Preview : Battle: Los Angeles - Quand les Rencontres du troisième type tournent mal
Article Cinéma du Lundi 27 Decembre 2010

Début 2011, le studio Columbia Pictures risque de frapper très fort avec ce film d'invasion extraterrestre, qui bénéficie d'un inattendu mais non moins excellent bouche-à-oreille à Hollywood. La mise-en-scène, confiée à Jonathan Liebesman (Massacre à la tronçonneuse : Le Commencement), jeune réalisateur originaire d'Afrique du Sud, devrait autant s'inspirer de La Chute du Faucon Noir de Ridley Scott que de la série de jeux vidéo à succès Call of Duty. Autant dire que l'arrivée des aliens risque d'être spectaculaire...

Par Pierre-Eric Salard



Le titre de ce long-métrage se réfère en réalité à un événement bien connu des férus d'Histoire américaine... et des passionnés d'OVNI ! Au cours de la nuit du 24 au 25 février 1942, soit trois mois après l'attaque japonaise contre Pearl Harbor et l'entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale, l'armée américaine crut qu'une attaque aérienne japonaise était sur le point de frapper la Cité des Anges ! Elle mit donc en place, en toute hâte, un barrage d'artillerie anti-aérienne autour de la capitale du cinéma... et le ciel fut illuminé par des milliers d'obus. Certes, la Japon se trouve en face de Los Angeles... mais à plusieurs milliers de kilomètres ! Les représentants de la Navy ont rapidement calmé la panique des civils – et des soldats – en annonçant qu'il s'agissait d'une fausse alerte. Si l'on n'a jamais vraiment su ce que l'armée avait repéré sur ses radars, des analystes ont depuis longtemps conclu que certains officiers devaient être un peu trop sur les nerfs... Il suffisait qu'un ballon-sonde, utilisé par des météorologistes, soit perdu pour déclencher les hostilités ! Rappelons d'ailleurs que l'intrigue du film 1941, écrit par Bob Gale (Retour vers le futur) et réalisé par Steven Spielberg, s'inspire de cet événement rocambolesque. Mais la presse de l'époque s'est mise à spéculer : les explications officielles n'étaient-elles pas des leurres destinés à maquiller la vérité ? Cinq ans avant la célèbre affaire de Roswell, la paranoïa était ainsi déjà d'actualité. Or certains ufologues pensent qu'il s'agit là-encore d'une apparition d'OVNI ! Ce bref et étrange épisode de la Seconde Guerre Mondiale sert donc de point de départ à Battle: Los Angeles. L'univers du long-métrage considère que les aliens nous ont déjà rendus visite ; en 1942, bien sûr, mais également à Buenos Aires en 1965, à Séoul en 1983, et à Londres en 1991 - comme le révèlent les affiches de la première campagne promotionnelle du film ! Si ces brèves apparitions d'OVNI au cours du vingtième siècle rappellent des Rencontres du troisième type, ce sont ben et bien des extraterrestres belliqueux qui attaquent la Terre en 2011. Mais plutôt que d'assister à l'envergure de la riposte américaine, comme dans Independence Day, le récit se concentre sur les évènements se déroulant à Los Angeles. D'où le titre ! C'est au sein d'une véritable guérilla urbaine que le film nous invite. « Je voulais faire un film de guerre, aborder les combats et la mort de manière honnête », explique le réalisateur. « Mais l'ennemi, cette fois-ci, n'est pas originaire de notre planète. Et il est impitoyable ! » Le scénario nous convie ainsi à découvrir les mésaventures d'un bataillon de Marines de l'armée américaine. Son objectif ? Porter secours à un groupe de survivants bloqués dans une banlieue en ruine – non pas en Irak, mais dans le fier pays natal ! Chaque rue est synonyme de danger. Il n'ont pourtant qu'une poignée d'heures pour fuir avant que l'armée rase ces quartiers ! Aux grands maux, les grands moyens.

