SHOPPING DE NOËL : Nos coups de cœur ! – 3ème partie
Article DVD Blu-Ray du Vendredi 15 Decembre 2023
Par Pascal Pinteau & Pierre-Éric Salard
Coffret DVD l’intégrale de THE BIG BANG THEORY, 12 saisons
Le pitch : Deux jeunes scientifiques célibataires, le physicien expérimental Leonard Hofstadter (Johnny Galecki) et le physicien théoricien Sheldon Cooper (Jim Parsons), vivent en colocation à Pasadena, dans la banlieue de Los Angeles, non loin de leur lieu de travail, le célèbre California Institute of Technolgy (Caltech). Si Leonard et Sheldon sont des génies chacun dans leur domaine, ils vivent dans leur « bulle de geeks », largement déconnectés des obligations habituelles et des soucis de la plupart des gens. Leurs amis Howard Wolowitz (Simon Helberg), ingénieur physicien en aérospatiale & dragueur invétéré, et Rajesh Koothrappali (Kunai Nayyar), astrophysicien incapable de parler en présence d’une femme, partagent la plupart de leurs passions : bandes dessinées de super-héros, jeux vidéo, jeux de rôles, cinéma et séries de SF, et plus largement tout ce qui touche à l’imaginaire et à la science. Quand la série commence, le mode de vie routinier des quatre garçons est chamboulé par l’arrivée dans l’appartement voisin d’une jolie jeune femme, Penny (Kaley Cuoco), serveuse dans un restaurant de Cheesecakes (de l’enseigne « The Cheesecake Factory », très répandue aux USA). Souriante et chaleureuse, Penny confie à Leonard qu’elle vient de rompre avec son petit ami, et rêve de devenir actrice. Leonard a un coup de foudre pour elle, mais sa timidité maladive l’empêche de le lui dire tout simplement. Tandis que Sheldon observe de manière rationnelle et analytique ses multiples tentatives pour se rapprocher de Penny, la brillante intelligence de Leonard combinée à sa maladresse dans les rapports sociaux finit toujours par ruiner ses plans. Inversement, le bon sens, la sensibilité et les aptitudes de communication de Penny contrastent avec les comportements de Leonard et de ses amis. Sous l’influence de la jeune femme, les geeks vont prendre conscience de leurs bizarreries…sans réussir à changer totalement, bien sûr…
Telle est la situation initiale de THE BIG BANG THEORY , série créée en 2007 par Chuck Lorre (les sitcoms MON ONCLE CHARLIE et LA MÉTHODE KAMINSKY) et Bill Prady (MARIÉS, DEUX ENFANTS). Grâce à ses personnages excentriques et attachants, dont les excès amusent aussi bien le grand public (qui adopte le point de vue de Penny) que les geeks (qui apprécient la parodie bienveillante de leurs obsessions), la série accroche dès le premier épisode, donnant envie de voir comment les choses vont évoluer. C’est grâce à cela que le public est resté fidèle à ces personnages pendant douze ans et 279 épisodes, et que la saga de THE BIG BANG THEORY s’est conclue au sommet de sa popularité le 16 mai 2019, sur la chaîne américaine CBS, après avoir triomphé dans le monde entier.
La qualité de ses scripts lui a valu de gagner le prix Teen Choice Award de la meilleure série comique, et le People Choice Award de la meilleure comédie. Du côté des acteurs, c’est Jim Parsons – absolument inénarrable dans le rôle de Sheldon - qui a été le plus récompensé, recevant l’Emmy Award du meilleur acteur dans une série comique, et le Golden Globe du meilleur acteur dans une série musicale ou comique. La popularité de son personnage est telle que son enfance est devenue le sujet de la sitcom YOUNG SHELDON, dont la diffusion a débuté en 2017 et se poursuit au moment où nous écrivons ces lignes.
Si vous ne connaissez pas THE BIG BANG THEORY, nous nous garderons bien de vous révéler les surprises, les rebondissements et les autres personnages récurrents qui surgissent au cours de ces 12 saisons hilarantes. Véritable remède à la morosité ambiante, cette sitcom fait partie de ces divertissements si réussis qu’ils vous font du bien. Ce coffret DVD devrait être remboursé par la sécurité sociale ! Pourquoi ne pas l’offrir à Noël à l’un de vos proches qui ne connaît pas encore cette joyeuse bande de geeks ? Il pourra suivre ainsi toute l’évolution des personnages, de leurs débuts jusqu’à la conclusion de leurs aventures, et ce dans le bon ordre, ce qui est pratiquement impossible quand on tente de les voir à la télévision. Autre avantage : pouvoir faire un arrêt sur image pour lire le panneau de texte écrit par Chuck Lorre à la fin du générique de chaque épisode, une petite curiosité qui est soit un billet d’humeur, soit une mini-nouvelle ou un message humoristique. Pour toutes ces raisons, ce coffret est un « must have » !
