Le retour de Superman au cinéma : Entretien avec Anthony Carrigan (Metamorpho) et Maria Gabriela De Faria (L’Ingénieure)
Article Cinéma du Lundi 15 Septembre 2025
ENTRETIEN AVEC ANTHONY CARRIGAN – METAMORPHO
Que représente ce projet à vos yeux ?
Tout d’abord, quand on est engagé pour jouer dans SUPERMAN, c’est une immense responsabilité. Mais comment ne pas ressentir une joie et un bonheur absolus qui font que l’enfant de 8 ans qui sommeille en vous se réveille soudain ? Mais en fin de compte, il faut mobiliser ses facultés et jouer le rôle du mieux possible. Par ailleurs, ce qui est assez vertigineux, c’est qu’on a l’impression de repartir à zéro à chaque nouveau projet. On ne sait pas comment ça va se passer. On n’a pas encore trouvé le personnage au fond de soi. Certes, on a lu des choses, on a découvert le personnage dans le scénario, mais entre le moment où on reçoit le coup de fil pour nous dire qu’on a décroché le rôle et celui où on débarque sur le plateau pour prononcer son premier dialogue, le périple est plein d’inconnues et change à chaque projet. C’est d’ailleurs ce qui rend ce métier aussi exaltant.
Qui est Metamoprho ? Qu’est ce qui le rend si singulier ?
Metamorpho, alias Rex Mason, est un personnage très énigmatique. Il demeure un mystère, et même dans le scénario, il restait beaucoup d’éléments que chacun peut interpréter selon son propre imaginaire. À mes yeux, c’est un être incompris. Son corps a subi une transformation si bien qu’il est composé d’éléments différents. On le surnomme parfois Element Man. Il a la faculté de manipuler ces éléments pour se transformer en à peu près n’importe quoi. C’est à la fois une vraie force et une malédiction. Je pense qu’il considère que c’est davantage une malédiction. Il n’aime pas son allure et je le comprends. J’ai très tôt souffert d’alopécie et j’aurais aimé, quand j’étais jeune, pouvoir en guérir. Cela m’a beaucoup complexé et m’a marqué dans mon rapport au monde. C’est donc une facette du personnage dans laquelle je me reconnais totalement. Mais en finissant par accepter cette différence, cette apparence physique est presque devenue mon super-pouvoir. La trajectoire du personnage est fascinante et il possède une grande force, mais il cache aussi une vraie tendresse. James aime donner à ses personnage cette sensibilité, cette profondeur, et il cherche à mettre en avant leur humanité. C’est une chance exceptionnelle d’incarner un héros qu’on n’a encore jamais vu à l’écran. Mais c’est aussi une responsabilité parce que les fans qui le connaissent l’aiment beaucoup. C’est un personnage culte. J’ai donc ressenti un peu de pression, mais je suis surtout enthousiaste parce que le personnage est réjouissant.
L’allure de Metamorpho est très particulière dans l’univers des super-héros...
C’est fabuleux. C’est génial de voir à quel point le costume du personnage a tenu compte des sources d’inspiration. Le public va être bluffé. Le souci du détail est impressionnant : l’améthyste d’un côté, la glace sur une jambe, l’autre jambe en tronc d’arbre. Visuellement, c’est saisissant et spectaculaire. Entre les capacités du personnage et son allure démente, le spectateur va être époustouflé. J’ai hâte qu’il le découvre sur grand écran.
Pourquoi la période actuelle était-elle propice à une nouvelle version de SUPERMAN ?
C’était vraiment le bon moment. Nous sommes à une époque où l’on a plus que jamais besoin d’avoir un modèle positif, optimiste, qui cherche à faire le bien, dont on puisse s’inspirer. Car au fond, c’est essentiel de pouvoir se raccrocher à des figures solaires, des créatures porteuses de bonté et d’espoir. C’est ce que ce film incarne, et c’est crucial.
ENTRETIEN AVEC MARIA GABRIELA DE FARIA?– L’INGENIEURE/ANGELA SPICA
Qu’avez-vous pensé du scénario de SUPERMAN quand vous l’avez découvert ?
J’étais très emballée ! Je n’en revenais pas de lire ce script. Et à mesure que j’avançais dans ma lecture, je trouvais l’histoire de plus en plus fascinante. J’avais de très fortes attentes car James est un formidable scénariste. Je l’admire beaucoup et j’adore ce qu’il écrit. Et puis, c’est Superman quand même ! C’est un personnage emblématique pour le monde entier et j’avais hâte de savoir ce qu’il allait en faire. Sincèrement, le résultat a dépassé mes espérances. Le scénario est drôle, profond, émouvant. En lisant le script, j’espérais de toutes mes forces obtenir le rôle car j’avais envie de participer à la concrétisation de ce projet. Je l’ai relu plusieurs fois par la suite et je le trouvais meilleur à chaque nouvelle lecture.
