A l’occasion de la sortie DVD & Blu-Ray des Gardiens de Ga’Hoole, retour sur cette saga animalière fantastique
Article Animation du Vendredi 18 Fevrier 2011
En passant des Gardiens (titre français de la BD Watchmen) à ces Gardiens de Ga’Hoole dont les héros ne sont autres que des hiboux et des chouettes, Zack Snyder prouve une fois de plus, après L’armée des morts et 300, sa capacité à nous surprendre en changeant de registre de film en film.
Par Pascal Pinteau
Pour sa première incursion dans le cinéma d’animation, il adapte en long métrage les trois premiers tomes – intitulés respectivement L’enlèvement, Le grand voyage et L’assaut - de la saga littéraire en quinze volumes de Ga’hoole écrite par Kathryn Lasky de 2003 à 2008. Cette œuvre atypique destinée aux lecteurs adolescents et aux jeunes adultes devint rapidement un best seller aux USA (elle est éditée en France par Pocket Jeunesse) . A l’origine, Lasky comptait écrire un livre sur les hiboux, et avait fait un important travail de recherche sur ces animaux. Quand elle décida de passer à la fiction, elle eu à cœur d’inclure le plus possible de détails exacts dans son univers. La finesse de la description des personnages compte pour beaucoup dans le succès de Ga’hoole, car en spécialiste de l’histoire (elle a écrit plusieurs récits historiques, dont un ouvrage consacré à Marie-Antoinette) Kathryn Lasky a su s’inspirer des comportements humains les plus sombres comme des plus admirables pour écrire cette aventure fantastique. Le héros de cette épopée animalière est Soren, un tout jeune hibou fasciné par les exploits audacieux des gardiens de Ga’Hoole que lui racontait son père. Ces guerriers mythiques avaient mené une grande bataille pour sauver tous leurs congénères des griffes des « Sang-purs », des hiboux maléfiques. Alors que Soren rêve de retrouver un jour ses héros, et de se joindre à eux, son frère aîné, Kludd, se moque de ses projets, et manigance pour s’attirer les faveurs de leur père en chassant déjà, malgré son très jeune âge, et en dépit du fait qu’il ne peut pas encore voler. La jalousie de Kludd a de terribles conséquences : au cours d’une dispute, les deux rapaces tombent du foyer familial aménagée au sommet d’un arbre, et se retrouvent confrontés aux Sang-purs. Après bien des mésaventures, Soren s’échappe en compagnie d’autres jeunes hiboux courageux. Ils s’élancent ensemble par-delà la mer et traversent les effrayantes étendues de brouillard pour parvenir jusqu’au « grand arbre » où se nichent les légendaires gardiens de Ga’hoole, afin de leur demander de l’aide. Avec de tels combattants à leurs côtés, ils pourront tenter de sauver une fois encore leur peuple de la terrible menace des Sang-purs. Pendant sa quête, Soren découvrira la vérité qui se cache derrière les légendes, et ses aventures les mèneront dans de nombreux endroits aussi fascinants que dangereux…
De la page à l’écran
Les histoires débordantes d’imagination de Kathryn Lasky - adaptées pour le cinéma par les scénaristes John Orloff et Emil Stern - avaient captivé Zack Snyder, mais sa décision d’en réaliser la transposition cinématographique est due à une requête maintes fois formulée par ses enfants : « J’avais envie de réaliser un film destiné à toute la famille depuis longtemps, mais à chaque fois, mes projets m’entraînaient vers des productions conçues pour les spectateurs adultes. Mes enfants se plaignaient et me disaient sans cesse ‘ Papa, quand feras-tu enfin un film que nous pourrons voir ?! ’ Leur demande et mon goût pour les récits épiques m’ont poussé à m’intéresser à l’histoire de Ga’hoole, celle d’un jeune hibou qui veut retrouver des gardiens légendaires pour protéger son peuple d’une terrible menace. Pour moi, c’est un récit passionnant, dont la dimension mythique est intemporelle. » L’épouse du réalisateur, la productrice Deborah Snyder, ajoute : « Le père de notre héros, Soren, lui a raconté ces histoires à propos de la légende des gardiens, mais peu de gens savent si elles sont vraies ou pas. Elles sont devenues un mythe, mais pour Soren, elles sont authentiques. Et il se lance dans un périlleux voyage pour retrouver les gardiens, parce qu’il est convaincu qu’ils sont le seul espoir de survie pour son peuple. Son voyage est aussi le récit de sa propre évolution, de sa maturité naissante. Il lui permettra de prendre de l’assurance, de croire en lui, puis d’accomplir des choses dont il se pensait incapable. »
Un monde à recréer
