Exclusif : Visite du tournage de Clash of the Titans
Article Cinéma du Samedi 14 Novembre 2009

Le grand retour des aventures mythologiques

Par Pascal Pinteau

Remake de l’ultime film imaginé par le grand Ray Harryhausen, ce Choc des Titans réalisé par notre compatriote Louis Leterrier réserve de belles surprises aux amateurs de péplums fantastiques et de créatures mythologiques, comme Effets-speciaux.info a pu le constater en se rendant sur le tournage.

En juin dernier, ESI s’est rendu dans les studios anglais de Shepperton et Leavesden pour assister au tournage de l’un des films fantastiques les plus attendus de 2010, Le Choc des Titans, qui marquera le grand retour des aventures mythologiques sur les écrans. Culte pour les cinéphiles qui l’ont découvert en 1981, le film original bénéficiait de la présence de nombreuses créatures conçues et animées image par image par Ray Harryhausen.



Moins parfait que Jason et les Argonautes, chef d’œuvre absolu du génial animateur, Le Choc des Titans souffrait de certains défauts – une réalisation très académique de Desmond Davis, et une abondance inutile de stars dans les rôles des dieux, dont les prestations ralentissaient la progression du récit – mais offrait aussi des moments de pure magie cinématographique. La capture de Pégase le cheval ailé, l’apparition de la Gorgone au regard pétrifiant et le combat contre le kraken étaient autant de morceaux de bravoure emprunts du charme poétique des créations d’Harryhausen. Dernier grand film d’aventure aux trucages réalisés image par image, Le Choc des Titans marqua la fin de la carrière de Ray Harryhausen, qui décida sagement de prendre sa retraite, dix ans avant que les dinosaures en images de synthèse de Jurassic Park ne révolutionnent les techniques des effets visuels. Adulé par les amateurs d’animation – dont nous faisons partie ! – mais considéré comme dépassé par de nouvelles générations de spectateurs habitués aux images 3D, Le Choc des Titans est aujourd’hui l’objet d’un remake ambitieux, doté d’un gros budget, et conçu par une équipe fort talentueuse. Après le succès de L’incroyable Hulk, Louis Leterrier se retrouve une nouvelle fois à la tête d’un grand film fantastique, auquel il compte donner un réalisme inédit. Le chef décorateur Martin Laing (Titanic, La cité de l’ombre, Terminator Renaissance) a conçu des dizaines de décors étonnants, et le superviseur des effets visuels Nick Davis (The Dark Knight) prépare les apparitions des nombreuses créatures du film. La distribution, tout aussi prestigieuse, réunit Sam Worthington (Avatar, Terminator Renaissance) dans le rôle de Persée, Gemma Aterton dans le rôle de Io, tandis que Liam Neeson incarne Zeus et Ralph Fiennes son frère Hadès, dieu des enfers. Pour découvrir la genèse du projet, sur lequel nous reviendrons prochainement, nous nous sommes d’abord entretenus avec les deux producteurs du film, Kevin De La Noy (Il faut sauver le soldat Ryan, Prisonniers du temps, The Dark Knight) et Basil Iwanyk (Lost boys 2, Profession profiler, K-19, le piège des profondeurs)…



Entretien avec les producteurs Basily Iwanyk et Kevin De La Noy

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vouloir produire un remake du Choc des Titans ?

