[Flashback] Les coulisses de Terminator Renaissance : Entretien avec le chef décorateur Martin Laing
Article Cinéma du Vendredi 16 Aout 2019

ESI vous invite aujourd’hui à un petit voyage dans le temps, sur le tournage de Terminator Renaissance. Comme vous pourrez vous en rendre compte en lisant cet entretien exclusif avec Martin Laing, au moment de notre visite, le scénario du film était encore en cours d’élaboration : certaines scènes auxquelles Martin Laing fait allusion ont été modifiées, voire même radicalement transformées...Si vous avez vu Terminator Renaissance, vous prendrez certainement plaisir à découvrir ces révélations inédites.

Par Pascal Pinteau

Nouveau Mexique, 23 juin 2008. Conviés à assister au tournage de Terminator Renaissance, nous partons de la petite ville d’Albuquerque où nous séjournons depuis la veille et traversons les étendues désertiques environnantes. De bon matin, il fait déjà 23 degrés, et la température va rapidement monter pour atteindre les 35 à 40 degrés à l’ombre annoncés pour l’après-midi. Heureusement, il s’agit d’une chaleur sèche, plus facile à supporter que celle d’un climat tropical humide. Pendant notre courte ballade en voiture, les paysages qui défilent évoquent d’innombrables souvenirs de cinéma. Les atmosphères de tant de westerns, de films fantastiques et de thrillers horrifiques situés dans des petites bourgades perdues au milieu de nulle part. Ce voyage a une résonance toute particulière, car nous avons appris la disparition du grand Stan Winston une semaine auparavant, le 15 juin. C’est avec une certaine émotion que nous nous préparons à évoquer la carrière de ce maître des effets spéciaux de maquillage avec ses collaborateurs de longue date, qui avaient œuvré avec lui sur les trois premiers Terminator et qui ont appris la triste nouvelle pendant le tournage de Terminator Renaissance…Mais « The show must go on »…Nous arrivons à proximité des studios Albuquerque, un ensemble de grands bâtiments flambant neufs, inaugurés à peine trois ans auparavant, que l’on repère de loin dans cet environnement tout plat. Nous franchissons la barrière et entrons dans les lieux, entièrement accaparés par le tournage du quatrième épisode de la saga Terminator. La production occupe simultanément les six plateaux disponibles (deux autres étaient en cours de construction au moment de notre visite), ce qui donne une idée de l’ampleur des moyens mis en œuvre pour produire le film. Notre premier rendez-vous de la journée nous permet de retrouver le talentueux chef décorateur Martin Laing, dont nous avions fait la connaissance sur le tournage de La cité de l’ombre. Martin nous accueille avec son dynamisme habituel, tout sourire. Nos allées et venues dans les bâtiments seront surveillées de près, mais on nous remet un laisser-passer qui nous permettra de franchir toutes les portes : un badge « visiteur » infalsifiable par photocopie couleur, puisqu’il s’agit d’un dessin en relief lenticulaire d’un cyborg, qui porte le titre « Project Angel ». Cette formalité remplie, Martin nous conduit dans une petite salle de réunion dont les murs sont couverts de dessins. Là s’étalent devant nous les designs impressionnants de tous les nouveaux terminators.



A la découverte des nouveaux terminators

Entretien avec Martin Laing, directeur artistique et chef décorateur.


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

En quoi l’univers de « Terminator Renaissance » est-il différent de celui des autres films de la saga ?