Qui est l’Ingénieure ?
Commençons par son apparence physique. Elle s’appelle Angela Spica et on voit tout de suite que c’est une dure à cuire. LuAndra [Whitehurst], qui a réalisé mon maquillage, a utilisé des teintes froides, ce qui accentue ce sentiment de dureté. Même sa coiffure – réalisée par Magnolia [Lowe], qui est très douée – se résume à de longues tresses. Elle privilégie le confort et tout ce qui peut lui faciliter la tâche pour se battre. Du coup, dès qu’on la voit, entre sa coiffure et son maquillage, on comprend qu’elle ne plaisante pas. Elle n’est pas là pour se faire des amis. C’est une ancienne militaire des forces spéciales et c’était déjà une femme coriace. Elle avait déjà beaucoup plus de capacités que 99% de la population, et quand elle a acquis ses pouvoirs et qu’elle est devenue l’Ingénieure, elle s’est muée en une véritable machine de guerre. Elle est quasiment indestructible. Son sang est composé de nanites, et elle peut se métamorphoser en n’importe quoi – sans compter qu’elle peut aussi transformer ses mains ou ses jambes en armes ou en machines complexes. Elle peut aussi se cloner, ce qui est franchement dément. Quant à sa personnalité, elle a vécu un passé très difficile qui l’a convaincue que le monde est totalement détruit et qu’il faut le réparer – quelles que soient les conséquences, quel que soit le nombre de victimes collatérales et quoi qu’elle ait à faire pour remplir son objectif.
Quel est son rapport à Lex Luthor ?
Lex est le patron de l’Ingénieure. C’est l’un des êtres humains les plus puissants de la planète et il est brillant. C’est un génie profondément passionné par la science et les connaissances. Il a les moyens de bâtir une technologie délirante susceptible de changer le monde, et j’ai le sentiment que les gens estiment que Lex permettra de faire progresser l’humanité et de lui venir en aide. Mais, bien entendu, on ne tardera pas à s’apercevoir que ce n’est pas forcément quelqu’un de bien. Lex et l’Ingénieure ont une relation complexe parce que c’est lui qui l’a créée si bien qu’elle lui est redevable pour ses pouvoirs. Lex n’est pas un type facile, il est vraiment dangereux, mais Angela est puissante, elle aussi. Du coup, j’ai l’impression que Lex ne fait pas trop le malin avec elle ! (rires) Certes, il est son patron, mais ils fonctionnent d’égal à égal et ils se comprennent très bien. J’ai dit à James que j’avais le sentiment qu’il y avait entre eux une relation qui dépasse le cadre professionnel. Il y a Eve, la petite amie officielle de Lex, mais je pense qu’Angie et lui s’amusent bien de leur côté. C’est dans cet esprit que j’ai abordé mes scènes avec Nick : ils sont complices, ils sont intimes l’un avec l’autre, et cette proximité s’appuie sur leur rapport de force – une relation qui leur plaît. Angela est la seule qui travaille aux côtés de Lex, qui se permet de lui crier dessus ou d’élever la voix, et qui ne craint pas qu’il la vire ou qu’il lui fasse quoi que ce soit. À mon sens, elle a le sentiment d’être son égale. Mais ils sont pourtant très différents car ils n’ont pas du tout la même vision du monde – leurs objectifs sont très différents et ils n’ont pas les mêmes valeurs. À mes yeux, Angela est quelqu’un de bien, contrairement à Lex.
C’est un rôle très physique. Comment vous y êtes-vous préparée ?
