2012, un film catastrophe exceptionnel signé Roland Emmerich
Article Cinéma du Jeudi 05 Novembre 2009

N’ayons pas peur des mots parce que l’on parle de cinéma populaire de pur divertissement: dans le registre du film catastrophe, 2012 est une formidable réussite, et l’aboutissement de la carrière d’un artisan du grand spectacle nommé Roland Emmerich.

Par Pascal Pinteau

Dans le flot de superproductions Hollywoodiennes qui déferle sur nos écrans, il y a deux types de films : ceux qui sont de purs produits de marketing, résultats de tant de compromis qu’on les oublie immédiatement après les avoir vus, et ceux qui reflètent la vision d’un cinéaste dont on reconnaît avec plaisir la personnalité, l’imagination et le style. Dès que l’on découvre les premières images de 2012, on comprend que ce film est signé par l’un des créateurs les plus talentueux du cinéma à grand spectacle, Roland Emmerich, parfaitement secondé par le co-scénariste, producteur et compositeur Harald Kloser, pour éviter certaines naïvetés de ses projets précédents. Emmerich a façonné là un chef d’œuvre au sens originel du terme, c’est à dire une création qui résume et symbolise tout ce qu’il a appris à faire en quinze ans de carrière. Son pari était pourtant loin d’être évident : bien que consacré à l’apocalypse, thème terrible s’il en est, 2012 réussit à divertir sans démoraliser, et s’avère être un mélange convaincant d’action, d’émotion et d’humour, servi par un casting impeccables et des effets visuels à couper le souffle. En attendant de découvrir le film, ESI vous propose de faire un petit tour dans ses coulisses…



Les Mayas, co-auteurs involontaires du scénario !

Les Mayas, l’une des plus fascinantes civilisations que la Terre ait portées, nous ont transmis une prophétie : leur calendrier prend fin en 2012, et selon eux, notre monde aussi ! Depuis, certains astrologues ont soutenu cette thèse, et quelques géophysiciens l’ont estimée plausible. En 2012, cet avertissement venu du fond des âges retombera probablement aussi vite que le fameux « bug » de l’an 2000 (sensé anéantir tous les ordinateurs !), mais soyons beaux joueurs, et amusons-nous à frissonner en suivant l’histoire imaginée par Roland Emmerich et Harald Kloser. Le cataclysme commence quand les plaques tectoniques se mettent à glisser, provoquant de multiples séismes et détruisant Los Angeles au passage. Tandis que Jackson Curtis, romancier, et sa famille se jettent à corps perdu, comme des millions d’individus, dans un voyage désespéré, les autorités politiques de tous les grands pays sont impliquées dans un plan qui doit permettre à l’humanité de survivre. Des milliards d’êtres humains sont en péril, mais quelques dizaines de milliers seulement pourront être sauvés…

Un nouveau spectacle épique signé Roland Emmerich

C’est au scénariste, producteur et compositeur Harald Kloser, partenaire à l’écriture de Roland Emmerich, que l’on doit l’idée originale de 2012. Il explique : « Chaque civilisation sur Terre a son propre mythe de la fin du monde et de l’engloutissement. Les grandes lignes se ressemblent : les choses vont de plus en plus mal, la société est dans une impasse et ne fonctionne plus, et la planète recommence tout. Certains vont tenter de survivre au cataclysme jusqu’au nouveau départ. Ceux qui y parviendront auront une deuxième chance de fonder une nouvelle culture, une nouvelle société, une nouvelle civilisation. » Le projet a commencé à prendre forme lorsque Harald Kloser et Roland Emmerich ont trouvé une base solide à partir de laquelle développer leur histoire. Il s’agit d’un fait fascinant qui permettait aussi de situer cette histoire dans notre monde actuel : le calendrier maya atteint la fin de son 13e cycle le 21 décembre 2012. Rien ne suit cette date. Le calendrier s’arrête là. On se pose alors bien sûr la question : si le calendrier s’arrête, que se passe-t-il après ? Harald Kloser déclare : « Des millions de personnes de tous pays et de toutes cultures sont convaincues qu’en 2012, il va y avoir un changement d’une nature indéterminée dans la société, ou dans l’esprit. La portée et la variété de ces théories nous ont inspiré à Roland Emmerich et moi notre histoire. » Pour le réalisateur, rendu célèbre par ses blockbusters INDEPENDENCE DAY et LE JOUR D’APRES, il fallait trouver un moyen de placer 2012 à part des grands films catastrophe qui ont fait sa réputation. Il explique : « Plus je discutais de l’histoire avec Harald, plus je réalisais que ce sujet allait toucher les gens parce qu’ils se sentent concernés. Il y a dans cette histoire, au-delà de l’aspect spectaculaire de la catastrophe, des thèmes philosophiques et politiques qui préoccupent tout le monde. » Pour que l’histoire touche les gens, il fallait créer des personnages qui vivent en direct ces bouleversements philosophiques et politiques, qui font à échelle humaine l’expérience de cette catastrophe planétaire.