Eh bien nous nous servons de tout ce qui a été établi dans les trois films précédents, et partons de cette base pour aller vers quelque chose de nouveau. Notre démarche est assez proche de ce que Warner a fait avec les films de la série Batman, en la confiant à Christopher Nolan. Terminator Renaissance sera plus sombre, plus réaliste que les épisodes précédents. Même si nous aimons beaucoup le modèle T-800, qui est l’endosquelette chromé qui se trouve sous la peau d’Arnold Schwarzenegger dans la première trilogie, nous ne pouvions pas l’utiliser ainsi, car l’action du film se déroule dans le futur, mais avant que ce modèle n’ait été mis au point. Le monde que nous décrivons est un univers post-apocalyptique, et certaines scènes se déroulent dans les ruines de Los Angeles, qui a été ravagée par les explosions nucléaires. Pour tenir compte de la différence de technologie qui existe entre cette époque, et celle à laquelle le modèle de T-800 est mis au point, nous avons raisonné en pensant au changement d’allure d’objets de haute technologie comme les ordinateurs Apple, au fil des ans. Il y a seulement une douzaine d’années, ils avaient encore l’aspect d’ordinateurs classiques, avec un gros moniteur, une unité centrale, et un clavier, puis il y a eu l’Imac dans lequel tout était regroupé dans le même objet compact, mais encore volumineux, puis la dernière génération, où la partie informatique est intégrée au support plat de l’écran LCD. On part donc de modèles épais pour aller vers des objets de plus en plus fins et compacts. Pour imaginer les premiers modèles de Terminators, nous avons inversé ce type d’évolution, en allant à l’envers, à partir du T-800, vers des modèles de plus en plus lourds et de plus en plus grands et « encombrants », comme le T-700 et le T-600.

Rétro-technologie

Vous avez donc été contraint d’imaginer des modèles moins perfectionnés que celui que nous connaissons déjà…

Oui. Comme vous le voyez sur les dessins qui sont autour de nous, nous avons choisi des textures et des couleurs qui évoquent celles de vieilles locomotives à vapeur : tout est noir, huileux, graisseux. C’est l’aspect que nous avons appliqué à toutes les versions des terminators du film. Nous avons aussi été inspirés par la reine Alien vue dans Aliens, qui est noire et toute luisante, et dont l’allure est particulièrement impressionnante. L’un des personnages principaux du film est Markus, interprêté par Sam Worthington, qui est un hybride, moitié humain, moitié Terminator. Il est doté d’un endosquelette comme les autres Terminators, mais contrairement à eux, il a un cerveau, des poumons et un cœur organiques. Le cœur envoie le sang au cerveau pour le maintenir en vie, alors que les autres Terminators possèdent juste des mémoires informatiques pour stocker des données. Markus ressent les choses comme un humain normal. Il saigne, il a le sens du toucher, de l’odorat, et tout cela le pousse à croire qu’il est entièrement humain au début du film. Markus est un modèle T-700. Ensuite pour concevoir notre modèle T-600 nettement plus gros et plus « rustique », nous nous sommes inspirés du T-800, en reprenant plusieurs de ses éléments caractéristiques, comme les articulations des épaules, des avant-bras et des jambes, tout en lui donnant un aspect plus brutal. J’ai eu l’occasion de travailler avec James Cameron pendant de longues années, notamment sur True Lies, Titanic, Battle Angel Aelita et Avatar, et il se trouve que James m’a souvent demandé de rafistoler le modèle de T-800 dont il garde un exemplaire dans son bureau, parce que celui-ci se cassait tout le temps ! C’était donc assez drôle pour moi de me retrouver à travailler sur de nouveaux modèles de ce robot, car je connaissais déjà très bien les différentes pièces du T-800, pour les avoir si souvent réparées ! (rires)

Certains nouveaux modèles s’éloignent complètement de la forme humaine, comme celui qui ressemble à une sorte de colonne vertébrale articulée…

Oui, c’est un Hydrobot, qui est capable de se déplacer dans l’eau à la manière d’une anguille. Bien qu’il s’agisse d’une création de fiction, nous avons voulu lui donner un aspect crédible. Chacune des pièces mécaniques qui le composent sont là pour une raison précise, pour « l’aider à fonctionner » si vous voulez. Elles ne sont pas purement décoratives. Nous avons conçu ce design, l’avons agrandi à sa taille réelle, et donné aux responsables du studio de Stan Winston. Ils en ont fait un modèle articulé qui est manipulé comme une marionnette à tiges. Les manipulateurs sont ensuite effacés de l’image, en post-production. Nous avons d’ailleurs tourné hier une des scènes dans lesquelles l’Hydrobot entre en action. C’était très excitant à voir. J’insiste sur le fait que nous avons voulu rendre toutes ces créatures mécaniques crédibles. Il faut que les spectateurs soient convaincus que ces choses peuvent fonctionner et sont très dangereuses. Mais les Hydrobots ne se contentent pas de rester dans l’eau. Sur l’illustration qui est à côté de nous, on peut le voir en train d’attaquer un pilote d’hélicoptère.