Pascal Pinteau
Contenus et bonus : THE BIG BANG THEORY - Intégrale des saisons 1 à 12 Durée ? : ? 88 heures et 21 minutes
Un disque de bonus inédits
Un livret de 32 pages avec une introduction de Chuck Lorre, ainsi que des photos exclusives des coulisses de la série.
Langues ? : ? Anglais (Dolby Digital 5.1), Français (Dolby Digital 5.1), Français (Dolby Digital 2.0), Anglais (Dolby Digital 2.0) Sous-titres : ? ? Français Editeur : Warner Bros. Entertainment France
Le coffret BR de l’intégrale de BATMAN 1966
Parmi les séries fantastiques des années 60, peu ont connu un succès public et médiatique aussi phénoménal et durable que BATMAN. Aujourd’hui encore, les notes du générique composé par Neal Hefti, les bagarres entre héros et méchants ponctuées de « Pow ! » et de « Zapp ! » incrustés sur l’image, et les apparitions de la batmobile aux ailes de chauve-souris sont des références de la culture populaire. Si vous n’avez pas encore vu cette série ô combien culte en coffret Blu Ray, profitez-en pour la redécouvrir en haute définition, les épisodes ayant été magnifiquement remastérisés à partir des négatifs 35mm.
Pour la petite histoire, il aura fallu attendre jusqu’en 2013 pour que la série soit enfin éditée en vidéo. Pourquoi une si longue attente ? A cause d’un imbroglio juridique, car il fallait déterminer le partage des revenus entre la Fox, créatrice de cette adaptation, et la Warner, propriétaire de Batman et de l’univers de Gotham City, mais aussi obtenir l’accord de toutes les personnes (ou leurs ayant-droits) dont les créations figuraient dans les épisodes : compositeurs, réalisateurs, acteurs, etc. Ce casse-tête digne d’une énigme du Riddler a fait travailler une armée d’avocats pendant des décennies, tandis que la série était rediffusée partout sur la planète : en France, on l’a découverte en avril 1967 sur la 2ème chaîne de l’ORTF, puis sur Canal Plus en 1984 et enfin en 1989 sur FR3. En 2013, toutes les parties concernées se sont mises d’accord pour rendre possible cette sortie, accompagnée d’une déferlante de produits dérivés comme on n’en avait jamais vu pour la sortie en vidéo d’une série des sixties ! Toutes les références iconiques de BATMAN – les deux imperturbables héros et leurs bat-gadgets, les méchants aux looks délirants, la cultissime Batmobile – sont de retour, et plus belles que jamais en HD !
Le nouveau Batman humoristique de la pop culture
Au début des années 60, Yale Udoff, un des dirigeants de la chaîne ABC, découvre les vieux serials des années 40 de Batman lorsqu’ils sont projetés au Playboy Club de Chicago. Ces aventures jouées sérieusement amusent le public sophistiqué qui fréquente l’établissement, car il les apprécie au second degré. Udoff contacte alors DC Comics, récupère les droits d’adaptation de Batman pour ABC, et charge la division des productions télévisées de la 20th Century Fox de transposer le célèbre justicier sur le petit écran. Le producteur chevronné William Dozier hérite du projet. Alors qu’ABC attend un traitement sérieux des exploits de Batman, Dozier propose de faire de la série une parodie imprégnée de l’esprit « Pop Art » rendu fameux par Andy Warhol et Roy Lichtenstein, dont les tableaux s’inspirent des cases des BD. Son approche est validée, Adam West choisi pour jouer Bruce Wayne / Batman et Burt Ward pour incarner Dick Grayson / Robin. Après que le pilote et les premiers épisodes aient été écrits respectivement par Lorenzo Semple Jr, Stanley Ralph Ross, Stanford Sherman et Charles Hoffman, William Dozier se lance dans la création de l’univers de BATMAN, en investissant un budget considérable dans la création des costumes, des maquillages des méchants, des décors et des gadgets du justicier.
