Preview : Harry Potter et les Reliques de la Mort - L'épilogue dont on ne doit pas prononcer le nom
Article Cinéma du Mercredi 10 Novembre 2010

Près de neuf ans après la première incursion d'Harry Potter au cinéma, ses aventures sont - enfin ! - sur le point de se terminer. Mais s'il ne reste plus qu'un roman à adapter, ce sont bel et bien deux films qui sont en train d'être montés ! L'histoire du septième et dernier tome de la saga, Harry Potter et les Reliques de la Mort, est tellement dense qu'il aurait été quasi-suicidaire de résumer son intrigue en deux heures de film. Retour sur le baroud d'honneur du jeune sorcier... et sur le difficile processus d'adaptation de son ultime combat contre l'impitoyable Voldemort !

Par Pierre-Eric Salard



Rappelons tout d'abord que la franchise Harry Potter ne s'est pas construite en un jour, loin de là ! Son histoire est aussi magique que les aventures imaginées par J.K. Rowling. Le parcours de l'auteur des romans est d'ailleurs jalonné de stupéfiantes péripéties. Si elle imagine l'histoire de la formation d'un sorcier dans une école de magie à l'occasion d'un voyage en train dans la fin des années 1980, cette enseignante britannique devra attendre l'été 1996 pour que son premier tome, écrit dans un café, soit remarqué par une maison d'édition anglaise, Bloomsbury. Le succès remporté par Harry Potter à l'Ecole des Sorciers lui permet rapidement de se consacrer à temps complet à l'écriture de sa saga. Un retournement de situation salvateur pour quelqu'un qui (sur)vivait jusqu'alors grâce aux allocations familiales ! Le phénomène Harry Potter n'en est qu'à ses débuts, mais jamais il ne s'essoufflera : chaque tome rencontrera un succès inimaginable. Après la publication de La Chambre des Secrets, puis du Prisonnier d'Azkaban, chaque sortie d'un nouveau roman sera synonyme d'attente fébrile de la part de millions de lecteurs à travers le monde. Contre toute attente, toutes les catégories d'âge sont concernées, et on ne s'étonne rapidement plus de découvrir dans le métro de nombreux adultes plongés dans la lecture du dernier roman en date ! A raison d'un tome dans les deux ans, en moyenne, les chapitres s'enchainent tandis que l'histoire s'approche doucement mais sûrement de son dernier acte. Sorti en juillet 2007, Harry Potter et les Reliques de la Mort marque effectivement la fin de l'épopée. Les fans se jettent littéralement sur le moindre exemplaire pour découvrir si leur jeune héros survivra à son duel contre Voldemort, pardon, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ! En vingt-quatre heures, le roman bat tous les records en s'arrachant à plus de 25 millions d'exemplaires. Excusez du peu ! Et il sera traduit par la suite dans une soixante de langues... Quand on sait que le précédent tome, Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé détenait jusque là le record du livre s'étant le plus vendu en une journée (pas moins de neuf millions d'exemplaires), on ne s'étonnera pas d'apprendre que J.K. Rowling amasse la plus grosse fortune de nos voisins d'outre-manche. Mais après avoir passé 17 années de sa vie en compagnie du sorcier, l'auteur s'avoue partagée entre l'euphorie d'en avoir terminé avec cette saga et la tristesse de devoir la quitter...