Il y a aussi des modèles qui volent…

Oui. Nous les appelons les « Chasseurs-tueurs ». Ils sont inspirés de modèles similaires que nous avons pu voir dans les films précédents, qui étaient chromés, comme les T-800. On les voyait pilonner les troupes humaines sur les champs de bataille. Nous leur avons appliqué le même traitement, c’est à dire qu’ils sont devenus noirs et moins sophistiqués. Mais ils décollent et atterrissent toujours verticalement.

Des humains capturés comme des animaux sauvages

D’autres engins ont l’allure de véhicules de transport…

Oui, c’est bien ce qu’ils sont, des véhicules de transport. Dans l’univers du film, les machines traquent les humains pour les tuer, mais aussi pour en capturer certains, qu’il amènent dans leurs installations, afin de récupérer leurs peaux et leurs cheveux. Ce n’est pas une invention de notre part, car dans le premier Terminator, Kyle Reese expliquait à Sarah Connor qu’à l’époque d’où il vient, puisqu’il a voyagé dans le temps, les machines « récoltent » les humains pour s’en servir de matière première et fabriquer ainsi les enveloppes de chair des cyborgs comme celui qu’incarne Arnold Schwarzenegger. Nous nous sommes vraiment astreints à respecter à la lettre toute la mythologie qui a été créée dans les épisodes précédents, afin de l’utiliser dans ce film. Nos véhicules de transport ont donc été conçus pour évoquer ceux qui servent à transporter le bétail, et que l’on croise parfois sur l’autoroute. Ce qui est assez frappant, ce sont les fentes latérales au travers desquelles on aperçoit le regard assez effrayé des vaches qui sont enfermées dedans. Nous avons voulu obtenir le même effet en montrant des véhicules volants qui transportent les humains avec aussi peu de confort que s’il s’agissait de bétail. Ils sont entassés dans des containers rectangulaires qui sont fixés sur les flancs de l’appareil, et ensuite, ils sont conduits jusqu’aux installations de Skynet.

Il y a aussi un autre engin volant, apparemment plus petit…

Oui, il s’agit d’un Aerostat, un véhicule d’observation similaire aux drones actuels utilisés par l’armée, et qui mesure à peu près un mètre de diamètre. Là encore, toutes les parties mécaniques sont justifiées par le fonctionnement de l’appareil, et lui permettent d’évoluer dans les airs. Quand je préparais Battle Angel Aelita avec James Cameron, il me disait toujours de m’inspirer de la réalité quand je dessinais les articulations des robots, et de représenter des épaules qui puissent vraiment fonctionner. Il ne voulait jamais se contenter de raccourcis comme les uniformes des Stormtroopers de Star Wars, qui ont des jointures simplifiées, parce que les pièces blanches des costumes sont en fait fixées sur un justaucorps noir qui cache tout. Dans le film, les Aerostats, qui sont très nombreux, quadrillent le territoire pour essayer de repérer des humains cachés dans les ruines des villes ou les déserts environnants. Dès qu’ils en repèrent plusieurs, ils envoient un signal à d’autres engins qui s’appellent les « récolteurs »…

Des terminators-récolteurs de 20 mètres de haut

Ce sont les robots géants qui sont là ?

Effectivement. Ils agissent un peu comme des escadrons de soldats géants, qui capturent les humains et les déposent dans les engins de transport. Comme vous pouvez le voir sur ce document, nous avons dessiné de nombreuses versions des « récolteurs ». Quand nous nous sommes rendu compte que certaines ressemblaient un peu à des robots du film Transformers, nous avons fait machine arrière. Nous avons ajouté des éléments qui évoquaient directement les engins des films précédents, comme ces engrenages et ces roues…

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour dessiner ces machines, en dehors des références des trois volets préexistants ?

