La Citadelle du Vertige : La nouvelle expérience participative du Futuroscope
Article Attractions du Vendredi 02 Mai 2008
Le Futuroscope a imaginé un parcours-spectacle "étourdissant" grâce à un système d'illusion inventé par Gérard Majax, célèbre illusionniste et inventeur du procédé de l'Hallucinoscope (des lunettes-miroirs qui reflètent les décors du plafond et donnent l’impression de marcher sur de multiples obstacles). Le parcours est thématisé d’après l’univers graphique et imaginaire du dessinateur Jean « Mœbius »Giraud, monstre sacré de la bande dessinée, et de son album de BD "Le Garage hermétique". Le visiteur découvre alors six univers fantastiques en compagnie du Major Grubert, héros de la bande-dessinée. L'attraction, véritable hommage à Moebius et expérience différente de la BD, s'est ouvert au public le samedi 9 février 2008...
Par Pierre-Eric Salard
En plaçant l’immersion et la sensation au cœur de l’expérience, La Citadelle du Vertige invite les visiteurs à passer de l’autre côté du miroir, à se glisser dans la peau d’un héros de BD au cœur de l’univers fantastique de Mœbius. A tous les visiteurs, passionnés ou curieux, elle propose une nouvelle approche du neuvième art, vivante et stimulante. La bande dessinée se lit. Désormais, au Futuroscope, elle se vit. En repensant notre relation à la BD, dans une nouvelle dimension, La Citadelle du Vertige donne vie à l’imaginaire créatif d’un grand auteur. Les visiteurs, dont les repères sont bousculés par la sensation de vertige, ressentent ici la subtilité de l’œuvre de Mœbius, elle-même nourrie de mondes aléatoires et vertigineux. Par la force de l’émotion, un nouveau lien unit l’artiste à son public. De l’imaginaire du dessin au plaisir d’y être immergé, le Futuroscope franchit un nouveau pas pour découvrir la bande dessinée autrement.
Au coeur de la bande-dessinée
Aux portes de La Citadelle du Vertige, les visiteurs se munissent de casques pourvus d’un miroir et les ajustent avec curiosité sur leurs têtes. A quoi peuvent-ils servir ? Après avoir pris soin de placer la partie miroir sous leurs yeux, ils pénètrent deux par deux et côte à côte dans le parcours spectacle de La Citadelle du Vertige. La voix du Major Grubert les interpelle immédiatement : le héros du Garage Hermétique de Mœbius a besoin d’aide. Sa compagne Malvina est prisonnière des griffes du Bakalite. Seule, la traversée de six mondes fantastiques peut lui permettre de retrouver sa bien-aimée. Que les visiteurs le suivent !
La main posée sur une rampe, le regard plongé dans le miroir de leurs casques, les visiteurs s’introduisent dans le premier univers du parcours : la ville chaotique. Stupeur ! Les voici complètement désorientés : sous leurs pieds, s’étend le décor d’une ville bruyante, vertigineuse et la sensation de marcher en lévitation au-dessus de la cité est troublante...Quant à la crainte d’être aspiré par le vide, elle demeure incontrôlable. Vertige des sens ! Tandis que les visiteurs progressent successivement dans six décors fantastiques, ils éprouvent la sensation de marcher en lévitation ou de traverser les éléments des décors. Au cours de leur traversée de la ville chaotique, du labyrinthe matriciel, de l’écloserie des cocons du refuge du Bakalite, du vaisseau mystère ou de la cité Mégalithe, les visiteurs sont leurrés par les effets « hallucinatoires » de leurs casques. L’expérience est saisissante car ce qu’ils perçoivent dans les miroirs est en réalité le reflet de décors réels suspendus au-dessus de leurs têtes. Grâce à ce jeu de miroirs, l’illusion de la réalité est parfaite. Les visiteurs perdent tout repère visuel au profit de sensations uniques telles que marcher en lévitation ou passer au travers de la matière. La fixation des décors, à différentes hauteurs participent à l’illusion : parfois lumineux ou animés, ils semblent se dresser en obstacles devant les visiteurs ou paraissent se situer sous leurs pas. L’ambiance sonore, les bruits ponctuels combinés aux illusions d’optiques concourent à immerger totalement les visiteurs dans l’univers de bande dessinée du Garage Hermétique. A La Citadelle du Vertige, les visiteurs revisitent l’œuvre de Mœbius et deviennent à leur tour héros d’une aventure imaginaire fantastique.