Une fantastique franchise cinématographique

Les fans, eux, savent que leur histoire d'amour n'est pas terminée : il reste encore plusieurs adaptations à découvrir au cinéma ! Dès la sortie du roman Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, les studios Warner Bros s'étaient portés acquéreurs des droits cinématographiques. Quand on connait le succès de chaque opus au box-office, on ne peut que saluer le flair des dirigeants du studio. Et quoi qu'on en dise, les films tirés d'Harry Potter sont généralement réussis : rarement un tel degré de qualité avait été maintenu durant toute une saga cinématographique ! Le producteur attitré de la série, David Heyman, remporte haut la main ce pari inédit. Le chef décorateur Stuart Craig (Mary Reilly) n'aura d'ailleurs jamais le temps de participer à une autre production cinématographique entre 2000 et 2010... Mais on lui doit la stupéfiante cohérence de la direction artistique de la série ! Si J.K. Rowling est restée étroitement liée au processus d’adaptation de ses œuvres, l'écriture des scénarii fut confiée à Steven Kloves (Wonder Boys), qui interviendra sur tous les films (excepté le cinquième volet). Harry Potter à l'Ecole des Sorciers sort ainsi en 2001 dans les salles. La réalisation incombe à Chris Columbus (Maman, j'ai raté l'avion, Percy et le Voleur de Fourdre), qui n'attend pas la sortie de ce premier volet pour tourner le suivant, Harry Potter et la Chambre des Secrets. Ces deux films récoltèrent près de deux milliards de dollars à eux-seuls ! Mais le rythme de tournage épuise Chris Columbus, qui décide de passer la main. Harry Potter et Le Prisonnier d'Azkaban (2004) est ainsi réalisé par Alfonso Cuaron (Les Fils de l'Homme), qui signe un film plus sombre et torturé. Fin 2005, c'est au tour de Mike Newell (Quatre Mariages et un Enterrement, Prince of Persia) de prendre les rênes de la série avec La Coupe de feu, qui rapporte 896 millions de dollars. Rappelons que cet opus est le seul dont le scénario n'est pas signé par Steven Kloves. Michael Goldenberg (Contact) assura l'intérim avec brio, même si on peut regretter que le roman le plus volumineux de la série ait été autant condensé... Le jeu de la chaise (du réalisateur) musicale se termine en 2007 avec Harry Potter et L'Ordre du Phénix, dont la réalisation est confiée à un quasi-inconnu. L’expérience de David Yates se limitait effectivement à la mise en scène de quelques téléfilms pour la BBC. Ce pari fut couronné du succès, le film récoltant 938 millions de dollars. David Yates ne tarde pas à rempiler pour Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, puis les deux volets d'Harry Potter et les Reliques de la Mort, devenant ainsi le réalisateur le plus prolifique de la saga ! Notons qu'Alfonso Cuaron, le réalisateur du troisième volet, avait un temps déclaré qu'il pourrait être tenté par le poste. Guillermo del Toro (Le Labyrinthe de Pan) s'était également montré intéressé... avant qu'un certain Bilbo le Hobbit ne vienne frapper à sa porte (que le cinéaste prendra finalement, fatigué d'attendre le feu vert pour lancer la production) ! Au final, David Yates signera donc la moitié des adaptations d'Harry Potter...

