Avant-première exclusive ESI : Dans les coulisses de Captain America : the first avenger - Entretien avec Rick Heirichs, chef décorateur et directeur artistique du film, et nombreuses révélations sur l’intrigue
Article Cinéma du Jeudi 10 Fevrier 2011

Effets-speciaux.info s’est rendu récemment sur le tournage de l’un des films de superhéros les plus attendus de 2011, Captain America : the first Avenger, réalisé par Joe Johnston. S’il est moins connu en France que Spider-Man, Iron Man, Les 4 Fantastiques ou les X-Men, Captain America n’en est pas moins l’un des personnages fondateurs des éditions Marvel, et l’une des figures emblématiques de l’âge d’or de la bande dessinée…

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau



Octobre 2009, Studios de Shepperton. En franchissant les grilles des célèbres studios anglais, situés à une heure de route de Londres, il est assez facile de jauger l’ampleur de Captain America : the first avenger, le film que Marvel consacre au fameux super-soldat de la seconde guerre mondiale, qui se tourne en ce moment : sur chaque espace disponible le long de la route principale sont garées de superbes voitures des années 30/40, en parfait état, tandis que les plus grands plateaux du studio sont accaparés par la superproduction, qui entre dans ses ultimes semaines de tournage. C’est un moment assez étonnant pour tout amateur de bande dessinée, car depuis ses débuts, Captain America n’était apparu que dans des sérials des années 40, des téléfilms plutôt indigents et dans un film grotesque réalisé par Albert Pyun en 1990.



En dehors de ses apparitions dans des séries animées comme X-Men ou dans les deux longs métrages animés Ultimate Avengers, de bonne facture, sortis directement en vidéo en 2006, on ne peut pas dire que le personnage ait été traité comme il le méritait en prises de vues réelles.



Aujourd’hui, grâce à la volonté ambitieuse des Studios Marvel de transposer dignement leur patrimoine à l’écran, Captain America va enfin faire ses vrais débuts sur le grand écran. Mais comment Joe Johnston va t’il réussir à intéresser le public actuel à cette icône qui date de 1941, et dont le costume semble taillé dans la bannière étoilée ? Ce n’est pas un mince gageure, surtout si l’on considère que le public des jeunes spectateurs constitue une partie importante des films de superhéros. Deux éléments jouent déjà en la faveur du projet : Joe Johnston, réalisateur solide et efficace, qui a prouvé avec Jumanj, Jurassic Park 3 et Wolfman sa capacité à mettre en scène des films fantastiques de très bon niveau. N’oublions pas que le même Johnston avait dessiné le storyboard de la fameuse poursuite en camion des Aventuriers de l’arche perdue pour Steven Spielberg, et qu’il avait déjà abordé les thèmes de l’espionnage et de la Science-Fiction rétro-futuriste dans The Rocketeer (1991) Ce film attachant, adaptation d’une BD culte de Dave Stevens, fut hélas amoindri par les coupes sombres opérées par les studios Disney pendant la production, empêchant ainsi le tournage de nombreuses scènes d’action spectaculaires qui avaient déjà été minutieusement storyboardées… Second atout capital des aventures de Captain America : c’est l’excellent Chris Evans, qui avait déjà su interpréter parfaitement le bouillant Johnny Storm, alias la torche humaine, dans les deux volets des aventures des Quatre Fantastiques, qui incarne Steve Rogers / Captain America. Echaudé par l’aboutissement de ces deux films (et particulièrement le second, qui fut un échec à la fois artistique et commercial), Evans a longtemps hésité avant d’accepter le rôle de Captain America, mais finalement rassuré par la vision de Joe Johnston et par les moyens importants mis en œuvre pour tourner le film, il a fini par changer d’avis.

