Percy Jackson le voleur de foudre - Exclusif : Entretien avec le réalisateur Chris Columbus
Article Cinéma du Mercredi 24 Fevrier 2010

De Gremlins à Percy Jackson, une carrière marquée par le Fantastique et la Science-Fiction…

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Chris Columbus, le créateur de Gremlins et des Goonies, avait déjà posé les bases de l’univers cinématographique de Harry Potter en réalisant les deux premières aventures du jeune magicien. Il se lance aujourd’hui dans l’adaptation d’une autre série de livres plébiscitée par les ados et les jeunes adultes : la saga de Percy Jackson, un jeune américain dyslexique qui découvre qu’il n’est autre que le fils du dieu Poséidon ! En avant-première et en exclusivité, Chris Columbus évoque pour ESI sa passion du fantastique, ses débuts, sa rencontre déterminante avec Steven Spielberg, sa carrière jalonnée de films cultes, et la manière dont il a adapté le premier tome des exploits de Percy Jackson, qui transpose l’univers mythologique dans le monde actuel…

Chris Columbus est né en 1958 à Spangler, Pennsylvanie, dans une famille modeste. Son père, qui est ouvrier, le pousse à bien travailler à l’école, puis au lycée. Pendant ses études secondaires, Columbus dessine des BD, puis des storyboards et se lance dans la réalisation de films de fiction en Super-8. Il étudie le cinéma à l’école Tisch de New York, et vend un premier script, Jocks, consacrée à un jeune lycéen catholique qui veut devenir joueur de football américain. Il s’installe ensuite à  Hollywood et écrit la comédie dramatique Reckless, inspirée par un stage en usine. Il entre ensuite en contact avec  Steven Spielberg, qui décide de produire son script Gremlins, et d’en confier la réalisation à Joe Dante en 1984. Impressionné par l’imagination du jeune auteur, Spielberg lui commande deux autres scénarii originaux en 1985 : Les Goonies et Le secret de la pyramide (Young Sherlock Holmes). En 1987, Columbus passe à la réalisation avec la comédie Nuit de folie, puis avec Heartbreak Hotel (1990) resté inédit en France. La même année, il met en scène Maman, j'ai raté l'avion ! pour le producteur John Hughes, et remporte un succès considérable. Suivent Ta mère ou moi (1991) avec le comique John Candy, puis Maman, j'ai encore raté l'avion (1992). En 1993, Chris Columbus triomphe encore avec Mrs. Doubtfire dans lequel Robin Williams, père divorcé, se déguise en adorable gouvernante pour pouvoir rester en compagnie de ses enfants. En revanche, Neuf mois aussi (1995) remake de Neuf mois de notre compatriote Patrick Braoudé, ne fera guère d’étincelles au boxoffice US. Chris Columbus change alors habilement de registre avec la comédie dramatique Ma meilleure ennemie (1998). Son héroïne, une jeune femme, hérite de la garde des enfants de son mari, dont la première épouse, incarnée par Susan Sarandon, est atteinte d'une grave maladie. Le réalisateur revient à la SF en 1999 avec L'homme bicentenaire, tiré d’un roman d'Isaac Asimov, où Robin Williams incarne un robot atypique qui ressent des émotions, et tente de devenir réellement humain. L’année suivante, Columbus est choisi pour réaliser l’adaptation cinématographique de Harry Potter à l'école des sorciers (2001). Il signe aussi le second épisode, Harry Potter et la chambre des secrets (2002), puis s’accorde un congé sabbatique largement mérité, épuisé par les trois années de travail intensif investies dans la création de ces deux films. Il adapte ensuite la comédie musicale Rent (2006), puis le roman I love you, Beth Cooper (2009) avant de se lancer dans l’adaptation du premier tome de la série des aventures de Percy Jackson écrites par Rick Riordan, Percy Jackson le voleur de foudre (2010), que nous découvrirons le 21 février. Dans ce film d’aventures fantastiques, présenté par la Fox comme la relève de la saga Harry Potter, un jeune lycéen américain dyslexique découvre qu’il est un demi-dieu, et que les divinités de l’Olympe sont venues s’installer aux USA après une errance de plusieurs millénaires ! L’occasion rêvée pour Columbus de s’inspirer des films mythologiques de sa jeunesse, et des créatures animées par Ray Harryhausen…