L’Hallucinoscope, le procédé renversant de Gérard Majax
L’image réfléchie d’un miroir peut très facilement nous induire en erreur et c’est en jouant avec des miroirs que l’idée de l’Hallucinoscope est née dans la tête du magicien et passionné d’illusions d’optique, Gérard Majax. Son procédé spectaculaire transforme les décors de La Citadelle du Vertige en une aventure participative fascinante pour les visiteurs, sans aucun composant électronique. La perception de la réalité qui nous entoure dépend d'abord des signaux envoyés par l'oeil et interprétés par notre cerveau. Des sensations, comme le contact du sol par le toucher de nos pieds, sont soumises àl 'analyse visuelle, si bien que l'effet de l’Hallucinoscope sur l'environnement est totalement magique...et son inventeur, Gérard Majax.
Gérard Majax a créé de nombreuses émissions de télévision dont le célèbre jeu « Y a un truc », écrit des livres de vulgarisation d’art magique et d’autres romancés. Il a conçu aussi plusieurs boîtes de jouets, inventé des procédés d’optiques dont l’Hallucinoscope et créé des effets spéciaux au théâtre, mais il reste avant tout un homme de scène, comme l’atteste son dernier spectacle Magia dell’Arte ou « comment acquérir des pouvoirs paranormaux pour changer le monde. »
Six mondes vertigineux
La ville chaotique : Klaxons, cris, sifflements, fracas d’effondrement, déflagrations, éclairs...Le brouhaha et toute la fureur d’une ville en ébullition s’élèvent sous les pas des visiteurs juchés en altitude sur les passerelles qui strient le ciel de la cité. Tandis que la voix lointaine de Malvina leur parvient, chacun assure son pas pour passer de passerelle en passerelle sans être happé par le vide et atteindre avec soulagement le labyrinthe matriciel.
Le Labyrinthe matriciel : Un véritable enchevêtrement de boyaux s’est amoncelé dans ce monde, constituant un labyrinthe visqueux. Les visiteurs devinent par ses ouvertures, figurant des bouches béantes, les ombres chinoises d’hommes sortant de part et d’autre des tubes, dans toutes les directions. Les visiteurs, d’abord inquiets, sont finalement heureux d’échapper à l’attraction de ces « gosiers ».
L’écloserie des cocons : Gargouillis, pulsations, bruits organiques...l’ambiance se fait inquiétante, d’étranges larves s’animent et semblent vouloir éclore sous les pieds des visiteurs. Ces derniers distinguent des formes humaines, aux têtes étranges, comme marquées par des signes cabalistiques, isolées les unes des autres dans des cocons. L’idée de traverser ce monde est loin d’être engageante. Pourtant, le sauvetage de Malvina en dépend.
Le refuge du Bakalite : Dans l’obscurité du néant, les visiteurs, tels des équilibristes, avancent prudemment dans les airs sur les tubes que le Bakalite ennemi juré du Major Grubert, a tissé. La traversée est sans filet et le monstre reptilien qui dévoile enfin sa tête est aux aguets sous les pas des visiteurs avec l’espoir cruel que l’un d’eux, pris de vertige, se laisse happé par l’abyme.
Le vaisseau-mystère : En posture vertigineuse, les visiteurs marchent sur la coque rouillée et bombée d’un appareil aux allures de sous-marin. Au sommet de cet étrange vaisseau composé de trois tronçons, l’angoisse monte : surtout marcher bien droit pour ne pas passer par-dessus bord. A bâbord comme à tribord, les parois de la coque s’élèvent à pic au dessus d’un gouffre impressionnant dont on ne saurait évaluer la profondeur.
La Cité Mégalithe : C’est une cité multipliée, démultipliée qui s’offre au regard des visiteurs. Les immenses formes géométriques qui constituent la cité mégalithe semblent se prolonger à l’infini. Les visiteurs croisent sur leur chemin vertigineux des hommes marchant à l’endroit comme à l’envers sur les polygones, comme si la pesanteur terrestre n’avait plus d’effet sur eux. Tout à leur désarroi, les visiteurs découvrent le Major Grubert et Malvina enfin réunis.
