Avant-première : AVATAR day : James Cameron is back !
Article Cinéma du Samedi 22 Aout 2009

Le choc de la découverte de 15 minutes du film est à la hauteur de nos espérances…et bien au-delà !

Après plus de 10 ans d'absence, James Cameron abandonne ENFIN la production de documentaires dédiés à l’univers sous-marin pour revenir au cinéma de Science-Fiction, dont il est l’un des maîtres ! AVATAR, qu’il prépare depuis une éternité, va révolutionner non seulement le genre, mais aussi la manière de réaliser et de visionner les grands spectacles du 7ème art. Les 15 minutes du film projetées le 22 août en avant-première sur toute la planète en sont la preuve indéniable.

Par Pascal Pinteau



Un développement mystérieux

Après avoir marqué de son empreinte le cinéma de SF avec Terminator 1 et 2, Aliens et Abyss, James Cameron a signé avec Titanic le plus grand succès de tous les temps. Epuisé par ce tournage mouvementé, il s’était réfugié dans les profondeurs océanes pour filmer des documentaires consacrés aux épaves du Titanic et du Bismarck, ainsi qu’aux créatures abyssales les plus étranges. Bien sûr, pendant toutes ces années, l’homme qui déclare volontiers que « Dormir est une terrible perte de temps » peaufinait bien d’autres projets. On le savait affairé à développer l’adaptation du manga Battle Angel Aelita, avec la participation des équipes de conception artistique du studio Weta, mais c’est surtout son mystérieux AVATAR qui enflammait l’imagination des cinéphiles depuis une bonne dizaine d’années. Une version ancienne du script traînait sur internet, mais Lightstorm entertainment, la société de Cameron, contactait promptement les sites web qui la diffusaient, pour leur demander de la retirer. Cette fuite avait néanmoins permis de savoir qu’il était question d’un conflit sur une planète lointaine, dans lequel un humain se retrouvait mêlé au combat de la population native. Interrogé par le Hollywood reporter, Cameron a finalement révélé les grandes lignes de son histoire. AVATAR narre les aventures de Jake Sulley (incarné par Sam Worthington, le cyborg de Terminator Renaissance), un vétéran de guerre paraplégique, qui est transporté sur une lointaine planète, Pandora, pour y commencer une autre vie, en tant que colon. Il est accompagné par le Docteur Grace Augustine (Sigourney Weaver), une botaniste, qui est une vieille amie et une confidente. Pandora est habité par les Na'vi, une race humanoïde dont la culture et le langage sont très mal connus. Les colons Terriens se trouvent confrontés les uns aux autres ainsi qu’à la population locale, alors qu'une guerre intergalactique est sur le point d'éclater. A la suite de circonstances dramatiques, l’esprit de Jake est transposé dans le corps d’un Na’vi, afin d’infiltrer cette population méconnue. Le choc est double, car Jake retrouve à la fois la possibilité de marcher, mais il doit aussi apprendre à gérer ce corps géant, puisque les Na’vi sont presque deux fois plus grands que les hommes. Le transfert est réussi et Jake devient alors « l’avatar » auquel le titre fait référence. Il n’est pas le seul à faire l’expérience de ce voyage dans une autre enveloppe corporelle : plusieurs soldats participent aussi à cette opération, tout comme Grace. Mais l’espion que Jake est devenu est pris à son propre piège lorsqu’il est confronté aux Na’vi, car il se prend de sympathie pour ces êtres fascinants, et tombe amoureux d’une belle indigène. Tiraillé entre deux mondes, il devra choisir son camp, se battre pour sa propre survie, et pour celle des Na’vi… Quelques temps après ces alléchantes révélations, on apprit que le film serait un mélange de techniques très sophistiquées et qu’il marquerait sans doute une nouvelle étape dans l’histoire des effets spéciaux et de la 3D. Dès 2006, les rumeurs laissaient entendre qu’un budget de 200 à 300 millions de dollars aurait été validé par la Fox pour produire cette grande fresque de SF.