Chris, toute votre carrière est marquée par votre passion pour l’irréel et la comédie. Quels étaient les films, séries, livres et bandes dessinées SF et fantastique qui vous ont particulièrement marqués quand vous étiez enfant ?

Dans le domaine du cinéma, j’étais particulièrement fan des films d’horreur de la Hammer. J’adorais la série des aventures du professeur Quatermass, puis je suis passé à la série des Dracula, avec Horror of Dracula, et après, j’ai voulu voir systématiquement toutes les productions Hammer, quelles qu’elles soient. Elles étaient géniales ! En ce qui concerne les séries TV, bizarrement, je n’ai accroché à Star Trek que bien plus tard. La série qui me fascinait vraiment quand j’étais gosse était Lost in Space, une version SF de l’histoire de la famille des robinsons suisses. C’était une série amusante et très kitsch, produite par Irwin Allen, mais je l’adorais. En ce qui concerne la littérature, j’étais obsédé par les oeuvres de Ray Bradbury. Je crois avoir lu tous ses romans et toutes ses nouvelles. Quand je les relis aujourd’hui, je les trouve toujours ces histoires aussi fascinantes. Par la suite, je me suis intéressé à Kurt Vonnegut et j’ai particulièrement aimé Les sirènes de Titan. Quand j’étais jeune, je dévorais tout ce qui était lié à la SF, au fantastique et à l’horreur. Je lisais bien sûr le magazine Famous Monsters of Filmland. J’étais fan des films de monstres d’Universal. A cette époque, puisque les VHS et les DVDs n’existaient pas encore, il fallait guetter le moment où les films étaient diffusés à la télé pour réussir à les voir. Cela nécessitait des efforts d’organisation…et du temps pour négocier avec les parents la permission de les regarder ! (rires)

A partir de quel âge avez-vous pris conscience que vous vouliez devenir auteur et réalisateur ?

J’ai d’abord été influencé par les bandes dessinées de superhéros. Quand j’avais douze ans, mon projet n°1 était d’aller vivre à New York pour travailler chez Marvel Comics en tant que scénariste et dessinateur. C’était alors le métier le plus merveilleux que je pouvais imaginer. Pendant mes années de lycée, je n’avais pratiquement pas de vie sociale, parce que je passais des heures dans le sous-sol de la maison de mes parents, à regarder des films ou à dessiner mes propres BDs ! (rires)  J’ai été longtemps convaincu que je ferais carrière dans les comics, mais au bout d’un moment, je me suis rendu compte que ce que je dessinais ressemblait à un storyboard de film, et que rester seul à créer une histoire pendant de longues heures n’était pas forcément aussi amusant que je l’imaginais au départ. Créer une BD, c’est une tâche très longue et très fatigante . Je n’avais pas réalisé à l’époque qu’il fallait trois semaines de labeur acharné pour créer une BD de 20 pages ! En me perfectionnant, j’aurais peut-être pu devenir plus rapide, mais je me suis dit que je n’aurais pas le courage de travailler ainsi en solitaire, car j’ai toujours aimé collaborer avec d’autres personnes. J’ai lu un article de Time Magazine consacré aux écoles de cinéma où étaient cités trois références : l’Universite de Californie du Sud (USC), l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et l’Université de New York (NYU). En repensant à mes BDs comme à des storyboards, je me suis dit que j’avais peut-être une chance de devenir réalisateur, et c’est ainsi que j’ai posé ma candidature pour NYU. J’ai continué à dessiner des BDs pendant un petit moment, avant d’abandonner cette activité, lorsque mes études de cinéma m’ont complètement accaparé. Mais mon père les a conservées dans sa maison.

