Retour sur Mercredi (Saison 2) : Entretien avec les showrunners Alfred Gough et Miles Millar - Seconde partie
Article Cinéma du Vendredi 17 Octobre 2025
Un nouveau directeur arrive à Nevermore cette année. Qui est Barry Dort (Steve Buscemi), et en quoi est-ce qu'il change l'esprit de l'Académie ?
Miles Millar : Le directeur, Barry Dort, arrive à Nevermore pour remplacer la grande Larissa Weems qui a été assassinée à la fin de la première saison. On aimait l'idée de quelqu'un qui soit à l'opposé total de sa prédécesseure. Steve Buscemi est un acteur génial. Le directeur qu'il joue est un fan absolu de Nevermore. Il porte du violet et des casquettes de baseball aux couleurs de l'école. Il incarne l'école, c'est M. Nevermore, autrement dit, tout le contraire de Larissa Weems, toujours impeccable et tellement chic. Tout au long de la saison, il se plie en quatre pour avoir l'approbation de Mercredi qui, pour lui, est l'élève modèle de Nevermore, puisqu'elle a défendu et sauvé l'Académie l'année précédente. En toute logique, Mercredi déteste Dort et le fait d'être au centre de l'attention. Autant dire qu'ils ne sont pas sur la même longueur d'onde.
Alfred Gough : Barry Dort apporte encore autre chose à l'Académie : sa fierté d'être marginal. Larissa Weems faisait tout pour que normis et marginaux essaient de s'entendre. Elle avait créé la Journée du Lien et embauché Mlle Thornhill (Christina Ricci), une enseignante normie. Barry Dort utilise tout ça contre elle. Il calomnie son héritage et dit que les marginaux doivent être fiers. Pour lui, il s'agit d'indépendance. Il apporte une énergie intéressante à Nevermore.
Barry Dort a un autre objectif cette année : il a décidé de lever des fonds. Qui recrute-t-il pour ce faire, et qui veut-il surtout compter parmi les donateurs ?
Alfred Gough : Après les événements de la première saison, Nevermore est en grande difficulté financière. Barry Dort veut lever des fonds pour l'Académie, et Morticia Addams lui semble la marginale et parente idéale pour endosser le rôle de présidente du comité organisateur du gala. C'est la raison pour laquelle on a installé la famille Addams à Nevermore cette année. Ça permet de voir Morticia avec Mercredi plus facilement, mais aussi de placer Morticia à l'Académie. Elle se lie par ailleurs avec Bianca (Joy Sunday), la présidente du comité côté élèves. C'est une autre façon de développer le rôle de Morticia, et c'était génial.
Miles Millar : On découvre que le directeur a sans doute recruté Morticia parce que sa mère, Hester Frump, est la plus riche ancienne élève de Nevermore. Hester a fait fortune avec son empire de pompes funèbres. Dort espère que Morticia saura l'amadouer, pour qu'elle donne de l'argent à Nevermore. Mais il va découvrir que rien n'est jamais facile dans le clan Addams.
Que pense Mercredi du fait que son petit frère, Pugsley (Isaac Ordonez), l'ait rejointe à Nevermore ? Que peuvent attendre les spectateurs de cette intrigue-là ?
Alfred Gough : Pugsley Addams est maintenant scolarisé à Nevermore, et Mercredi ne s'en réjouit pas. Personne ne veut avoir son petit frère dans les pattes à l'école. Pugsley a toujours eu du mal à se faire des amis. Il n'en avait aucun dans son établissement normi, malgré ses efforts. Son père l'a assuré qu'il serait parmi les siens à Nevermore, mais Pugsley ne s'y fait pourtant pas des amis facilement. Il essaie vraiment, mais il est gauche et ne sait pas s'y prendre. Il est en coloc avec Eugene (Moosa Mostafa), qui est devenu cool depuis qu'il a participé à sauver l'Académie. Après, dans la plus pure tradition Addams, Pugsley se fait un ami en ressuscitant un zombie.
Où en est Tyler (Hunter Doohan) après le cliffhanger de la saison dernière ?
Alfred Gough : On revoit effectivement Tyler Galpin. Comme vous le savez, c'est un Hyde. Il a été capturé à la fin de la saison 1, et on l'a vu partir dans un véhicule blindé vers l'hôpital psychiatrique de Willow Hill. C'est là qu'on le retrouve dans le deuxième épisode : on l'a enfermé pour l'étudier. Mercredi doit aller le voir à propos d'un indice dans son enquête. On voit que la façade de gentil garçon, qui s'était effritée à la fin de la première saison, a complètement disparu. C'est un vrai monstre, non seulement physiquement, mais aussi psychologiquement.
