La critique ESI : SALT de Philip Noyce - Un popcorn movie qui ne manque pas de sel
Article Cinéma du Mardi 03 Aout 2010
Par Pascal Pinteau
Dans ce nouveau film d’action taillé sur mesures pour elle, Angelina Jolie est Evelyn Salt, un des meilleurs agents de la CIA. Un modèle d’efficacité et de stoïcisme, qui n’a jamais flanché, même pendant une longue détention dans les geôles de la Corée du Sud. Admirée par ses collègues, adorée par son mari, un biologiste spécialiste des araignées, la jeune femme mène une carrière exemplaire au sein de l’agence de renseignement américaine. Pourtant, tout est remis en cause au cours de l’interrogatoire de routine d’un transfuge des services secrets russes, lorsque Salt est accusée d’être une espionne opérant pour la Russie, une « taupe » infiltrée depuis des années aux USA. Sentant ses collègues douter d’elle, Salt comprend qu’elle doit fuir. Elle va faire appel à sa remarquable expertise pour échapper à ceux qui la traquent, y compris dans son propre camp. En cherchant à percer le secret de ceux qui la visent, Salt va brouiller toutes les pistes. Mais est-elle vraiment la femme qu’elle prétend être ? Alors que les agents de la CIA se préparent à assurer la sécurité du président russe, en visite aux Etats-unis pour assister aux obsèques du vice-président américain, les anciens collègues d’Evelyn Salt sont obsédés par une question : que va t’elle tenter de faire à présent ? Prouver concrètement son innocence ou passer à l’attaque, en tant qu’agent double ?
Clairement conçu comme un blockbuster d’été, SALT réussit à divertir efficacement et sans temps mort pendant 101 minutes, remplissant ainsi plus qu’honnêtement sa fonction. Cependant, si le « pitch » de l’histoire est intéressant, le scénario présente certaines situations de manière tellement prévisible que l’on croit voir l’adaptation d’un « roman graphique » un peu simpliste, alors que le script de SALT est une création originale. Et c’est bien dommage, car il aurait suffi de faire preuve d’un peu plus de subtilité dans deux ou trois scènes pour donner une toute autre allure au déroulement de l’intrigue… Plus gênant, pendant un premier acte impeccable – la présentation d’Evelyn Salt, sa confrontation avec le transfuge qui l’accuse, puis son évasion des locaux de la CIA, prolongée par une course-poursuite haletante dans les rues – un moment précis d’une action fait basculer la scène dans une invraisemblance tellement cartoonesque qu’elle retourne l’humour de cette séquence contre le film. Cette faute de goût flagrante, pour ne pas dire embarrassante, aurait dû être coupée au montage. On a peine à croire qu’un gag aussi pesant ait été validé par le réalisateur… Est-ce une décision imposée par le studio ou par l’un des producteurs, pensant amuser à bon compte les spectateurs ? Quoi qu’il en soit, Philip Noyce parvient à remettre son film sur les rails après cette maladresse. Noyce avait déjà démontré sa maîtrise du suspense dans l’excellent CALME BLANC (1989), puis dans JEUX DE GUERRE (1992) et DANGER IMMEDIAT (1994) dans lesquels Harrison Ford incarnait un autre membre de la CIA, l’analyste Jack Ryan. Le réalisateur prouve ici qu’il n’a pas perdu la main. Il capte l’attention du spectateur en jouant sur de nombreux registres – tension, ambiguïté des propos, émotion, actions spectaculaires - et n’oublie jamais l’enjeu du film : préserver le mystère autour des véritables motivations des personnages. Son atout de choix est bien évidemment Angelina Jolie, qui livre là une prestation d’autant plus remarquable que le script n’est pas d’une solidité à toute épreuve. S’il est relativement facile de briller quand on est soutenu par un scénario et des dialogues parfaits, c’est une véritable prouesse de faire exister avec autant de talent un rôle qui confiée à une autre, aurait pu faire sombrer le film dans le ridicule. Constamment crédible, impressionnante de charisme, de sang-froid et d’efficacité dans le moindre de ses regards et de ses gestes, l’actrice crée ici un formidable personnage d’espionne, que l’on espère revoir très vite dans une nouvelle aventure dotée d’un scénario plus malin et moins caricatural. Aux côtés de la comédienne, les excellents Liev Schreiber, Chiwetel Eijiofor et Daniel Olbrychski dominent un casting de très haute volée. ESI vous conseille donc d’aller découvrir ce premier opus en faisant preuve d’un brin d’indulgence, car la performance d’Angelina Jolie vaut le détour, tout comme les cascades conçues par Simon Crane et filmées par le légendaire Vic Armstrong, en tant que réalisateur de la seconde équipe. Si vous aimez le cinéma populaire et le pur divertissement, vous ne regretterez pas l’achat de votre place de cinéma. Et si vous vous sentez d’humeur plus perfide, vous pourrez aussi aimer SALT…au second degré. Reconnaissons-le, les héroïnes de choc et de charme dotées d’un fort Q.I. ne sont pas légion dans le cinéma d’aventure actuel. La surprenante Evelyn Salt se donne tant de mal pour survivre qu’elle mérite bien que vous la souteniez en lui accordant 1h41 de votre temps !
Sortie le 25 août