Film documentaire

Dès que les studios Columbia Pictures achètent, en avril 2008, le scénario de Chris Bertolini (Le déshonneur d'Elisabeth Campbell), la production du film se fait discrète. Seul le producteur du film, Neal Moritz (Fast & Furious), ne dissimule pas son enthousiasme. « J'adore le concept ! », affirmait-il en 2008. « Nous allons rapidement lancer le développement du film ! Ce que j'apprécie par dessus tout, c'est que Battle: Los Angeles sera un film à grand spectacle, mais à petit échelle (rires). Si les extraterrestres attaquent tous les endroits névralgiques de la Terre, nous découvrirons l'invasion uniquement du point de vue d'un bataillon de Marines ! Voilà de quoi insuffler un peu d'air frais dans un genre usé jusqu'à la corde... ». Un réalisateur est engagé dès octobre 2008. Alors que de nombreux cinéastes sont sur les rangs, Jonathan Liebesman (Massacre à la tronçonneuse : Le Commencement) se fait remarquer en allant tourner quelques plans à Los Angeles, avant d'y intégrer des aliens en images de synthèse. La présentation qu'il fait auprès des dirigeants du studio Columbia inclut également une prévisualisation sommaire d'une séquence d'invasion ! Sa vision et sa passion ne sont ainsi pas passées inaperçues... « J'ai souhaité tourner le film à la manière d'un film documentaire, la caméra à l'épaule », explique Jonathan Liebesman. « Nous avons très rapidement conclu que nous devions combiner deux genres : les films de guerre et les invasions extraterrestres », ajoute Neal Moritz. L'essai tourné par le réalisateur a convaincu l'ensemble de la production que ces deux genres cinématographiques pouvaient fusionner. « Imaginez un mélange entre La Chute du Faucon Noir, Independence Day et La Guerre des Mondes version Spielberg... », s'enthousiasme le réalisateur. « Si nous réussissons à retranscrire notre idée, le résultat risque d'être terrifiant ! » Au mois de novembre 2008, le film trouve sa tête d'affiche ; Aaron Eckhart (The Dark Knight) est sélectionné pour le rôle du leader des Marines. « Lorsque j'ai rencontré Jonathan Liebesman pour la première fois, à Los Angeles, il m'a notamment montré une vidéo, sur Youtube. Des Marines y menaient une rude bataille urbaine à Fallujah, en Irak. Ils avançaient très lentement, maison après maison. Jonathan m'a alors expliqué qu'il voulait que le film ressemble à cette vidéo. J'ai immédiatement signé (rires). Il s'agit de guerre urbaine ! Et si vous ajoutez des aliens, les jeunes vont adorer ! »

Protocole militaire

En mars 2009, le scénariste Scott Silver (8 Mile) est engagé afin de retravailler le script du film. Il ajoute notamment des personnages, dont celui du Caporal Adriana Santos. Il faut attendre juillet pour que ce rôle soit offert à Michelle Rodriguez (Lost, Avatar). « Le producteur Neal Moritz m'avait promis de me trouver un autre film si mon personnage mourrait dans Fast & Furious 4 (rires) », s'amuse l'actrice. « Mais la production s'est surtout rendue compte qu'il manquait dans le bataillon des Marines quelqu'un chargé des renseignements. Adriana Santos est donc plus à l'aise dans l'élaboration de tactiques militaires que sur un champ de bataille ! Cela change de mes rôles précédents... » Au cours de l'été 2009, le casting est complété par Bridget Moynahan (I, Robot) et Michael Pena (Babel), qui jouent respectivement une vétérinaire et le père d'un jeune garçon. Ramon Rodriguez (Transformers 2), Taylor Handley (la série Southland), Cory Hardrict (Gran Torino), Jim Parrack (True Blood), Lucas Till (X-Men : First Class) et le chanteur de R'n'B Ne-Yo rejoignent quant à eux les rangs des Marines . « C'est le job idéal de tous les jeunes de 19 ans », s'esclaffe Lucas Till. « Je passe mes journées à tirer à la mitraillette, tout en essayant de sauver la Cité des Anges (rires) ! » Mais avant d'attaquer le tournage, les acteurs participent pendant trois semaines à un entrainement physique et militaire pour le moins intensif... « Ils nous ont inscrits dans un camp », se souvient Aaron Eckhart. « Nous avons mangé et dormi ensemble, nous partagions nos rations de survie ». Les trois semaines d'entrainement en camp militaire ont véritablement soudé l'équipe. « Lorsque nous avons abordé le tournage, nous étions quasiment intimes. Je pense que cela se ressentira dans le film. Neal Moritz et Jonathan ont vraiment fait en sorte que nous soyons prêts pour la guerre qui nous attendait... » Cette formation accélérée s'est perpétuée sur le tournage, qui débuta en septembre 2009 à Shreveport, en Louisiane. « Nous étions constamment conseillés », ajoute le comédien. « Deux Marines étaient toujours présents sur les plateaux. Lorsque je les regardais dans les yeux, je sentais qu'ils avaient vécu l'enfer, et qu'ils en étaient revenus. Ils nous ont expliqués qu'ils réagiraient face à une attaque alien selon le protocole militaire standard : ils tireraient sur toutes les cibles ennemies (rires) ! Au final, nous connaissions notre armement sur le bout des doigts ! » Le tournage s'est terminé dans les Raleighs Studios de Baton Rouge, où étaient déjà installés les bureaux de pré-production. Les réductions de taxes offertes à l'industrie du cinéma par la Louisiane, suite aux conséquences économiques de l'Ouragan Katrina, ont contribué à faire de cet état la doublure idéale de Los Angeles. Mais les habitants de la région s'en souviendront longtemps ! « Les séquences de destruction du film sont ahurissantes », promet Aaron Eckhart. « Nous avons fait fermer une autoroute pour y déposer des épaves de voitures. Il y avait des explosions dans tous les sens !  » Le comédien s'est lui-même fortement investi dans son personnage. « Aaron est une bête de travail », explique le jeune acteur Lucas Till. « Rien ne l'arrête. Il s'est cassé une main, mais il venait tourner comme si de rien n'était. Je le respecte énormément. Et on jouait, à l'hôtel, au jeu vidéo Call of Duty avec Michelle Rodriguez (rires) ! »