Principalement la nature. Quand nous avons commencé à réfléchir à l’Hydrobot, nous sommes allés chercher de la documentation sur les anguilles, sur leurs squelettes, et sur les mouvements qu’elles font pour se déplacer dans l’eau. Les déplacements de ces robots étaient très bien décrits dans le scénario, et comme nous savions que l’un d’entre eux devait se projeter vers un hélicoptère et être capable de percer le pare-brise du cockpit, nous l’avons doté de mandibules et d’un gros forêt.

Et en ce qui concerne les énormes récolteurs ?

Pour l’instant, ces designs sont provisoires. Nous y travaillons toujours. Mais dans ce cas-là, la source d’inspiration principale, ce sont les formes du bon vieux T-800, énormément agrandies, et rendues plus massives. Nous avons utilisé le même principe sur les motos qui sont ici. SI vous les observez bien, vous remarquerez que la partie supérieure - qui est dépourvue de guidon, puisque ces engins se déplacent sans conducteurs - ressemble à une colonne vertébrale de T-800. D’autres éléments, comme ceux qui entourent les roues, ont été empruntés aux jambes du T-800. En procédant ainsi, nous avons voulu donner l’impression que toutes ces machines provenaient de la même usine, qu’elles avaient été conçues par la même intelligence. C’est un des éléments nouveaux du film : alors que nous n’avions vu que de brèves séquences montrant le futur post-apocalyptique dans les épisodes précédents, Terminator Renaissance se déroule entièrement dans ce monde et va vous permettre de voir comment toutes ces machines sont fabriquées et comment la résistance humaine s’organise pour les combattre.

Vous disiez que vous avez été obligé de modifier vos designs quand vous avez vu les robots de « Transformers ». Est-ce que ce genre de choses arrive souvent, des ressemblances involontaires qui vous obligent à revoir votre copie, ou à supprimer d’emblée certaines idées ?

Ça arrive tout le temps, à tous les directeurs artistiques ! (rires) Par exemple, si vous faites un film de Science-Fiction qui se déroule dans une ville du futur, vous ne pouvez pas montrer des gens qui utilisent des parapluies parce que tout le monde va penser à Blade Runner ! Heureusement pour nous, les trois premiers Terminator collaient à la réalité et se déroulaient dans un Los Angeles normal. Cela nous permet de montrer des décors urbains « normaux », mais détruits par l’apocalypse nucléaire.



Quand les équipes de Stan Winston poursuivent l’œuvre du maître..

Quelle est la proportion de machines et de Terminators qui sont fabriqués et animés par l’équipe de Stan Winston, et la proportion qui sera créée en images de synthèse ?

Nous tournons beaucoup de choses directement sur le plateau, comme l’Hydrobot dont je vous parlais plus tôt, ou le terminator T-600. Ils ont été construits grandeur nature et manipulés grâce à de longues tiges peintes en bleu par l’équipe de Stan Winston, qui portait aussi des tenues bleues. Certaines parties étaient motorisées et animées par radiocommandes. L’Hydrobot était assez grand…Il mesurait presque trois mètres de long. En ce qui concerne le T-600, ils en ont fabriqué deux versions. La première est une sorte de marionnette articulée, manipulée grâce à des tiges, et la seconde est un costume qui peut être porté par un acteur. L’acteur avec lequel nous avons tourné ces scènes était très grand : il mesurait 2,20 m. Il portait un justaucorps bleu sur lequel avaient été fixées certaines pièces métalliques. Les parties bleues seront effacées en post-production et remplacées par des images de synthèse des mécanismes sensés se trouver à l’intérieur du robot. Charlie Gibson, qui est notre grand manitou des effets visuels- il a déjà remporté deux Oscars – supervise tous les trucages numériques du film, qui seront créés à I.L.M. . Je sais qu’il nous réserve des surprises très spectaculaires, dont je ne vous parlerai pas, bien sûr !

Avez-vous supervisé tous les designs du film ?

Oui. Je n’aime pas l’habitude de certains producteurs qui aiment faire travailler des designers différents, chacun de leur côté, sur le même film. Je pense que cela nuit souvent à l’harmonie globale du projet, car on finit par se rendre compte que ces idées viennent d’horizons différents. L’équipe de mon département artistique a toujours travaillé en tant que groupe, en allant dans la même direction. Il était capital que le monde des machines soit parfaitement cohérent dans son aspect et son fonctionnement.

