CONJURING : L’HEURE DU JUGEMENT : Entretien avec le réalisateur Michael Chaves - 1ère partie
Article Cinéma du Mardi 07 Octobre 2025

Les enquêteurs du paranormal tentent de résoudre un dernier cas, alors que les forces maléfiques menacent leur propre famille…

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Nouveau chapitre de la saga Conjuring, L’heure du Jugement, sorti en salles le 10 septembre, s’inspire comme toujours de faits re?els. Vera Farmiga et Patrick Wilson y reprennent les ro?les d’Ed et Lorraine Warren, les fameux enque?teurs spécialisés dans les phénomènes paranormaux, qui abordent une toute dernie?re affaire après une longue carrière. Mais cette aventure prend vite une tournure intense, glac?ante et plus personnelle, puisqu’elle va impliquer Judy, la fille du couple, et son petit ami Tony Spera, incarnés par Mia Tomlinson et Ben Hardy. Ce neuvième opus vient compléter une saga horrifique qui a battu tous les records dans ce registre en dépassant les deux milliards de recettes mondiales. Michael Chaves, qui avait dirigé le précédent chapitre, SOUS L’EMPRISE DU DIABLE, a re?alise? L’HEURE DU JUGEMENT à partir du sce?nario écrit par Ian Goldberg, Richard Naing et David Leslie Johnson-McGoldrick, basé sur une histoire originale de David Leslie Johnson-McGoldrick et James Wan, d’apre?s les personnages cre?e?s par Chad Hayes et Carey W. Hayes. La production exe?cutive est assure?e par Michael Clear, Judson Scott, Hans Ritter, David Leslie Johnson-McGoldrick, Natalia Safran, John Rickard et Michael Chaves. Derrière la caméra, l’équipe technique réunit le directeur de la photographie Eli Born, le chef-de?corateur John Frankish, les chefs-monteurs Elliot Greenberg et Gregory Plotkin, le superviseur des effets visuels Scott Edelstein, le producteur des effets visuels Eric Bruneau, le chef-costumier Graham Churchyard, les directrices de casting Rose Wicksteed et Sophie Kingston-Smith, le superviseur musical Ian Broucek et le compositeur Benjamin Wallfisch. Présenté par New Line Cinema, produit par The Safran Company / Atomic Monster, le film est sorti en salles depuis le 10 septembre et également présenté au format IMAX.

Une longue passion pour l’horreur

Entretien avec Michael Chaves, réalisateur


THE MAIDEN, excellent court-métrage d’épouvante écrit et réalisé en 2016, a donné à Michael Chaves l’opportunité de collaborer avec James Wan et la Warner sur son premier long-métrage, LA MALÉDICTION DE LA DAME BLANCHE, qui se déroulait déjà dans l’univers de Conjuring. Il a signé ensuite CONJURING, SOUS L’EMPRISE DU DIABLE, puis LA NONNE : LA MALÉDICTION DE SAINTE-LUCIE.

L’expérience des rituels cinématographiques

Conjuring : L’heure du Jugement est votre quatrième film d’horreur consécutif. Qu’avez-vous appris sur ce genre, et sur les personnages de la saga ? Qu’est-ce qui fonctionne le mieux et que faut-il éviter ?