Révélations sur l’histoire

Avant de jeter un coup d’œil sur ce qui se tourne ou se construit sur les plateaux de Shepperton, nous avons rendez-vous avec le chef décorateur du film, Rick Heinrichs. Il nous attend dans une salle de conférence sur les murs de laquelle sont exposés des centaines d’illustrations spectaculaires. D’un coup d’œil, on comprend l’ambition du projet : créer le premier film de superhéros au style « rétro-futuriste », et aux scènes d’action dignes de celles des Aventuriers de l’arche perdue. Graphiquement déjà, tous les bons ingrédients y sont : nazis diaboliques, armes délirantes, bombardier géant en forme d’aile volante, voiture-tank du méchant, sans oublier le fameux « Red Skull », l’ennemi juré de Captain America. Le surhomme au crâne écarlate, modifié physiquement par les nazis de l’organisation Hydra, est incarné par Hugo Weaving, l’inoubliable agent Smith de Matrix, qui porte, comme en témoignent les photos et illustrations affichées là, un maquillage très impressionnant de visage écorché, complété par un peu d’effacement numérique, Crâne rouge n’ayant plus de nez. Ravi de constater l’enthousiasme que déclenche parmi nous l’observation des superbes concepts artistiques de son équipe, Rick Henrichs entreprend de nous dévoiler toute l’histoire du film, qui narre fidèlement la genèse du superhéros, tout en y ajoutant quelques éléments inédits. ATTENTION : si vous préférez ne pas tout savoir de l’intrigue avant de voir le film, il est encore temps d’arrêter de lire ce dossier riche en révélations… ou de n’en survoler que quelques passages. A vous de choisir…Nous vous aurons prévenus ! Comme on le sait, ce n’est pas un hasard si le sous-titre du film est « the first avenger » : Dans Captain America : the first avenger comme dans L’incroyable Hulk, Iron Man 2, et prochainement Thor, les studios Marvel ont glissé des scènes annonçant la réunion de ces superhéros au sein de l’équipe des vengeurs, dans le long métrage The Avengers écrit et réalisé par Joss Whedon que nous découvrirons en 2012…

Entretien avec Rick Heirichs, Chef décorateur et directeur artistique

Après avoir fait ses études au sein du célèbre California institute of the arts, situé à Valencia, Rick Heinrichs a travaillé au sein du département animation de Disney, où il a rencontré Tim Burton, devenant par la suite l’un de ses collaborateurs réguliers, en tant que directeur artistique et chef décorateur, notamment sur le court-métrage Vincent (1982), Edward aux mains d’argent (1990), Batman, le défi (1992), L’étrange Noël de Mr Jack (1993), Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête (1999), La planète des singes (2001), et même sur le projet avorté de Superman Lives, développé en vain de 1997 à 1998. Heinricks avait signé aussi les décors de deux films-cultes des frères Cohen, Fargo (1996) et The Big Lebowski (1998). Dans le registre du fantastique, il a signé les décors de Hulk (2003), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire (2004), Pirates des CaraÏbes – Le Secret du coffre maudit (2006), Pirates des CaraÏbes – Jusqu’au bout du monde (2007) et de Wolfman, réalisé par Joe Johnston en 2010, qu’il a suivi dans l’aventure de Captain America : the first avenger.

Comment ce projet a t’il débuté pour vous ?


Joe a commencé à m’en parler quand nous collaborions sur Wolfman. J’ai tout de suite été intéressé par la perspective de travailler sur un film se déroulant pendant la seconde guerre mondiale, tout en ayant la possibilité d’utiliser des designs très stylisés et futuristes. Captain America a été d’emblée un défi passionnant , à la fois très complexe et très amusant à relever. Au sein de mon équipe, j’ai réuni des maquettistes, des dessinateurs, des storyboardeurs et des sculpteurs, et comme vous pouvez le voir, en regardant tout ce qui est exposé autour de nous, ils ont produit beaucoup de choses pour permettre de préparer l’univers du film dans ses moindres détails.

Que pouvez-vous nous dire de l’histoire du film, et des éléments des différentes époques des bandes dessinées de Captain Americaque l’on y retrouve ?

Comme vous le savez certainement, Captain America a été créé en 1940 par le dessinateur Jack Kirby et le dessinateur/scénariste Joe Simon. (Sa première apparition a eu lieu en mars 1941, dans Captain America Comics n°1, un numéro entré dans l’histoire de la BD, car on y voyait le justicier donner un coup de poing à Hitler ! NDLR). A l’époque, il faisait partie des personnages de comics comme Superman, qui étaient utilisés pour faire passer des messages de propagande patriotique et à inciter le public à soutenir les nations européennes attaquées par les troupes nazies. Au fil des années, le personnage a évolué pour symboliser un homme venu du peuple qui se bat avec courage pour défendre les valeurs humanistes et lutter contre le mal sous toutes ses formes. Evidemment, la tâche qui m’était confiée consistait à mettre en valeur le contraste entre l’univers positif du héros et celui, maléfique, de ses ennemis que sont les nazis, Crâne rouge et l’organisation Hydra.