Meilleur est le méchant…
…meilleure est l’histoire : voilà une expression qui décrit bien le monde de Batman et ses criminels fous. William Dozier fait appel au grand maquilleur Ben Nye pour créer les trognes extravagantes de ces bandits. Nye est l’un des piliers artistiques de la Fox, où il est intervenu sur de nombreux succès du studio comme LES HOMMES PRÉFÈRENT LES BLONDES (1953), LA MOUCHE (1958) ou LA MÉLODIE DU BONHEUR (1965), ainsi que sur les séries de SF produites par Irwin Allen pour Fox Télévision telles que VOYAGE AU FOND DES MERS (1964) et AU CŒUR DU TEMPS (1966). Ben Nye teste ses maquillages en les photographiant en noir et blanc, pour juger des accentuations de volume, de l’aspect des prothèses et du jeu des lumières et des ombres sur les modelés des visages (il passera plus tard à des tests en photos couleurs). Cette approche peut surprendre, mais il faut se souvenir que si Batman est tourné d’emblée en couleurs (la mention « In Color » est mise en avant dans le générique) toutes les grandes séries du début des années 60, comme LES MYSTÈRES DE L’OUEST, CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR ou DES AGENTS TRÈS SPECIAUX ont débuté en noir et blanc. Les maquilleurs continuent donc à tester leur travail en Noir et Blanc en ce moment de transition où les postes de télé en couleurs arrivent peu à peu dans les foyers américains. Le premier maquillage de méchant à préparer est bien sûr celui du Joker. C’est à José Ferrer que le rôle est attribué, mais celui-ci se désiste. William Dozier le propose alors à Cesar Romero, qui commence à être un peu âgé pour continuer à jouer les latin lovers. Romero accepte, et quand il rencontre les producteurs pour parler de son personnage, il est tellement sidéré par l’illustration qui représente le costume bariolé du Joker qu’il est pris d’un fou rire aux éclats stridents. En l’entendant, Dozier et les producteurs associés William P D’Angelo et Howie Horwitz lui disent « Voilà ! Tu as trouvé le rire du Joker ! ». Après ce départ guilleret, une mauvaise surprise attend Ben Nye : persuadé que son charme repose en grande partie sur sa moustache, Cesar Romero refuse de la raser pour jouer le Joker ! Nye est contraint d’utiliser de la cire de maquillage en bâton pour plaquer les poils de la moustache de Romero contre sa peau et en atténuer ainsi le volume. Il applique un fond de teint blanc sur tout le visage, souligne ensuite les lèvres de l’acteur d’un rouge carmin et lui dessine un sourire. La touche finale est apportée par une perruque de cheveux verts réalisée sur mesures. Le contraste de couleur entre le blanc uniforme, le rouge du sourire et le vert des cheveux est tel que la moustache est bien camouflée : on ne la remarquera que dans les gros plans. Sur d’autres méchants, le travail de Ben Nye est plus aisé : il applique un maquillage classique sur Frank Gorshin, qui se transforme en véritable pile électrique quand il joue le Riddler. Gorshin ponctue lui aussi ses réparties d’un rire mémorable, plus strident que celui du Joker, et inspiré par celui du tueur que joue Richard Widmark dans LE CARREFOUR DE LA MORT (1947), et qui pousse une vieille dame en fauteuil roulant dans un escalier. Pour la jolie Julie Newmar, qui devient Catwoman, le maquillage de beauté de Nye consiste à souligner ses yeux en amande et à ajouter des petits traits en diagonale dans la ligne de ses sourcils pour leur donner un côté plus animal. Le glacial Mr Freeze, qui est incarné successivement par George Sanders, par le réalisateur Otto Preminger et par Eli Wallach, change d’aspect : si George Sanders le joue avec un peau rosée et un scaphandre métallique, Otto Preminger et Eli Wallach ont droit à un maquillage bleuté, suggérant une peau glacée. Deux acteurs subissent des métamorphoses plus poussées. Vincent Price, qui joue le rôle de Egghead (crâne d’œuf) est doté d’une prothèse qui augmente la hauteur de son crâne de plus de quatre centimètres. Ben Nye utilise la technique de pose de faux crâne – habituellement employée pour recouvrir les cheveux d’un comédien qui doit avoir l’air chauve – et fabrique une calotte de « peau » en Glatzan, matière plastique dont on peut construire des épaisseurs successives sur une tête/matrice tout en laissant des bords très fins. Avec cette tête « Eggsquise » comme dirait Egghead qui ponctue ses phrases de calembours utilisant le mot œuf, Vincent Price s’amuse énormément à combattre Batman. Pour devenir le Pingouin, Burgess Meredith hérite d’un long nez en mousse de latex, d’un costume rembourré pour lui créer une bedaine, et du fameux fume-cigarette dont le personnage ne se départit jamais dans les comics. Meredith a cessé de fumer depuis vingt ans, et même s’il n’avale pas la fumée en tournant ses scènes, elle irrite sa gorge au point de le faire tousser. Pour éviter de ruiner les prises, l’acteur a l’idée géniale de transformer cette toux en petits « quack, quack » imitant des cris de pingouins. Il ajoutant une démarche oscillante à son jeu, et achève de composer un personnage si savoureux que le pingouin devient l’un des méchants les plus populaires de la série. Les producteurs gardent d’ailleurs toujours de côté un script mettant en scène le pingouin et profitent de chaque passage de Burgess Meredith à Los Angeles pour lui faire tourner un nouvel épisode !
