Aliens vs Predator – Dans l'espace, personne ne vous entend jouer
Article Jeux Vidéo du Jeudi 06 Mai 2010
Vous désirez incarner un marine engagé dans une mission de secours sur une colonie humaine ? Vous préférez jouer un Predator, un chasseur extraterrestre d'élite ? Ou choisirez-vous d'entrer tout simplement dans la peau d'un Alien ? Il est temps de faire un choix : que ce soit sur PC, Xbox 360 ou Playstation 3, le combat ne fait que commencer...
Par Pierre-Eric Salard
Avec les sagas Alien et Predator, les studios Fox possèdent deux franchises de poids, appréciées par tous les passionnés de fantastique, de science-fiction et d'horreur. Plus de trois décennies après la sortie du premier Alien (1979), ces univers ne sont pas prêts de disparaître dans l'obscurité des couloirs d'Acheron ! Alors qu'un nouveau Predators sort cet été au cinéma, Ridley Scott développe actuellement un cinquième (voire un sixième !) volet de la saga Alien, qu'il avait lui-même initié. Cinq films dans l'univers d'Alien, trois dans celui de Predator, sans oublier les deux médiocres opus qui voyaient s'affronter les deux créatures... Ces franchises ont fait de nombreux petits (facehuggers pour les intimes) ! Mais leur véritable rencontre ne survint qu'en février 1990, lorsque les éditions Dark Horse publièrent un comic mettant en scène les deux espèces. Cette bande dessinée rencontra très rapidement son public et initia une série au succès jamais démenti. Pour l'anecdote, certains numéros dévoilèrent la rencontre des deux créatures avec le Terminator, Batman ou encore Superman ! Quelques mois après la sortie du premier numéro du comic Alien vs Predator, l'épilogue de Predator 2, sorti en novembre 1990, nous faisait découvrir les trophées du puissant chasseur ; une collection qui contenait notamment un crâne Alien ! Il n'en fallait pas plus pour inscrire définitivement les deux monstres dans le même univers...
En route pour une bataille épique
S'il faut attendre 2005 pour que le conflit gagne les écrans de cinéma devant la caméra de Paul WS Anderson, cette rencontre inédite a déjà initié quatorze jeux vidéo, dont le premier date de 1993 ! Le plus illustre d'entre eux est le bien-nommé Aliens vs Predator, un First Person Shooter (jeu de tir à la première personne) développé en 1999 par le studio britannique Rebellion. Cet excellent jeu vidéo permettait d'incarner les deux espèces du titre, mais aussi un vaillant marine des forces coloniales humaines. Devant le succès de ce titre, un second opus fut confié au studio Monolith en 2001. Malgré le succès de la première adaptation cinématographique, le conflit entre les deux créatures ne fit plus d'incursions dans le jeu vidéo... jusqu'à maintenant ! Fin 2008, Sega annonçait avoir confié le développement d'un nouvel opus au studio responsable de l'excellent volet de 1999. « Nous sommes partis de l'essence du jeu original », explique Jason Kingsley, président de Rebellion. « Grâce aux dernières technologies et de nouveaux graphismes, ainsi qu'un gameplay renouvelé, nous avons cherché à créer un jeu encore plus réussi que le précédent ! » Afin de mettre tous les oeufs (de Reine Alien) dans le même panier, le studio fait appel à un visage bien connu des fans de la saga, l'acteur Lance Henriksen (la série Millenium). Il incarne cette fois-ci Karl Bishop Weyland, un descendant du fondateur de la maléfique « compagnie » Weyland-Yutani, Charles Bishop Weyland. Rappelons que le comédien avait interprété un androïde Bishop dans les films Aliens et Alien 3, ainsi que Charles Bishop Weyland dans le premier volet cinématographique d'Aliens vs. Predator. « Mon avatar numérique est très ressemblant », raconte Lance Henriksen. « C'est la première fois que l'on m'a représenté dans un jeu, auquel je prête également ma voix. Les développeurs de Rebellion ont vraiment fait un bon boulot. Que je participe à un film, une série ou un jeu vidéo, cela ne change rien pour moi. Je suis toujours autant impliqué, peu importe le médium. Mais je dois avouer que je suis arrivé sur ce projet à la toute fin de son développement... » Si le récit du jeu est principalement tiré de la série de comics, les développeurs se sont également fortement inspirés des films. « Nous sommes tous des fans de ces deux univers », précise Jason Kingsley. « Si nous avons évité de citer trop directement les films, le jeu comporte un certain nombre de références qui devraient ravir les fans – sans que cela ne puisse distraire les non-initiés. En ce qui concerne les films, nous nous sommes principalement inspirés d'Alien et Aliens vs Predator ». Si on retrouve effectivement de nombreux éléments de ce dernier film, le jeu lorgne davantage du côté des combats épiques d'Aliens de James Cameron que de l'atmosphère oppressante d'Alien, premier du nom. Quoique c'est à un véritable patchwork des différents films auquel ce jeu nous invite !