Miles Millar : Mais il y a peut-être une lueur de quelque chose. Mercredi se demande toujours pourquoi il l'attirait. Se pourrait-il qu'elle ne tombe amoureuse que de monstres ? A-t-elle vu et aimé la part d'obscurité en lui ? Il n'y a pas de triangle amoureux cette saison, mais cette relation est ce qui se rapproche le plus d'une histoire d'amour pour elle. Elle est déchirée entre l'attirance et la répulsion, et ça la déstabilise quand elle est avec lui. Ils sont tous deux très rusés, et c'est génial de les voir dans cette sorte de danse. Willow Hill, l'hôpital psychiatrique, est un environnement important pour nous cette saison, et il joue un rôle dans le mystère que Mercredi met au jour.
Les fans ont adoré La Chose (Victor Dorobantu) pendant la saison 1. Que devient-elle dans la saison 2 ?
Miles Millar : La Chose fait partie intégrante de la série. On a découvert que c'était l'un des personnages préférés des spectateurs dans la saison 1. Les gens en sont tombés amoureux. C'est Victor Dorobantu, un incroyable acteur roumain, qui joue la Chose. Pendant les trois années qu'a duré la création de la série, il est devenu très habile et donne beaucoup de personnalité à sa performance. Quand on voit La Chose à l'écran, on perçoit toute son humanité à travers son mode de communication. Ça a l'air simple, mais ça ne l'est pas. Victor sait faire beaucoup avec pas grand-chose. On a adoré l'idée d'explorer le personnage et son histoire davantage. La Chose commence-t-elle à se demander d'où elle vient ? Où est le reste de son corps ? Pendant la saison, on fait de grandes découvertes concernant la Chose.
Qu'appréciez-vous particulièrement dans la façon dont Jenna incarne le personnage de Mercredi Addams dans cette saison ?
Alfred Gough : Jenna Ortega est une actrice de grand talent. Elle est à fond dans le personnage de Mercredi. Elle ne l'avait pas incarnée depuis deux ans, mais elle l'a retrouvée : dès le premier jour, elle était à nouveau Mercredi, c'était fabuleux.
Miles Millar : Elle apporte énormément d'intelligence, d'humour et d'intuition à ce rôle. Ce qui est toujours vrai, c'est que Mercredi peut se montrer déconcertante. Elle ne réagit jamais aux situations comme on s'y attend. Mercredi nous force à être dans la sincérité. C'est génial de voir l'évolution du personnage et de la performance de l'actrice. Elle donne une impression de facilité, mais ça n'est pas du tout le cas. Elle apporte réflexion, soin et intelligence à chacune de ses répliques.
Parlez-nous de la performance de Catherine Zeta-Jones dans le rôle de Morticia Addams.
Alfred Gough : Catherine Zeta-Jones est la personne la plus marrante sur le plateau, et elle adore jouer Morticia. Étant elle-même maman, elle apporte ce vécu à son personnage. Elle s'est régalée avec cette saison, car elle avait plus de scènes, non seulement avec Jenna, mais aussi avec Joanna Lumley, qui incarne sa mère à l'écran, Hester Frump, et avec Steve Buscemi, qui interprète Barry Dort. Morticia montre de quoi elle est capable cette saison. On voit ses diverses facettes, et Catherine l'incarne à merveille.
Miles Millar : Il était très important pour nous de nous assurer que tous les personnages aient de l'épaisseur. Les films des années 90 étaient géniaux, mais ils ne cherchaient pas la profondeur émotionnelle. On a donc tout fait pour développer une complexité qui donne des émotions proches du réel à nos personnages. Catherine apporte beaucoup à ses scènes. Il y a beaucoup de scènes avec Mercredi, Hester et Morticia cette saison, et c'est super de voir les différentes générations de femmes de la famille Addams et leurs interactions. On s'est bien amusés à écrire ces séquences, et les actrices se sont régalées à les jouer. Et puis, on voit aussi Morticia danser, chanter et se battre à l'épée.
Dites-nous ce qui vous épate chez Luis Guzmán dans le rôle de Gomez.
Alfred Gough : Luis est quelqu'un d'adorable. Il apporte à Gomez un côté chaleureux et un sens de la famille. Il est aussi parfait avec Isaac Ordonez, qui joue Pugsley. Luis a pris Isaac sous son aile depuis que le personnage de Pugsley est devenu récurrent. On voit leur relation père-fils évoluer au cours de la saison 2.
Miles Millar : Luis est tellement charmant et chaleureux sur le plateau. Et oui, il a vraiment pris Isaac sous son aile. Isaac a beaucoup grandi depuis la première saison, il a poussé d'un coup, mais c'est intimidant de passer du statut d'acteur invité à celui de personnage récurrent. C'est toujours un bonheur de voir Luis dans une scène, et c'est tout particulièrement le cas dans les scènes avec Isaac.