Deux films pour le prix d'un

Dans le dernier chapitre des aventures du jeune sorcier, Harry, Ron et Hermione décident de quitter l'école de Pudlard pour se lancer à la recherche des Horcruxes, qui représentent la clé de voute à l'annihilation de Lord Voldemort. Privés de l'aide du sage Dumbledore, ils tenteront de mettre fin au régime de terreur de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom avant que ce dernier ne réussisse à étendre son emprise sur l'intégralité du monde des sorciers... et du nôtre, pauvres moldus ! Mais les Mangemorts ont déjà mis la main sur le Ministère de la magie, et réduisent en cendres leurs opposants. Harry et ses amis devront ainsi mener une véritable – mais discrète – guérilla s'ils veulent retrouver les Horcruxes. A moins que les mystérieuses Reliques de la Mort leur permettent de gagner la seconde guerre des sorciers qui s'annonce. Et la bataille de Poudlard risque bien d'être leur dernière chance pour contrecarrer les plans de Voldemort. Or n'oublions pas que selon la prophétie, "Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... (...) et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun ne peut vivre tant que l'autre survit..." Harry survivra-t-il à son ultime duel contre Voldemort ? Fort de ses 809 pages (dans l'édition française parue chez Gallimard), le roman Harry Potter et les Reliques de la Mort devait relever un défi qui paraissait quasi-insurmontable : clore les -très - nombreuses pistes narratives initiées lors des six précédents tomes, narrer une épique bataille finale et servir d'épilogue à une gigantesque saga. Un défi relevé avec brio par J.K. Rowling ! Mais comment condenser autant d'évènements dans les 120 minutes d'un film hollywoodien ? La production avait déjà abordé ce problème en 2004, lorsqu'il fut question de transposer l'épais Harry Potter et la Coupe de Feu en deux films. S'il fut finalement décidé de faire des coupes franches dans le récit, le résultat ne fut pas à la hauteur des attentes des fans. Lorsque David Yates donna son accord pour signer l'adaptation des Reliques de la Mort, la question revint sur le tapis. Cette fois-ci, la majorité des éléments du récit s'avéraient indispensables à la conclusion de la saga ! Lorsque la grève des scénaristes - qui secoua Hollywood en 2007 et 2008 - se termina, le producteur David Heyman s'entretint à ce sujet avec Steven Kloves. Il faut dire que le roman avait été publié quelques mois plutôt, et les deux hommes avaient rapidement compris qu'il serait impossible de condenser l'histoire. « Il y a quelques années, nous avions sérieusement considéré d'adapter la Coupe de Feu en deux long-métrages », précise le scénariste. « Donc l'idée n'est pas nouvelle. Mais dès que j'ai commencé à lire les Reliques de la Mort, j'ai compris qu'il serait impossible de condenser le roman en un seul film. Et nous étions tous d'accord sur ce point. Nous y avons beaucoup réfléchi, mais nous n'avons trouvé entre-temps aucune solution miracle (rires) ! Je suis sûr que certains ont pensé que nous étions fous. Même ma femme me regarda de travers lorsque j'ai mentionné cette possibilité (rires) ! Mais ce projet m'excite : cela va nous permettre d'avoir le temps de dire adieu aux personnages, et de préserver l'intégrité de l'œuvre de J.K. Rowling. L'intrigue est riche en émotions et en péripéties. Elle a d'ailleurs influencé la manière dont j'ai écrit le scénario du Prince de Sang-Mêlé. Et, personnellement, je pense que nous devons à l'auteur et aux fans la meilleure expérience possible...  »

Deux fois plus de magie

La production décida donc de tourner les deux films à la suite, et de les traiter comme les deux parties d'un unique long-métrage. «  Mais j'avoue que, initialement, je ne souhaitais pas faire deux films », explique David Heyman. « Dans le septième roman, Harry est au centre de tellement d'intrigues qu'il nous a semblé impossible, contrairement aux précédents films, de supprimer une partie des éléments narratifs. Il n'y a rien dans ce livre qui peut être coupé sans toucher à l'essence de l'histoire. De nombreuses trames y trouvent leur résolution. Après en avoir discuté avec J.K. Rowling, nous sommes arrivés à la conclusion que deux parties étaient nécessaires. Je pense que nous avons fait un choix très intéressant. Ces films vont représenter les deux parties d'une même histoire ; c'est un challenge très excitant ! En fait, le matériel littéraire originel est tellement dense que nous pourrions facilement faire trois films. C'est ce que me disait Steve Kloves : il y a largement de quoi faire dans le roman (rires) ! Mais cela aurait été un peu trop risqué... » La franchise cinématographique aurait donc pu compter un neuvième volet ! Chérissant leur poule aux œufs d'or, les dirigeants du studio Warner Bros n'opposèrent bien sûr aucun refus. « Ces deux heures supplémentaires permettront de célébrer ce que cette franchise a représenté pour nous, et de rendre justice à cette incroyable histoire », déclare le président de la Warner Bros, Alan Horn. « Non, l'argent n'est pas la raison pour laquelle nous faisons deux films plutôt qu'un (rires) ! », tempère David Yates, qui y voit au contraire l'occasion de traiter au mieux l'adaptation de l'épilogue. « En fait, je vais bénéficier de deux budgets distincts, de la durée de deux films et de toutes les ressources nécessaires ; donc plus de temps, plus d'argent, plus d'effets spéciaux ! Cela nous change des précédents opus (rires) ! Nous avons désormais l'avantage de la durée, ce qui va nous permettre d'intégrer de nombreux détails des 800 pages du livre ! A titre de comparaison, je n'avais que deux heures pour retranscrire les 984 pages de l'Ordre du Phénix... Lorsque vous adaptez un roman sur grand écran, il y a toujours des choses qui passent à la trappe. Avec deux films, les pertes seront moins importantes ! Chaque film possédera son propre fil conducteur. Leur approche esthétique sera légèrement différente ». Le premier film ne se déroulera d'ailleurs pas à l'école des sorciers de Poudlard. « C'est un véritable road movie », explique l'interprète d'Harry Potter, Daniel Radcliffe. « Les gens sont habitués à nous voir à Poudlard, mais nous n'y serons pas ! Les spectateurs pourront jeter un regard neuf sur la saga... »

