Pandorum : Seconde partie de notre dossier - Dans les coulisses des studios de Babelsberg
Article Cinéma du Jeudi 01 Octobre 2009

Retrouvez la première partie du dossier


Le tournage de Pandorum a débuté le 11 août 2008 aux studios de Babelsberg, à Potsdam, dans les environs de Berlin. De très nombreuses productions internationales y ont été tournées récemment et l'infrastructure y est parfaitement adaptée pour accueillir un tournage de ce genre. "L'expérience du tournage du premier volet de la saga Resident Evil s'est avérée extraordinaire," constate Bolt. "Il y a là-bas d'excellents techniciens et Berlin est une ville géniale. On se demande qui n'aurait pas envie d'y passer cinq mois." Alvart ajoute : "J'y ai tourné Antibodies, et j'ai trouvé les techniciens formidables. Pour un projet aussi exigeant que Pandorum, il fallait que je puisse compter sur des gens que je connaissais." D'autre part, la ville de Berlin offrait l'infrastructure requise pour un tel tournage. "Il nous fallait d'immenses plateaux qui nous permettent de mettre en valeur l'envergure de l'Elysium," explique Kulzer. Les producteurs souhaitaient que les décors aient une profondeur qui suscite un sentiment de vertige. Le lieu de tournage avait également son importance dans l'intrigue car les auteurs du film voulaient que le spectateur ressente les dimensions énormes du vaisseau censé accueillir jusqu'à 60 000 passagers. La production a donc choisi de tourner à Babelsberg et dans une centrale électrique désaffectée de Berlin. "On aurait déjà dit un vaisseau spatial," souligne Alvart. "On n'a eu qu'à y ajouter nos éléments de décor." Au final, le tournage a nécessité une cinquantaine de décors. Le chef décorateur Richard Bridgland, qui avait déjà collaboré à Resident Evil, était ravi de relever un nouveau défi. Avec Alvart, il a créé le style du film qui s'inspire d'un genre de futurisme post-industriel. "C'est un genre qui a ses propres codes," note Bridgland. "Mais il y avait une atmosphère différente qui se dégageait du scénario et qui empruntait à un style gothique que j'aime beaucoup." Un film comme Pandorum offre une importante liberté de création aux décorateurs, mais c'est une liberté qui n'est pas sans contrainte. "Il fallait qu'on résolve un paradoxe quotidien," signale Alvart. "Il s'agissait de concevoir, de manière crédible, un univers futuriste que personne ne connaît, tout en faisant en sorte que le spectateur puisse s'identifier aux personnages et à l'intrigue." "Il fallait que ce soit très fonctionnel," ajoute le chef décorateur. "Il fallait que les éléments de décors et les accessoires fonctionnent normalement." Les auteurs du film souhaitaient que le style visuel soit inédit et corresponde à l'atmosphère sombre du script. "Il était important que les décors participent à l'intrigue et qu'ils deviennent de plus en plus gothiques et terrifiants, au fur et à mesure que progresse le film." "L'environnement dans lequel on travaille nous touche nécessairement," affirme Foster. "Les décors ont été conçus pour provoquer certaines réactions émotionnelles et ils ont tenu toutes leurs promesses." "Les effets numériques créent toujours une distance, même avec les technologies les plus récentes," explique Kulzer. "On s'est dit qu'il valait mieux construire la plupart des décors et les rendre réalistes pour que les comédiens expriment de véritables émotions. Et plus ils ont peur, plus le public aura peur, lui aussi." Pour les comédiens qui ont travaillé dans ces décors pendant trois mois et qui, pour certains, découvraient l'Allemagne et n'étaient pas germanophones, cette expérience relevait de "l'effet Pandorum." "On était tout le temps dans l'obscurité," renchérit Traue. "Il faisait noir quand je me réveillais et quand je rentrais chez moi, et on tournait dans des décors très sombres. Au bout de quelques semaines, cela a fini par m'affecter." "Tout cela était voulu," rappelle Bolt dans un éclat de rire. "Le fait de déstabiliser nos comédiens faisait partie de notre méthode de travail." Les décors ont été mis en valeur par les angles de prises de vue et les éclairages subtils du directeur de la photo Wedigo von Schultzendorff. Ce dernier a souhaité jouer sur les contrastes entre des teintes sombres et claires et sur des couleurs vives comme le vert, le bleu, le jaune et le rouge. "C'était un vrai défi," constate-t-il. "Le film se passe dans le noir la plupart du temps. J'ai essayé de créer des éclairages d'inspiration expressionniste et de susciter l'illusion de l'obscurité." Pour Gerd Feuchter, superviseur Effets spéciaux : "Notre boulot a consisté à mettre en valeur les éclairages en utilisant de la fumée, du brouillard ou de la poussière, un peu à la manière des effets laser d'une discothèque." Les scènes les plus spectaculaires sont ponctuées d'effets hallucinants. Mais, comme pour les décors, la production a tenu à limiter l'usage d'effets numériques pour privilégier des trucages à l'ancienne. Le chef cascadeur François Doge explique : "Tous les comédiens étaient prêts à exécuter eux-mêmes leurs cascades. C'est assez rare, surtout lorsqu'il s'agit d'un tournage aussi difficile. Pour être honnête, je dois dire qu'ils se sont tous investis corps et âme dans ce film." "J'imagine que c'est un peu casse-cou," signale Ben Foster. "Mais j'adore me jeter dans le vide : c'est un rêve de gamin !" Les producteurs et les acteurs rendent hommage au professionnalisme de Christian Alvart. "Sa rigueur et sa concentration m'ont fasciné," note encore Foster. "Il a travaillé avec un story-board de 1500 vignettes qu'il connaissait toutes par coeur. Je n'ai jamais rencontré un réalisateur qui ait un tel sens visuel."