Comment êtes-vous entré en contact avec Steven Spielberg ?

Pendant mes études, une personne est venue d’Hollywood pour visionner les films des élèves. Elle a vu l’un des miens et a décidé qu’elle me représenterait auprès des studios, en tant qu’agent. Je dois préciser que mon agent, qui travaillait au sein de l’agence William Morris à l’époque, avait envoyé auparavant le scénario de Gremlins à une bonne cinquantaine de producteurs…qui n’avaient même pas jugé utile de répondre ! Autant vous dire que j’étais désespéré : je pensais que ma chance de travailler à Hollywood était passée. Un jour que j’étais chez moi, le moral à zéro,  le téléphone sonne. C’était un type qui prétendait être Steven Spielberg au bout du fil. J’étais tellement surpris que je n’y ai pas cru du tout. J’avais bien indiqué mon numéro de téléphone sur le script, mais de là à ce que Steven Spielberg en personne m’appelle chez moi…bref, au bout de quelques minutes, Steven est parvenu à me convaincre que c’était vraiment lui qui me parlait, et m’a proposé de venir le rencontrer. Et c’est ainsi que ma carrière a commencé. Steven était certain de la qualité du script. Je me souviens que pendant ce premier rendez-vous, il m’a dit qu’il était tenté de réaliser le film lui-même. Mais ensuite, il a choisi Joe Dante pour le mettre en scène.



Comment l’idée originale de Gremlins vous est-elle venue ? On a souvent entendu dire que les souris qui infestaient votre appartement de l’époque avaient provoqué ce déclic…

C’est parfaitement exact ! A l’époque, mon associé Michael Barnathan - qui a produit Percy Jackson et beaucoup d’autres films que j’ai réalisés - et moi partagions un loft. Il me disait souvent avoir vu des souris se balader dans les lieux. Ça m’inquiétait un peu, car j’avais l’habitude de laisser un de mes bras pendre hors du lit quand je dormais, et je craignais que les souris ne viennent me grignoter le bout des doigts pendant mon sommeil ! (rires)

Y a t’il actuellement un projet de remake ou de suite des Gremlins, qui sont toujours des personnages très populaires ? Si tel est le cas, aimeriez-vous y participer ?

Ce serait intéressant à voir, car une des raisons pour lesquelles j’aime tant le premier film, c’est qu’il a un aspect « fait à la main ». Comme les films de Ray Harryhausen, dans un autre registre. Ces films possèdent un charme particulier issu des techniques de trucages que l’on employait à l’époque où ils ont été réalisés. Si on essayait de les reproduire avec des effets 3D d’aujourd’hui, il me semble que ce charme particulier disparaîtrait. Dans Gremlins, nous n’avons pas utilisé des images de synthèse, mais seulement des marionnettes. Du fait qu’elles étaient animées par des manipulateurs, on sentait qu’elles étaient réellement là, devant la caméra, aux côtés des acteurs, ce qui n’est pas forcément toujours le cas, quand on utilise de la 3D. Je dois dire que je me demande si une version moderne des Gremlins, qui serait forcément réalisée avec des effets numériques, ne perdrait pas l’âme du film original. J’aime beaucoup ce film, son côté artisanal, et le ton satirique que nous avons employé. L’histoire parodie La vie est belle de Frank Capra, et toutes les conventions sociales autour des fêtes de Noël. C’est ce mélange unique qui a permis au premier film de fonctionner aussi bien, tandis que la suite, pour moi, était décevante. Je me souviens d’ailleurs que dans une interview, Joe Dante disait qu’il avait lu des projets de suites diverses –  notamment une histoire avec les Gremlins envahissant un paquebot pendant une croisière – mais qu’aucune de ces scripts ne fonctionnait vraiment bien.