Un épisode de transition

Une fois que la décision fut prise, l'équipe de production rencontra une seconde difficulté : où pourrait donc s'effectuer la transition entre les deux films ? « Nous y avons longuement réfléchi », ajoute le producteur. « Nous avons pesé le pour et le contre. Quelle scène pourrait faire la jonction entre les deux films ? Je ne vais pas vous la révéler, mais nous avions plusieurs choix. Nous avions même trois ou quatre idées différentes à propos du moment où se terminera le premier film ». Selon Daniel Radcliffe et David Heyman, la première partie des Reliques de la Mort s’achèvera à un moment de l'histoire que les membres de l'équipe de production trouvent « très émotionnel ». « La scène choisie pour clôturer le film devrait surprendre la plupart des fans », précise David Yates. Tout laisse penser que la première partie s'achèvera sur un événement crucial du roman : la capture d'Harry, Ron et Hermione par des Rafleurs. «  Après avoir été chassés dans les bois, le trio est capturé par des Rafleurs, menés par le loup-garou Greyback », ajoute David Yates. « Les Rafleurs sont effrayants et brutaux, mais ce ne sont pas les créatures les plus intelligentes du monde de la magie. Ils tentent de découvrir les véritables identités du trio qu'ils ont capturé...avant de les conduire au Manoir Malefoy, où les attendent plusieurs personnages qui leur veulent beaucoup de mal  ». On peut également supposer que la transition pourrait s'effectuer peu après la fuite du Manoir, dont le point culminant risque de faire verser plus d'une larme ! « En général, les précédents opus se sont terminés sur un décès, l'apparition d'un personnage ou une sorte de rite de passage », précise David Heyman. « Cette fois-ci, nous pensons clore le film sur un cliffhanger, un retournement de situation qui vous laissera pantois ! Les choses peuvent bien sûr changer au montage ». Une chose est sûre : le casting des précédents volets, lui, est de retour...