J’ai grandi en aimant les films d’horreur et pouvoir en réaliser moi-même a été un parcours incroyable. Chacun d’entre eux m’a permis d’apprendre de plus en plus de choses. Je dirais qu’un très bon film d’horreur repose sur les mêmes bases que toute bonne histoire et tout bon film : il doit présenter des personnages qui vous tiennent à cœur. Et parfois, ce n’est pas facile à gérer pendant les moments effrayants. Il y a une sorte de dimension mécanique dans la conception des séquences d’un film d’horreur, car vous mettez soigneusement en place des éléments pour construire ce qui va finir par créer l’effroi : il est impossible d’improviser cela à la dernière minute. Cela nécessite beaucoup de réflexion, de préparation et de planification. Vous pouvez avoir conçu les mécanismes d’horloge les plus finement ciselés, ils ne serviront strictement à rien si le public ne s’intéresse pas aux personnages. Inversement, plus les spectateurs trouvent les protagonistes attachants, plus ils se soucient de leur sort, et plus ils sont inquiets pour eux et investis dans les situations dangereuses qui se produisent…Cela semble évident à souligner, mais nous ne sommes attirés par ces histoires effrayantes que si les héros nous ont émus et intéressés. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’aime tant la saga CONJURING, comme des millions de gens : on se sent proche des Warren. Et on les retrouve avec plaisir pour en apprendre un peu plus sur leurs vies et sur ce qui leur est arrivé. On éprouve aussi de l’empathie pour les familles en détresse qu’ils aident. Mais dans ce nouveau chapitre, je voulais vraiment raconter leur histoire, et présenter aux spectateurs une belle et grande conclusion de leur long parcours.

Le précédent CONJURING que vous aviez réalisé, SOUS L’EMPRISE DU DIABLE, était basé sur un procès pour meurtre réel et bien documenté. L’HEURE DU JUGEMENT est-il basé aussi sur le véritable dernier cas traité par les Warren, ou a-t-il été écrit avec plus d’éléments dramatiques fictifs, pour apporter une conclusion satisfaisante à toutes les précédentes histoires de la saga ?

Oui, il est bien basé sur l’un de leurs derniers cas. Mais, honnêtement, il est difficile de dire si c’était vraiment leur tout dernier. On est cependant sûr que c’était l’un des cas qu’ils ont traités à la toute fin de leur carrière. Il s’agit de l’affaire de la hantise de la famille Smurl, qui s’est produite à West Pittston, en Pennsylvanie. C’était une famille de huit personnes, composée de Jack, sa femme Janet, leurs quatre filles et les parents de Jack, qui vivaient tous ensemble dans un duplex, dans la même maison. Dans ces films CONJURING, comme le public, j’aime savoir que tout est basé sur des événements réels, vécus par des personnes qui les ont racontés. Nous avons d’ailleurs travaillé sur ce film avec les quatre sœurs Smurl, et utilisé le plus possible ce qu’elles nous ont dit dans le script et dans les images du film. Tout au long du processus, nous avons respecté leurs témoignages. Évidemment, nous avons dû les adapter pour que cela fonctionne dans ce format de fiction. Et vous avez raison, comme nous devions raconter la conclusion de l’histoire des Warren, et que tous les événements ne s’accordaient pas parfaitement, nous avons dû les assembler à notre manière. L’autre élément dont je ne peux pas trop parler, c’est qu’il y avait une autre affaire dans laquelle ils étaient également impliqués, et qui se déroulait dans les alentours de la Pennsylvanie. Nous avons donc décidé de l’intégrer à notre récit principal, comme une sorte de fil rouge qui traverse le film et nous aide à conclure leurs carrières et leur parcours. Et cette autre affaire, que je trouve vraiment sensationnelle, est l’autre fil sombre de notre trame narrative.

L’usure du temps

À ce stade de leur carrière, en 1986, l’expérience des Warren dans l’étude d’événements paranormaux était-elle reconnue, et plus respectée ?