Hommage(s)
L'histoire se déroule sur la planète BG-386,. Weyland-Yutani a bâti une colonie humaine autour d'un processeur atmosphérique (comme dans Aliens), en cours de construction. Tout irait pour le mieux si « la compagnie » ne jouait pas, de nouveau, à l'apprenti sorcier en infiltrant un mystérieux temple ancestral appartenant aux Predators (le film Aliens vs Predator) tout en réalisant des expériences sur une demi-douzaine d'oeufs d'Aliens (Alien Resurrection). Évidemment, un des spécimens réussit à s'enfuir et à libérer ses congénères, ce qui précipite l'arrivée d'une mission de secours de marines... qui va rapidement tourner à l'acide. Car une équipe de Predators débarque également sur les lieux ! Ajoutez à cela une Reine Alien (Aliens), un Predalien (Aliens vs Predator Requiem), un Predator en chasse et de sombres couloirs, et vous l'aurez compris : tous les ingrédients des deux franchises sont bel et bien présents !
Le mode solo se divise en trois campagnes distinctes, mais dont les évènements s'entrecroisent. Malheureusement, les récits s'imbriquent plutôt mal et peinent à nous offrir une expérience cohérente. La première campagne nous invite dans la tenue d'un « bleu » de la marine qui, dès les premières minutes, se retrouve isolé dans la colonie abandonnée suite au massacre de son unité. A l'aide d'une petite lampe de poche, vous devrez parcourir les couloirs étriqués en faisant attention au détecteur de mouvements, qui vous indiquera la direction depuis laquelle vont apparaître vos bourreaux. Grâce aux célèbres bruitages tirés d'Aliens, la tension est à son comble et l'ambiance pour le moins oppressante ! Claustrophobes, s'abstenir ! N'oubliez qu'en tant que frêle être humain, vous êtes un mets de choix pour les xénomorphes... La seconde campagne vous fait revêtir le masque du fier Predator. Autant dire qu'après avoir incarné un marine – même puissamment armé -, jouer un des fameux chasseurs extraterrestres se révèle être particulièrement jouissif ! Vous disposerez d'un grand nombre d'options de combat, dont l'invisibilité, un canon à plasma, une lance rétractable, un disque tranchant, plusieurs modes de vision et deux paires de griffes acérées. Vous pourrez également faire des bonds spectaculaires et imiter les voix des humains pour les prendre au piège. Le Predator mêle donc les arts de la furtivité et de l'agressivité. La troisième campagne, quant à elle, vous met dans la peau du fameux spécimen s'échappant des laboratoires de Weyland-Yutani. Évoluant au ras du sol comme tout bon Alien qui se respecte, vous aurez la possibilité de voir vos ennemis à travers les murs et de grimper à toute vitesse sur les éléments du décor. Votre unique manière de tuer : l'attaque surprise au corps à corps... non sans s'être auparavant faufilé - en toute discrétion - par quelques sombres conduits d'aération. Si cette campagne s'avère particulièrement courte, quiconque réussira à maitriser les mouvements de l'Alien savourera un plaisir malsain en reproduisant les pires attaques vues dans les films... Mais il faudra avant tout s'habituer aux récurrentes pertes d'orientation liées aux déplacements sans limites du xénomorphe. Quand vous vous retrouvez la tête en bas, pendu au plafond, en plein combat, il faut avoir le cœur bien accroché ! Regrettons toutefois, peu importe la campagne que vous choisirez, le manque de finition d'un jeu dont le level design paraît daté. Vous retrouverez certes plusieurs décors tirés des films, mais les niveaux manquent de variétés. Si le jeu est relativement court – une petite douzaine d'heures seront suffisantes pour terminer les trois campagnes -, vous aurez cependant accès à un sympathique mode multijoueur en ligne. Outre les modes de jeux inhérents aux FPS (combats à mort...), vous pourrez vous essayer au mode « Survie », où vous devrez affronter d'incessantes vagues d'Aliens. La « chasse de Predator » vous invitera, comme son nom l'indique, à collaborer avec d'autres marines pour servir de proies au chasseur. Enfin, le mode « Infestation » permettra à un joueur incarnant un Alien de contaminer toutes ses victimes... jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un seul humain en lice, prenant les jambes à son cou (cela peut s'avérer littéral) ! Tout compte fait, si Aliens vs Predator n'est guère le jeu de l'année, il ravira à coup sûr les amateurs des deux franchises. Le style visuel, l'atmosphère et les bruitages sont bien présents. Que demander de plus ? Peut-être un peu de gore ?
