Preview : Scott Pilgrim vs. The World – Une fantastique comédie à grand spectacle
Article Cinéma du Vendredi 12 Novembre 2010

Tirée d'une série de comics de Bryan Lee O’Malley, Scott Pilgrim vs. The World est une comédie d'action très prometteuse. Lorsque le jeune Scott rencontre la femme de ses rêves, il se sent prêt à tout affronter pour conquérir son cœur – quitte à se battre en duel avec les ex-petites amis de cette dernière dans des combats aussi fantaisistes que dantesques ! Seul un réalisateur de la trempe d'Edgar Wright (Shaun of the Dead) pouvait signer ce futur film culte de la génération 2010...

Par Pierre-Eric Salard



Les truculentes aventures de Scott Pilgrim sont nées dans l'esprit d'un jeune auteur et illustrateur canadien, Bryan Lee O’Malley. Après avoir illustré la mini-série de comics Hopeless Savages: Ground Zero, ce tout juste trentenaire a publié en novembre 2003 sa première bande-dessinée, Lost at Sea, où une jeune fille part sur les routes après qu'un chat lui ait volé son âme – enfin, c'est ce qu'elle croit ! En 2004, il entama la publication d'une série en six volumes, Scott Pilgrim, dont il est à la fois l'auteur et l'illustrateur. Le succès fut immédiat. Il faut dire que sa saga possède plusieurs particularités pour le moins originales ! Son style graphique, à mi-chemin entre les comics et les mangas, en a désarçonné plus d'un. Les pages sont en noir et blanc, et les personnages possèdent de gros yeux – ce qui est plutôt rare de l'autre côté de l'Atlantique ! Mais ce style particulier s'associe parfaitement avec le ton plutôt étrange du récit. Le lecteur fait en effet la connaissance de Scott Pilgrim, un jeune canadien de 23 ans... dont la vie est géniale. C'est en tout cas ce que pensent ses amis ! Mais il est vrai qu'il est bassiste à mi-temps pour les Sex Bob-Omb, un groupe amateur,... et qu'il a une petite amie ! Si ce n'est pas la classe, ça ! Bref, Scott est surtout un glandeur qui mène sa petite vie tranquille à Toronto. Mais tout bascule le jour où il rencontre LA fille qui peuple – littéralement - ses rêves, la mystérieuse Ramona Flowers. Alors qu'il part à sa conquête, il se rend rapidement compte que la route de l'amour est parsemée d'embuches : sa belle (et dangereuse) dissimule un impressionnant passif amoureux ! Avant de couler des jours heureux, il devra affronter, l'un après l'autre, les sept maléfiques ex-petits amis de son âme sœur. Non, ce ne sont certes pas les Sept Samouraïs, ni les Sept Mercenaires... Ce serait bien trop facile ! Il s'agirait plutôt des « Sept Travaux d'Hercule », tant les fantômes du passé de sa princesse possèdent des pouvoirs phénoménaux – et originaux ! Tout le génie de cette série de comics pourrait se résumer à ce basculement entre la tranche de vie de Scott et les duels fantastiques qu'il doit livrer. L'auteur a puisé dans tout ce qui les genres de la pop-culture (cinéma, comics, jeux vidéo, séries télévisées...) pour mettre en scène des batailles hallucinantes. C'est simple : dans l'univers de Scott Pilgrim, rien n'est impossible ! Super-pouvoirs, arts martiaux, lames incandescentes, « sauvegarde » entre les deux phase d'un combat : nous voilà plongés dans un véritable jeu vidéo, où la réalité s'accorde aux règles fixées par l'auteur ! Tout est possible, donc rien n'est étonnant. Bourrée de références, cette série est un véritable hommage à la culture des années 2000. Comme si un Tarantino du nouveau millénaire avait délaissé la pellicule pour investir les pages des comics... Et si vous avez raté le train en marche, il n'est pas trop tard pour prendre un coup de jeune en découvrant les premiers volumes de la saga, publiés en France par Milady Graphics...