Des batailles frénétiques

Au cours des vingt dernières années, la plupart des monuments emblématiques ont été détruits dans de nombreux films catastrophes. Roland Emmerich s'en ait d'ailleurs fait une spécialité ! Afin de coller au style documentaire, Jonathan Liebesman a préféré s'attaquer cette fois-ci à l'infrastructure d'une mégapole. « Nous détruisons Los Angeles dans son ensemble », précise le réalisateur. « Il n'est pas question de faire Independence Day 2 (rires) ! Nous visons un certain réalisme. Les autoroutes font des cibles de choix. Les aliens ne vont pas ouvrir Wikipedia et chercher le panneau Hollywood (rires). S'ils nous attaquaient, ils ne feraient pas dans la dentelle ! Dans notre film, ils cherchent à se débarrasser de l'espèce humaine afin de mettre la main sur l'eau. L'un des défis que nous avions à relever consistait à donner l'impression qu'il s'agit d'une véritable armée d'invasion. Dans les films de James Cameron, tout est fonctionnel. Nous avons donc reproduit la même recette pour nos envahisseurs. Ils ont des soldats, des lieutenants, des médecins, des généraux... Une véritable hiérarchie ! Nous avons également longuement réfléchi à leur morphologie. Nous voulions un extraterrestre qui ne soit ni un insecte, ni une créature fantastique. Les films Alien et District 9 s'en sont déjà chargés (rires) ! Nous avons imaginé un design totalement étranger à notre planète ; il s'inspire de la biomécanique... » La post-production du film a été confiée aux studios d'effets visuels Cinesite (Le Choc des Titans), Embassy VFX (District 9), Shade, Soho VFX (Jumper) et Hydraulx (2012) . Pour l'anecdote, les fondateurs d'Hydraulx, les frères Strause, qui sont également les réalisateurs d'Aliens vs Predator Requiem, ont oublié de mentionner qu'ils mettaient parallèlement en scène Skyline... un film d'invasion extraterrestre prévu pour cet automne ! On imagine aisément la tête des dirigeants des studios Columbia lorsqu'ils comprirent que les Strause avaient eu accès aux storyboards et autres secrets de Battle: Los Angeles... Ce qui n'empêche pas que les premiers extraits du film, diffusés à l'occasion de la Comic Con de San Diego, ont rencontré un franc succès. « J'en ai vu quarante minutes », raconte Michelle Rodriguez. « Le dynamisme de ces séquences me rappelait tellement le jeu vidéo Call of Duty: Modern Warfare que je cherchais inconsciemment une manette pour prendre le contrôle de ce que je voyais sur l'écran (rires) ! » Les amateurs de science-fiction et de batailles frénétiques devront désormais attendre le 6 avril 2011, date de sortie américaine de ce long-métrage prometteur...

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