Jean « Mœbius » Giraud , légende de la bande-dessinée
Né en 1938, Jean Giraud compte parmi les plus grands dessinateurs actuels. Dès l’âge de 16 ans, il entre à L’Ecole des Arts Appliqués. Alors qu’il est encore étudiant, il publie ses premières illustrations travaillant à la fois pour la publicité, la mode, la décoration et collabore à diverses revues de l’époque telles que Cœurs Vaillants, Fripounet Marisette ou encore Far West dans laquelle il scénarise et dessine son premier western Franck et Jérémie. En 1956, après un séjour de huit mois au Mexique qui devait le marquer profondément, il se lance dans la vie professionnelle. Il collabore à diverses revues et fait une rencontre déterminante avec Jijé (Joseph Gillain) dont il devient l’élève. En 1963, il rencontre Jean-Michel Charlier, rédacteur en chef de Dargaud, scénariste et co-directeur du Journal Pilote avec René Goscinny. Ensemble, ils créent les aventures du Lieutenant Blueberry dans une série qui devient l’une des plus célèbres de la bande dessinée western. En 1973, Mœbius publie dans Pilote le récit complet La Déviation puis L’Homme est-il bon ? Peu après, son expression explose dans L’Echo des Savanes avec John Watercolor et surtout Cauchemar blanc en 1974 et 1975. Cette même année, Jean Giraud co-fonde avec Jean-Pierre Dionnet et Philippe Druillet le magazine Métal Hurlant sous le label des Humanoïdes Associés. Il y explore la veine fantastique de la science-fiction et du dessin onirique en créant, notamment, le personnage du Major Fatal et des séries telles que Arzach ou Le Garage Hermétique dont l’univers de La Citadelle du Vertige est extrait.
Dans les années 80, son influence s’étend jusqu’aux Etats Unis où il crée le magazine Heavy Métal. A cette époque, il rencontre le cinéaste et poète Alejandro Jodorowsky. Ensemble, ils créent leur chef d’œuvre avec la parution de L’Incal, une saga de science fiction en 6 volumes. Jean Giraud, dont l’œuvre immense va du western traditionnel (Blueberry) à la science- fiction ésotérique (L'Incal) est un auteur prolifique et polymorphe. Il marque plusieurs générations de lecteurs et de spectateurs et signe de nombreuses collaborations artistiques dans des domaines très différents. Il explore aussi bien la peinture abstraite (il expose à travers le monde, notamment aux Etats-Unis et au Mexique) que le dessin animé (il est scénariste du dessin animé Les maîtres du temps de René Laloux en 1982) mais aussi et surtout le cinéma. Dès les années 1970, Mœbius travaille avec Alejandro Jodorowsky à l’adaptation cinématographique de Dune, le roman de Franck Herbert. Le projet avorte mais une grande partie du matériel graphique composé par Mœbius servira aux films de Ridley Scott, Alien - Le huitième passager en 1979 et Blade Runner en 1982. Il signe également le story board et la conception graphique de Tron, pour Walt Disney en 1982, de Willow de Ron Howard en 1988, du film de James Cameron Abyss en 1989 et, du Cinquième Elément de Luc Besson en 1997. Mœbius n'hésite pas non plus à se faire scénariste pour d'autres (comme pour la BD jeunesse avec Little Nemo), ni à enfiler le costume du Surfer d'Argent pour Stan Lee ou celui de XIII pour Van Hamme. Alors, quand l’artiste signe ses mémoires, en 1999, il les intitule “Histoire de mon double”.
Dialogue avec Jean Giraud
Quel défi représente pour vous l’aventure de La Citadelle du Vertige ?
Le challenge consiste surtout à transposer une œuvre relativement confidentielle en une attraction populaire, accessible à tous les publics, en coordination avec le système d'illusion de Gérard Majax. En quoi réside la force de l’expérience pour le visiteur ?
Les visiteurs sont conduits à vivre, grâce à un système technique d'une simplicité “magique”, une expérience puissante du vertige et du dépaysement. Ils ont tour à tour l’impression de marcher en lévitation ou de traverser les décors.
Quels sont les liens entre votre œuvre et votre collaboration avec le Futuroscope ?
J’ai tout de suite été enthousiaste. D'abord parce que Xlargo, la société responsable de la production et de la scénographie de l’attraction pour le Futuroscope, m'a présenté un cadre de collaboration créatif et efficace. Mais aussi parce qu’une grande partie de mon travail sous la signature de Mœbius est tournée vers le futur. Enfin, pour moi le Futuroscope est avant tout un lieu de culture populaire qui rayonne à travers toute l'Europe.
Parcours spectacle d’une durée de 5 minutes.
L’attraction accueille environ 700 personnes par heure.
55 mètres de parcours avec 2 mains courantes.
Les visiteurs avancent en file indienne, équipés de leurs « lunettes miroirs », l’Hallucinoscope.
L’ensemble du parcours est sonorisé. Des sonorisations ponctuelles animent les différents décors.
La scénographie et la conception des décors est réalisée par la société XLargo.
L’accès de l’attraction est prévue pour tous les publics, sans restriction d’âge ni contre-indications particulière. Un accès facilité est réservé aux personnes à mobilité réduite.
Rendez-vous sur le site Arthur Futuroscope pour découvrir la nouvelle attraction du parc du Futuroscope : Arthur, l'aventure 4D. Retrouvez également des informations sur l'univers d'Arthur et les Minimoys.