Un travail d'adaptation

Un tel phénomène culturel ne pouvait pas passer inaperçu à Hollywood, une industrie pour qui les adolescents et les jeunes adultes sont les cibles préférées. En mai 2005, les studios Universal sécurisent les droits d'adaptation cinématographique et confient dans la foulée l'écriture du scénario à Michael Bacall (Manic, Bookies). L'anglais Edgar Wright, qui vient de rencontrer le succès grâce à l'excellent Shaun of the Dead (2004), obtient peu après le poste de réalisateur. Mais avant de s'attaquer à Scott Pilgrim, il tourne d'abord la comédie Hot Fuzz, ainsi qu'une fausse bande-annonce pour le Grindhouse du tandem formé par Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Il crée parallèlement la série Spaced, tout en co-signant le scénario des Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne pour Steven Spielberg. En 2008, il se lance – enfin ! - dans le développement de Scott Pilgrim vs. The World... Évidemment, à l'instar de toute bonne adaptation qui se respecte, le film prend des libertés vis-à-vis de l'histoire des comics. « Déjà, n'oublions pas que ce sont deux médiums différents, avec leurs règles respectives », explique Edgar Wright. « Ce serait totalement idiot de faire une transposition littérale. Bryan Lee O’Malley en est pleinement conscient ; c'est quelqu'un de très intelligent. Il comprend les raisons pour lesquelles nous devons intégrer son récit dans une structure typique d'un film de cinéma. Après tout, on appelle cela une « adaptation » (rires) ! Nous avons montré à l'auteur toutes les versions du scénario. D'ailleurs,dès que nous avions terminé vingt page du traitement final, Michael Bacall et moi, il les recevait (rires) ! Il a donc très bien compris qu'il était impossible de faire une adaptation littérale ! » Edgar Wright ne regrette pas les choix qu'ils ont fait. « C'est vrai, il y a pas mal d'éléments que nous avons supprimé, et qui auraient été superbes sur un grand écran », avoue-t-il. « Mais tout ce que je voulais intégrer dans le film a été conservé. Que demander de plus ? Notre scénario respecte plutôt bien le récit des trois premiers comics. Après, le film part dans une direction différente ; mais il reste dans l'esprit de la série. Bryan Lee O’Malley a d'ailleurs approuvé nos choix ! Mieux : certains éléments inédits du film ont été imaginés par l'auteur... avant même qu'il ne se mette à écrire le premier tome ! C'est évident : les fans pur et dur se plaindront que telle nouvelle scène ne se trouve pas dans le comic. Mais een réalité, elles existent dans les notes de Bryan depuis six ans ! Nous avons essayé de respecter les livres au maximum – pour un pur produit hollywodien, c'est déjà bien ! -, tout en intégrant des idées que l'auteur avait laissé de côté... » De son côté, Bryan Lee O’Malley tempère les propos du réalisateur quant à l'ampleur de sa participation. « Si j'ai effectivement suggéré des idées, certaines choses ont changé au cours du processus d'adaptation », explique l'auteur. « La fin du film est leur fin, pas la mienne. Mais c'est mieux ainsi. Il était impossible d'intégrer tous les éléments narratifs des comics dans un film de deux heures ! Je pense sincèrement qu'ils ont réalisé un excellent travail d'adaptation ».