Basil Iwanyk : Je crois qu’il y avait trois raisons. La première, même s’il est difficile de s’imaginer cela aujourd’hui, c’est qu’il y a dix ans encore, les grands studios ne produisaient plus de péplums. Quand on regarde en arrière, on peut se dire que le succès de Gladiatorétait une évidence, mais pour ma part, je me souviens avoir entendu les gens dire : « Mais qui diable va aller voir ce film avec des gladiateurs ? Aucune femme sur cette terre n’aura envie d’aller au cinéma pour voir ça ! » Ces films ont finalement eu du succès ces dernières années, et bien sûr Le seigneur des Anneaux a été lui aussi une fantastique réussite. Il se trouvait qu’en terme de marketing, Warner était à la recherche de son prochain grand film d’aventures. La seconde raison, ce sont les progrès évidents qui ont été accomplis dans le domaine des effets visuels. Aujourd’hui, nous sommes capables de créer des visions d’une grande ampleur et des scènes d’une qualité viscérale remarquable pour un coût nettement inférieur à celui que l’on aurait eu à financer il y a cinq ou six ans. Et Le Choc des Titans, parce qu’il avait été réalisé avec les effets spéciaux d’animation image par image de Ray Harryhausen, semblait être un choix évident pour un remake. De ce fait, il semblait être…améliorable, bien que ce ne soit pas le bon terme. Disons plutôt qu’il semblait pouvoir être « amplifié », pour ainsi dire. Et la troisième raison, c’est tout simplement l’enthousiasme et la petite étincelle de satisfaction dans les yeux qu’un script suscite quand il arrive sur votre bureau, que vous le lisez, et qu’il s’avère excellent. Je développe actuellement environ 25 projets au sein de ma société, en collaboration avec Warner. Quand ce script est arrivé, tous les gens qui l’ont lu l’ont immédiatement aimé. Nous avons eu beaucoup de chance dans ce domaine.

Le film va-t’il être plus fidèle aux atmosphères sombres des contes mythologiques grecs originaux ? Va-t’il être effrayant à certains moments ?

Basil Iwanyk : Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il va être sombre ou effrayant, parce que ce sera avant tout un film d’aventures. Il ne sera pas classé PG13 aux USA (NDLR : interdit aux moins de 13 ans non accompagnés par leurs parents). C’est un film que vous aurez envie de voir avec votre fils ou votre fille de 10 ans. Mais il aura un aspect plus réaliste que le film original.

Kevin De La Noy : Techniquement, nous disposons aujourd’hui de pellicules plus sensibles que celles qui existaient en 1981, et nos effets visuels peuvent mieux s’intégrer aux prises de vues réelles. Ils peuvent être ajoutés dans des scènes sombres, et dans des plans tournés de nuit. Pour établir une comparaison avec la version précédente, nos scènes d’action se déroulent à différents moments de la journée et de la nuit, tandis que celles du film original devaient être tournée en plein soleil. Nous pouvons tourner de nuit sans problème, et nous avons les moyens, grâce à notre technologie, d’avoir une palette bien plus large d’ambiances visuelles.

Comment allez-vous représenter le mont Olympe et la demeure des dieux ?

Basil Iwanyk : Je crois que la première chose que nous avons voulu faire a été de nous assurer que l’Olympe semble éternel, hors du temps, tel un monde lointain. Vous pourrez vous rendre compte que son architecture est plus lisse et plus moderne que celle des décors du monde des mortels, tel celui de la basilique, qui est un décor énorme et qui a l’allure d’un grand hall de l’antiquité grecque, destiné à accueillir des fêtes et des célébrations. Ce second décor nous aide à placer le film dans son époque, et à situer l’intrigue dans le cours de l’histoire de l’humanité. Vous allez d’ailleurs le visiter aujourd’hui. Comme vous le verrez, les dieux portent des armures lorsqu’on les découvre sur le mont Olympe, ce qui est quelque peu anachronique. Nous avons également tenu à ce que l’on se rendre immédiatement compte que ce lieu ne pouvait avoir été construit par des humains. Les dieux lui ont littéralement donné naissance. L’édifice s’élance vers les cieux, en s’élevant sur des centaines et des centaines d’étages. Et pour ne rien vous cacher, quand Persée se rend au mont Olympe, à la fin du film – ce qui est un énorme changement par rapport à la version originale – on se rend compte que les dieux que nous avons vus depuis le début de l’histoire mesurent en réalité près de quatre mètres. De ce fait, quand Persée se retrouve dans ces lieux, il est entouré par cet environnement colossal.

