L’Etrange Noël de Mr. Jack...en relief !
Article 3-D Relief du Dimanche 23 Mars 2008

A l'occasion de son 13e anniversaire, le chef-d'oeuvre du cinéma d'animation, signé Tim Burton, fait son retour sur les écrans transformé par le procédé Disney Digital 3D. Ce film culte, alliance unique d'univers visuel, de musique et d'exploit technique, s'est imposé dès sa création comme un spectacle à part. Aujourd'hui, le monde magique et fantasmagorique mêlant humour et épouvante créé par Burton prend vie comme jamais et vous ouvre ses portes, pour mieux vous entraîner au coeur de toutes ses émotions...
De notre spécialiste du relief, Sylvain Grain

Avant de vous livrer quelques secrets de fabrication de cette nouvelle version du chef d’œuvre de Tim Burton, entendons-nous sur la signification du terme 3-D. Si nous autres français avons tendance à employer ce terme pour désigner les films fabriqués en images de synthèses sur ordinateur tels que Toy Story ou Shrek, les anglo-saxons désignent par « 3-D movie » ce que nous appelons un «film en relief ».



Contrairement à un film traditionnel, ou dit 2-D, un film 3-D permet de percevoir la profondeur et les volumes des éléments qui composent la scène et dont certains peuvent parfois jaillir de l’écran jusqu’à donner l’impression au spectateur qu’il peut les toucher. Pour créer cette sensation de relief, il ne faut pas une image du film mais deux, correspondant au point de vue de chaque oeil. L’Etrange Noël de Mr. Jack n’ayant été filmé qu’avec une seule caméra, il a donc fallu fabriquer un deuxième point de vue pour obtenir la version en relief. Si le principe peut paraître simple, sa mise œuvre a représenté un défi technique audacieux et sans précédent dans l’histoire du cinéma.

Pour relever ce défi, Disney a fait appel à la société d’effets spéciaux de Georges Lucas, Industrial Light and Magic (ILM), en collaboration avec une société spécialisée dans la conversion de films en 3-D, In-Three, Inc. La première étape de travail a été de recréer sur ordinateur la copie exacte de tous les éléments du film (personnages, décors, caméras, animations, etc.). Pour ce faire, les magiciens d’ILM ont fabriqué des répliques numériques des personnages à partir des marionnettes originales qu’ils ont pu récupérer, chance qu’ils n’ont pas eue pour les décors. En effet, les originaux n’ayant malheureusement pas été conservés, leur géométrie a dû être complètement recréée à partir des images du film et de quelques outils informatiques. D’autres outils ont été employés pour reproduire les mouvements de caméra de l’époque sur la base des données retrouvées dans les archives de Disney.

L’Etrange Noël de Mr. Jack a été réalisé en « stop-motion », ce qui signifie que chaque image du film a été animée une par une et à la main. De ce fait, aucune automatisation n’a pu être envisagée et une équipe d’animateurs a donc dû reproduire de façon minutieuse et fidèle le travail de leurs prédécesseurs afin d’animer image par image tous les personnages et éléments du film. L’image du film original a enfin été projetée sur le modèle numérique qui, grâce à des retouches complémentaires, a pu restituer à l’identique les couleurs et matières des scènes d’origine.

Une fois le film entièrement reconstitué sur ordinateur, une seconde étape a consisté à décaler la caméra virtuelle sur la droite afin de créer ce fameux deuxième point de vue. Au final, les spectateurs de la version relief verront ainsi sans le savoir l’image originale du film avec l’œil gauche et la reconstitution digitale avec l’œil droit. Il est important de souligner qu’avec cette version digitale entre les mains, les créateurs du film et les équipes d’ILM auraient pu être tentés de reprendre ou d’améliorer certaines séquences. Néanmoins, et pour rassurer les plus puristes d’entre nous, le respect du travail original, dont les imperfections participent aussi de sa qualité, a été le maître mot de ce processus de conversion.

Pour réaliser cette conversion en 3-D de l’Etrange Noël de Mr. Jack, 19 semaines de travail acharné et jusqu’à 80 personnes (au plus fort de la production) auront ainsi été nécessaires à la société ILM. Mais au-delà de la prouesse technique que représente cette conversion, le label Disney Digital 3D™ dont bénéficie le film repose également sur une autre innovation technologique développée par la société Real D. Traditionnellement, les films 3-D sont diffusés grâce à deux projecteurs projetant chacun une des deux images du film, l’une étant destinée à l’œil gauche et l’autre à l’œil droit. Le système mis au point par Real D exploite un seul projecteur qui alterne très rapidement l’image gauche et l’image droite (144 fois par seconde) sans que le cerveau n’en ait conscience. Utilisant le principe de lumière polarisée*, ce nouveau type de projection offre une des meilleures qualités d’images en relief actuelles et caractérise le label Disney Digital 3D™ dont bénéficient désormais tous les nouveaux films 3-D de Disney (le dernier en date étant Bienvenue chez les Robinson).

Petit documentaire sur le procédé Disney Digital 3D utilisé pour L'Etrange Noël de Mr. Jack 3D :


*lumière polarisée (explication)

La lumière naturelle est composée de fronts d'ondes orientés dans toutes les directions de l'espace. La polarisation de la lumière consiste à ne garder que les fronts d'ondes orientés dans une certaine direction. En plaçant devant le projecteur un filtre polarisant différent pour l’image de gauche et l’image de droite (par exemple un horizontal et un vertical) et en équipant une paire de lunettes des mêmes filtres, chaque œil ne voit que l’image qui lui est destinée et l’effet de relief est restitué.

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