Une Batcave de 800 000 dollars
Les décors de la série témoignent eux aussi de l’ambition visuelle de William Dozier. Le plus fameux d’entre eux est celui de la Batcave, érigé dans l’un des plateaux des Studios Desilu (aujourd’hui les Culver Studios), à l’endroit exact ou 33 ans plus tôt se dressait celui des portes de Skull Island, pendant le tournage de KING KONG ! Dans cette vaste caverne à la structure de bois et de grillages de fer recouverts de plâtre, l’élément central est le réacteur nucléaire dont l’énergie alimente le complexe souterrain et le moteur de la Batmobile (Aujourd’hui, le vertueux Batman ferait sûrement des choix plus écologiques !) Ce fameux réacteur reposant sur des piliers est un accessoire habilement recyclé par le département décoration de la Fox : dans sa première vie, il ornait le plafond du siège de l’organisation secrète ZOWIE, dans la savoureuse parodie d’espionnage NOTRE omHOMME FLINT (1966) avec James Coburn. Les autres équipements de la Batcave, ordinateurs et analyseurs de pièces à conviction ornés d’ampoules clignotantes, sont eux aussi des accessoires apparus maintes fois dans les séries Fox VOYAGE AU FOND DES MERS et AU CŒUR DU TEMPS produites par Irwin Allen. Idem pour les armes utilisées par Batman et ses adversaires. La plaque tournante sur laquelle est garée la Batmobile, et qui lui permet de se remettre en face de la sortie de la caverne pour partir à toute vitesse, est en réalité une plateforme dépourvue de moteur et montée sur des roulements. Six machinistes placés à des endroits stratégiques, hors de la vue des caméras, font pivoter la plaque et la voiture à 180 degrés pendant le tournage de cette scène. Comme de nombreuses actions récurrentes dans la Batcave autour de l’arrivée et du départ des héros, ces plans tournés une seule fois deviennent des stock-shots réutilisés tout au long de la série. Les scènes situées dans le Manoir Wayne sont filmées dans des décors permanents très détaillés. Les deux accessoires les plus célèbres du bureau de Bruce Wayne sont le téléphone rouge clignotant relié au commissariat de Gotham City, et le buste de Shakespeare dont la tête se rabat en arrière pour révéler le bouton rouge qui ouvre la bibliothèque et l’accès aux rampes menant à la Batcave. Si le buste n’actionne pas vraiment l’ouverture de la bibliothèque, il allume une lumière en coulisses qui signale aux machinistes d’actionner la machinerie qui déplace le meuble. Les décors des repaires des méchants, eux, sont remplis d’accessoires originaux qui illustrent les obsessions de leurs propriétaires : tous les meubles ont des formes d’œufs chez Egghead, par exemple. Ces séquences sont filmées avec des angles de vues en biais pour souligner l’état d’esprit « tordu » des criminels et donner un aspect encore plus bizarre aux images. Pour pimenter les cascades, William Dozier a l’idée de recouvrir encore à l’animation, comme pour le générique de la série, qui marque la première apparition d’un Batman en dessin animé à la télé américaine. Des onomatopées en couleurs vives comme « Bam ! » ou « Kapow ! » sont incrustées par trucage optique sur les images des bagarres, via le système de cache / contre cache utilisé habituellement pour insérer les titres de génériques sur des prises de vues. Cette touche graphique qui souligne les liens entre la série et ses origines de BD sera l’une des grandes trouvailles artistiques de la série. Au fil des épisodes, le monteur Hugh Chaloupka insèrera ainsi 84 onomatopées différentes dans les combats opposant Batman à ses ennemis !