Kevin De La Noy : Nous jouons avec ces effets d’échelle.

Vous revenez donc à la véritable histoire des titans, celle des mythes grecs…

Kevin De La Noy: Oui.

A quel moment avez-vous engagé Sam Worthington pour jouer le rôle principal ? Avez-vous parlé de lui avec James Cameron ?

Basily Iwanyk: Non. En fait, la première fois que nous avons rencontré Sam, ni Kevin, ni Louis ni moi n’avions la moindre idée de son apparence physique. Quand il est entré dans la pièce, je me suis dit : « Ah, c’est lui Sam Worthington ? ». Nous n’avions vu aucun de ses films précédents…

Kevin De La Noy: Et les autres films qu’il avait tournés, réalisés aux Etats-Unis, n’avaient pas encore été distribués en salles. Quand nous l’avons rencontré, il avait déjà à son actif une illustre carrière…que personne n’avait vu ! (rires)

Basily Iwanyk: Et Sam n’avait même pas encore lu le script du Choc des Titans. Très franchement, nous étions tout d’abord un peu sceptiques quand nous l’avons vu, car nous nous représentions Persée comme un garçon de 23 ou 24 ans. Quand Sam est arrivé, et que nous avons appris qu’il avait 32 ans – bien qu’il semble en paraître seulement 28 à l’image -, nous avons remarqué qu’il était très mince et très calme. Il nous a parlé de sa manière d’aborder sa profession d’acteur, de sa vision du cinéma, et de sa personnalité. Il nous a raconté qu’il avait été ouvrier pendant plusieurs années en Australie, et qu’il avait eu du mal à percer lorsqu’il était devenu acteur. Mais il a fini par obtenir du succès. Bien qu’il soit devenu célèbre du jour au lendemain, il a travaillé dur pendant 12 ans pour en arriver là. En l’écoutant, nous avons beaucoup aimé la manière dont il s’impliquait dans son métier d’acteur, et son récit de l’expérience qu’il venait de vivre sur Avatar, et de ce qu’il s’apprêtait à faire pour Terminator Renaissance. Nous avons été tellement séduits par sa personnalité, tout comme il a aimé ce que nous lui avions expliqué, que nous lui avons immédiatement donné le script à lire. Pendant qu’il le lisait, nous avons visionné le film australien Summersault, et nous avons tous pensé que son interprétation était formidable. Peu après, McG, qui est un de mes amis, nous a montré la première moitié de Terminator Renaissance. Il s’agissait juste d’une copie de travail, sans effets spéciaux. Et Sam était fantastique.

Kevin De La Noy: Sam a beaucoup de présence à l’image. Il est très photogénique et tient parfaitement son rôle.

Basily Iwanyk: Un peu plus tard, il est revenu d’Australie, et il s’était tellement musclé qu’il semblait aussi solide qu’un tank ! Il s’était entraîné de manière impressionnante. Bien sûr, aujourd’hui, nous avons l’air d’avoir été très malins de l’engager , mais en réalité, nous avons misé sur lui en prenant un pari assez risqué. Il y a aussi un peu de Russell Crowe en Sam, ce qui est parfait pour nous, car Gladiator a toujours été une de nos références en termes d’héroïsme et de réactions du public féminin. Les spectatrices ont aimé Gladiator plus que les spectateurs parce qu’elle ont adoré la personnalité du héros, son intégrité et sa force. Nous avons toujours utilisé ce personnage comme une sorte de référence pour définir ce que Persée devrait être.

Quel est le principal défi que vous devez relever en tant que producteurs de ce film ?

Kevin De La Noy: Le temps.

Parce que vous devez le tourner en 80 jours ?