C’est intéressant que vous posiez cette question car nous traitons le début du film comme s’ils avaient pris leur retraite. Je ne sais pas si vous vous souvenez de cette scène du premier CONJURING, où on les voit s’adresser à toute une assemblée ? Quand les lumières se rallument, on se rend compte que la salle de conférence est bondée, et que des centaines d’étudiants sont venus écouter les Warren. C’était vraiment comme cela que ça se passait : Ed et Lorraine voyageaient dans tout le pays et présentaient ces conférences dans les collèges. Dans notre film, les années ont passé. S’ils se déplacent encore, ils ne bénéficient plus de la même attention ni de la même crédibilité. Dans L’HEURE DU JUGEMENT, quand la lumière revient à la fin d’une conférence, on voit que la salle est quasiment vide. Plus personne ne semble intéressé par ce qu’ils ont à dire. J’adore l’idée que le monde a évolué, et contraint les Warren à prendre leur retraite. Dans cette scène, il y a même un jeune qui lève la main et leur demande naïvement «Ce que vous faites, c’est la même chose que l’équipe de S.O.S. FANTÔMES ? » Il est ignorant et maladroit, mais sa question exprime l’idée que les Warren sont dépassés par l’évolution du monde. Et, même si je m’apprête à faire un parallèle avec un film très différent, je dois dire que j’adore LOGAN. J’aime envisager ce que deviennent des héros, quand le monde a changé, et qu’ils ne sont plus des superstars. Il y a quelque chose de sensationnel dans cette situation. Et dans notre cas, cela crée aussi une grande anxiété quand nous voyons de nouvelles manifestations du mal surgir et grandir peu à peu. Ce danger apparu à l’horizon se rapproche inexorablement, alors quand va-t-il menacer directement les Warren ? Et que va-t-il falloir faire pour les convaincre de reprendre leurs activités ? C’est de cette façon que le film débute.

Quelle est la menace qui grandit et rôde dans la maison des Smurl ?

Quelque chose qui les poursuit depuis très longtemps. Une entité du passé qu’ils n’ont pas été en mesure d’affronter et qui revient, comme un cercle infernal… C’est tout ce que je peux dire à ce sujet.

Des témoignages intégrés au récit

Avez-vous évoqué avec la fille des Warren, Judy, et avec son mari Tony, leurs souvenirs de l’affaire des Smurl, et la réaction de Lauren et Ed à cette époque-là ? Si tel est le cas, avez-vous utilisé ce qu’ils vous ont dit dans le scénario ?


Absolument. Je précise d’ailleurs que les vrais Tony et Judy font une apparition clin d’oeil dans le film. Et deux jeunes acteurs les incarnent. En tant que fille unique des Warren, Judy était le point central de leur famille, à cette époque. Et comme souvent avec les enfants uniques, les parents leur portent parfois une attention excessive. Donc, pour répondre à votre question, oui, nous avons longuement parlé avec Judy et Tony de l’affaire des Smurls et de leurs souvenirs à ce sujet. Ce film implique un peu plus Judy dans l’affaire et la place au centre des événements, mais à contrecœur.

Les scénaristes Ian Goldberg et Richard Naing, qui ont travaillé sur LA NONNE : LA MALEDICTION DE SAINTE-LUCIE que vous avez réalisé, ainsi que sur l’excellent THE JANE DOE IDENTITY, ont rejoint l’équipe d’écriture de CONJURING. Comment décririez-vous votre collaboration ?

Ian et Richard sont venus m’aider à travailler sur la réécriture de ce script. Ce sont de précieux collaborateurs. Je dois également remercier chaleureusement David Leslie Johnson, qui a écrit la version initiale du scénario, celle qui m’a convaincu de signer mon contrat et de réaliser ce film. J’ai travaillé avec DLJ sur SOUS L’EMPRISE DU DIABLE. Il avait écrit aussi le deuxième CONJURING. Tous ces auteurs ont apporté d’énormes contributions. Je tiens à dire que DLJ a vraiment conçu le cœur du film, tout ce qui émeut le plus. Beaucoup de choses devaient être développées par ailleurs et ont évolué au fil du temps, mais cette première ébauche était déjà extrêmement puissante. Elle était basée sur la hantise de la famille Smurl et incluait beaucoup de bonnes idées. Il y avait un noyau émotionnel que j’adorais. Je suis ravi que nous ayons pu continuer sur cette lancée jusqu’à la toute fin du film. Plusieurs personnes m’ont confié avoir eu les larmes aux yeux en achevant de lire le script. J’ai réagi de la même manière en le découvrant, et j’ai le sentiment que les spectateurs seront bouleversés à leur tour en voyant le film. CONJURING est une saga d’horreur, vraiment effrayante, mais je crois qu’il était important de dire adieu aux Warren d’une manière émouvante. Et je pense que nous y sommes parvenus.

La suite de cet entretien se matérialisera bientôt sur ESI !

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