La création de la troisième star de la série : la Batmobile
C’est sous la forme d’une esquisse de l’artiste conceptuel Eddie Graves que le projet de créer une voiture pour Batman se matérialise. La encore, William Dozier veut frapper fort et surprendre le public. Il contacte celui que l’on surnomme «the King of Kustomizers » à Hollywood, le roi de la customisation des véhicules pour le cinéma et la télévision : George Barris. Aujourd’hui encore, Barris se souvient de son expérience comme si tout s’était déroulé hier : « Dans le domaine de la customisation et de la fabrication de véhicules spéciaux pour le cinéma qui est le mien, s’il y a un projet qui représente parfaitement l’esprit des années 60, c’est la série Batman. Je me souviens à quel point j’avais été impressionné en lisant le script du premier épisode que m’avait envoyé le producteur William Dozier en me disant qu’il aimerait que je construise la nouvelle Batmobile. Le scénariste Lorenzo Semple Jr avait imaginé une manière unique de présenter les aventures de ce personnage, avec cet esprit humoristique et ces « Pam ! », « Bang ! » et « Pow ! » qui surgissaient pendant les bagarres. Quand je suis allé voir Dozier, il m’a dit « Il faudrait que vous me fabriquiez un véhicule de lutte contre les criminels qui semble venir du 21ème siècle, mais qui fonctionne déjà parfaitement en 1966 ! » Il faut se rappeler qu’à l’époque, nous ne disposions pas des trucages numériques actuels: il fallait que tous les équipements de la Batmobile marchent vraiment pendant les prises de vues, devant les caméras. On ne pouvait pas tricher et retoucher les images plus tard. Je me suis mis à réfléchir à la manière de créer les gadgets qui devaient être intégrés à la voiture, mais il fallait d’abord mettre au point le design de la Batmobile et la rendre spectaculaire. Je ne voulais pas me contenter de faire comme Bob Kane, le créateur de Batman, et ajouter simplement une grosse découpe de tête de chauve-souris sur le capot d’une voiture normale peinte en noir. J’en avais parlé avec lui, et il avait admis avoir manqué d’inspiration sur le design des Batmobiles dans ses BDs. J’ai expliqué à Bob que mon intention était d’incorporer les caractéristiques d’une chauve-souris à celles du véhicule. C’est ainsi que j’ai intégré les formes des ailes dans celles de la voiture, que j’ai donné aux phares l’aspect de deux yeux brillants, que le « nez » de la Batmobile a été prolongé par une scie/hache capable de fendre des chaînes d’acier tendues en travers de la route, et que la grille du radiateur est devenu une « bouche » équipée de diffuseurs de fumigènes ! »
Des délais diaboliquement courts
Mais si la production est très généreuse avec Barris en lui donnant un budget de 15000 dollars, elle ne lui laisse que trois semaines pour fabriquer la Batmobile. Or, pour construire un tel véhicule de A à Z, il aurait fallu disposer de beaucoup plus de temps. La seule solution pour y parvenir est de partir d’une voiture préexistante. « Heureusement, j’avais acquis une « concept car » expérimentale développée par Ford en 1955, qui s’appelait la Lincoln Futura. Ses formes avaient été inspirées par celles des requins et des raies Manta. Sa construction avait coûté 250 000 dollars car elle avait été conçue comme un laboratoire sur roues et dotée de nombreux équipements nouveaux pour l’époque : une boîte de vitesse automatique, des boutons de commandes disposés sur un support central, des voyants lumineux sur le tableau de bord pour voir tous les réglages, et des ouvertures dans les ailes qui captaient l’air quand la voiture roulait et le dirigeaient vers le système d’air conditionné et le dispositif de refroidissement des freins. Je travaillais souvent avec Ford sur leurs prototypes présentés pendant les salons automobiles afin de montrer aux clients les équipements envisagés pour les prochains modèles. Cette Lincoln Futura avait d’ailleurs été peinte en rouge par nos soins et utilisée dans une comédie romantique de 1959 avec Debbie Reynolds et Glenn Ford intitulée TOUT COMMENÇA PAR UN BAISER (IT STARTED WITH A KISS). Ayant en stock cette automobile aux lignes futuristes, la seule manière de tenir le délai de trois semaines était de partir de ce châssis et des formes générales de la carrosserie, en les modifiant pour évoquer celles d’une chauve-souris. » La construction débute en octobre 1965, et mobilise toute l’équipe