Dossier AVATAR : Entretien exclusif avec Sam Worthington - Seconde partie
Article Cinéma du Dimanche 25 Avril 2010

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Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Y a t’il certains réalisateurs avec lesquels vous aimeriez tourner ? Certains projets que vous aimeriez initier ?

Non, parce que j’aime être plaisamment surpris quand des gens viennent me trouver pour me proposer un projet qui les passionne. J’ai toujours du mal à répondre quand on me demande avec quels réalisateurs j’aimerais travailler, pour une raison toute simple. Vous pouvez aimer les films et le style d’un réalisateur, mais quand vous le rencontrez, si vous vous rendez compte qu’il est extrêmement prétentieux, se comporte mal avec les gens, et agit comme un tyran, vous n’avez aucune envie de travailler avec lui ! Je préfère être plaisamment surpris par quelqu’un avec lequel je n’aurais jamais pensé travailler, mais qui s’avère être un garçon sympathique et bosseur, et avec lequel je prendrais plaisir à me lancer dans l’aventure d’un film. Je n’ai jamais conçu de plan de carrière à long terme. Je trouve que les surprises sont bien plus agréables et bien plus enrichissantes. Quand on me fait une nouvelle proposition, les questions que je me pose sont « Est-ce un monde dans lequel j’ai envie de m’immerger complètement ? »,  « Le scénario délivre t’il un message qui me touche ? »,  « Est-ce un film que je prendrai plaisir à montrer à mon neveu ? », « Est-ce que l’équipe est assez sympathique pour que j’aie envie de passer 4 mois de ma vie avec tous ces gens ? » . Je précise que dans le cas d’AVATAR, c’est 14 mois que j’ai passé avec Jim et son équipe ! (rires)

En signant votre contrat pour AVATAR, vous êtes-vous engagé à apparaître dans des suites ?

Oui, nous avons tous signé pour apparaître dans trois films. (Le téléphone sonne à cet instant précis dans la pièce où nous nous trouvons) Ah, c’est Jim qui appelle pour m’annoncer que je suis renvoyé, parce que je viens de répondre à votre satanée question !! (rires) Jim m’a parlé de certaines idées qu’il a eues, et de quelques directions vers lesquelles d’autres épisodes pourraient aller, mais je crois qu’il se laisse, comme nous tous, le temps de voir comment le public va accueillir le film. AVATAR est unique, car c’est vraiment une expérience comme on n’en a encore jamais vue au cinéma. Nous allons voir comment les spectateurs vont réagir.

Qu’avez-vous ressenti en vous voyant pour la première fois transformé en Na’vi ?

J’ai tout de suite remarqué que toutes les nuances de mon jeu d’acteur étaient transposées dans le personnage. Je crois être un acteur au jeu assez subtil, et je craignais que l’on ne perde certaines choses pendant le processus d’animation de mon avatar Na’vi. Jim m’avait promis que ce ne serait pas le cas, et il avait parfaitement raison. Le moindre petit mouvement d’œil, la plus petite variation d’expression sont captés et retranscris fidèlement. Quand j’ai vu les scènes avec mon avatar, j’ai reconnu ma performance d’acteur. A aucun moment, je n’ai eu l’impression que le personnage avait été animé par d’autres personnes, à un tel point que ce ne serait plus moi.

Est-ce que c’est difficile de ne pas emporter le personnage avec vous, le soir, après le tournage ?