Un casting prometteur

Daniel Radcliffe (Harry Potter), Rupert Grint (Ron Weasley) et Emma Watson (Hermione Granger), les trois acteurs principaux, reprennent évidemment leurs rôles respectifs. « Chaque lecteur avait déjà en tête une image bien précise d'Harry, Ron et Hermione », explique David Heyman. « Il fallait tout faire pour ne pas décevoir les fans ! La prestation des trois comédiens a immédiatement plu aux spectateurs. Il aurait été dommage de devoir les remplacer en cours de route... ». La production avait quand même - momentanément - craint de devoir remplacer le trio principal à mi-chemin, les jeunes acteurs vieillissant deux fois plus rapidement que leurs personnages ! En effet, si les deux premiers films sont sortis à seulement douze mois d'intervalle, il s'avéra vite impossible de poursuivre un tel rythme durant dix ans ! Mais les comédiens purent finalement conserver leurs rôles jusqu'au dernier épisode... Ce ne sont pas le seuls : la plupart des personnages des volets précédent font en effet leur retour à l'occasion de ce dernier acte. Lucius Malefoy étant libéré de prison, son interprète, Jason Isaacs (Le Règne du Feu), a participé au tournage de nombreuses scènes. « Avant la publication du dernier tome, je pensais que mon rôle passerait inaperçu », se souvient l'acteur. « J'ai failli refuser de participer au film ! Mais j'ai fini par croiser J.K. Rowling, qui m'a discrètement indiqué que Lucius s'échappait dès le premier chapitre. J'ai signé immédiatement (rires) ». Timothy Spall reprend évidemment le rôle du pleutre Peter Pettigrew, qui est à l'origine du meurtre des parents d'Harry Potter. Bien qu'il perdit la vie lors de la bataille finale d'Harry Potter et l'Ordre du Phénix, Sirius Black (Gary Oldman) fait également son retour grâce à une apparition fantomatique dans le dernier acte du second film. Toby Jones (The Mist) doublera à nouveau l'elfe de maison Dobby, tandis que Miranda Richardson (Sleepy Hollow) reprend le rôle de l'horripilante journaliste Rita Seeker. Vous l'aurez compris : de Ralph Fiennes (Lord Voldemort) à John Hurt (Ollivanders), en passant par Helena Bonham Carter (Bellatrix Lestrange), Robbie Coltrane (Rubeus Hagrid), Imelda Staunton (Dolores Ombrage), Alan Rickman (Severus Rogue), Maggie Smith (Minerva McGonagall), Brendan Gleeson (Alastor Maugrey) et David Thewlis (Remus Lupin), tous les comédiens ont accepté de retrouver leurs rôles respectifs ! Les deux parties des Reliques de la Mort peuvent se vanter de posséder le casting le plus prestigieux de l'année ! Or de nouvelles têtes font également leur apparition, à commencer par Bill Nighy dans le rôle du Ministre de la Magie Rufus Scrimgeour. Jamie Campbell Bower (Sweeney Todd, Twilight), quant à lui, a obtenu le rôle convoité de Gellert Grindelwald, un ami d'enfance de Dumbledore que nous découvrirons à travers des flashbacks. L'excellent Ciaran Hinds (Jules César dans la série Rome) incarnera le frère du Dumbledore, Aberforth. Cerise sur la gâteau ensorcelé, l'étrange Xenophilius Lovegood sera joué par l'acteur britannique Rhys Ifans, qui jouait le stupéfiant co-locataire de Hugh Grant dans Coup de Foudre à Nothing Hill ! Les fan du roman sauront qu'il s'agit d'un excellent choix de casting...

Prendre son temps

Le tournage des Reliques de la Mort a débuté avant même qu'Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé ne soit sorti (en juillet 2009) ! « Le tournage a débuté le 19 février 2009 », explique le réalisateur. « Il s'est étalé sur quatorze mois, car nous tournons les deux films à la suite. Je tourne souvent à l'aide de caméras à l'épaule ; je veux apporter du sang neuf à la réalisation. Plus la production avance, plus j'expérimente (rires) ! » « Nous avons prévu 248 jours de tournage », précise David Heyman. « Il se déroule aux studios anglais de Leavesden et de Pinewood, comme pour les volets précédents. Il nous restera ensuite une année de post-production ! » Les deux films ne sont en réalité pas littéralement tournés l'un après l'autre.  « Cela ne fonctionne pas comme cela », poursuit le producteur. « Nous devons prendre en compte l'emploi du temps des acteurs, vous savez ? Il faut gérer de nombreuses données avant de réussir à établir un planning (rires) ! En outre, Emma Watson devait débuter ses cours à l'Université en septembre 2009. Elle est certes reveniue pour participer au tournage de certaines séquences, mais il fallait filmer la majorité de ses scènes avant que ses cours ne débutent ! Nous faisons donc des allers-retours entre les deux films, même si nous tournons principalement dans l'ordre chronologique. Disons que les deux premiers mois de tournage ont concerné uniquement la première partie. Ensuite, nous avons jonglé avec le planning! Tout cela est très compliqué à gérer ! Heureusement, les acteurs principaux ont vieilli. Auparavant, nous ne pouvions pas les faire travailler longtemps : chaque jour, ils devaient passer trois heures à potasser leurs cours, et avaient des pauses régulières. Depuis qu'ils ont reçu leurs diplômes, la question ne se pose plus. Ils peuvent désormais être présents près de dix heures par jour... » Notons que la dernière version du scénario de la seconde partie des Reliques de la Mort est terminée en avril 2009. Durant l'été 2009, de nombreuses séquences des deux films sont tournées, dont le mariage de Bill et Fleur (qui se déroule dans le premier) et une visite de la fameuse Chambre des Secrets (titre du second opus de la saga) par Ron et Hermione ! Mentionnée dans la dernière partie du roman, mais pas racontée, cette scène serait donc ajoutée dans le second volet des Reliques de la Mort ! La division de l'intrigue du roman en deux films possède plus d'un avantage... Prendre le temps de raconter l'histoire, par exemple !