Des duels chorégraphiés

Le processus de casting, quant à lui, débute en 2008. Edgar Wright offre le rôle – forcément convoité - de Scott Pilgrim à un comédien prometteur, Michael Cera (Superbad, L'an 1 - Des débuts difficiles), qui s'était fait notamment remarquer pour sa prestation d'adolescent déboussolé dans Juno. « J'ai lu les premiers tomes avant même que l'on me parle du film », s'enthousiasme le jeune acteur. « Deux d'entre eux étaient alors disponibles. Je les adorais ! Ces comics sont géniaux ! Que ce soit dans la forme ou dans le fond, cette œuvre de Bryan Lee O’Malley propose des éléments totalement inédits. Je crois que l'on peut dire que j'ai rejoint le casting sans qu'on m'y force (rires). Cela me changeait des rôles typiques des comédies romantiques. Surtout qu'il a fallu se prêter à un entrainement physique avant d'entamer le tournage ! Afin de bien comprendre le personnage, j'ai relu les comics et j'ai participé à des sorties avec les autres comédiens. Sans oublier l'idée géniale de Bryan Lee O’Malley : il a donné à chaque acteur une liste des dix choses que nous devions absolument savoir, et nous seuls, sur nos personnages respectifs ! C'était vraiment généreux de sa part ! » Avant le tournage, Michael Cera a également participé à de nombreuses répétitions... musicales ! « Alison Pill, qui joue une amie de Scott, ne savait pas jouer de la batterie », précise l'acteur. « Alors que son personnage, si (rires) ! Pareil pour Mark Webber, qui incarne Stephen Stills : il ne savait pas jouer de la guitare ! Nous nous sommes donc entrainés à « jouer » ensembles. Ces séances étaient très agréables, et nous ont permis de nous rapprocher ». Lequel des sept ex-petits amis a-t-il préféré combattre ? « Aucun ! Je n'ai pas de favori. Tous ces personnages sont très différents ! » Le comédien Jason Schwartzman (Marie Antoinette, The Darjeeling Limited), qui incarne Gideon Gordon Graves, le septième et dernier adversaire de Scott Pilgrim, avait été sélectionné pour le rôle bien avant le tournage du film. « Edgar Wright m'a parlé de ces comics plusieurs années avant qu'on s'y mette. J'ai été frappé par le style de narration, qui n'est pas sans rappeler le cinéma. Les évènements s'enchainent sans temps mort. Bryan Lee O’Malley possède ce que j'appelle un super-talent (rires) ! » Le rôle de Ramona Flowers est confié à Mary Elizabeth Winstead (Live Free or Die Hard, Grindhouse). Le casting est complété par Chris Evans (Les Quatre Fantastiques, Captain America), Kieran Culkin, Brandon Routh (Superman Returns), Mark Webber et Anna Kendrick (Twilight). Le tournage s'est déroulé de mars à août 2009 à Toronto, au Canada, sur les lieux mêmes de l'histoire. « Pour les scènes de combat, on a tourné devant quelques fonds bleus, pour les effets visuels », précise Edgar Wright. « Mais on a surtout combiné plusieurs techniques : animation, numérique, effets spéciaux de plateaux... Vous serez même surpris d'apprendre que les acteurs ont fait une bonne partie de leurs cascades ! Certaines séquences d'action étaient chorégraphiées comme des comédies musicales. Les duels entre Scott et les sept ex-petits amis sont de véritables numéros de danse ! C'était la seule manière de rendre hommage aux scènes de combats des comics, qui sont très graphiques... » Chaque « méchant » possède son propre style de combat. Chris Evans, qui joue un ancien skateboarder, Lucas Lee, a d'ailleurs dû s'entrainer plusieurs semaines pour réussir à faire quelques acrobaties sur une planche à roulettes ! « C'était un combat perdu d'avance (rires) », se souvient l'acteur. « Ce que j'avais appris pendant les répétitions, je ne réussissais plus à le faire devant les caméras ! Quoique... ». La bande-annonce du film permet de se faire une idée de ce à quoi ressembleront les combats, qui s'annoncent férocement originaux !



Après avoir vu un premier montage du film, le réalisateur Kevin Smith (Clerks) va même jusqu'à comparer Edgar Wright à Quentin Tarantino ! « J'adore tout ce que fait Quentin », précise Kevin Smith. « Mais Edgar se trouve un cran au-dessus... de nous tous ! Il possède un incroyable talent de mise en scène ». Anna Kendrick (Twilight), qui incarne Stacey Pilgrim, n'hésite pas à proclamer que le film n’est comparable à aucun autre. « Il combine l’énergie de La Folle journée de Ferris Bueller à l’action de Kill Bill », ajoute-t-elle. Rendez-vous le premier décembre prochain pour vérifier si ces louanges sont méritées et si Scott Pilgrim vs. The World (qui n'a malheureusement pas fonctionné au box office américain) rend justice à l'œuvre dont il est tiré ! Scott, lui, se prépare déjà pour la spectaculaire bataille qui l'attend...

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