Le rôle que j’interprète reste en moi après le tournage, effectivement. C’est quelquefois éprouvant, surtout pour les gens qui vivent à vos côtés. L’autre jour, après avoir rencontré quelques journalistes, je lisais dans leurs articles qu’ils me décrivaient en disant « Sam Worthington est sérieux, intense, déterminé, assez sombre. ». Ce n’était guère étonnant, car j’étais en train d’interpréter Persée, un homme dont la famille a été massacrée, et qui se lance dans une odyssée sanglante pour la venger ! (rires) Quand vous vous imprégnez des pensées d’un personnage comme lui toute la journée, cela fini forcément par déteindre sur votre personnalité. Heureusement, dans mes derniers films, j’ai incarné des hommes jeunes et passionnés, et j’ai continué à agir ainsi, en gardant cette énergie et cette passion à fleur de peau dans la vie de tous les jours, puisque de toutes évidences, j’ai un peu de mal à sortir de mes rôles… AVATAR est le premier film dont j’assure la promotion pendant que je fais une pause dans mon travail, car c’est une promesse que j’avais faite à Jim. Il m’avait demandé de me rendre totalement disponible pour pouvoir parler du film. J’espère donc être en mesure de vous parler de cette expérience en étant un peu plus détendu, un peu plus moi-même.

Ou en étiez-vous de votre carrière quand l’aventure d’ AVATAR a débuté pour vous, en 2007 ?

Je tournais des films en Australie, ce que je faisais régulièrement depuis une dizaine d’année. Et peu avant d’auditionner pour AVATAR sans savoir vraiment de quel genre de projet il s’agissait, je me heurtais à une sorte de « plafond de verre » en Australie. Je ne pouvais pas aller plus haut là-bas, et j’avais le sentiment que si je ne bougeais pas, ma carrière allait stagner. Je venais d’avoir trente ans, et j’ai eu envie de faire un bilan pour voir où j’en étais dans ma vie. Je me suis demandé où j’avais envie d’aller, et quelles étaient mes aspirations à tous les niveaux, professionnels et privés. En me regardant dans le glace sans complaisance, je me suis dit que je manquais de courage et que cela affectait mon travail. Il fallait que je me remette en cause, et que je prenne de nouveaux risques. J’ai regardé ce que j’avais amassé dans mon appartement, tous les objets de mon quotidien de « star du cinéma australien », et je me suis demandé si c’était seulement cela qui définissait ce que j’étais. A ce moment-là, j’ai pris la décision de vendre tout ce qui m’appartenait. J’ai mis toutes mes possessions en vente aux enchères, ce qui n’a pas rapporté grand chose, et j’ai donné le reste à mes amis. Je me suis rendu compte que j’avais passé trop de temps à écouter des gens me dire ce qu’il fallait que je fasse. Cela peut vous arriver assez facilement quant vous êtes acteur. Au bout d’un moment, vous pouvez prendre l’habitude de déléguer à d’autres ce genre de décisions. Je me suis rendu compte que c’était stupide et qu’il fallait cesser d’être passif pour devenir actif. C’est pour cela que quand Jim m’a appelé, je suis allé le voir et je lui ai dit « Ecoutez, j’ai vendu tout ce qui m’appartenait. J’ai emporté deux sacs avec moi : un sac de livres et un sac de vêtements. Vous me faites passer une audition, parfait. Mais je voulais vous dire que si je m’implique totalement dans ce projet, et que je fais ce voyage avec vous,  j’ai envie que nous travaillions vraiment ensemble. » Et là, j’ai eu le sentiment d’avoir fait un grand pas en avant. D’être enfin devenu un homme de trente ans, le Sam que j’avais envie d’être. Cela n’avait rien à voir avec de l’arrogance ou de la prétention. Je voulais simplement contrôler ma propre destinée. Et quand on parle de cette manière à Jim, il vous comprend et vous respecte, parce qu’il se rend compte qu’il n’a pas une marionnette devant lui, un de ces acteurs qui est prêt à supplier pour décrocher un rôle. Mon attitude a été de lui dire « Voilà ce que je peux vous offrir, Monsieur Cameron. Voilà comment nous pouvons bien travailler ensemble ». Et ça rejoint ce que vous disiez sur le conducteur de camion et le maçon que Jim et moi avons été. Nous nous sommes immédiatement parlés dans des termes francs et directs.

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