Un tournage mouvementé

Malgré toutes les précautions prises par la production, ce tournage-fleuve est émaillé de plusieurs incidents. La doublure cascade de Daniel Radcliffe/Harry Potter, David Holmes, souffre ainsi d'importantes blessures suite à une explosion (prévue et chorégraphiée) survenue sur un plateau des studios Leavesden. Le cascadeur de 25 ans répétait une scène, attaché par un harnais, lorsqu'il fut soufflé par l'explosion. Après s'être écrasé sur le sol, il s'est écrié : « je ne peux pas sentir mes jambes ! ». Une exclamation peu encourageante... Il semblerait d'ailleurs que le jeune homme s'est retrouvé malheureusement paralysé... S'ils sont rares, les accidents de tournage peuvent être graves. Rappelons que des décès ont été déplorés sur les tournages de Taxi 2 ou The Dark Knight. Un jeune comédien d'Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé est également décédé, mais dans une déplorable rixe de bar... En juillet dernier, l'interprète de Ron Weasley, Rupert Grint, fut atteint d'une forme bénigne de la grippe H1N1. Il a expliqué aux journalistes que ses symptômes étaient finalement assez similaires à ceux d'une grippe classique : « J'ai eu mal à la gorge et je suis resté au lit pendant plusieurs jours ». Il a cependant pu reprendre rapidement le tournage du film et assurer la promotion d'Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé sans contaminer le reste de l'équipe. Un bon coup de baguette magique, et c'est reparti ! En mars 2010, un incendie s'est également déclaré dans le décor de la cour extérieure de Poudlard, à Leavesden. Mais il fut rapidement maitrisé par les pompiers du studio. Le tournage s'est rapidement poursuivi, et le décor a été reconstruit. Ralph Fiennes ne retrouva le rôle de Lord Voldemort qu'une poignée de mois plus tôt, en octobre 2009, soit à mi-chemin du planning des prises de vues. La majorité des scènes avec des acteurs adultes ont d'ailleurs été tournées à partir de l'automne 2009. Rappelons que les premiers mois de tournage étaient dédiés au fameux trio ! Contrairement à son personnage, Bellatrix Lestrange, l'actrice Helena Bonham Carter semble s'être bien amusée lors de la scène du cambriolage de la Banque des Sorciers Gringotts. Dans cette séquence, Hermione utilise du Polynectar pour prendre l'apparence de Bellatrix Lestrange. Helena Bonham Carter dut ainsi se comporter comme Hermione Granger ! « C'était amusant », avoue l'épouse de Tim Burton. « Dan Radcliffe et Rupert Grint me traitaient comme si j'avais 17 ans (rires) ». Si le tournage se déroulant aux studios Pinewood se termine à la fin mars 2010, il se poursuit jusqu'en mai à Leavesden. C'est là que sont filmées les dernières scènes de la seconde parte des Reliques de la Mort. « J'ai hâte de tourner la scène où Harry traverse solennellement la forêt pour aller à la rencontre de Voldemort, juste avant sa grande scène finale », s'exclamait Daniel Radcliffe. « La fin du film sera très fidèle au livre que J.K. Rowling a écrit », indique David Heyman, précisant également que la scène nécessitant le plus de jours de tournage est celle de la bataille finale, à Poudlard. « Selon la dernière version du scénario, cette scène devrait s'étaler sur trente minutes ! Mais avant d'y arriver, il y a beaucoup de tension. Les pièces de l'échiquier doivent se mettre en place. Ensuite, la bataille se déroule en deux parties bien distinctes. Les fans savent bien ce qui se passe entre les deux, donc je dirai rien de plus (rires) ! Le dernier acte de la seconde partie des Reliques de la Mort représente un événement attendu par les spectateurs depuis une dizaine d'années ! La confrontation doit être absolument réussie ! Elle représente de nouveaux défis en terme d'adaptation. Non seulement l'attente est énorme de la part des fans, mais c'est une séquence très émotionnelle. Hors dans le livre Harry se laisse plutôt faire, il ne riposte ps vraiment. Vous voyez ce que je veux dire ? Dans le film, il sera davantage enragé... » Mais l'ultime bataille ne clôt pas l'histoire de la saga, J.K. Rowling ayant écrit un épilogue qui se déroule 19 ans plus tard. « Nous avons décidé de ne pas faire jouer nos protagonistes par des acteurs plus vieux », explique le réalisateur. « Nos jeunes comédiens interpréteront leurs personnages respectifs à l'âge adulte ».
Dernière ligne droite