Kevin De La Noy: Eh bien, au moment où nous commencions à travailler sur ce projet l’année dernière, pour lui donner l’impulsion de départ, établir un budget, et réfléchir à une approche de faisabilité, le monde s’est soudain écroulé autour de nous, à cause de la crise financière et de la récession économique qui a suivi. C’était particulièrement difficile d’obtenir un feu vert du studio pendant cette période. Et ensuite, comme pour tous les films, le second problème, indépendant du tournage, c’était le choix de la date de sortie. Nous avons effectivement un planning extrêmement serré. Le temps est vraiment la ressource la plus rare pour nous, et constitue notre problème principal, car pour compenser le manque de temps, il faut dépenser plus d’argent. Quand la conception créative du film a débuté, tous les studios d’effets visuels et tous les artistes des effets spéciaux voulaient être impliqués, parce qu’il s’agissait du Choc des Titans. Tout le monde voulait obtenir une petite partie du travail à réaliser, à cause de la notoriété du film. On retrouvera certains éléments du film original dans notre version, et c’est en raison de cela que tous les spécialistes des trucages étaient si enthousiastes à l’idée de collaborer avec nous. Cette ferveur et cette énergie étaient très sympathiques, mais notre souci, c’était de demander à nos interlocuteurs « Comment allez-vous réaliser cela avec un haut niveau de qualité, en un délai de temps très réduit ? ». Nous voulions que ces scènes bénéficient d’une grande ampleur visuelle, car même si les protagonistes du film original voyageaient, leurs aventures n’avaient pas vraiment un aspect grandiose, épique. Je me souviens que lors de notre première réunion de travail au sujet de ce que le film devrait être, Louis, Basil et moi avons unanimement souhaité que Le Choc des Titans ait un aspect âpre et réaliste, que beaucoup de scènes soient filmées dans des décors naturels, et que nous nous éloignions du style visuel de 300 et du Seigneur des Anneaux, dans lesquels pratiquement tous les trucages étaient réalisés grâce aux effets numériques. Nous avions envie de voyager dans un monde réel, afin que les spectateurs aient l’impression de se trouver là, en compagnie de nos personnages. Dans ce contexte, quant un scorpion géant surgit, nous utilisons alors toutes les ressources des effets spéciaux, nous juxtaposons le réel et l’irréel, et nous créons un choc visuel.

Basily Iwanyk: En ce qui me concerne, je pense qu’il y avait deux défis à relever. D’abord le temps imparti, comme Kevin vient de le dire, a toujours été et reste encore un énorme problème. Le ton à donner au film a été lui aussi l’objet de nombreux débats, et nous en avons discuté bien des fois. Quand les dirigeants de Warner ont lu le script, ils ont été un peu inquiets, car ils ont craint que cette aventure ait un aspect un peu kitsch, involontairement amusant. Ils se souvenaient très bien du film original et les premières scènes qu’ils ont évoquées étaient justement celles qui se déroulaient dans l’Olympe, et qui étaient filmées avec des filtres de diffusion. Et ils ont évidemment parlé de Laurence Olivier assis sur son trône…

Entouré par des faisceaux laser bleus !

