Exclusif : Entretien avec CHRISTIAN BALE à propos de Terminator Renaissance
Article Cinéma du Lundi 01 Juin 2009

Après avoir débuté enfant dans L’empire du Soleil de Steven Spielberg, Christian Bale est un des très rares acteurs qui a su grandir devant les caméras sans jamais lasser le public. Très exigeant sur le choix de ses rôles, il fut le serial killer glaçant de American Psycho, et le tueur de dragon du Règne du feu avant d’accéder au statut de superstar en incarnant Batman dans Batman Begins et The Dark Knight. Aujourd’hui, il devient John Connor, leader de la lutte humaine contre les machines dans Terminator Renaissance.

Par Pascal Pinteau



Avez-vous eu des réticences à passer d’un rôle d’icône de la BD comme Batman à celui d’une icône de la Science-Fiction comme John Connor ?

Ce n’était pas cela qui m’a fait hésiter. Au début, je n’avais pas envie de faire le film pour différentes raisons. Le script n’était pas assez bon au moment où je l’ai lu. Cela n’avait rien à voir avec le fait que j’ai joué Batman avant d’envisager de jouer John Connor. La question que je me posais, c’était « qu’est-ce qui justifie de faire un autre Terminator ? ». J’ai le plus grand respect pour tous les gens qui ont participé à la saga Terminator, mais je n’aime pas le troisième volet. Quand j’ai entendu parler d’un autre épisode, je ne savais pas quelles idées ils avaient développées pour réinventer cet univers de manière intéressante. J’aimais bien l’idée que cette histoire se poursuive, parce que j’ai énormément aimé les deux premiers films réalisés par James Cameron, mais je n’ai pas senti le potentiel requis dans le premier script que j’ai lu. J’ai décliné cette offre plusieurs fois, mais McG n’a pas arrêté de revenir me voir pour me convaincre et en fin de compte, nous avons convenu que je pourrais être intéressé si nous recommencions le script de A à Z.

Qu’éprouvez-vous quand vous refusez un projet et que l’on revient pour vous le proposer à nouveau ? Est-ce que cela vous irrite ou vous sentez-vous flatté ?

Tout dépend si l’on revient avec un concept différent ou pas. Si c’est la même chose, alors oui, cela m’ennuie. Mais ce n’était pas le cas avec McG. Je n’étais pas le seul à dire que le premier script ne fonctionnait pas correctement.

Quels éléments vous ont semblé ne pas fonctionner dans cette première version ?

Il y en avait énormément. Dans la version originale du scénario, Il aurait suffi de sept jours pour que je tourne toutes mes scènes ! Après la grève des scénaristes, Johan Nolan est venu nous aider et a fait un travail formidable en quelques semaines, et tout d’un coup, nous avions enfin quelque chose qui valait la peine d’être tourné. C’était différent des films précédents, mais respectueux de la mythologie pré-établie. Nous sommes bien dans le même univers, mais nous ne nous contentons pas de montrer toujours les mêmes choses. On ne peut pas répéter indéfiniment le même schéma, c’est à dire montrer l’arriver d’un méchant terminator qui poursuit sans répit les héros. C’est la nature des terminators, mais combien de fois peut-on utiliser cette formule ? Quand j’ai lu ce que Jonah avait imaginé, et vu qu’il avait donné plus de choses à faire à mon personnage, alors que je me suis dit que je pourrais tourner dans ce film.

Pour quelle raison n’auriez-vous eu que sept jours de travail si le script original avait été utilisé ?

Je ne sais pas pourquoi mon personnage était si peu présent, mais c’était le concept étrange qui avait été développé par les premiers auteurs. Les Connor ont toujours été les personnages principaux de tous les films. Pourquoi cette règle n’était-elle plus respectée ? Je l’ignore…



Six autres acteurs ont joué le rôle de John Connor avant vous dans les films et dans la série télé « Les chroniques de Sarah Connor ». Certains, dans des scènes très brèves, incarnaient John Connor adulte. Mais ce sont surtout Edward Furlong et Nick Stahl, qui jouaient respectivement John Connor adolescent, puis jeune homme, dont les spectateurs de cinéma se souviennent. Avez-vous regardé la manière dont ils tenaient le rôle pour vous en inspirer un peu, pour établir une sorte de continuité ?

Non, pas du tout. J’ai revu les trois Terminator, mais pas pour analyser les performances des acteurs. D’ailleurs, si vous regardez comment John se comporte dans Terminator 2, vous verrez qu’il agit de manière complètement différente dans Terminator 3. Dans ce film-là, il vit au quotidien avec le poids de la prédiction annoncée par sa mère et par le T-800. Il sait qu’il deviendra un jour le sauveur de l’humanité. J’ai pensé que cette notion avait été suffisamment exploitée, et qu’il n’était pas nécessaire de la reprendre dans Terminator Renaissance. La seule caractéristique de John que nous avons voulu reprendre, c’est son don pour manipuler toutes les technologies. Mais quand nous le découvrons dans le film, il porte tout le poids du monde sur ses épaules, en tant que chef de ses troupes. Il prend constamment des décisions lourdes de conséquences. John n’était forcément pas encore comme cela dans T2.

Etant donné que vous n’avez pas voulu baser le personnage sur ses incarnations des précédents films, à partir de quoi avez-vous commencé à construire sa personnalité ?

J’ai simplement essayé d’imaginer qui pouvait être cet homme qui sait cette chose incroyable, qui sait ce qu’il est destiné à devenir. C’est assez proche d’une connaissance basée sur une ferveur religieuse si l’on y réfléchit. Je voulais tempérer un peu cet aspect messianique et montrer que John est d’abord quelqu’un de rationnel, de solide, qui a les pieds sur terre. J’ai commencé tout simplement par le choix de ses vêtements. Quand je suis arrivé, ils voulaient décorer mes vêtements avec des petites plumes et des petits objets ramassés dans le désert comme on en voit dans les « attrape-rêves » fabriqués par les tribus indiennes. L’idée était que les gens se sont fabriqués des vêtements à partir d’éléments récupérés à droite et à gauche, dans des ruines, et les ont personnalisés ainsi. Mais le problème, c’est que ces ajouts avaient l’aspect de talismans. J’ai eu le sentiment que John ne pouvait pas être superstitieux, ni vouloir porter des choses qui ressemblent à des porte-bonheur. A mon avis, John considère que ce sont des bêtises et n’en a strictement rien à faire. J’ai préféré qu’il ait des vêtements simples et pratiques, qui reflètent sa personnalité. J’ai voulu en faire quelqu’un de très pragmatique, parce que c’est ce qu’il faut qu’il soit, alors qu’il vit dans un monde devenu fou. Quand il a abouti dans cet univers post-apocalyptique, qui n’a plus aucune ressemblance avec celui qu’il connaissait, sa réaction a été de devenir totalement rationnel, et de ne pas gaspiller la moindre seconde à se regretter de ce qui a été détruit. Ce n’était pas pour le rendre inhumain que nous le décrivons ainsi, mais pour expliquer pourquoi il est capable de faire ce qu’il a à faire. John est un vrai leader. Il peut être inflexible et cassant, mais il se soucie énormément des gens. Je savais qu’il était essentiel qu’il soit de toutes les missions, toujours parmi les premiers à se lancer à l’attaque. Il est toujours sur la ligne de front et dirige ses troupes en donnant l’exemple.

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