Donc selon vous, il n’y a actuellement aucun projet concret de remake ? C’est d’autant plus étonnant que l’on voit régulièrement des produits dérivés Gremlins surgir dans les magasins…

Je suis convaincu qu’il doit y en avoir, mais personne ne m’a contacté à ce sujet jusqu’à présent. Et si cela devait arriver, je crois que je serais assez perplexe et que j’hésiterais à y participer.

Vous avez également écrit Les Goonies, qui est devenu lui aussi un film culte pour les spectateurs qui étaient ados dans les années 80. Vous a t’il été inspiré par votre propre adolescence ?

Non. Le projet est né d’une discussion d’une vingtaine de minutes que j’ai eue avec Steven Spielberg dans son bureau. Nous avons parlé de cette idée de suivre une bande de gosses au cours d’une grande aventure. Et au bout de trois ou quatre jours d’échanges d’idées, nous avons défini le synopsis de l’histoire. Au début de notre collaboration, quand je travaillais sur Gremlins, j’avais un bureau en ville. Une fois que nous avons commencé à développé Les Goonies, Steven m’a proposé de venir écrire dans les locaux de sa compagnie Amblin, située au sein des studios Universal. Il m’a dit « Tu peux venir t’installer ici, et écrire une scène chaque jour. Quand tu as fini, tu m’apportes la scène et on regarde ensemble ce que ça donne. »



C’était un rêve de cinéphile devenu réalité !

Oui, et j’étais pleinement conscient de la chance extraordinaire que j’avais. C’est donc ainsi que Steven et moi avons travaillé. J’arrivais tous les jours avec une scène, il la lisait, la corrigeait, et je la réécrivais en insérant ses corrections. Il m’a donné carte blanche pour venir le voir dans son bureau à n’importe quel moment, même quand il était en rendez-vous. Je venais dès que j’avais quelque chose à lui faire lire, et il me disait « Ah, bonjour Chris. Entre ! » en me faisant signe de m’approcher. C’est ainsi que j’ai interrompu des rendez-vous qu’il avait avec Richard Dreyfuss, Harrisson Ford ou Gene Hackman ! (rires) Je restais debout à ses côtés, pendant qu’il lisait tout en corrigeant ma copie. C’était un peu comme si j’avais travaillé pour un grand quotidien, dont Steven aurait été le rédacteur en chef. C’était formidable, car il m’a appris ainsi à écrire pour le cinéma, en raisonnant en termes d’images. C’était une expérience formidable.

L’homme bicentenaire, que vous avez réalisé, n’a malheureusement eu qu’un succès modeste au boxoffice. C’est pourtant un merveilleux film, très émouvant…

Merci. Ça me touche beaucoup que vous disiez cela.



Il évoque certains des meilleurs épisodes de La quatrième dimension, où la SF était utilisée pour décrire l’accomplissement d’aspirations humaines généreuses et positives. Pensez-vous que les films de SF actuels sont trop tournés vers l’action et vers une description systématiquement cynique et pessimiste du futur ?

Oui, c’est ce que je constate, comme vous. J’avais appliqué une certaine philosophie à la conception des environnements futuristes de ce film, et malheureusement, elle n’a pas semblé convaincre tous les spectateurs. Quand on tourne un film de SF, la manière la plus classique de représenter le monde futur consiste à aller vers des ambiances froides, en désaturant les couleurs. C’est assez efficace, car cela fait partie des codes que le public reconnaît et accepte, parce qu’il s’y est habitué. Quand vous pensez vraiment à ce que l’avenir pourrait être, vous réalisez qu’il ne sera probablement jamais ainsi, car plus le temps passe, plus nous prenons l’habitude de garder des éléments visuels de certaines époques, tout en les mélangeant à des designs ultramodernes. Aujourd’hui, si vous regardez autour de vous, vous constatez que ce brassage de style est partout : dans l’architecture, les objets d’ameublement, les vêtements. La veste que je porte aurait pu être fabriquée pendant l’époque victorienne, vos lunettes pendant les années 60, tout comme mes bottes, que les Beatles portaient dans les années 70 ! Tout est donc cyclique, et revient, sous une forme ou une autre, des années plus tard. Je crois que le piège dans lequel je suis tombé, en ce qui concerne L’homme bicentenaire, est d’avoir imaginé un futur un peu rétro, en tenant justement compte de cet effet de recyclage du design dont nous venons de parler. Cela a déconcerté le public. Le style visuel du film n’était certainement pas au niveau de la qualité des performances des acteurs qui jouaient les rôles principaux. Il aurait fallu qu’il soit plus radical, et plus étonnant. Mais je crois que j’ai fait cette erreur parce que j’essayais de représenter un futur rassurant, aux teintes chaudes, qui ne soit pas à l’opposé du contenu émotionnel du film. Ce qui m’a attiré dans cette histoire, c’est bien sûr son thème commun avec celui de Pinocchio : le désir de devenir humain.