Basily Iwanyk: Oui, exactement ! Donc, pour convaincre Warner, nous avons dû concevoir une présentation visuelle du film, avant même que Louis n’arrive. Nous avons pu convaincre Sony Picture Imageworks, le studio de Stan Winston et Weta de réaliser quelques images pour nous. Ce sont ces images qui sont disposées sur les murs de cette salle, tout autour de nous. Certaines de ces images ont été réalisées l’été dernier, avant que Louis n’accepte de réaliser le film. Nous les avons montrées aux dirigeants du studio, en leur disant : « Voilà ce que le film va être. Voilà ce que l’on va voir et ressentir. Ce sera une grande aventure, très spectaculaire. Ce ne sera pas 300 avec des monstres en plus. Ce monde aura un aspect très réel. » La discussion suivante a porté sur le ton à donner au film. Le studio nous a dit « Bon, nous avons compris ce que sera le traitement visuel. Mais quel degré de réalisme et d’intensité comptez-vous donner aux scènes avec les créatures ? Nous venons juste de travailler sur The Dark Knight, qui était interdit aux moins de 13 ans non accompagnés par leurs parents, et ce film était plus intense et plus sombre que la plupart des films classés « R » (interdit aux moins de 16 ans) aux Etats-Unis. Nous ne pouvons pas aller aussi loin. Est-ce que l’on pourrait imaginer un traitement du film dans l’esprit de La Momie ? » Nous leur avons dit que nous pensions que cela ne conviendrait pas, que ce serait trop « film Popcorn de l’été » et pas assez dynamique. Nous nous sommes alors demandés quel était le ton idéal entre ces deux pôles. Il nous a semblé que Le Choc des Titans devait avoir assez d’attraits pour plaire aux fans qui ont 16 ou 18 ans, tout en plaisant aussi au grand public. Le genre de film que des gens comme Kevin et moi aimerions voir pour nous divertir, même si nous n’étions pas impliqués dans sa création, et que des enfants de 10 ou 11 ans pourraient également apprécier sans être traumatisés par des scènes trop intenses. En dehors de cela, l’autre aspect des défis que nous avons à relever, c’est ce que vous avez vu en découvrant le petit montage des premières images du film. Bien qu’il soit très réussi, il ne comporte encore aucun effet visuel. Nous n’avons pas pu nous rendre au Comicon cet été, à cause de cela. Parce que nous savons bien que les gens qui ont envie de voir les premières images et de parler du film ont envie de voir des effets visuels.

Kevin De La Noy: Nous n’avons pas pu rencontrer certaines de nos vedettes, parce qu’elles vivent encore à Londres, dans les ordinateurs des studios d’effets visuels du quartier de Soho ! (rires)

Basily Iwanyk: Quand nous visionnons les rushes, nous voyons des acteurs qui se battent contre des choses invisibles, contre quelqu’un qui agite une balle de tennis au bout d’une tige, ou contre un type revêtu d’un costume vert ! Nous n’avons aucun moyen de savoir si le film va être bien ou pas ! (rires) Je plaisante, bien sûr. Nous sommes persuadés que le résultat final sera formidable. Quand nous découvrons ces rushes dépourvus d’effets visuels, nous voyons aussi des choses qui sont drôles, spectaculaires, excitantes, et nous sommes très satisfaits de voir toute cette richesse visuelle s’amplifier de jour en jour. Tous les éléments dont nous avions besoin sont bel et bien là, mais en toute franchise, nous n’allons pas voir les premières ébauches des effets visuels avant Noël. Nous n’allons pas pouvoir visionner une première copie de travail à demi complète, et nous dire « Ah, voilà enfin notre film ! ». Et c’est cela qui est terrifiant !

Est-ce la raison pour laquelle vous semblez – d’après les images de tournage que vous nous avez montrées – avoir choisi de faire construire une version mécanique de la tête de la Gorgone ?

Basily Iwanyk: En fait, la tête que vous avez vue dans le montage n’a été construite que pour servir de référence visuelle pendant le tournage, afin de permettre aux acteurs de voir ce que sera l’aspect de cette créature. Nous nous sommes aussi servis de cette tête pour que les acteurs sachent à quelle hauteur il fallait regarder, et puissent savoir où la Gorgone allait être ajoutée plus tard dans les décors. Mais la Gorgone sera réalisée entièrement en images de synthèse.

Kevin De La Noy: Quand le film sera terminé, si tout marche comme prévu, les spectateurs ne pourront pas se rendre compte que tel élément a été réalisé avec des prothèses et tel autre avec des images 3D. Nous allons entremêler toutes ces techniques pour former un tout homogène. Nick Davis, notre superviseur des effets visuels, a travaillé sur les trucages de The Dark Knight, qui étaient indétectables. Nous voulons atteindre le même niveau de qualité. Nous espérons qu’il n’y aura aucune différence de réalisme visuel entre une personne maquillée avec des prothèses et un « Scorpiorc », et que les spectateurs les considéreront tous les deux comme des êtres qui appartiennent au monde des titans.

Quelles seront les créatures du film original que nous retrouverons dans cette nouvelle version ?