Les armes de la résistance humaine

De quels équipements la résistance humaine dispose t’elle ?

Elle utilise beaucoup d’éléments de récupération. Dans ce monde post-apocalyptique, quand on veut faire réparer son véhicule, on ne peut pas aller le faire réviser chez le garagiste du coin. Il faut trouver des pièces de rechange sur des carcasses de voitures, le démonter et tout bricoler soi-même. C’est la même chose pour les avions ou les hélicoptères que les résistants ont pu récupérer. L’action se déroule dix ans après le jour du jugement dernier, après l’apocalypse nucléaire, et les résistants doivent explorer tous les décombres de bases militaires, des aéroports pour trouver des pièces intactes de différents engins en partie détruits. Qu’il s’agisse de leurs avions, de leurs hélicoptères ou de leurs automobiles, tous ces appareils sont des assemblages de fortunes, des « puzzles mécaniques ». De même, leur habitat et leurs vêtements sont faits de bric et de broc. Ils vivent dans des conditions très difficiles, sans aucun confort, mais ils endurent tout cela parce qu’ils savent qu’ils mènent un combat capital pour l’avenir de l’humanité.

Il y a à côté de nous un dessin qui représente une scène spectaculaire qui se déroule à côté d’une station service…

Oui. A la moitié du film, nos héros se trouvent dans cette station service, qui est attaquée par un « récolteur », un robot géant. Ils s’échappent en sautant dans un camion blindé et en s’éloignant le plus vite de ces lieux. Comme vous le voyez, ce camion est conçu à la fois comme une sorte de tank, mais aussi comme un abri mobile, une maison sur roues dans laquelle on peut se réfugier, dormir, manger, etc…

Est-ce que la résistance arrive à récupérer des pièces des Terminators ?

Ahh, les Terminators sont très difficiles à tuer ! C’est une autre des traditions des films précédents que nous avons respectée ! Dans les épisodes que vous connaissez déjà, le modèle incarné par Arnold Schwarzenegger ne renonce jamais. Même s’il a les deux jambes coupées et le torse abîmé, il continue à se battre ! A un moment, nous avions imaginé que sur certains hélicoptères de la résistance, les pilotes fixent des crânes des Terminators qu’ils ont détruits, à la manière des silhouettes d’avions abattus que l’on pouvait voir peintes sur les carlingues des avions de la seconde guerre mondiale. C’était une idée amusante, mais nous y avons renoncé, car nous nous sommes dits que ces satanés robots sont si difficiles à détruire qu’il serait peu crédible qu’on puisse disposer d’un si grand nombre de « pièces détachées » !

Jeeps contre Moto-terminators

De quels véhicules réels êtes-vous partis pour créer les véhicules des résistants ?

Jeep nous a fait cadeau de cinq exemplaires de leur tout dernier modèle, qui est magnifique. Et qu’en avons-nous fait ? Nous nous sommes acharnés à les démonter en partie, à les repeindre, à en brûler les fauteuils, à arracher les finitions intérieures pour leur donner l’aspect de véhicules qui avaient survécu à l’apocalypse ! (rires) Mais ils ont quand même été très contents du résultat, et de la participation de leurs voitures au film !

Quelle est la fonction des motos-terminators ?

En fait, les containers du « récolteur » ne sont pas énormes, malgré sa grande taille : il ne peut pas contenir plus de deux ou trois douzaines des personnes qu’il a capturées. Quand son container est plein, il lance à l’extérieur deux motos-terminators, qui agissent comme des chiens de berger qui rassemblent les troupeaux de moutons. Les deux motos encerclent les gens et les forcent à se regrouper et à rester sur place en attendant qu’un véhicule de transport vienne les chercher. Nous avons construit une de ces motos « en vrai ». La marque Ducatti nous a fourni des éléments et des accessoires que nous avons fixés à notre façon sur la structure d’une de leurs motos. Si vous observez bien le design final, vous remarquerez que certains éléments sont inspirés par des pièces des terminators, notamment les pistons et les mécanismes des jambes.