Vous avez créé l’univers visuel de Harry Potter dans les deux premiers épisodes de la saga. Quels étaient les aspects les plus difficiles de votre travail sur ces films ?

Je crois que le plus difficile était de garder la tête froide. Si j’avais commencé à réfléchir à tous les problèmes qu’il allait falloir résoudre, et au fait que chaque décision que je prenais sur l’aspect des décors et sur le casting allait affecter les sept autres films de la saga, je serais devenu cinglé ! (rires) Aujourd’hui, quand je regarde un nouveau Harry Potter, j’ai  l’impression de feuilleter un album de photos d’une de mes anciennes maisons ! Le bâtiment de Hogwarts est le même, les élèves entrent dans le grand hall qui n’a pas changé, ce sont les acteurs que j’avais choisis qui tiennent toujours les rôles récurrents… C’est un peu surréaliste pour moi de voir cela. Je ressens un peu de nostalgie, bien sûr, mais je suis également fier que les bases des deux films que j’avais réalisés aient été solides et aient permis aux autres films d’exister.  Les enfants sont devenus de meilleurs acteurs. Mais je crois que si j’avais songé à l’ampleur de cette tâche, je ne serais pas allé au-delà du premier jour de tournage… Quand j’y repense, je crois que ce qui était le plus dur, c’était d’arriver à faire jouer ces trois jeunes enfants, qui n’avaient pas vraiment participé à un film auparavant, excepté Daniel Radcliffe. Ils étaient tellement intimidés par le fait de se retrouver devant les caméras, sur un immense plateau de cinéma, qu’ils n’arrivaient à dire qu’une seule réplique à la fois ! Après, il fallait couper ! Ils disaient un bout de texte, et puis ils regardaient la caméra, ou étaient distraits par un technicien qui bougeait, et je devais crier « Coupez ! »(rires) D’ailleurs, on s’en rend compte quand on regarde le premier film : il y a un nombre considérable de plans, et de champ -contrechamp  dans chaque scène de dialogue avec les enfants. Heureusement, ils ont fait des progrès au fil du temps. Pendant le tournage du Prisonnier d’Azkaban, ils étaient capables de jouer une scène entière. Je suis fier de les avoir trouvés, et fier de voir qu’ils sont devenus de bons acteurs.



Qu’est-ce qui vous a attiré dans le projet Percy Jackson ? Quelles opportunités y avez-vous trouvé, en tant que réalisateur ?

