Le retour de Superman au cinéma : Entretien avec Nicholas Hoult (Lex Luthor)
Article Cinéma du Lundi 01 Septembre 2025
Comment avez-vous décroché le rôle du super-vilain le plus emblématique de l’univers de Superman ?
?Je suis fan de James Gunn depuis très longtemps si bien que lorsque Peter Safran et lui ont repris les commandes de l’univers DC, j’ai trouvé que c’était enthousiasmant. J’avais envie de participer à leurs projets, quels qu’ils soient. Du coup – et c’est la première fois que je fais ça – j’ai envoyé un message privé à James en lui disant : « Salut, hâte de savoir ce que tu prépares. S’il y a un rôle pour moi un de ces jours, fais-moi signe. » Résultat : mon agent a été amené à discuter avec eux, j’ai moi-même eu une conversation avec Peter et, bien entendu, il a fait allusion à SUPERMAN. Je lui ai demandé comment il réagirait si je postulais pour le rôle de Superman. Il m’a alors proposé de faire un bout d’essai. J’ai répondu que j’étais partant, en partie parce que j’avais envie d’enfiler la combinaison – un rêve de tous les gosses du monde entier. C’était une journée formidable, mais je n’ai pas décroché le rôle, comme chacun sait ! (rires) Mais James m’a rappelé pour me dire « ça te dirait de jouer Lex ? » J’ai éclaté de rire, d’un rire diabolique, je m’en souviens très bien. Car à l’instant même où il m’a fait cette proposition, j’ai eu un flash en me souvenant de la première fois où j’ai lu le scénario et où une petite voix – mon instinct ? – m’avait soufflé que je serais sans doute plus convaincant dans le rôle de Lex, et que j’y prendrais plus de plaisir. Mais je n’en avais parlé à personne parce que je voulais vraiment tenter ma chance pour le rôle de Superman. Du coup, quand il m’a appelé, j’étais fou de joie. C’était comme un alignement des planètes où les événements se déroulent exactement comme ils sont censés le faire.
Comment avez-vous réagi en apprenant que David Corenswet avait décroché le rôle de Superman ??
Avant même de savoir que David passait une audition, je l’avais vu dans PEARL et j’avais trouvé qu’il avait une vraie présence, une assurance, un charme et un charisme de star atemporel. Quand j’ai su qu’il passait une audition pour SUPERMAN, je me suis dit qu’il avait toutes ses chances. Et puis, je l’ai rencontré pendant les essais caméra, on s’est serré la main, et à ce moment-là, je me suis dit que j’avais Superman en face de moi ! Maintenant que j’ai tourné avec lui, que j’ai compris sa perception du personnage, que j’ai vu son investissement, sa générosité et sa bienveillance – et toutes ses qualités qui correspondent au personnage –, j’ai hâte que le public le découvre dans le rôle.
Pourquoi James Gunn était-il le réalisateur idéal pour cette relecture des aventures de Superman ??
James est très respectueux de tous les éléments propres à Superman que nous aimons tous, et il s’en est emparé pour imaginer une nouvelle intrigue et un nouvel univers qui, tout en ayant une vraie originalité, restent fidèles aux idées d’origine. Sa démarche est sincère. Pour un acteur, il écrit des dialogues brillants qui sont jubilatoires. Et pour le spectateur, le film est divertissant, rythmé, percutant, les personnages sont attachants, l’histoire n’est pas prévisible, et l’ensemble est d’une grande fluidité. J’ai adoré travailler avec James parce qu’il a deux qualités remarquables : il sait parfaitement ce qu’il veut et il sait si telle option correspond, ou pas, à sa vision du film, mais il reste très ouvert aux propositions et à l’exploration de nouvelles pistes. C’est formidable pour un acteur car on a la liberté de proposer des choses. Et quand cela lui plaît, il s’en sert avec plaisir. Dans le même temps, on sent qu’il est sûr de lui, qu’il se fait confiance et qu’il sait parfaitement où il va.
À votre avis, pourquoi Lex Luthor est-il l’ennemi juré de Superman depuis si longtemps ?
Je crois que ce qui le rend atemporel, c’est qu’il a beaucoup évolué au fil des albums de BD. Il a d’abord été l’ennemi de Superman, opposé à ses idéaux et à ce qu’il cherchait à accomplir, et puis le personnage a évolué. C’était un vrai plaisir d’acteur de me plonger dans les albums des différentes époques et de voir ce que je pourrais utiliser pour incarner le Lex revisité par James. En voyant le film, on se rendra sans doute compte qu’il y a quelque chose de très sincère dans sa démarche, ce qui s’inspire des BD les plus récentes. Les motivations et les convictions de Lex sont, au fond, très compréhensibles, même si la mise en œuvre de ses projets reste discutable. Je me disais souvent – même si je ne suis pas certain d’avoir raison et que je n’en ai pas parlé à James – que Lex, aussi malveillant qu’il puisse paraître, est profondément attaché à l’humanité. Il se considère quasiment comme le seul être humain suffisamment intelligent et lucide pour protéger la Terre contre cet extraterrestre d’une puissance inouïe qui, à ses yeux, finira par dominer le monde. Pour lui, il représente un danger extrême. Quand je joue un méchant, ce qui m’amuse, c’est d’analyser son fonctionnement pour pouvoir adapter mes propres circuits neuronaux et comprendre alors que son point de vue tient parfaitement debout ! C’est ce que j’ai trouvé formidable dans le scénario et j’espère que le spectateur le ressentira en découvrant le Lex que j’ai incarné.