Après avoir travaillé ensemble durant une dizaine d'années, les adieux de l'équipe de production risquaient d'être poignants. « La dernière journée du tournage a été très émouvante  », avoue David Heyman. « Je sais bien que c'est cliché de dire cela, mais nous avons formé une véritable famille. Nous nous voyons depuis très longtemps. Pour ma part, je suis impliqué depuis 1997. Mais la plupart nous ont rejoint en 2000, dont le chef décorateur Stuart Craig ! La plupart des membres de l'équipe de production sont les mêmes depuis le départ. Et nous avons vu grandir les enfants... Les gens ont vieilli avec la série. Un des assistants de production du premier opus est devenu superviseur de la post-production du dernier. Au delà des films, nous avons partagé une grande aventure. C'est vraiment triste de devoir nous séparer. J'appréhendais cette dernière journée de tournage... Après tant d'années passées à travailler sur cette saga, les sentiments sont contradictoires. En tout cas, j'ai appris de nombreuses choses pendant ce projet au long terme. Cela restera une expérience inoubliable. Les romans continuent à nous inspirer et nous poussent à nous dépasser. Travailler sur cette saga a été une incroyable chance. La fin approche, mais ce n'est pas tout à fait terminé pour moi ». En effet, il restera encore une année de montage et de post-production ! « Nous ne savons pas encore quelles seront les durées des deux films », poursuit le producteur. « Chacun des deux scripts fait 120 pages, ce qui signifie que les deux parties devraient faire entre deux heures et deux heures trente. Mais rien n'est écrit dans la pierre. Leur durée dépendra de nos besoins, c'est vraiment un processus organique. Nous ne nous fixons pas d'objectif. Les films trouveront d'eux-mêmes leur longueur... » La confection des effets visuels a été partagée entre les studios Industrial Light & Magic, Cinesite, Framestore, MPC, Rising Sun Pictures et Double Negative. Tim Burke (Harry Potter 2 à 6, Gladiator) supervisera ce travail collaboratif. En ce qui concerne la bande originale, si John Williams (Star Wars), qui a composé la musique des trois premiers volets, avait un temps déclaré son intérêt, c'est finalement le français Alexandre Desplat (Benjamin Button, Twilight 2) qui a été sélectionné. Enfin, les studios Warner Bros ont annoncé en mars 2010 que les deux parties des Reliques de la Mort feront l'objet d'une diffusion en 3-D relief dans les salles équipées. Les dirigeants du studio ont été séduits par les tests de transposition en relief (pourtant ratée) du Choc des Titans - et les résultats au box-office d'Avatar ! La conversion d'un film en relief coûte désormais cinq millions de dollars. Vu que le parc de salles numériques relief se sera fortement agrandi d'ici la sortie du prochain Harry Potter, le risque encouru est amoindri... surtout pour une franchise aussi célèbre que celle du jeune sorcier ! L'ultime guerre des sorciers prendra donc du relief... mais pas avant juillet 2011 ! En effet, en septembre 2010, la Warner annonce que la conversion de la première partie des Reliques de la Mort ne sera pas terminée à temps. Ce n'est que partie remise ! Si Harry Potter et les Reliques de la Mort - Partie 1 est prévu pour le 24 novembre prochain, il faudra patienter jusqu'au 15 juillet 2011 pour retourner une dernière fois à Poudlard. Nous y assisterons à une bataille finale attendue avec fébrilité depuis près de dix ans...

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