Un pari technologique pleinement réussi

On sait aujourd’hui que Cameron avait d’abord obtenu 10 millions de dollars du studio pour travailler sur la recherche et le développement des équipements nécessaires à la création du film. Les dirigeants de la Fox avaient d’ailleurs des sueurs froides en songeant qu’ils venaient de miser cette énorme somme sur un procédé expérimental qui pouvait très bien…ne pas fonctionner du tout ! Mais l’échec n’était pas une option envisageable pour Cameron, dont la détermination à arriver au but est semblable à celle des Terminators qu’il a créés ! Le réalisateur a travaillé avec le superviseur d’effets visuels Rob Legato (l’un des anciens pilliers de Digital Domain) pour mettre au point un système de prévisualisation sophistiqué, qui permettait de montrer comment des caméras vidéo haute définition en relief pouvaient filmer librement des acteurs, tout en les insérant en temps réel dans des décors en images de synthèse et en relief! Convaincus par une première démonstration, les patrons de la Fox, enfin soulagés, ont accepté de décaler la sortie d’AVATAR de mai au 16 décembre 2009 afin de permettre à Cameron et au studio Weta de travailler dans de meilleures conditions sur une post-production qui s’annonçait particulièrement complexe. « Croyez le ou non, mais les prises de vues réelles ne représentent qu’une toute petite partie du film » a déclaré alors Cameron. « C'est un très, très gros projet, dont le tournage ne durera environ qu’un mois et demi. La brièveté du tournage est due au fait que nous utiliserons énormément d'images de synthèses, et que les effets visuels permettront de créer une grande partie du film, notamment grâce au procédé de capture de performances. Nous utiliserons différentes techniques, mais l’essentiel du film sera créé en post-production. Avec notre système de capture de performances, nous captons exactement ce qu'un acteur fait et nous le transposons à l'intérieur d'un personnage numérique sans l'aide d'animateurs. Ce n'est donc pas une performance modifiée par un tiers : elle est entièrement créée par le comédien lui-même. Je suis extrêmement rigoureux sur ce point, et je tenais à créer un processus de capture qui soit au service du réalisateur, et qui reflète parfaitement le travail qu’il accomplit en dirigeant ses acteurs. Nous travaillons sur cela depuis de longs mois, et nous sommes enfin prêts. »

Un puzzle de centaines de milliers d’éléments

Rob Legato a apporté plus de précision en déclarant qu’AVATAR serait composé à 20% de prises de vues réelles tournées avec des acteurs dans des décors extérieurs, et 80% de scènes dans lesquelles les acteurs réels, les personnages extraterrestres et les environnements 3D seraient mêlés. « Pour résumer, on pourrait dire qu’il s’agit d’un film 3D avec des prises de vues réelles dedans » ajoutait Legato. Pendant le tournage, qui s’est déroulé entre Los Angeles et Wellington, en Nouvelle Zélande, à partir d’avril 2007, James Cameron dirigeait son film de plusieurs manières. Il tournait certaines scènes sur un plateau nu, en mêlant deux procédés: le tournage des comédiens sur fond bleu (afin de les incruster dans les décors 3D) et la capture simultanée des performances des acteurs jouant les extraterrestres, qui allaient être remplacés ensuite par les aliens virtuels. Il dirigeait aussi la création des environnement 3D de la planète Pandora et l’animation finale des avatars humains (incarnés par Sam Worthington et Sigourney Weaver) et des Na’vi (Zoe Saldana, CCH Pounder). La conception artistique de la faune et de la flore de Pandora est époustouflante, et l’un des chocs visuels du film. Les immenses blocs de roche flottant dans les airs, étonnants croisements entre la célèbre peinture de Magritte et les paysages des montagnes de Chine, sont une des trouvailles les plus étonnantes d’AVATAR, tout comme la flore qui devient luminescente à la nuit tombée…Cameron a fait enregistrer les mouvements de plusieurs chevaux pour animer les montures des Na’vi, qui sont également capable de voler. Mais aux côtés de ces animaux paisibles, on trouve aussi des créatures redoutables : les « viperwolf » qui évoquent des hyènes, les « sturmbeasts » sorte de bisons – dont les cornes évoquent la tête de requins-marteaux - qui écrasent tout sur leur passage, ainsi que les « Thanators », panthères géantes dont les attaques sont presque toujours mortelles, et qui ont été dessinées par Cameron lui-même. Pour se déplacer dans ce monde hostile, peu après son arrivée, le personnage de Jake utilise un « ampsuit », c’est à dire un exosquelette articulé qui ressemble à un robot, et que l’on peut piloter assis à l’intérieur. Une version « en dur » de cet exosquelette a été fabriquée pour les besoins du film par Legacy Effects (Iron Man 1 et 2), mais elle est animée par des mécanismes placés à l’extérieur, comme une marionnette géante.