Les héros de l’apocalypse

John Cusack joue ainsi Jackson Curtis, un romancier qui, à force de ne se consacrer qu’à l’écriture, a vu sa femme s’éloigner de lui et s’est coupé de sa famille. Il reste pourtant un bon père et lorsque les circonstances l’exigeront, il fera tout pour sauver les siens. Amanda Peet incarne Kate, l’ex-femme de Jackson, qui est restée son amie, mais s’est lassée d’être toujours en compétition avec son travail pour obtenir son attention. Lorsque la menace se précise, certains, dans les plus hautes sphères des gouvernements mondiaux, ont un plan. Tous ne pourront pas être sauvés, mais quelques-uns pourront l’être, et ceux-là auront une chance de fonder une société entièrement nouvelle. Le Président Thomas Wilson, interprété par Danny Glover, mesure très vite l’ampleur de la crise que le monde s’apprête à affronter, et il décide rapidement d’empêcher l’hystérie de masse en gardant l’information secrète. Chiwetel Ejiofor joue le conseiller scientifique en chef du Président, Adrian Helmsley, qui a réussi à décrypter les messages de la Terre et est déterminé à faire tout ce qu’il peut pour aider le plus grand nombre de gens possible. Carl Anheuser, le secrétaire général de la Maison Blanche, est interprété par Oliver Platt. Cet homme est peut-être prétentieux et coléreux, mais il est décidé à voir la société survivre – en particulier ceux qui peuvent s’offrir cette survie. Laura, la fille du Président jouée par Thandie Newton, est choquée de découvrir ce que le gouvernement de son père souhaite cacher au monde entier. Il semble que le seul homme en dehors du gouvernement qui ait une petite idée de ce qui se prépare soit Charlie Frost, un animateur radio incarné par Woody Harrelson. Prenant des allures de prophète, il diffuse ses prédictions sur sa station à qui veut les entendre…

Du script au film

Le scénario qu’ont écrit Harald Kloser et Roland Emmerich dépasse par son ampleur toutes les précédentes réalisations d’Emmerich. Pour le porter à l’écran, il a fallu mélanger effets spéciaux « physiques », réalisés sur le plateau, et effets visuels. Le réalisateur explique : « Utiliser les deux m’a donné la liberté de choisir pour chaque scène ce qui servait le mieux l’histoire et le type d’effets le plus efficace pour rendre la scène crédible. » Le chef décorateur, Barry Chusid, précise : « L’objectif est que le spectateur ne puisse pas faire la différence entre ce que nous avons construit pour de bon sur le plateau et ce qui est un effet visuel réalisé par ordinateur. Ce que nous espérons, c’est que les gens se demanderont en voyant le film où est-ce que nous avons bien pu trouver une montagne aussi grande pour construire tout cela à l’intérieur ! » Dans cette optique, la production a construit plusieurs décors en extérieurs permettant de réaliser les scènes de catastrophe. Ce sont des plates-formes mobiles géantes montées sur cardans que le réalisateur pouvait faire bouger au moment où les acteurs les traversaient en courant. John Cusack raconte : « Roland a fait construire sur une plate-forme toute une rue avec palmiers, trottoirs, façades de maisons, et tout cela pouvait être secoué, tanguer et s’incliner. Il m’a dit : « Tu dois courir le long de cette rue, monter dans la voiture et partir avec. » J’étais là, au milieu de l’eau, du feu, de la terre, de nuages de cendre, en plein tremblement de terre… Tout ce que vous pouvez imaginer dans une telle catastrophe, j’y ai été soumis ; j’ai conduit tous les véhicules possibles pour échapper à tous les désastres imaginables. C’était vraiment très intense et très mouvementé ! » Ce qui ne pouvait pas être construit par les menuisiers et les charpentiers l’a été par les animateurs numériques. Pour porter la vision de Roland Emmerich à l’écran, les images de synthèse étaient nécessaires. John Cusak se souvient : « Ça n’a pas été aussi difficile que je le croyais. Roland avait tout mis au point avec une précision extrême, et il pouvait nous montrer à quoi la scène allait ressembler une fois terminée. Il était tellement convaincu et sûr de sa vision que c’était amusant d’imaginer ce que lui imaginait. »Marc Weigert, superviseur des effets visuels et coproducteur du film, déclare : « Tout, sur ce projet, m’attirait. Plus de la moitié du film a été créé grâce aux effets visuels. J’ai bien l’impression que Roland a trouvé le moyen de faire entrer dans ce film la presque totalité des types de catastrophes naturelles que l’on puisse imaginer ! Los Angeles est détruite par un tremblement de terre d’amplitude 10,5 à la page 30 du scénario. Le parc de Yellowstone part en fumée dans une explosion de lave de 50 km de diamètre. Mais la vraie raison qui fait que c’est tellement génial de travailler avec Roland, c’est qu’il apporte quelque chose de neuf et de différent à chacune des scènes qu’il filme. Vous vous direz peut-être que vous avez déjà vu des films avec des tremblements de terre… Eh bien je peux vous assurer que non ! » 2012 s’est avéré être une production d’une ampleur colossale – même selon les critères de Roland Emmerich. John Cusack déclare : « L’échelle et l’ampleur de ce film dépassent tout ce que j’ai pu voir à ce jour. Chacune des pages du scénario est une scène qui vous fait vous demander ce que Roland a en tête tellement elle est ambitieuse et démesurée. Mais ce qui est intéressant lorsque vous voyez Roland faire sur le plateau, c’est qu’il ne perd jamais son calme. Il peut bien être entouré par des décors titanesques ou des écrans verts à perte de vue, il a tout dans le crâne. Il sait exactement ce qu’il veut, ce que tout cela doit donner au final, et il est capable de commander les armées nécessaires pour donner corps à sa vision. A tous les sens du terme, c’est énorme ! »

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