[De nos archives] De Jason à Predator, dans la peau des monstres
Article Cinéma du Lundi 28 Septembre 2015

Acteur et cascadeur à la carrure impressionnante, Derek Mears vit pleinement sa passion du fantastique puisqu’il a eu l’occasion d’être métamorphosé maintes fois en créatures diverses ( un loup-garou dans CURSED de Wes Craven, un des horribles mutants de LA COLLINE A DES YEUX 2 , un extraterrestre de MEN IN BLACK 2…) avant de tenir le rôle du tueur au masque de hockey, Jason Voorhees, dans le remake de VENDREDI 13. Il nous a parlé avec beaucoup d’enthousiasme de sa carrière, et de PREDATORS, dans lequel il incarne le predator « classique » aux côtés des trois super predators.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Vous avez plusieurs cordes à votre arc, puisque vous être à la fois acteur, membre d’une troupe d’improvisation humoristique, cascadeur et comédien spécialisé dans la capture de mouvements pour l’animation de personnages 3D. Est-ce un avantage d’être capable de s’exprimer dans plusieurs disciplines à Hollywood, ou est-ce un inconvénient ?

C’est à la fois l’un et l’autre. Tout dépend de la personne que vous avez en face de vous quand vous postulez pour un travail. Si elle a l’esprit ouvert et vous juge à partir de ce que vous pouvez lui montrer, tout va bien. Mais si elle pense d’emblée que vous êtes un touche à tout, et en déduit que vous ne faites rien parfaitement sans se donner la peine de voir ce que vous valez vraiment, cela peut être un inconvénient. A Hollywood, on aime bien classer les gens dans des petites boîtes, et coller une seule étiquette, mais pas deux ! (rires) S’il est indiqué « cascadeur et acteur » sur votre fiche de présentation, les gens veulent que vous soyez l’un OU l’autre, mais pas les deux, parce que cela change leurs habitudes.

Vous avez joué dans de nombreux films de SF, fantastiques et d’horreur. Etes-vous un fan de ces genres, à titre personnel ?

Oh oui, je suis totalement fan de fantastique et c’est bien pour cela que j’essaie de participer presque uniquement à des projets qui appartiennent aux genres que vous avez mentionnés. Si je pouvais ne tourner que des films de SF et d’horreur toute l’année, je serais ravi ! Mais je n’ai pas à me plaindre, car depuis un bon moment déjà, j’ai la chance de travailler sur de nombreux films fantastiques, ainsi que sur des adaptations de bandes dessinées. Quand on me demande quelle est ma profession, je réponds quelquefois que mon métier consiste à être un grand enfant. Et c’est vraiment comme cela que je le vis, en m’amusant beaucoup, et en étant émerveillé de participer à des projets aussi excitants que VENDREDI 13 et PREDATORS. Je suis un fan qui a la chance de se retrouver de l’autre côté de l’écran, et en plus, je suis payé pour cela ! C’est assez extraordinaire, non ?

Quelle est votre formation ? Comment avez-vous étudié la comédie et les différentes disciplines que l’on doit maîtriser pour devenir cascadeur ?

J’ai suivi des cours de théâtre au lycée, et un jour j’ai assisté à un spectacle d’improvisation comique avec deux équipes qui s’affrontaient en brodant sur les thèmes soumis par le public. Cela m’a tellement plu que j’ai suivi des cours, et que j’ai fini par entrer dans cette troupe. Je me suis installé à Los Angeles. Là, j’ai été engagé par le parc à thème des studios Universal d’Hollywood, pour jouer dans le spectacle comique de cascades Western intitulé THE WILD WILD WILD WEST SHOW. Universal cherchait des acteurs ayant de bonnes capacités physiques et proposait de les former à la profession de cascadeur. J’ai saisi cette opportunité pour apprendre. Heureusement, j’avais déjà suivi une formation en arts martiaux et je m’étais formé au Taekwondo et au Karaté. Je savais déjà me battre et tomber sans me faire mal. Mon expérience de spectacle d’improvisation comiques m’avait permis d’apprendre d’autres effets. En travaillant sur ce spectacle des studios Universal, je suis devenu ami avec des cascadeurs qui m’ont proposé de m’apprendre à travailler suspendu à des câbles, ce qui consiste à être attaché au niveau des hanches pour effectuer des sauts très longs ou à faire des pirouettes impossibles pendant des scènes de combat inspirées du cinéma asiatique. Parallèlement, je suivais aussi des cours de comédie. Comme j’ai une tête un peu particulière, je me suis dit que si je me musclais, j’arriverais certainement à décrocher des rôles de méchants dans des films et des séries. J’ai suivi un régime alimentaire draconien, j’ai fait beaucoup de gym et de musculation, et c’est ainsi que j’ai obtenu mes premiers rôles. Mais pour revenir à votre première question, à mes débuts, les producteurs me disaient tout le temps « Derek, il faut que tu choisisses ce que tu veux faire : soit acteur, soit cascadeur. » Ce à quoi je répondais « Mais pourquoi ne pourrais-je pas faire les deux ? ». En fin de compte, c’est en jouant sur les deux tableaux que j’ai fini par me faire connaître et que j’ai décroché des rôles de plus en plus intéressants. D’ailleurs cela fait un petit moment que je n’ai plus fait de cascades.