Compte tenu des scènes que devaient jouer les hiboux du film, il était bien évidemment impossible d’avoir recours à de véritables animaux dressés, ni même à un mélange complexe de prises de vues réelles et d’animation 3D. Il allait falloir modéliser et animer les protagonistes comme les environnements naturels en images de synthèse, et tout cela en atteignant une précision hyperréaliste. Une tâche d’autant plus difficile que chaque plume d’un hibou en vol doit être animée indépendamment par un logiciel dédié, pour tenir compte des lois de l’aérodynamique et des évolutions du personnage, pendant qu’il bat des ailes ou se laisse planer. C’est en observant des centaines d’heures de documentaires consacrés aux rapaces, et en analysant leurs mouvements et leurs attitudes dans toutes les circonstances de leurs vies que l’on allait trouver les clés de ce travail. Pour relever ce défi, il a fallu trouver un studio d’animation déjà doté d’une solide expérience de représentation d’animaux. Le producteur Zareh Nalbandian, dont la société bien nommée Animal Logic avait créé les pingouins chantant et dansant du film de George Miller Happy Feet, a réuni une équipe de 500 infographistes, experts en effets numériques et animateurs pour se lancer dans l’aventure de Ga’hoole. « Le monde des vrais hiboux est fascinant, et les livres de la saga de Ga’hoole utilisent en plus une imagerie extrêmement riche. » commente Nalbandian. « Mais cette histoire est d’abord et avant tout celle d’un jeune hibou un peu naïf, qui croit en lui, et qui veut défendre ce qui est juste. Son voyage se déroule dans ce monde habité uniquement par des hiboux, où l’on ne voit aucun humain. On découvre de nombreux paysages naturels, ce qui nous donne l’occasion de créer de superbes panoramas. Si vous ajoutez à cela l’opportunité de donner au public l’impression de voler au-dessus des nuages en 3-D Relief dans un environnement totalement réaliste, vous comprendrez pourquoi nous étions convaincus d’emblée qu’il fallait absolument que nous participions à ce film, parce qu’il fallait que ce fabuleux spectacle puisse exister. » Les producteurs exécutifs Lionel Wigram, Chris deFaria, et Bruce Berman furent rejoints par l’auteur de la saga de Ga’hoole, Kathryn Lasky, et par Donald de Line. Pour de Line comme pour ses collègues producteurs, respecter l’œuvre originale était l’un des objectifs les plus importants : « Nous voulions tous restituer l’atmosphère si particulière des livres, et réussir à donner au film une ambiance de grande aventure, afin que l’univers de Ga’hoole prenne vie en images. Zack est non seulement un formidable réalisateur, mais il est aussi un artiste dont le talent visuel n’est plus à prouver. Donnez-lui, comme dans Ga’hoole, de belles scènes d’action, des créatures qui volent, et de grandes séquences de batailles, et il est aussi heureux qu’un gosse dans un magasin de bombons ! »
La naissance d’un héros
Si la structure du film suit l’arc narratif classique du « voyage du héros », mythe universel, commun à toutes les cultures, dont parla si bien Joseph Campbell, son personnage principal est tout sauf habituel. « Parmi les hiboux, Soren ne s’impose pas comme d’emblée comme étant un héros » précise Zack Snyder. « Le principal obstacle qu’il doit surmonter, c’est que dans un monde où il ne côtoie que des gens rationnels, réalistes, il est le seul à croire en un rêve. C’est ce en quoi consiste le voyage initiatique qu’il va entamer : découvrir que ce qu’il croit est bien vrai et nous le faire croire à nous aussi. » Les forces maléfiques que Soren est destiné à rencontrer et à combattre prennent la forme des Sang-purs, un groupe de hiboux qui se croient issus d’une race supérieure et qui projettent de dominer l’ensemble du monde des Hiboux. Après être tombés accidentellement de leur arbre de la forêt de Tyto, Soren et Kludd sont enlevés par les Sang-purs. Séparé de son frère, Soren rencontre Gylfie, une petite femelle hibou exubérante et à la langue bien pendue qui se trouve dans la troupe de prisonniers emmenés de force dans les canyons de Saint Aegolius. Arrivés sur place, les hiboux kidnappés sont formés pour devenir des soldats. Et on les contraint à travailler dans l’armurerie où sont fabriquées les projectiles dont se servent les Sang-purs. Mais Soren, qui est plus combatif qu’il ne le paraît, ne se laisse pas embrigader, malgré les brimades et les mauvais traitements. Il prend la décision de s’évader, tout en sachant qu’il risque sa vie. Déterminé à trouver l’arbre mythique où vivent les gardiens de