de George Barris. Pour gagner du temps, il détourne des objets pour les transformer en bat-accessoires : « Nous avons recyclé des appareils du commerce pour les transformer en gadgets de la Batmobile : les lance fumigènes étaient en fait des buses d’arrosage automatique des pelouses ! Quand nous avons commencé à travailler sur les formes de la voiture, dont toute la carrosserie a été fabriquée en acier martelé à la main, nous avons ajouté ces immenses ailes de chauve-souris qui soulignaient de manière aérodynamique toute la longueur de la voiture, et le double cockpit, avec deux bulles en plexiglas pour Batman et pour Robin. Nous avons ajouté trois lance-roquettes sur le coffre arrière, un réacteur avec une turbine qui projetait vraiment des flammes, et des parachutes reliés à des cordes de nylon capables de se déployer pour servir d’aérofreins, afin que la Batmobile puisse ralentir et changer de direction en un éclair. Je précise que la turbine était en fait un brûleur relié à une bouteille de gaz butane, dont les flammes étaient projetées à l’arrière par un ventilateur très puissant. Et la scie/hache coupeuse de chaînes se déployait à l’avant grâce à un mécanisme hydraulique. Les enjoliveurs des pneus décorés avec un logo de chauve souris étaient conçus comme des protections pare-balles. Une fois terminée et dotée de tous ces équipements, la Batmobile pesait 2,5 tonnes, mesurait 5,23m de long et 1,21m de haut. » Barris et son équipe installent aussi de nombreux gadgets à l’intérieur de l’habitacle, conformément à la liste détaillée figurant sur le contrat de fabrication qu’il a signé avec la production : un système de défense antivol, un téléphone rouge, un « bat-extincteur », des panneaux pivotants sur le tableau de bord avec un petit écran de télé et un écran radar, un levier avec poignée suspendu à l’arche centrale entre les bulles de plexiglas pour booster la vitesse grâce au réacteur arrière et tous les boutons de contrôle des autres gadgets. « Nous avions prévu aussi un système qui sème des clous sur la route pour faire éclater les pneus des ennemis de Batman comme le Riddler quand ils le poursuivent. Et un gadget qui projetait de jets d’huile pour faire déraper la voiture du Joker. Nous devions nous charger de faire fonctionner tous ces gags quand il le fallait, et il était convenu que la production nous louerait la Batmobile, qui continuait à m’appartenir, pour 120 dollars par journée de tournage. » Au sein de l’équipe de Barris, Gale Black « customise » la hache frontale (qui sera retirée car jugée trop dangereuse par les producteurs !), les tubes lance-roquettes et les phares de navigation oranges. Richard « Korky » Korkes, lui, transforme un vieux pot de peinture en métal en turbine arrière de la voiture, tandis que Herb Grasse crée les logo en forme de chauve souris des enjoliveurs. Quand le tournage de l’épisode-pilote débute en octobre 1965, la Batmobile n’est pas encore finie : sa carrosserie n’est recouverte que d’une couche d’apprêt de peinture noire mate. Dans les premiers plans tournés, la voiture semble terne, et on en distingue mal les reliefs. « William Dozier et les autres producteurs voulaient faire ressortir les volumes. Nous avons alors passé une couche de noir brillant, puis souligné les formes en blanc à l’aérographe, mais l’effet obtenu n’était pas assez fort. Ce n’est qu’en ajoutant des traits de 2cm de large de rouge fluorescent sur l’avant de la voiture et sur toute la tranche des ailes que nous avons enfin obtenu l’effet dramatique recherché. »
Un « Joker » nommé Barris
Barris a d’excellents rapports avec William Dozier, et s’entend également très bien avec Adam West, qui conduit souvent la Batmobile pendant les tournages. « Adam est un homme charmant qui a apporté énormément au rôle de Batman. Il pilotait très bien la Batmobile et en prenait soin. Un jour, en tournant une scène où Batman et Robin fonçaient dans la voiture et partaient sur les chapeaux de roues vers la sortie de la Batcave, Adam a touché le bord du tunnel de carton pâte du studio avec une aile de la voiture, sans qu’elle soit abîmée. Il est venu me voir, très embarrassé, et m’a dit « Je suis désolé, George. Je ne sais pas ce qui est arrivé. D’habitude, la voiture passe dans le tunnel sans toucher les bords, car il y assez d’espace pour ça. » En fait, il ignorait que l’équipe de décoration et moi avions diminué la largeur des bords du tunnel de telle manière qu’il n’y ait plus assez de place pour passer sans les toucher, pour lui faire une blague ! (rires) Adam, qui portait encore son costume et sa cagoule, a fait mine de réagir comme si c’était une scène d’un épisode : « Misérables crapules ! Vous avez berné Batman en lui tendant un piège ! » C’était très amusant. »
