Une superbe technologie de spectacle made in France, présentée dans le cadre d’une des attractions les plus populaires du Futuroscope.

Par Arthur Catredé

A la découverte de la Vienne.

Depuis 1994, le département de la Vienne dispose d’un pavillon qui présente et met en valeur les richesses de son territoire au sein du Futuroscope de Poitiers : La Vienne Dynamique, attraction largement plébiscitée par le public. Elle combine, en une synchronisation parfaite, la projection d’un long travelling avant, les mouvements de sièges interactifs montés sur vérins hydrauliques, un sonorisiation spatialisée et, depuis 2007, des surprises sensorielles. Les visiteurs sont unanimement séduits par son scénario original et le mélange de sensations fortes et d’humour.



Un nouveau pré-show

Jusqu’en 2009 , le pré-show de l’attraction, présenté dans la salle attenante, était un documentaire dédié au département de la Vienne, diffusé sur un mur de 850 écrans. Au regard des prouesses technologiques constamment renouvelées du Parc, les dirigeants du Futuroscope et le Conseil Général de la Vienne se sont penchés sur la transformation du dispositif. Les objectifs de ce nouveau pré-show : montrer de manière attractive et dynamique les nombreux atouts du département, tant touristiques que technologiques, véhiculer une image très contemporaine de ce territoire majoritairement rural et recourir à des outils innovants.En juillet 2009, c’est un collectif strasbourgeois qui remporte le marché. L’équipe constituée, Cnograph (maîtrise d’oeuvre, réalisation de la scénographie), Aquatique Show International (aquagraphie) et Via Storia (production audiovisuelle), séduit par l’originalité de son projet et l’emploi inédit de nouvelles technologies. Quand parait l ’appel d’offre, Christophe Schohn (Cnograph) sait qu’il s’agit là d’un projet susceptible de concilier son ambition créative et son goût pour le détournement de nouvelles technologies. Ses réflexions sur le département de la Vienne et le Futuroscope l’amènent à placer l’eau au centre du concept, tant sur la forme que le fond. Il approche alors Aquatique Show, la référence internationale dans la création de spectacles et d’effets aquatiques et Via Storia, créative société de production audiovisuelle. Schohn s’assure de la faisabilité technique et matérielle des dispositifs qu’il imagine, et notamment de la parfaite interaction entre les différents media, indispensable à la présentation d’un contenu majeur. A l’issue des présélections, et du repérage sur site, Cnograph affine le concept, encadre le contenu scénique et l ’équipe dépose le dossier technique finalisé. Trois candidats sont finalement auditionnés. Le concept strasbourgeois et ses audaces techniques , est lauréat . Le scénario du film, conçu comme une invitation souriante à la découverte de la Vienne, de son patrimoine et de ses habitants séduit par son parti pris bien-être et qualité de vie . Le traitement résolument contemporain des images, à la manière d’un clip, reflète quant à lui l’esprit d’innovation qui anime ce territoire. Cnograph assume l’intégralité de la direction artistique du projet. Le projet s’appuie sur l ’alliance inédite d’un film, tourné en full HD et monté pour un double système de projection, avec une diffusion sur deux écrans en interaction, l’un aquatique et dynamique, l’autre de toile à fort contraste. Une bande son originale, produite par des artistes français renommés (E3équiel, Vitalic, Freddy Jay), renforce l’atmosphère des différentes séquences. La diffusion est assurée de manière synchrone par deux vidéos projecteurs numériques, prévus pour un usage intensif, en full HD au format 16 /9e pour l’écran toile ( face à la scène) et en rétroprojection SD 16/9e pour le rideau d’eau (arrière scène).

Le rideau d’eau

L’écran aquatique AquaGraphic (8,15m x 4m) est positionné à l’avant centre de l’écran de toile (14,5m x 9m), afin de renforcer un effet de profondeur. Il est constitué de 3 rangées de 10.000 jets d’eau commandés par des électrovannes.En amont de la réalisation et du montage du film, Via Storia et Aquatique Show ont échangé sur leurs paramètres techniques respectifs, de manière à générer une osmose parfaite entre les images projetées et leur écran vivant. La technologie de ce rideau d’eau révolutionnaire est brevetée mondialement. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il n’ y a pas de régulation de la vitesse d’écoulement, ni d’introduction de pression dans les jets d’eau, afin d’obtenir ces sculptures graphiques . Le contrôle parfait du cheminement de l’eau (une chute bien rectiligne et des visuels relativement «stables»), est à l’inverse conditionné par l’absence totale de pression. Le système de gestion des électrovannes permet une alternance extrêmement fine des ouverture/ fermeture et commande ainsi à chaque goutte d’eau. En jouant sur les oppositions plein/vide des flux d’eau, il se produit comme une percée sur la vidéo, accentuant ou supprimant les effets de volume et créant ainsi l’illusion d’optique d’une projection en trois dimensions. De nombreuses sculptures liquides ont été dessinées, calculées et programmées pour renforcer de manière créative les images projetées. Elles génèrent des effets d’apparition (formes géométriques), de transition, voire simulent des objets traversant le mur d’eau. L’impact de ces sculptures a été validé sur place pendant les phases d’essais.