J’avais très peu d’expérience au départ. En lisant le scénario, en voyant ce qu’Angela devait faire, et en me plongeant dans les albums, j’ai eu vraiment peur ! Je me suis mise à m’entraîner dur avec notre coach personnel, Paolo Mascitti. Il est épatant. Pourtant, après la première séance, j’ai repris le volant en me disant que je n’y arriverais pas. Il fallait en effet que j’aie une certaine allure physique, non pas tant parce qu’on me l’imposait, mais parce que, en tant qu’actrice, je sentais que cette transformation physique faisait partie intégrante du boulot. Je voulais être à la hauteur de l’Ingénieure telle qu’elle est représentée dans les BD. Je me suis donc entraînée très dur, six fois par semaine, trois heures par jour, pendant des mois. Au cours des trois premiers mois, je ne voyais pas de progrès. Mais à partir du quatrième mois, j’ai senti que j’arrivais davantage à maîtriser mon poids, que je bougeais avec plus d’aisance. J’étais plus consciente de mon corps. C’est à ce moment-là que j’ai entamé l’entraînement avec l’équipe des cascadeurs. Et c’était formidable. Je resterai à jamais attachée à cette équipe. J’étais avec eux quasiment tous les jours parce que mon personnage passe son temps à se battre, à voler, à cogner, à enchaîner les scènes d’action. Elle est fantastique. Et ils m’ont beaucoup aidée. Ils faisaient en sorte que j’apprenne chacun des gestes à la perfection pour que je sois crédible à l’image et, surtout, ils m’ont donné confiance en moi. Ils me disaient quand c’était super et, de même, ils n’hésitaient pas à me dire quand ça ne fonctionnait pas, quand il fallait corriger un mouvement. Au départ, j’avais un terrible vertige, mais je n’ai rien dit à personne – il n’y avait que ma doublure cascade qui était au courant. Mais j’ai réussi à surmonter cette phobie et à tout faire. Avec les cascadeurs, j’apprenais en permanence. On répétait sans cesse de nouvelles figures, à commencer par la posture – il fallait savoir comment se tenir, rentrer le bassin, donner une impression de puissance. Il fallait vraiment prendre conscience de son corps avant de s’engager dans les combats, d’être harnaché par les câbles. C’était jubilatoire et éprouvant à la fois. Cet entraînement m'a vraiment fait prendre conscience du rôle essentiel des cascadeurs. Le spectateur ne les verra pas à l’image, mais à mes yeux, ils occupent une place fondamentale. Je les adore.
L’Ingénieure a un style extraordinaire. Pouvez-vous nous parler de son costume ?
Le costume d’Angie est magnifique. Sauf erreur de ma part, il est en cuir imprimé en 3D. Il donne presque le sentiment qu’on peut voir à travers elle ou à l’intérieur de son corps, et c’était le but. C’était un costume très serré, très rigide, difficile à porter. Il n’était pas du tout fabriqué en élasthane si bien que j’ai eu un peu de mal à m’y habituer et j’avais ce petit rituel avant de l’enfiler, avec tout un tas de gens qui m’aidaient à entrer dedans. Je disais « je t’aime, costume. Je t’aime tellement. On va s’éclater et on va y arriver, ensemble. Tu vas t’élargir un peu. Et tout va bien se passer. » (rires) Mais quand on est acteur, on apprend à faire de ses défauts des atouts. Le costume ne me laissait pas une grande liberté de mouvement, mais dans le même temps, cette contrainte m’a aidée, si vous voyez ce que je veux dire. Il m’a permis de me mettre dans l’état d’esprit nécessaire à chaque scène de combat – puisque je me battais un peu contre le costume ! – et de me donner la motivation nécessaire. Du coup, je me disais « je vais y arriver ! »
Qu’est-ce qui vous a plu dans la collaboration avec James Gunn ?
Même s’il a une vision très précise de son projet, c’est un immense artiste qui reste ouvert aux idées de chacun. Il nous laissait expérimenter, il nous mettait à l’aise, il nous donnait confiance et, surtout, il nous permettait de nous sentir libres. J’ai eu le sentiment qu’il a très rapidement appris à connaître chacun des acteurs si bien qu’il savait leur parler, il savait ce qui fonctionnait avec chacun, ce qui permettait de faire ressortir les émotions dont chacun avait besoin. C’était surprenant. Dès le deuxième jour, il savait parfaitement comment me parler. Il s’adaptait à chaque comédien, ce qui était génial. C’est le signe d’un vrai chef d’orchestre. Je l’admire beaucoup. Il apporte une forme de féerie au plateau. Je me suis entretenu avec la plupart des gens qui ont tourné avec James Gunn, et ils ont tous le même sentiment. C’est donc avéré. Je ne tiens pas ce discours uniquement parce que j’ai obtenu le rôle : c’est la vérité.
Pourquoi faut-il absolument voir SUPERMAN sur grand écran ?
Je crois que le public va redécouvrir la raison pour laquelle on va voir des films en salles, la raison pour laquelle on aime cette expérience cinématographique collective. Ce film va placer la barre très haut pour tous les autres. C’est le début d’une nouvelle ère pour le cinéma de super-héros. On va aller en salles et se cramponner à son siège en riant, en pleurant et en se posant des questions sur notre place dans le monde. Et en se demandant quelles décisions peuvent rendre le monde meilleur. C’est un film formidable dont on va parler tout l’été, et même toute l’année ! J’ai hâte que le public le découvre !
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