Alfred Gough : Cette année, il a des scènes avec Mercredi sans Morticia, juste Mercredi et Gomez. On découvre, à travers leur relation père-fille, qu'il n'est pas toujours mou du genou, qu'il sait très bien ce qu'il se passe.
Parlons un peu de grand-maman Hester Frump, incarnée par Joanna Lumley.
Miles Millar : On était très contents à l'idée d'amener Hester, la mère de Morticia, sur le devant de la scène. Pendant la saison 1, on a présenté Fétide, et cette saison, on s'est dit qu'on allait présenter grand-maman. Joanna Lumley était tout en haut de notre liste. Elle a littéralement habité le rôle. Et que dire de son maquillage et de sa coiffure... elle porte une perruque démente. Colleen Atwood, notre extraordinaire créatrice de costumes, a conçu des vêtements fantastiques. La première fois que Joanna est arrivée sur le plateau, elle était déjà Hester. Elle a dit chacune de ses répliques à la perfection, c'était délicieux. La relation entre Mercredi et Hester est unique, elle ne ressemble à aucune autre. Quelque chose scintille dans leurs yeux quand elles sont ensemble à l'écran. Je crois que tout le monde va tomber amoureux de Hester.
Fred Armisen est de retour dans le rôle de Fétide Addams. Qu'est-ce que vous appréciez dans sa façon de jouer ce personnage ?
Alfred Gough : Fred est quelqu'un de génial, il adore jouer ce rôle et l'interprète avec beaucoup d'humour. Cette année, on le voit dans quelques épisodes. On a pu développer son rôle, car c'est très drôle d'avoir Fétide dans la série, comme on a pu en avoir un avant-goût dans la saison 1.
Miles Millar : On a adoré l'avoir sur le plateau, et il s'amuse beaucoup avec ce rôle. On comprend tout le potentiel du personnage. C'était merveilleux de le voir davantage cette saison.
Comment avez-vous abordé la collaboration artistique avec Tim Burton ?
Alfred Gough : On travaille avec Tim depuis près de cinq ans, entre la première saison de Mercredi et Beetlejuice Beetlejuice. On a donc appris à parler le même langage. La difficulté, c'était de trouver comment faire mieux que la saison 1. Il y a plus d'intrigues, plus de personnages, plus d'ambition. On a accueilli ce défi à bras le corps.
Miles Millar : Tim en était tout à fait conscient lui aussi. Il n'avait jamais fait de télévision avant la première saison, alors il se demandait comment ça fonctionnerait quand on rempilerait pour une nouvelle saison. On s'est efforcés d'éviter toute complaisance et de ne pas limiter l'ambition de la série à des objectifs étriqués. On a laissé libre cours à notre imagination pour créer quelque chose de vraiment unique. Il était très important pour nous, et pour Tim, de ne pas nous reposer sur nos lauriers. On voulait une série et une deuxième saison très ambitieuses. C'est le but qu'on s'était fixé : « Pas de compromis. Il faut que ce soit génial. »
Quels éléments propres à l'univers de la série (costumes, décors) ont-ils été changés ou améliorés cette saison ?
Miles Millar : La saison 2 a pris plus d'ampleur. Du côté des costumes, même les uniformes de l'Académie ont été améliorés, agrémentés de plus de détails. Il y a des différences subtiles dans les costumes de tous les personnages. Et on a construit beaucoup plus de décors pour Nevermore. On a compris que les spectateurs voulaient voir l'école davantage. Ils voulaient savoir comment les différents lieux étaient reliés entre eux. On a donc construit une énorme cour en plein milieu du champ le plus glacial de toute l'Irlande. Le fait de construire des décors donne quelque chose de palpable qui crée une atmosphère authentique. Il est essentiel que la série et le monde de Nevermore semblent réels.
Alfred Gough : On se déplace aussi entre plusieurs lieux. Willow Hill, l'hôpital psychiatrique où est enfermé Tyler, joue un rôle très important pendant cette saison. C'est un monde à l'atmosphère gothique et flippante, mais différente de Nevermore.
Miles Millar : On découvre d'autres lieux de l'Académie. Le cimetière de Nevermore, la Tour Iago, des passages secrets, autant d'endroits qui apportent du réalisme à notre univers. On a aussi trouvé un château génial à deux heures de Dublin. On y a tourné quelques scènes d'intérieur. Cette dimension palpable a permis de relier notre décor extérieur à un endroit réel. Les acteurs pouvaient descendre ces grands escaliers, puis arriver dans les décors. C'est évidemment la magie du cinéma, mais ça donne de l'authenticité. Les spectateurs adorent ça. Il y a un élément de fantasme rattaché à Nevermore. Les spectateurs rêvent de fréquenter une école comme celle-là.
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