Ga’hoole, il expose son plan à Gylfie, qui accepte de le suivre. L’évasion réussit et Gylfie devient la première alliée de Soren. Pendant le voyage, Soren et Gylfie rencontrent deux autres congénères : le minuscule Digger, audacieux et vantard en dépit de sa petite taille, et l’énorme Twilight , un ménestrel placide et imposant, qui joue du luth et déclame de la poésie, mais qui sait aussi se battre comme un vrai guerrier. Digger et Twilight se joignent à Soren et Gylfie pour retrouver les gardiens de Ga’hoole. Ce tandem excentrique et drôle contraste avec celui formé par Soren et Gylfie, qui restent concentrés sur leur mission. Habituée à vivre sous le ciel immense des déserts et des canyons, Gylfie a pris l’habitude de se guider grâce aux étoiles, et elle devient naturellement la navigatrice du groupe. « Digger et Twilight sont des personnages très amusants » déclare Zack Snyder. « Ils ont leur propre vision décalée du monde, et réagissent de manière surprenante à toutes les situations auxquelles ils sont confrontés. Ils font songer aux personnages truculents et pittoresques de Shakespeare, comme Falstaff. Leur apparence est amusante, et c’est une bonne chose de disposer de ces deux protagonistes fantasques pour équilibrer le côté pensif et sombre de Soren. » Les quatre hiboux forment un petit groupe très soudé. « Ils cherchent tous à établir des liens affectifs » ajoute Deborah Snyder. « Et pendant leur longue quête, leur groupe devient peu à peu une famille. Ils se protègent les uns les autres. Bien qu’ils soient physiquement très différents, ils disposent chacun de capacités uniques qu’ils utilisent de manière judicieuse : Gylfie a beau être petite, elle est une navigatrice hors pair. Digger, lui, a un sens de l’observation si développé qu’il remarque des petits indices tout au long de leur voyage. Chacun apporte sa pierre à l’édifice commun. »
Un mentor et une nurse inattendue
Elzylryb est un très vieil hibou qui devient le mentor de Soren. Cet ancien chef de tribu, qui fut un guerrier admiré, prend le jeune rapace sous son aile, et lui enseigne un peu de sa sagesse en lui racontant ses expériences passées. Il devine que Soren est digne de devenir son fils spirituel, et qu’il saura utiliser ses conseils pour faire le bien. Au début de l’histoire, on découvre un autre personnage atypique, Mrs Plithiver, la nurse du foyer de la famille de Soren, qui n’est autre qu’un serpent aveugle. Si l’idée même qu’un reptile puisse prendre soin de jeunes hiboux semble pour le moins farfelue, et probablement issue de l’imagination fertile de l’auteur, il n’en est rien, car elle est bel et bien ancrée dans la réalité ! Les biologistes ont souvent constaté que certaines espèces de hiboux capturent des serpents aveugles et les déposent dans leurs nids pour les garder. Les serpents protègent alors les stocks de nourritures – des dépouilles de souris, mulots et autres rongeurs – des insectes qui tentent de les dévorer, et ne s’attaquent pas aux petits hiboux ! Contrairement à l’image négative, souvent maléfique, des serpents dans les œuvres de fiction, Mrs Plithiver s’avère être une nounou aimante et pleine d’humour, qui s’occupe des bébés hiboux tout en assurant une stricte discipline. La famille de Soren lui fait entièrement confiance. « Le film n’évoque pas seulement la cellule familiale, mais aussi les amis que vous rencontrez au cours de votre vie, et qui constituent votre seconde famille, celle que vous créez. » ajoute Zack Snyder. « Ces amis proches n’ont peut-être pas grandi sous le même toit que vous, mais quand vous les trouvez, vous êtes prêts à vous battre pour les défendre, quel que soit le prix à payer. »
L’attrait du mal
Les relations au sein de la famille de Soren deviennent plus complexes quand son frère Kludd, au lieu de rejeter les Sang-purs qui l’ont capturé, choisit de combattre à leurs côtés. Parmi les leaders des hiboux maléfiques se trouve Nyra, une femelle ambitieuse et puissante. Elle aurait pu devenir un membre du parlement des hiboux de Ga’hoole, mais la notion même de la démocratie la répugne. Elle préfère diriger en instaurant la dictature. « Les jeunes gens peuvent quelquefois se prendre pour les rois du monde, et être réceptifs à ces idées dangereuses » déclare Helen Mirren, qui prête sa voix à Nyra dans la version originale du film. « On les manipule aisément pour leur faire croire qu’ils sont les élus. » Pour Zack Snyder, la relation entre Kludd et Soren évoque le récit biblique de Caïn et Abel. « Ce qui m’intéressait