Des créatures maléfiques

"Une force maléfique menace constamment les personnages du film : elle se manifeste à plusieurs reprises, sous diverses formes… Cette force est présente dans le postulat de départ : au début du film , on comprend que la terre a été détruite et que les hommes cherchent une nouvelle planète. Pour Ben Foster, le contexte post-apocalyptique du film a trouvé un écho chez lui : "Ce que nous faisons subir à l'environnement est effrayant," dit-il. "Pandorum n'est qu'une projection parmi d'autres de ce qui pourrait se passer si nous continuons à nous comporter de la même manière." Dans le film, "pandorum" renvoie au "Syndrome Orbital Dysfonctionnel" – pathologie liée à l'immensité de l'espace et au sentiment d'isolement et de solitude qu'il procure. "Ce dysfonctionnement empêche de distinguer le bien du mal et se manifeste par des hallucinations, des saignements de nez et des tremblements." Les départements Costumes et Maquillage savaient précisément comment représenter ce type d'effets psychologiques sous forme des créatures maléfiques les plus redoutables : les Chasseurs. Loin des zombies et autres aliens, les producteurs souhaitaient donner aux créatures maléfiques une incarnation nouvelle pour tromper la vigilance du spectateur. "On s'était dit qu'on aurait des créatures qui changent d'aspect," indique Kulzer. "Le public se demande de quoi il s'agit. S'agit-il d'aliens ? D'êtres surnaturels ? Et quand il découvre leur identité, il est estomaqué." Pour que les Chasseurs soient les plus effrayants possible, les producteurs ont, là encore, cherché à réduire le recours à l'infographie au minimum. Au bout de longues auditions, quatre acteurs ont été choisis pour interpréter les quatre principaux Chasseurs : Heflin, Weasel, Hunter Shape et Hunter Brute. Au total, 17 comédiens se sont glissés dans la peau des Chasseurs, tandis que 70 figurants ont été transformés en mutants. Pour les effets maquillage, la production a collaboré avec le célèbre studio Stan Winston. Après avoir collaboré à des classiques comme Terminator, Aliens Le Retour, Jurassic Park & Iron Man, le studio est aujourd'hui considéré comme l'une des meilleures entreprises d'effets spéciaux du monde. "La plus grosse difficulté consiste à ne pas refaire ce qu'on a déjà vu cent fois," indique Lindsay McGowan, maquilleuse Effets spéciaux. "Mais c'est ça qui est excitant : il faut étudier l'intrigue et imaginer le type de créature qui convient le mieux." En s'appuyant sur le story-board d'Alvart et sur les croquis du studio Stan Winston, Ivana Milos a conçu le style vestimentaire des Chasseurs, tandis que Niels Mu?ller a créé les costumes à partir de ses dessins. L'armure des Chasseurs se compose de morceaux de métal prélevés sur le vaisseau, maintenus par des brides de cuir et doublés d'un revêtement pour protéger certaines parties sensibles du corps et attacher leurs énormes armes … ou leurs trophées. "Il nous fallait environ trois heures pour maquiller les acteurs," observe McGowan. "Et pour les habiller, il nous fallait deux heures de plus." Il s'agissait en effet de leur appliquer une couche de peinture, des masques pour le visage, les mains et les pieds, des fausses dents et des lentilles pour les yeux. "C'était une séance de torture pour les comédiens, mais ils se sont tous montrés patients et coopératifs," ajoute McGowan. L'équipe maquillage a pris un soin tout particulier pour transformer Luna, une fillette de 8 ans (la propre fille d'Alvart), en Chasseuse. "Au départ, j'avais plutôt pensé confier le rôle de l'Enfant Chasseur à son frère," signale le réalisateur, "mais elle l'a accompagné au casting… et c'est elle qui a décroché le rôle." Etant donné que les enfants comédiens ne peuvent pas dépasser un certain volume d'heures de travail légal par jour, l'équipe Maquillage et Costume a dû s'adapter dans le temps qui leur était imparti. Le maquilleur Effets spéciaux Arjen Tuiten, qui a collaboré au Labyrinthe de Pan et Hellboy II Les Légions d'or maudites de Guillermo Del Toro, a réussi à réduire les séances de maquillage à deux heures. "Luna a été adorable," précise McGowan. "Elle avait apporté son ordinateur et elle a regardé High School Musical. Cela lui a permis de rester concentrée." Au final, la production est enchantée par le style des Chasseurs. "Ils ne ressemblent pas aux créatures qu'on rencontre dans une maison hantée, comme des monstres ou des mutants," rapporte Müller. "Ils ont une manière de se déplacer, de se battre et de se comporter, étroitement liée à l'intrigue, qui captivera le spectateur." Le mélange subtil entre film d'action et drame psychologique suscité par les costumes, les décors, les accessoires, les cascades et les maquillages sert de fil rouge à Pandorum. Un mélange que l'on retrouvera sans doute bientôt… "Pour être honnête, ce n'est que le premier chapitre d'une trilogie qui me permettra d'explorer bien plus encore le monde de Pandorum," conclut Alvart. Une nouvelle dont tout l’équipe d’ESI se réjouit, bien évidemment !

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