Est-ce que tout le film se déroule pendant la seconde guerre mondiale ?

Non, car il débute et se conclut de nos jours, mais le conflit de 1939-1945 représente 90% de l’histoire. Au cours de la première séquence, on voit une équipe explorer ce qui ressemble à la carcasse d’un bombardier géant de la seconde guerre mondiale, enfouie dans les neiges de l’arctique. Elle y découvre quelque chose de mystérieux qui va être le lien avec la première scène du film qui se déroule dans le passé : l’attaque d’un village de Norvège par les troupes de l’organisation Hydra. L’un des personnages que l’on découvre alors, Johann Schmidt, est fasciné par la mythologie nordique, et il cherche la source d’une des forces les plus puissantes de l’univers, un objet légendaire appelé « le cube ». Après avoir mené de longues recherches, il a réussi à le localiser, et le recherche donc dans ce petit hameau appelé Hansberg. Il utilise ses engins monstrueux pour raser les bâtiments et réduire les maison en miette, pendant qu’il cherche l’endroit précis où le cube a pu être dissimulé. A l’origine, Johann Schmidt était membre du parti nazi, mais il l’a quitté pour fonder sa propre organisation, Hydra. Comme vous pouvez le voir, nous nous sommes inspirés de l’esthétique nazie pour concevoir les engins et les armes d’Hydra qui apparaissent dans cette séquence. L’un des véhicules les plus impressionnants du film est le « coupé » de Schmidt, qui est une énorme voiture blindée et truffée d’armes. Une de nos grandes satisfactions a été de pouvoir non seulement dessiner mais aussi de construire en vrai cette voiture colossale, que vous pourrez voir tout à l’heure sur l’un des plateaux. Elle est très impressionnante : c’est un monstre mécanique de près de neuf mètres de long ! Le véhicule a été construit de A à Z par le département des effets spéciaux. Il est capable de rouler à près de 100 KMH, mais en raison de sa taille, nous n’avons pas pu utiliser un châssis classique. La voiture est donc dépourvue de suspension. Elle n’a pas non plus de ceinture de sécurité, ce qui a quelque peu angoissé les pilote conduisaient ce monstrueux engin. C’est le designer Daniel Simon a conçu l’engin en 3D sur son ordinateur. Il est venu récemment visiter le plateau, et il est littéralement « tombé à genoux » devant la voiture tellement il était époustouflé de la voir matérialisée ainsi, de manière aussi fidèle. C’était un vrai choc pour lui. Elle est assez bluffante, avec sa carrosserie en métal, ses énormes pneus qui proviennent d’engins militaires. Tous les détails fonctionnent. Le département des effets spéciaux a même pensé à animer les cadrans au moyen de servomoteurs radiocommandés. On peut voir les aiguilles s’agiter dès que la voiture, qui est équipée d’un moteur de dragster très puissant, démarre sur les chapeaux de roues !

Comment Steve Rogers, le futur Captain America, apparaît-il dans le film ?

Eh bien il n’a vraiment rien d’un superhéros quand nous le découvrons : c’est un jeune homme chétif, de santé fragile et de taille moyenne, qui est souvent brutalisé par les voyous de son quartier de Brooklyn, à New York. Il a envie d’en découdre avec eux, et ne se laisse pas faire quant ils le provoquent et se moquent de lui, mais il est bien trop faible pour avoir le dessus. Même s’il est conscient de ses déficiences, Steve a terriblement envie de s’engager dans l’armée pour défendre son pays. Il se présente au service de recrutement et essaie de faire bonne impression, mais il est recalé parce que jugé inapte physiquement. Il est classé « 4F » et ne peut pas partir combattre, tandis que son meilleur ami Bucky Barnes, lui, est recruté sans difficulté et s’apprête à partir.

Compte tenu que Chris Evans est un garçon grand et athlétique, qui s’est musclé pour jouer le rôle, comme va t’il pouvoir jouer les scènes où il apparaît petit et chétif ?

Le département des effets visuels a mis au point une procédure qui va permettre de réduire les proportions de son torse, de ses bras et de ses jambes dans les prises de vues. C’est grâce à ces trucages numériques complexes que Chris a pu jouer Steve Rogers avant et après sa métamorphose.

La suite de cet article sera publiée prochainement par ESI !

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