Les autres Bat-véhicules
Dès le début du projet BATMAN, ABC et Fox avaient décidé de faire d’une pierre deux coup en lançant à la fois un film à petit budget et une série. Mais les retards pris par la production et la décision d’ABC de débuter la diffusion à partir de janvier 1966 repoussent le tournage du film à la période de hiatus prévue entre la première et la seconde saison. En producteur avisé, William Dozier fait construire sur le budget du film deux autres véhicules dont les images pourront être recyclées dans la série : le Batboat et le Batcopter : « Nous avons construit le Batboat à partir du hors-bord V 174 de Glastron qui mesurait 5,50m » précise George Barris. « Nous avons ajouté l’aileron central, refait toute la peinture, et ajouté des accessoires comme un gyrophare rouge, des phares en formes d’yeux, une trappe d’où pouvait sortir un faux bazooka, et un bat-signal lumineux sur la queue de l’aileron. Le Batcopter, lui était juste habillé par des petites ailes amovibles, parce qu’il fallait que l’on puisse les retirer rapidement. Il n’était pas autorisé à voler sur de longues distances avec ces accessoires. Nous avons construit aussi le BatCycle, la moto de Batman. Nous sommes partis d’une moto Yamaha Catalina 250 que nous avons redécorée avec un pare brise enveloppant Batman, mais nous voulions ajouter quelque chose d’unique pour Robin. Nous l’avons équipée d’un sidecar spécial qui était une plateforme sur laquelle était posé un kart à moteur électrique Yahama à trois vitesses équipé d’un guidon avec des freins. Robin pouvait le détacher de la plateforme et le conduire pour poursuivre seul des ennemis au cours d’une bataille. »
Quand les stars d’Hollywood veulent rencontrer Batman
Le succès de la série est si phénoménal que des stars comme Frank Sinatra, Natalie Wood et Cary Grant veulent venir jouer des méchants. Mais les producteurs ne trouvent pas d’ennemis de Batman qui puissent leur correspondre. Pour satisfaire les demandes des vedettes, William Dozier institue une apparition clin d’œil dans une séquence récurrente où l’on voit Batman et Robin escalader une façade d’immeuble en s’aidant d’un grappin et d’une corde. Ils se retrouvent alors « par hasard » face à un invité surprise qui ouvre une fenêtre pour les regarder passer. Un rituel auquel George Barris a assisté : « Je me souviens du jour où Sammy Davis Jr a tourné son « cameo », et où j’ai découvert que le mur avait été construit à l’horizontale, et que Adam West et Burt Ward faisaient semblant de faire des efforts pour grimper alors qu’ils se contentaient de marcher sur une surface plate ! La caméra 35mm était couchée à 45 degrés sur le côté pour filmer, et une fois la pellicule développée et l’image montrée en position verticale, ce trucage tout simple fonctionnait. Les autres membres du célèbre « Rat Pack » sont venus voir tourner Sammy : Frank Sinatra, Dean Martin, Peter Lawford et Joey Bishop étaient morts de rire en assistant aux prises de vues, car Sammy s’est mis à feindre de se hisser sur le mur lui aussi, sans mimer aussi bien l’escalade que Adam et Burt, qui avaient eu le temps de s’entraîner. »
Revoir BATMAN 1966 dans cette version Blu-Ray est un véritable voyage dans les sixties, le Pop-Art et la culture geek. Et un formidable bat-cadeau de Noël !
Pascal Pinteau
Contenus Le coffret collector Blu Ray BATMAN 1966 contient les 120 épisodes remasterisés de l’intégrale de série et un disque avec de nombreux bonus, une réplique miniature de la Batmobile, un livret « Scrapbook » et la reproduction d’un superbe jeu de 44 cartes de collection illustrées, publié en 1966.
Elementaire en Blu-ray/DVD (Walt Disney Studios/Pixar)
Dans la ville d’Element City, le feu, l’eau, la terre et l’air vivent dans la plus parfaite harmonie. C’est ici que résident Flam, une jeune femme intrépide et vive d’esprit, au caractère bien trempé, et Flack, un garçon sentimental et amusant, plutôt suiveur dans l’âme. L’amitié qu’ils se portent remet en question les croyances de Flam sur le monde dans lequel ils vivent...