Quand on voit Lex dans le film, on a l’impression qu’il a un peu fréquenté la salle de sport. C’était un choix délibéré de votre part ??
La première fois, je m’y suis rendu avec David et j’étais bien décidé à suivre le rythme et à soulever les poids qu’il soulevait. Je n’y suis pas arrivé. J’étais presque au niveau, mais pas tout à fait ! (rires) Il y a un passage formidable dans All-Star Superman où Clark va voir Lex en prison : Lex est en train de faire du sport et il dit quelque chose du genre « Tu vois ça ? Ce sont de vrais muscles, ça m’a demandé beaucoup de travail et de sueur. » Ça m’a vraiment parlé pour le rôle de Lex. Superman est né avec cette force surhumaine et toutes ses facultés, tandis que Lex, lui, a travaillé dur et il est déterminé – et c’est d’autant plus difficile à accepter que quelqu’un d’autre puisse accomplir tout ce qu’il aimerait faire sans avoir à se fatiguer. Du coup, j’allais en salle de sport, je voulais me sentir prêt physiquement, et à la hauteur du rôle. Sinon, en dehors de ça, je me suis replongé dans les BD pour dénicher des idées qui pouvaient être amusantes. Puis, j’ai diversifié mes sources en lisant des livres, en voyant des films, en écoutant de la musique – tout ce qui pouvait nourrir mon imaginaire et m’inspirer. Et j’ai relu le scénario plusieurs fois.
Diriez-vous que l’intelligence est le superpouvoir de Lex Luthor ?
L’intelligence l’emporte sur la force ! C’était le type de slogan qu’on avait adopté sur le plateau parce que Lex se sent bien évidemment inférieur à Superman à plusieurs égards. Il ne peut rivaliser avec lui physiquement, mais il peut se servir de son intelligence supérieure pour tenter de déjouer ses plans et le manipuler. C’est ce qui rend le personnage aussi jouissif : il a plusieurs coups d’avance et il est tellement intelligent qu’il peut, le plus souvent, anticiper le raisonnement de ses adversaires, y compris Superman.
Vous vous êtes rasé la tête pour les besoins du rôle. Comment avez-vous, par ailleurs, mis au point l’allure du personnage et en quoi son apparence physique influe-t-elle sur sa personnalité ??
C’était jubilatoire de réfléchir avec Judianna [Makovsky], la chef-costumière, à l’image que Lex veut renvoyer au monde : son costume parfaitement coupé, son style, son assurance. C’est son armure – tout ce qui lui donne confiance en lui et lui permet de se sentir puissant. Judianna a parfaitement su trouver les éléments du costume en prêtant attention aux moindres détails.
Lex possède plusieurs facettes. En avez-vous parlé avec James ?
J’aime jouer les méchants, et j’y ai toujours pris du plaisir. Au cours de mes premières discussions avec James, on s’est dit qu’en effet, c’était un sale type, et que les spectateurs sont censés le détester, mais qu’il fallait aussi bousculer cette convention : on voulait que le public comprenne Lex un minimum et peut-être même qu’il s’attache un peu à lui. Dans mon travail d’acteur, j’aime déjouer les attentes des spectateurs. C’est ce qu’on cherche à faire avec ce type de personnage : partir dans une direction, ajouter des nuances au personnage, jusqu’à ce que la perception du spectateur change.
Que représente l’Ingénieure aux yeux de Lex Luthor ?
C’est une ancienne militaire des services secrets pour laquelle Lex a mis au point une technologie à base de nanites qu’il lui a injectées dans le sang. Elle peut transformer son corps en tout et n’importe quoi, ce qui est évidemment génial et qui la rend invincible. Par exemple, elle peut transformer ses mains en scie circulaire. Gabby [de Faría] a fait un boulot stupéfiant. Elle a travaillé de manière acharnée avec les cascadeurs pour se préparer physiquement au rôle – et elle était à même d’exécuter toutes sortes de figures extraordinaires si bien que, une fois les effets visuels intégrés aux images, les scènes d’action sont exceptionnelles.
La suite de notre dossier dédié à SUPERMAN volera bientôt dans les pages d’ESI !
Si vous voulez tout connaître sur l’histoire des trucages, dans le cinéma, les séries, le maquillage, le cinéma d’animation et les plus belles attractions des parcs à thème, offrez-vous EFFETS SPÉCIAUX : 2 SIÈCLES D’HISTOIRES, la bible des SFX, unanimement célébrée par la presse comme l’ouvrage absolument incontournable sur le sujet, avec 848 pages, 2500 photos dont beaucoup exclusives, et les interviews de 160 des plus grands spécialistes mondiaux ! Vous découvrirez des anecdotes incroyables sur les tournages des films et séries cultes, et vous saurez exactement comment les moments les plus étonnants de vos œuvres favorites ont été créés !
Pour vous procurer ce livre de référence en un clic sur Amazon, c’est par Ici.