Je ne pensais pas revenir au monde de la Fantasy aussi vite, car les trois ans passés sur la préparation et les tournages des deux premiers Harry Potter m’avaient vraiment épuisé physiquement et émotionnellement. J’ai dû me reposer pendant un moment, puis j’ai eu envie de travailler sur des petits projets, des films au budget modeste. Je crois que ce qui a été le plus excitant pour moi, a été de voir ma file, qui est dyslexique, comme Percy Jackson, écouter les enregistrements audio du livre, et de faire ainsi connaissance avec cet univers. Je me suis pris à visualiser tout que l’on pourrait tirer de cette confrontation des personnages issus de la mythologie avec le monde contemporain. Je n’avais jamais vu cela auparavant au cinéma, et c’était l’occasion de créer quelque chose de nouveau. Je voulais aussi saisir la chance d’aller techniquement au delà des films de Ray Harryhausen, et d’utiliser les outils et les effets visuels les plus performants d’aujourd’hui pour représenter les créatures de la mythologie comme elles méritaient d’être montrées. Pour moi, Percy Jackson est l’occasion de montrer un monde que l’on n’a encore jamais vu ainsi sur le grand écran.

Comment l’auteur des livres, Rick Riordan, s’est-il impliqué dans la création du film ? Avez-vous eu avec lui la même relation que celle que vous aviez avec J.K. Rowlings, la créatrice de Harry Potter, qui tenait à s’impliquer dans la supervision du script, du casting et de tous les aspects de la production ?

C’était un peu différent, car je ne crois pas que Rick avait l’intention de s’impliquer autant dans la création du film. Il est venu nous rendre visite sur le tournage un jour, et a été très encourageant dans ses commentaires. Je ne dirais pas que nous avions une liberté d’adaptation totale en ce qui concerne l’histoire, car il fallait respecter la trame des livres, mais Rick nous a laissé une grande latitude d’adaptation visuelle de son univers. Il nous a fait confiance sur ce point et nous a donné carte blanche pour faire de notre mieux.



Quels ont été les défis artistiques et techniques à relever sur Percy Jackson ?

D’abord, il fallait réussir à créer des scènes d’action inédites. Le plus grand défi que j’ai eu à relever a été de créer l’apparence de Medusa, la gorgone. Nous avons déjà pu voir ce personnage dans d’autres films, comme dans La gorgone de la Hammer et dans la version originale du Choc des Titans, mais dans ces deux films, elle est représentée comme un monstre qui pétrifie les gens. Pour ma part, j’ai préféré revenir aux origines du personnage. Medusa est une femme qui a été punie par les dieux, et qui s’est retrouvée du jour au lendemain avec 75 serpents en guise de chevelure. Je me suis dit que si elle voulait attirer les gens, et les amener à la regarder dans les yeux, alors que tout le monde sait que c’est mortellement dangereux, elle devait être une séductrice hors pair. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi Uma Thurman pour l’incarner, car elle est à la fois très belle, très forte et très déterminée, comme elle l’a prouvé en incarnant le personnage de la fiancée dans Kill Bill. J’étais convaincu qu’elle donnerait une originalité exquise à ce rôle et je n’ai pas été déçu. Quand nous en avons parlé ensemble, nous nous sommes dit que si cette femme vit avec cette masse de serpents sur la tête depuis des siècles, ils sont forcément devenus ses seuls amis et ses confidents. Elle contrôle leurs mouvements, et dirige aussi leurs regards, mais elle leur parle et dialogue avec eux ! Quand Uma a joué ce personnage, elle portait une calotte bleue sur la tête. Elle a créé toute une gestuelle, et inventé des mouvements de tête particuliers, des petites conversations avec ses serpents, qui ont guidé et inspiré les infographistes quand ils ont ajouté les reptiles 3D, et créé leurs animations. C’est la performance d’Uma qui a été la base de toute cette séquence.

Autrement dit, quand Uma Thurman regarde à gauche et à droite, les serpents font de même ?

Oui, mais pas seulement : les animateurs se sont aussi amusés à donner une vie propre aux serpents. Si vous les observez bien, vous verrez que certains se battent pendant que d’autres s’enroulent les uns autour des autres. J’ai vu ces plans truqués des centaines de fois,  à toutes les étapes de leur création, pour m’assurer que les effets finalisés seraient parfaits, et pratiquement à chaque fois, je remarque de nouveaux détails qui m’avaient échappés auparavant !

La seconde partie de notre entretien avec Chris Columbus est en ligne.

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