dans ces deux personnages, c’est que l’un est naturellement mauvais, tandis que l’autre est naturellement bon. Ce sont des frères. Il existe bien un peu d’amour entre eux, mais en fin de compte, les ambitions dévorantes de Kludd prennent le pas sur l’amour et la loyauté dont il devrait faire preuve envers son frère. Son désir de le trahir est bien plus profond. » Le dilemme de Kludd repose en partie sur sa vulnérabilité. Il s’agit d’un individu très torturé, qui ne possède pas les dons naturels de Soren, mais qui veut servir d’exemple en dépit de cela. Lorsque les Sang-purs le manipulent, ils lui font croire qu’ils ont besoin de lui, qu’il est unique et cela suffit à le pousser à obéïr à tous leurs ordres. Pour lui, c’est une nouvelle vie qui commence, et l’occasion de se sentir enfin puissant. « Contrairement aux autres rapaces, les Sang-purs croient que les seuls hiboux dignes de ce nom sont ceux qui naissent dans le royaume de la forêt de Tyto » précise Deborah Snyder. « Ils veulent que tout le monde se ressemble, que personne ne réfléchisse en tant qu’individu, tandis que les gardiens de Ga’hoole célèbrent les dons particuliers de chacun, et ce qui fait sa différence. Chaque hibou a sa place, et pour peu qu’il trouve ce en quoi il peut s’accomplir, il peut devenir un membre apprécié de la communauté et s’y intégrer parfaitement. C’est un message formidable à véhiculer dans un film destiné à tous les publics. »
Reconstituer l’univers des hiboux
Sur le grand écran, Les Gardiens de Ga’hoole présente alternativement des séquences débordantes d’action – des combats aériens étourdissants, des plongeons dans un océan obscur, des évolutions au milieu des flammes, des poursuites à couper le souffle – et des moments de beauté paisible, comme cette scène où l’on suit Soren alors qu’il fend l’air, au milieu d’une pluie étincelante de lumière. « Même si nous présentons des scènes d’action, de poursuites et de batailles, qui impressionneront les spectateurs, nous n’oublions pas de faire surgir l’humour pour détendre régulièrement l’atmosphère. Et grâce au travail accompli par Animal Logic, les images du film sont d’une beauté à couper le souffle. » En acceptant de réaliser le film, Zack Snyder ne l’a pas considéré comme un film d’animation devant répondre aux critères du genre, mais d’abord comme une grande aventure fantastique. « Zack voulait suivre l’histoire d’un héros, tout en créant un spectacle qui serait une véritable fête visuelle. » ajoute Zareh Nalbandian. « Cet univers très riche, conçu en « stylisant la réalité », comme le dit Zack, est le fruit de beaucoup de travail. Avant d’entamer le processus d’animation, il a d’abord fallu apprendre comment un hibou se comporte, comme il tourne la tête, quel est son poids, quel aspect il a sans ses plumes. D’ailleurs, il se trouve qu’il existe des hiboux dépouvus de plumes. » Pendant les premières étapes du développement de l’animation, ces hiboux sans plumes firent partie des modèles anatomiques qui servirent à créer la ménagerie du film. « Nous avons travaillé dur pour représenter les hiboux avec intégrité. Nous ne voulions pas basculer dans un univers de style cartoon où les hiboux utiliseraient les pointes de leurs ailes comme s’ils avaient des doigts. Nous avons tenu compte de toutes les caractéristiques des vrais hiboux, de leur langage jusqu’aux armes dont ils se servent. » Les paysages du film sont eux aussi basés sur la réalité, notamment sur les environnements naturels de l’île de Tasmanie, située près de la partie sud de l’Australie. La version 3D de la forêt de Tylo est entièrement composée d’éléments issus de la Tasmanie, tandis que d’autres paysages, photographiés sur place par le chef décorateur Simon Whitley et le superviseur numérique Ben Gunsberger, sont inspirés de sites australiens. C’est en se basant sur ces images réelles que l’équipe de conception artistique a créé des mattes numériques des éléments d’arrière-plan et d’autres décors du film. « Nous avons survolé les lacs des cratères, l’océan, puis le Cap Raoul de l’autre côté de la Tasmanie, dont la côte est jalonnée d’étonnantes colonnes de pierre » se souvient Whiteley. « Par la suite, nous avons tenté de lier intimement ces paysages à la narration de l’histoire. » Pour compléter leur connaissance des hiboux, Whitely et le directeur artistique Grant Freckelton ont visité des sanctuaires où ces animaux vivent en semi-liberté, ainsi que plusieurs musées d’histoire naturelle en Angleterre et en Australie.