Décapitation en mode majeur
N'oublions pas que les franchises Alien et Predator sont célèbres pour leurs scènes sanglantes et violentes. Or cette adaptation vidéoludique jeu ne déroge pas à la règle ! Dans la chaîne alimentaire de cet univers, l'homme n'est plus au sommet ! « Nous ne voulions pas verser dans la demi-mesure », explique le responsable artistique du jeu, Tim Jones. « L'atmosphère du jeu respecte celle des films. Nous n'allions pas prétendre que le joueur, lorsqu'il incarne l'une des affreuses créatures, ne pouvait pas faire ces choses horribles que nous avons vu au cinéma. Cela n'aurait pas été honnête envers les fans. Si nous croisions ces monstres dans la réalité, avouons-le, nous serions très effrayés (rires) ! Dans la réalité, je suis non-violent. Mais quand je joue à Aliens vs Predator... Ainsi, lorsque nous avons organisé l'une des premières réunions de développement, un de nos artistes a expliqué qu'il aimerait pouvoir décapiter ses proies, et leur arracher la colonne vertébrale pour en faire un trophée, comme le fait le Predator dans les films ! Nous avons tenté le coup... et cela a fonctionné. Mais on ne s'y habitue pas. Peu importe le nombre de parties : on ne s'y fait pas ! Ce qui est plutôt rassurant (rires). Mais bon, rappelons qu'il ne s'agit pas d'un documentaire. C'est de la violence de fantasy... » Dans tous les modes de jeu, il suffit donc de prendre à revers sa proie pour déclencher une action contextuelle gore qui ne laisse planer aucune doute sur le décès de sa victime !
Mais ces courtes séquences, d'une demi-douzaine de secondes, peuvent causer des réactions inattendues en mode multijoueur. En effet, le temps que vous embrochiez un humain, un Predator vous aura décapité... avant d'être lui-même démembré par un autre Alien qui sera à son tour abattu par un marine ! Hilarité garantie ! Mais ce défaut sera certainement corrigé à l'occasion du second volet, annoncé à demi-mot par les responsables du studio Rebellion. « Je ne peux pas dire à quel stade en sont les négociations, mais nous aimerions revenir sur la franchise », précise Jason Kingsley. « Les responsables de la Fox sont visiblement ravis par ce que nous avons fait, et nous avons réellement l'impression d'avoir apporter une valeur ajoutée à la franchise. Et il y a de nombreuses choses que nous n'avons pas pu intégrer dans ce premier volet... » Mais les fans de la saga Alien n'auront pas besoin d'attendre une poignée d'années avant de retrouver leur créature préférée. D'ici la fin de l'année, le studio Gearbox (Borderlands) proposera un autre FPS sur PC, Xbox 360 et Playstation 3, intitulé Aliens : Colonial Marines. Inspiré par les jeux Left 4 Dead, Borderlands et le film Aliens, il vous permettra d'intégrer une équipe de quatre marines devant obligatoirement collaborés afin d'échapper à un sort funeste... Qu'on se le dise : les Aliens et les Predators sont définitivement de retour. Et cette fois-ci, pour le meilleur !