Basily Iwanyk: Medusa, le Kraken, Pégase, Calibos…

Et qui seront les nouveaux personnages ?

Basily Iwanyk: Eh bien Draco, qui est l’un des compagnons d’arme de Persée, est presque un nouveau personnage, car il n’apparaissait que très brièvement dans le film original, tandis qu’il est l’un des protagonistes principaux de notre version. Hadès, incarné par Ralph Fiennes, n’apparaissait pas du tout dans le film original. Il est l’un des personnages les plus importants de notre histoire, et notre « méchant ».

Dans le mythe grec original, Calibos avait un pied bot, et c’était la raison pour laquelle il se cachait dans le monde souterrain, dans l’obscurité…

Kevin De La Noy: En fait, dans le mythe original, on explique que les trois frères que sont Zeus, Poséidon et Hadès décident de se partager le monde en tirant à la courte paille. Poséidon obtient ainsi de régner sur les océans, Zeus règne sur les cieux, et malheureusement pour lui, Hadès hérite des enfers du monde souterrain. Quelque temps plus tard, Hadès se rend compte que Zeus a triché. Quand vous verrez les décors de l’Olympe, vous verrez que les dieux portent ces armures étincelantes, éblouissantes de lumière, tandis que celle que porte Hadès est cabossée et rouillée, comme si elle avait été enfouie dans la terre depuis 200 ans. Donc, comme on peut le comprendre, Hadès réagit plutôt mal à l’existence qu’on lui a fait mener ! (rires)

Zeus et Hadès se détestent donc…

Basily Iwanyk: Oui. Cette relation entre eux vient bien du mythe original. Mais ce qui est formidable avec la mythologie, c’est que vous pouvez la modifier un peu, et inventer aussi des choses qui conviennent à votre récit. Quand Le Choc des Titans original a été conçu, Beverley Cross a utilisé différents éléments de la mythologie et les a mélangés à sa manière pour écrire son histoire. Nous avons procédé de même, et nous avons aussi poussé cette démarche un peu plus loin. Notre version ne sera pas une illustration littérale de la mythologie, comme si nous suivions la conférence d’un expert, mais ce sera une aventure excitante et amusante, destinée à un très large public.

Dans le domaine des créatures, nous allons retrouver les scorpions géants…

Kevin De La Noy: Oui, mais ils sont bien plus gros, à présent. Comme vous pouvez le voir sur les illustrations qui nous entourent, ils sont si grands qu’ils peuvent porter des charges énormes. Ils jouent un rôle bien plus important dans notre version de l’histoire.

Est-ce que Bubo, le petit hibou mécanique, sera également de retour ?

Kevin De La Noy: Oui, mais il ne fera qu’une très courte apparition, en forme de clin d’oeil.

Pour faire plaisir aux fans…

Kevin De La Noy: Oui.

Les effets en animation image par image de Ray Harryhausen possédent un charme particulier qui était l’un des principaux attraits du Choc des Titans original. Craignez-vous de perdre ce charme en utilisant des créatures réalisées en 3D ?

Basily Iwanyk: Les effets de la première version possèdent effectivement un charme particulier, on ne peut pas le nier.

Kevin De La Noy: Cependant, quand vous créez le remake d’un film, vous avez l’obligation de changer certaines choses. Il y a bien longtemps, j’ai travaillé sur le Batman de Tim Burton, en tant que troisième assistant réalisateur, et l’année dernière, j’ai produit The Dark Knight. Il y a d’énormes différences entre les deux versions, et pourtant, elles sont toutes les deux formidables, chacune à sa manière. Nous utilisons donc le Choc des Titans original comme un point de départ, et nous prenons ensuite une direction différente pour raconter notre histoire. De ce fait, il y aura forcément des pertes et des gains. Mais la chose la plus importante, quand vous vous lancez dans cette entreprise, c’est d’agir toujours avec intégrité.

Découvrez à présent la suite de ce dossier !


[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.