Les T-100 vus dans « Terminator 3 » font leur retour , si l’on en croit ce dessin ?

Oui. Dans le film précédents, on les découvrait sous un aspect métallique satiné. Nous avons hérité de ce design (NDLR : créé par Aaron Sims pour le studio de Stan Winston), mais nous l’avons changé un peu, notamment en lui donnant des teintes plus sombres, une allure patinée, usée, couverte d’huile.

Cette illustration qui représente un T-600 avec une sorte de masque humain simplifié est vraiment effrayante…

C’est justement ainsi qu’on découvre ce modèle dans le film. Comme je vous le disais auparavant, ce modèle est plus massif et plus grand qu’un humain. Pour se camoufler, les machines ont eu l’idée de recopier un visage humain sous la forme d’un masque en caoutchouc basique, et de revêtir les T-600 de vêtements. Ainsi, vus de loin, ils peuvent faire illusion, et inciter les humains à venir vers eux sans se méfier, afin de les tuer ou de les capturer. Quand on les voit de près, on se rend compte qu’ils mesurent plus de deux mètres, et que ce sont de piètres imitations d’êtres humains, mais dans ce cas, il est déjà trop tard pour s’enfuir ! Ce design lui aussi est directement inspiré de ce que dit Kyle Reese dans Terminator 1. Il parle de robots qui se déguisent en humains et sont surnommés les « faces de caoutchouc ».

Un héritage strictement respecté…

Vous semblez vraiment considérer les films précédents comme une sorte de « bible »…

Absolument. La saga Terminator est appréciée par tellement de fans que nous n’avons aucune intention de les ulcérer en changeant inutilement des éléments de cet univers. Nous partons de ce qui a été établi, et nous créons à partir de là.

Est-ce que James Cameron s’est impliqué d’une quelconque manière dans le projet ?

Je sais que McG et lui ont eu une conversation très longue et très positive au début du projet. Comme vous le savez, James termine Avatar en ce moment, et n’a donc pas le temps de s’occuper de quoi que ce soit d’autre, mais il a quand même parlé pendant trois heures avec McG, puis l’a invité a venir voir le studio de capture de performance qu’il a installé à Los Angeles. McG et James ont tous les deux pensés que cette rencontre avait été très positive.

Que pouvez-vous nous dire sur le personnage de Markus, le cyborg qui ne sait pas qu’il n’est plus entièrement humain ? On peut voir sur ce dessin qu’il est de plus en plus abîmé au cours du film…

Eh bien quand nous le découvrons au début du film, il a l’apparence que vous voyez sur ce dessin, il est torse nu, et porte un pantalon noir. Il a l’air d’un jeune homme tout à fait normal. Mais plus tard, il croise le chemin d’un « récolteur » et est blessé avant de s’enfuir. Mais il déclenche alors l’explosion d’une mine et reçoit des éclats de métal qui lui causent des blessures beaucoup plus graves. Les résistants le conduisent dans un de leurs abris, le croyant à moitié mort, et quand ils l’examinent pour le soigner, retirent ses vêtements pleins de sang et découvrent alors le squelette métallique qui apparaît sous la peau de son torse. Ils comprennent qu’il est un terminator d’un nouveau genre, qu’ils n’ont encore jamais vu. Markus est emprisonné, interrogé par John Connor, mais il arrive à s’échapper. John Connor le poursuit ensuite en hélicoptère et lui tire dessus avec une mitrailleuse, ce qui provoque encore des dégâts supplémentaires, et Markus est arrosé avec du napalm (NDLR : un liquide hautement inflammable). Plus tard, il est « réparé » au sein de Skynet, et prend un aspect différent à la fin du film. C’est ce qui explique que nous ayons mis au point tous ces « looks » différents pour ce personnage. Nous avons aussi été obligés de réduire la taille des vérins de ses biceps par rapport à ceux du T-800, afin que le volume de mécanismes puisse « entrer » dans son enveloppe corporelle.

La suite de notre entretien avec Martin Laing est disponible par ici !

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