Avant que nous ne parlions de PREDATORS,  nous aimerions évoquer quelques-uns des projets récents auxquels vous avez participé.

Avec plaisir !

Avez-vous aimé devenir le nouveau Jason dans le remake de VENDREDI 13 ?

Oh oui ! Je dois vous avouer que je faisais souvent des cauchemars étant enfant. Les deux monstres qui m’effrayaient le plus étaient  le personnage de Bigfoot apparu dans un épisode de L’HOMME QUI VALAIT TROIS MILLIARDS, et Jason Voorhees ! (rires) Jason a toujours été mon personnage d’horreur favori. Après avoir joué à être Jason pendant tant de fêtes d’Halloween, c’est assez fou qu’un studio vous appelle un jour pour vous dire « Est-ce que aimeriez jouer le rôle de Jason ? ».

Quelles cascades avez-vous faites dans le dernier INDIANA JONES et dans LES PIRATES DES CARAÏBES ?

Sur INDIANA JONES ET LE TEMPLE DU CRÂNE DE CRISTAL , j’ai fait quelques petites cascades que l’on voit au début du film, pendant l’attaque de la base militaire de la Zone 51 : des sauts provoqués par des explosions, des courses-poursuites, etc.  En ce qui concerne LES PIRATES DES CARAÏBES, je dois dire que cela a été une expérience fantastique. Avoir l’occasion de travailler aux côtés de Johnny Depp a été un plaisir de tous les instants, car il est aussi talentueux que gentil avec tout le monde.Nous avons tourné dans des endroits paradisiaques, et dans des décors extraordinaires. La encore, c’était un rêve d’enfance devenu vrai. On me demandait de jouer aux pirates toute la journée, et mon compagnon de jeu était quelquefois Johnny Depp ! Sur ce film-là, j’ai fait un peu de tout : bagarres, sauts. Dans la séquence finale, à l’intérieur de la caverne au trésor, c’est moi qui tient Orlando Bloom captif pendant que Geoffrey et Johnny s’affrontent au sabre.

Avant Predators, vous aviez déjà porté un costume animatronique d’extraterrestre dans ZATHURA…

Oui, je jouais le chef de Zorgons, ces horribles pirates de l’espace à l’allure de reptiles. C’était un plaisir de voir Jon Favreau travailler et mettre en scène le film, mais je dois dire que ce costume était l’un des plus difficiles que j’aie eu à porter. Le costume complet, avec la tête animatronique qui était placée à la hauteur de mon torse – ma vraie tête, qui était recouverte d’une cagoule verte et qui dépassait des épaule de la créature, a été effacée en post production -  devait bien peser 60 kilos ! Les pattes des Zorgons étaient tellement cambrée que c’était comme si je marchais avec des talons aiguilles, tout en pliant les genoux au maximum, pour rester près du sol ! Figés dans une telle posture, votre dos et vos jambes ne peuvent pas supporter un poids additionnel de 60 Kilos pendant très longtemps. Au bout d’une quinzaine de minutes, l’effort devenait tellement pénible que mes jambes se mettaient à trembler sans que je puisse faire quoi que ce soit. Il fallait que je dise à l’équipe « Heu, excusez-moi de vous déranger, mais si on ne tourne pas rapidement ce plan, mes jambes vont lâcher. » Quand vous vous retrouvez dans une situation comme celle-ci, il faut essayer de s’évader par l’esprit pour tenir le coup, tout en restant prêt à interpréter la créature de manière réaliste dès que le réalisateur crie « action ! »

Vous avez incarné un autre alien dans MEN IN BLACK 2…

Oui, cela a été un film très amusant à faire. J’ai retrouvé Will Smith, avec lequel j’avais déjà tourné dans WILD WILD WEST, car je jouais le méchant à la tête de métal que l’on voyait dans l’araignée mécanique géante. En me voyant arriver sur le plateau de MEN IN BLACK 2, Will m’a accueilli en ami, en me disant qu’il était ravi de me revoir. C’est un vrai prince pendant un tournage. Il crée une excellente ambiance sur le plateau, parle avec tout le monde, et traite chacun avec le même respect, que vous soyez le producteur du film, ou un des serveurs de la cantine.

La suite de cet entretien sera bientôt publiée sur ESI !

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.