Une caméra qui reproduit les caractéristiques de la vision humaine

Un des personnages les plus importants d’AVATAR n’est pas mentionné sur les affiches du film : il s’agit de la fameuse caméra HD numérique 3-D initialement mise au point pour ce film, et qui a déjà commencé sa carrière…entre d’autres mains que celles de Cameron ! Le réalisateur s’amuse d’ailleurs de cette situation, en évoquant les six années qu’il a passé à développer cette caméra révolutionnaire. Son co-inventeur est l’ingénieur Vince Pace, qui a participé aux prises de vues sous-marines des documentaires Ghost of the abyss et Aliens of the deep, et a occupé aussi le poste de directeur de la photo sur AVATAR. « Vince et moi avons travaillé sur ce système depuis 2000. Cette caméra a été développée pour moi. Nous avons vraiment travaillé dur pour la mettre au point. Nous l’avons rendue fiable, améliorée, repensée, et l'ironie de la situation, c’est que d'autres personnes s'en sont servies avant moi ! Ceci dit, c’est une bonne chose. Elle a prouvé ses qualités depuis, et ça me plaît ! ». L’invention de Cameron et Pace est munie de deux objectifs pourvus de moteurs, qui peuvent se rapprocher ou s’écarter l’un de l’autre et converger pour viser un objet ou un personnage, tout comme nous le faisons naturellement avec nos yeux. La grande innovation de cette caméra, c’est qu’elle est « pilotée » par un logiciel qui règle automatiquement les objectifs pendant les prises de vues, en mesurant la distance à laquelle se trouve le sujet que l’on filme. C’est un peu l’équivalent de « l’autofocus », le réglage de netteté automatique que l’on trouve sur tous les appareils photos, mais appliqué aux prises de vues en relief. Selon Cameron, les prises de vues que l’on obtient projettent le spectateur au cœur de l’image, sans créer la moindre fatigue oculaire, ni produire la moindre image résiduelle d’un point de vue à l’autre. Quatre exemplaires de la caméra 3-D HD Cameron/Pace ont été utilisées par d’autres équipes avant que James Cameron ne commence à tourner AVATAR: trois sur Voyage au centre de la terre 3-D, réalisé par Eric Brevig, et la dernière sur un court-métrage destiné aux salles Imax 3D, Ocean Frenzy. IMAX et la Fox ont d’ailleurs annoncé qu’AVATAR serait lancé simultanément dans les cinémas IMAX 3D et les cinémas 3D conventionnels.

Un casting atypique

Comme ce fut le cas pour Terminator, Abyss et Titanic, James Cameron n’a pas voulu engager de grandes stars pour figurer dans la distribution d’AVATAR, à l’exception de Sigourney Weaver, avec laquelle il avait envie de retravailler depuis leur formidable collaboration sur Aliens. Comme s’il s’agissait d’un passage de flambeau d’une héroïne à un nouveau héros, Weaver incarne donc la botaniste Grace Augustine, mentor de Jake Sulley. Elle n’a pas caché son plaisir de retrouver James Cameron, 20 ans après Aliens : « AVATAR est un film incroyable. A la fois très ambitieux, spectaculaire et romantique. Pendant le film, le personnage de Jake et le mien, qui est un peu plus âgé, vivent des aventures parallèles qui se déroulent au même moment. J’ai tourné toutes mes scènes avec Sam Worthington, et nos deux personnages ont une relation délicieuse. Je ne peux pas en dire plus pour ne pas révéler l’intrigue, mais je peux vous dire que Sam Worthington est un acteur formidable et un garçon adorable. Son charme, son humour et sa sincérité vous frappent dès que vous travaillez avec lui. » Interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à attribuer le rôle principal de son film à Worthington, qui était un acteur presque totalement inconnu, Cameron a répété son crédo « C'est tellement plus excitant de découvrir des gens qui sont tout à fait mûrs pour percer, de voir ce qu'ils ont en eux, et de les pousser pour leur permettre d’atteindre le niveau suivant. Cela me semble plus intéressant que de faire monter Tom Cruise, John Travolta, ou une autre célébrité à bord du train. Ce sont de grands acteurs, mais ça ne m'intéresse pas autant. » Dans le camp des humains venus sur Pandora figurent aussi les personnages de Trudy Chacon, une forte femme interprétée par Michelle Rodriguez, ainsi que Selfridge, incarné par le toujours excellent Giovanni Ribisi. La séduisante Zoe Saldana, que nous avons découverte en Uhura amoureuse de Spock dans le Star Trek de J.J. Abrams, campe Neytiri, la Na’vi la plus proche de Jake, tandis que C.C.H. Pounder, bien connue des fans des séries policières New York District (en V.O. Law and order) et The Shield, donne tout son charisme à une Na’vi pleine de sagesse appelée Moha. Aujourd’hui, alors que quelques mois nous séparent de la découverte complète de ce film événement, les images projetées lors du « AVATAR day » prouvent que James Cameron a bel et bien réalisé un nouvel exploit : les animations des Na’vi sont stupéfiantes de réalisme. On jurerait que ces personnages sont bel et bien vivants, tant leurs expressions faciales, leurs regards, leurs gestes semblent parfaitement naturels. Gollum – déjà créé par Weta digital - était une prodigieuse réussite, et les Na’vi sont en quelque sorte ses descendants encore plus évolués ! Et que dire des environnements virtuels de Pandora, des bêtes féroces incroyables, de la végétation foisonnante. Les images stupéfiantes de beauté succèdent aux scènes d’action les plus haletantes, réalisées avec la maestria habituelle de James Cameron, qui nous place au cœur de l’action grâce à une utilisation du relief proprement géniale. Après avoir découvert ces 15 minutes fabuleuses, les jours qui nous séparent du 16 décembre 2009 vont sembler bigrement longs…Mais ESI tentera de vous faire patienter d’ici là en vous proposant de nouveaux dossiers consacrés à l’époustouflant AVATAR.

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.