Unique production Pixar de l’année, Elémentaire est parti de loin. A sa sortie, ce film fut considéré comme un bide. Au fil du temps, le bouche-à-oreille positif lui permettra cependant de récolter plus de 400 millions de dollars au box office. Une belle histoire pour un récit très personnel, porté par Peter Sohn (Le Voyage d’Arlo). Le réalisateur s’est en effet inspiré de ses souvenirs d’enfance et de son parcours personnel pour raconter une belle fable sur l’immigration et la diversité, riche en émotions. Elémentaire est aussi un magnifique film d’animation, très coloré (on pense souvent à Zootopie) et à la direction artistique splendide. Comme les (malheureusement trop) courts documentaires l’expliquent, il a fallu plusieurs années aux artistes de Pixar pour atteindre leur objectif : créer des personnages attachants à partir des éléments. Et plus particulièrement l’eau et le feu, personnifiés par Flack et Flam, un couple que tout oppose jusqu’à ce que…
L’intrigue d’Elémentaire est simple, mais efficace. C’est une véritable lettre d’amour au vivre ensemble, et donc un beau message délivré aux enfants. Mais le récit est peut-être un peu trop simple. Les situations sont souvent déjà vues ailleurs, et il manque l’éclair de génie habituel pour hisser ce film au niveau des plus grandes réussites des studios Pixar. Reste toutefois un film très personnel et avec énormément de coeur.
Comme souvent avec Disney, le Blu-ray est de très bonne facture, en termes d’image comme de son. Des bonus sont présents, et bien que passionnants, il manque un vrai long documentaire. Les plus cinéphiles se contenteront d’un commentaire audio du réalisateur (les dix premières minutes, que nous avons pu voir, sont prometteuses). Enfin, outre trois scènes coupées, un excellent court métrage situé dans l’univers de Là-haut (2009) complète une édition Blu-ray que nous recommandons vivement.
Bonus :
- commentaire audio de Peter Sohn - court métrage Le Rendez-vous galant de Carl de Bob Peterson (Carl's Date, 2023, 7 mn 49) - Flam et Flack, la création des personnages (10 mn 14) - Prochain arrêt : Element City, la création d'Element City (10 mn 13) - 3 scènes coupées (10 mn 42)
Pierre-Éric Salard
Coffret L’Histoire sans fin 1 & 2 en DVD et Blu-ray (Warner Bros. Entertainment)
L'histoire sans fin : Bastien, un petit garçon de dix ans, timide et solitaire, vole dans une librairie un livre intitulé L'Histoire sans fin. Au fur et à mesure qu'il avance dans la lecture du livre, il découvre qu'il fait lui-même partie de la quête dont le but est de sauver le monde et les habitants de Fantasia, le Pays Fantastique.
- L'histoire sans fin 2 : un nouveau chapitre : Bastien reçoit un appel de la Petite Impératrice qui provient du livre qu'il eut jadis lu. À Fantasia, la maléfique sorcière Xayide a installé une machine permettant de voler les souvenirs du jeune garçon à chaque fois que celui-ci fait un voeu à l'aide de l'Auryn. Ce n'est qu'une question de temps avant que celle-ci embrume l'esprit de Bastien.
Revoir un film d’enfance avec trente ans de recul est une surprenante expérience. On est souvent déçus, tout en regrettant de n’avoir pas conservé les fugaces impressions de jeunesse. Tel ne fut pas le cas avec le fantastique film du regretté Wolfgang Petersen. Certes, l’oeuvre est techniquement datée, mais les effets visuels d’Industrial Light & Magic n’ont rien perdu de leur superbe. Le pays magique de Fantasia nous est présenté à l’aide de matte painting de toute beauté. Mais c’est surtout la réalisation, élevée par la musique de Klaus Doldinger et la formidable chanson composée par Giorgio Moroder, qui offre au film ce lustre malgré sa bientôt quarantaine. La scène d’Artax est ainsi toujours aussi traumatisante. Les maquillages comme les effets spéciaux mécaniques sont formidablement réussis, et on prend un vrai plaisir à retrouver les aventures d’Atreyu et Bastien.
On ne peut malheureusement pas en dire autant du second opus, réalisé par George T. Miller (à ne pas confondre avec George « Mad Max : Fury Road » Miller). Une suite qui n’était pas, pour le coup, un de mes films d’enfance. Mais qui reste accessoire, même si Jonathan Brandis ne démérite pas en Bastien propulsé à Fantasia.
Pierre-Éric Salard
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