyant sur un raisonnement logique. Lex garde Angela à ses côtés pour une raison bien précise.
Pouvez-vous nous parler d’Eve Teschmacher ? Qu’est-ce qui vous a donné envie d’en faire un personnage de votre film ?
C’est un personnage issu du film de Richard Donner, et non des BD. J’aime puiser dans toutes sortes de sources différentes – les films, les BD, les séries télé, WildStorm. D’ailleurs, c’est pour Eve et Mister Terrific que le casting a été le plus difficile. On a fait passer beaucoup d’auditions et de bouts d’essai, je visionnais les self-tapes pour savoir à qui je voulais faire passer un essai caméra, et Sara Sampaio avait retenu mon attention, mais je n’étais pas entièrement convaincu. Pourtant, ma femme, qui était à côté de moi, m’a dit « Cette fille a quelque chose d’unique. » On lui a donc fait passer un essai et elle s’est imposée comme la meilleure candidate. C’est un personnage intéressant, avec ses défauts – elle est même un peu superficielle et un rien naïve, au début de l’histoire, et elle ne comprend pas bien ce qui est en train de se passer.
On croise aussi d’autres métahumains à Metropolis. Qui sont les membres du Justice Gang ?
Globalement, ils essaient de faire le bien, mais ils ne sont pas organisés et n’ont pas beaucoup de respect pour la vie humaine ou les biens matériels. Ils sont financés par une entreprise, LordTech, si bien qu’ils se servent de leurs bonnes actions pour faire la promotion de leur employeur. Ils gagnent sans doute très bien leur vie. Edi Gathegi est épatant dans le rôle de Mister Terrific. C’est l’un de mes personnages préférés dans la BD. Le T-Craft, les T-Spheres... tout, chez lui, est franchement jubilatoire et il est d’une rare intelligence. Il joue dans la même catégorie que Lex Luthor, mais il a de la retenue. Il est prudent et il ne fait rien qui puisse nuire à notre planète. Edi le joue avec beaucoup de sérieux et d’intelligence, tout en restant cool. Guy Gardner, lui, est l’un de mes personnages préférés dans l’univers DC. Je l’ai particulièrement aimé dans les histoires de la Justice League International. Je le trouve génial. C’est un Green Lantern un peu lourdaud – je ne voulais pas avoir que des personnages irréprochables. Guy fait partie des rares personnages des BD qu’on connaît davantage pour sa personnalité que pour son apparence, même s’il est assez affreux ! C’était un super argument pour faire une coupe au bol à Nathan Fillion – et ça m’a bien fait marrer ! (rires) Hawkgirl, elle, est assez coriace. Ce n’est pas vraiment quelqu’un de gentil, même si elle a bon cœur, mais elle commet des actes assez terribles et Isabela Merced est formidable dans le rôle. Il y a aussi les membres de la rédaction du Daily Planet – Jimmy Olsen, Perry White...?Jimmy Olsen est très drôle et tout le monde l’adore – il fait toujours preuve d’enthousiasme. Mais il a ce charme à la Pete Davidson qui fait que toutes les femmes sont folles de lui. Je ne pouvais pas rêver mieux que Skyler Gisondo pour l’incarner. Cat Grant, Steve Lombard, Bill – Beck Bennett est génial. Quant à Wendell Pierce, c’est un immense acteur que j’admire depuis Sur écoute et c’était donc formidable de pouvoir tourner avec lui. Il campe un formidable Perry White.
C’est dans l’un des rares moments où la vulnérabilité de Superman est manifeste, au début du film, que vous faites revenir un personnage très aimé des fans des BD : Krypto. Qu’est-ce qui vous en a donné envie ?
Krypto le super-chien ! C’est un personnage souvent frivole mais que j’ai toujours aimé. Cette ouverture était aussi le début de l’aventure pour moi – c’est là que j’ai compris comment Superman en était arrivé là et ce qui s’était passé. Le fait que Krypto vienne à son secours dès le début du film donnait un éclairage à cette nouvelle version de SUPERMAN. Ce n’était pas le SUPERMAN de Richard Donner, ni celui de Zack [Snyder]. C’est un personnage différent, dans un monde où un super-chien peut voler et envoyer des rayons avec ses yeux, un monde où existent d’autres super- héros. C’est un monde où les métahumains existent depuis de nombreuses années et Superman est tout simplement le plus fort d’entre eux – même si, au moment où fait sa connaissance, il n’a pas encore tout à fait atteint ce statut.
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