Dans les coulisses d’Avatar – Une révolution technologique
Article 100% SFX du Vendredi 26 Septembre 2025
Avatar n’est pas seulement le plus gros succès de l’histoire du cinéma (si on ne prend pas en compte l’inflation, évidemment). C’était aussi une formidable prouesse technologique, qui a essaimé dans toute l’industrie du cinéma lors de la dernière décennie. Nous ne parlons pas ici des images de synthèse en elles-mêmes, mais des solutions trouvées par James Cameron et ses équipes pour filmer la lointaine planète Pandora. A l’occasion de la sortie de la bande-annonce d’Avatar 3, revenons aux origines de la grande saga de science-fiction de James Cameron.
Par Pierre-Eric Salard
Prendre une nouvelle dimension
Avatar était un vieux rêve de James Cameron. Il en parlait déjà à l’époque de Titanic, dans les années 1990. Mais la technologie n’avait pas encore atteint un niveau satisfaisant pour concrétiser sa vision. L’orée du siècle sera ainsi un long chemin pour mettre au point les outils nécessaires à la production du film. On pense notamment aux légères caméras à haut définition et double lentilles, permettant de filmer les prises de vues réelles nativement en 3D, spécialement fabriquées par Sony afin d’éviter de donner aux spectateurs le mal de mer. Sept ans de travail furent nécessaires pour créer ce système – Fusion - couplant deux caméras Sony F950. Mais c’est surtout les prises de vues irréelles –les scènes se déroulant sur Pandora, avec les Na’vis- qui ont nécessité une importante préparation. « L’un des problèmes les plus ardus à régler était la création de la simulcam, qui nous permet, pendant les prises de vue en capture de mouvements, de filmer les acteurs tout en voyant immédiatement une image composite des éléments 3D ajoutés, dans le viseur de la caméra », expliquait le producteur Jon Landau à notre collègue Pascal Pinteau. Une pseudo-caméra qui ne possède pas d’objectif, puisque l’écran montre les mouvements enregistrés par des capteurs. « Les déplacements de la caméra sont repérés par le système qui les répercute dans le traitement des images 3D ». Le tournage des séquences en images de synthèses s’est ainsi déroulé en plusieurs étapes.
Renverser le système
Dans un studio, ou plutôt un entrepôt néo-zélandais, les acteurs, affublés d’affriolants costumes de capture de mouvements, jouent leurs scènes. Ces sobres combinaisons moulantes sont bardées de petits réflecteurs, ce qui permet à plus de 100 caméras numériques (captant l’infrarouge) d’enregistrer les déplacements des acteurs. Une petite caméra, attachée à un casque, est également chargée de capter les expressions des visages, et ainsi de les répercuter ultérieurement sur un modèle en images de synthèse de haute définition. Chaque scène est ainsi enregistrée en 3D, par les seuls mouvements des interprètes. Selon les nécessités du script, les comédiens sont seuls ou ensembles, jouant comme au théâtre, et sans avoir nécessairement besoin d’arrêter le tournage pour déplacer tout le matériel entre les plans. Ils répètent leurs dialogues, escaladent des éléments de décor, etc. James Cameron, lui, peut voir en temps réel sur un écran LCD les personnages extraterrestres évoluer dans l’environnement (graphiquement rudimentaire, il s’agit d’une prévisualisation) de Pandora. « Je dirais que cela fonctionne comme un jeu vidéo en direct, dont le réalisateur est le joueur », précisait le producteur Jon Landau. « Il prend toutes les décisions en temps réel, et voit aussitôt le résultat en images ». Cela lui permet de donner ensuite des consignes, de placer les comédiens différemment, ou de leur demander d’essayer d’autres interprétations.
La technologie au service de la créativité
Des jours voire des mois plus tard, James Cameron peut retourner, sans les acteurs, dans l’entrepôt. Cette fois-ci, il s’agit de mettre en scène le film en choisissant les données liées aux mouvements des acteurs qui correspondent à ses besoins (le cinéaste pouvant sélectionner des performances venant d’enregistrements différents pour les unir dans une même scène). A l’aide la Simulcam, le réalisateur, ayant un aperçu du monde virtuel et donc de Pandora, peut cadrer les plans qu’il a en tête, et donc créer son film. Gros plan ou travelling ? Il dispose de toute la latitude pour construire le film de ses rêves. Et c’est ainsi que James Cameron signa le plus gros succès de tous les temps. Évidemment, ce processus est désormais âgé d’une quinzaine d’années. Il a forcément évolué, comme nous avons pu le voir récemment avec l’essor des systèmes de production virtuelle de type ILM Stagecraft, qui ont permis de filmer The Mandalorian parmi tant d’autres ambitieux projets. Nul doute qu’Avatar 3 : de feu et de cendres marquera en décembre un nouveau tournant dans la manière de réaliser des films.
Sources : Effets-Speciaux : Deux siècles d’histoire, Definition Magazine, Wired, Cinefex, Effets-Speciaux.info, SFX Magazine, Variety
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