Des oiseaux qui expriment leur caractère
« Les hiboux sont probablement les oiseaux qui ont le comportement le plus proche de celui des humains. » remarque Whiteley. « Quand nous avons travaillé avec les hiboux du sanctuaire, pour les filmer et les photographier, nous avons immédiatement vu quel était leur caractère. Au premier coup d’œil, je savais si je rencontrais un hiboux heureux, grincheux ou en colère. Et je me souviens aussi d’un hibou appelé Fluffy qui était aussi docile qu’un petit chiot. On pouvait le caresser et le gratouiller ! » Au fil de ses observations, Whiteley a établi tout un catalogue de comportements des vrais hiboux, qu’il a ensuite attribués aux différents rapaces du film. « Nous avons filmé une trentaine d’espèces différentes de hiboux, faisant toutes sortes de choses : se baignant, s’envolant, planant, volant vite, lentement, atterrissant, courant, chassant, attaquant des proies, et bien sûr utilisant leurs projectiles. Nous voulions que nos animaux en 3D semblent plus vrais que de vrais hiboux ! » A la fin de ces recherches détaillées, les animateurs et les artistes du studio Animal Logic étudièrent attentivement ces prises de vues, afin d’apprendre les mouvements des rapaces. Les modeleurs et les artistes chargés de la création des surfaces des personnages 3D travaillèrent en étroite collaboration avec les animateurs pour s’assurer que chaque mouvement d’un vrai hibou pourrait être reproduit par le modèle 3D. L’emplacement de chaque axe d’animation, le degré d’amplitude de chaque articulation était important pour parvenir à un résultat réaliste. Le département chargé des effets spéciaux s’assura ensuite que chaque plume de chaque type de hibou bougerait correctement dans les simulations de vent. Contrairement à la croyance populaire, les hiboux ne peuvent pas faire pivoter leur tête à 360°, mais certaines espèces parviennent à dépasser un axe de rotation de 270°, ce qui est déjà très impressionnant. Elles peuvent aussi pivoter leurs têtes en avant et en arrière, de manière à apercevoir un prédateur qui les attaquerait par l’arrière, en vol. Les animateurs du film ont dû étudier les squelettes de ces animaux pour déterminer comment placer les articulations sur leurs modèles. Mais il leur a fallu aussi résoudre le problème de l’intersection des plumes lorsque les personnages bougent. Plusieurs mois de travail ont été nécessaires pour concevoir les logiciels qui pilotent automatiquement le comportement du plumage des hiboux 3D, pour lui assurer un parfait réalisme. Les yeux des rapaces eux aussi ont été compliqués à reconstituer, en raison de leur forme légèrement tubulaire – c’est ce qui permet aux hiboux de voir au loin, comme s’ils étaient équipés de téléobjectifs – et de leur membrane qui fonctionne comme une troisième paupière, afin de préserver l’humidité à la surface de l’œil. Au-delà de cette prouesse de réalisme, ce sont surtout les émotions des personnages que les cinéastes cherchaient à faire partager aux spectateurs. « Nous allons décrire un monde que l’on n’a encore jamais vu » affirme Zack Snyder. « Un monde dans lequel on aura l’impression que l’homme n’existe pas, ce qui est une notion que je trouve particulièrement intéressante. » Portés par la vision de Kathryn Lasky, l’art de la mise en scène de Zack Snyder, et le réalisme des images 3D en relief conçue par Animal Logic, on comprend que de nombreux spectateurs se soient laissés séduire par l’univers de Ga’hoole.