Le tournage

Le cahier des charges du Futuroscope requérant une projection sur écran géant, le parti-pris d’Eric Scandella (Via Storia ) et de Christophe Schohn ( Cnograph) a été, dès le départ du projet, de miser sur la séduction par l’image.Afin de restituer les visuels avec le plus grand bénéfice esthétique possible, tant les moyens techniques ( tournage en full HD avec objectifs cinéma, mouvements de grue spectaculaires…) qu’un véritable regard artistique ont été mis en oeuvre. A noter, le travail sur les lumières naturelles ou sur les textures, en particulier celles du ciel, souvent somptueux dans la Vienne.Entre les contraintes techniques, la gestion des nombreux figurants, celle de la circulation, l’attente d’une météo optimale, certains plans ont parfois nécessité plusieurs heures de mise en place pour quelques courtes secondes de captation. Le tournage reste pour l ’équipe,synonyme d’une aventure intense ponctuée de grands moments : le coup de mâchoire virulent d’un crocodile sur l’une des caméras à Civaux ( le pare- soleil en porte toujours les stigmates ), le spectacle extraordinaire d’un ciel d’orage au-dessus du Futuroscope, la poésie d’un crépuscule sur le Lac d’Héron , les prises de vue en hélico par grand vent …

La contrainte scénique du double écran

La contrainte scénique du double écran a imposé de nouvelles approches de travail pour l’équipe de réalisation (choix des images, montage,trucages et design). Dans ce système interactif, une attention particulière devait notamment être portée à l’harmonie et à la cohérence des images, ainsi qu’au sens de lecture . A cette fin, le montage s’est effectué en plusieurs étapes. Dans un premier temps, l’emplacement du rideau d’eau par rapport à la surface totale de projection a été matérialisé par un écran noir ; le scénario du film s’élaborant autour de celui-ci, de telle manière à permettre un équilibre de la composition finale. Dans ce cadre hors normes, il s’est agi de sélectionner des images marquantes au fort pouvoir d’attraction, afin de guider le regard du spectateur, de l’écran toile à l’écran d’eau. Pour cela, Thibault Graillot et Christophe Schohn ont pris le parti de placer l’humain, les regards et les émotions au centre du projet; ceux-ci agissant par phénomène d’identification avec le spectateur. Les plans serrés (gros plan ou plainpied) des figurants, tous habitants de la Vienne, constituent ainsi le fil conducteur du spectacle. Pour la mise en exergue de l’effet AquaGraphic, les images accueillies sur l’écran d’eau central comportent des couleurs vives, des à-plats ou rendent compte de textures et de mouvements

Traitement et agencement des images

Afin d’amplifier le mouvement, mais aussi afin d’amener de la profondeur de champ, du volume et de la texture, Thibault Graillot et Laurent Heideyer ont constitué en arrière plan un mur virtuel qui accueille certaines images du show, agencées en quadrillage, et travaillées au préalable dans un espace 3D dédié au montage et au trucage. Une caméra 3D permet de se déplacer dans les images, un peu à la manière d’une caméra, en offrant une infinie possibilité de rotations et de jeux de profondeurs. Cet univers créatif permet de styliser l’habillage des images, de créer les effets spéciaux, et donc d’apporter cet esprit clip ultra dynamique du film.Le mur d’images en arrière plan est présent tout au long du clip,même si l’oeil ne le perçoit pas toujours. Il change selon l’ ambiance des séquences : les différentes images le constituant sont projetées à l’avant pour annoncer ou déstructurer une scène, de manière très rythmée ou au contraire plus nonchalante. C’est ainsi que l’on peut voir des images exploser en particules, pivoter, s’interpénétrer, se fondre ou se recouvrir. Et enfin, le recours à des travellings vertigineux ou des accélérations foudroyantes, ne sera pas sans rappeler au spectateur les sensations turbulentes de certaines des attractions du parc. Au final, le show alterne selon les thèmes abordés entre des séquences énergiques et vives et un univers onirique et contemplatif, en clin d’oeil aux différentes composantes d’un territoire fait de contrastes. L’eau, aux multiples facettes, est l’actrice principale de ce show : elle se fait éclaboussure, gouttelette, remous dans la Gartempe, ondulation zen au Lac Héron ou écoulement paisible de la Vienne… Parfois elle parade, s’affiche au premier plan, quand l’écran aquagraphique s’anime et exalte par sa magie l’intensité dramaturgique du film.

Aquatique Show : Des spectacles d'eau et des effets spéciaux aquatiques pour des événements inoubliables.

Aquatique Show International allie depuis plus de 30 ans, passion et expertise au service du spectacle aquatique. La recherche menée par ses équipes vise l’harmonie absolue entre l’eau, la musique et les jeux de lumière. Elle se décline en de multiples produits, uniques et complémentaires. Le process est totalement maîtrisé en interne : concepteurs, ingénieurs électriciens, électroniciens, hydrauliciens et informaticiens imaginent, étudient et réalisent intégralement les produits et prestations. Les équipements, le plus souvent brevetés, témoignent d’une créativité permanente et de minutieuses mises au point. Ils sont fabriqués dans ses ateliers.La magie signée Aquatique Show procède d'une technique infaillible, mais aussi d'une certaine idée du spectacle. À travers le monde, ses créations sont élues par des partenaires exceptionnels : Château de Versailles, Disneyworld, Sea World Floride, Dubai Shopping Festival, Le Puy du Fou, Le Futuroscope, l’Exposition universelle de Shanghai 2010…Aux yeux du public, seule demeure la magie du spectacle.

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