La critique ESI : CAPTAIN AMERICA, LE PREMIER VENGEUR - Une formidable adaptation de la BD, et un film d’aventures épatant !
Article Cinéma du Mardi 19 Juillet 2011

Au cinéma le 17 août 2011

Par Pascal Pinteau

Imaginé en 1941 par Joe Simon et Jack Kirby, le personnage de Captain America est entré dans l’histoire de la BD en assénant un bon coup de poing à Hitler, sur la couverture du premier numéro de ses aventures. AU cours de ce premier récit, un savant remarque le patriotisme et le bon cœur de Steve Rogers, un garçon petit et chétif qui veut lutter contre les nazis. Il le choisit comme cobaye d’une expérience qui va le transformer en surhomme, et Rogers devient ainsi le symbole de l’Amérique combattante : le super-soldat Captain America. Conçu comme un personnage de propagande anti-nazie par Simon et Kirby, ce justicier drapé dans la bannière étoilée n’avait pas fait l’unanimité au moment de son apparition, avant l’entrée en guerre des Etats-Unis : à l’époque, beaucoup d’américains considéraient que la guerre en Europe ne les concernait pas, et Joe Simon avait même été pris à partie assez violemment par des gens hostiles aux idées développées dans sa bande dessinée. Evidemment, tout changea après l’attaque de Pearl Harbor par la flotte Japonaise, et après l’entrée en guerre des USA. Très populaires pendant la seconde guerre mondiale et jusqu’à la fin des années 40, les aventures de Captain America intéressèrent moins les lecteurs au début des années cinquante, et le personnage cessa d’être publié. Comme il le fit avec d’autres personnages Marvel des années 40, tel Namor le prince des mers ou la Torche humaine, Stan Lee eut la riche idée de ressusciter Captain America dans les années 60, en le tirant d’un bloc de glace dans lequel il avait hiberné malgré lui. C’est ainsi que l’icône de la seconde guerre mondiale a rejoint les rangs des Vengeurs et a entamé une nouvelle carrière dans le monde moderne.



Un remarquable travail d’adaptation

Avec CAPTAIN AMERICA, LE PREMIER VENGEUR, les studios Marvel font une fois de plus la démonstration qu’ils connaissent les points forts de leurs personnages sur le bout des doigts, et qu’ils savent à la fois moderniser le récit de leurs origines et respecter l’esprit de la bande dessinée originale. Comme IRON MAN ou THOR, CAPTAIN AMERICA plaira autant au grand public non spécialiste de BD qu’aux fans de Marvel qui connaissent cet univers par cœur, grâce à son scénario impeccable, qui traite parfaitement les thèmes importants de l’histoire, sans oublier les petits détails qui lui donnent toute sa saveur. Habile synthèse des deux « époques » de Captain America, le film se déroule à 95% pendant la seconde guerre mondiale, afin de décrire en détail la trajectoire personnelle de Steve Rogers. On ne saurait trop féliciter Marvel et Joe Johnston d’avoir confié le rôle principal du film à Chris Evans : le comédien livre là une prestation parfaite. Sobrement émouvant lorsqu’il est encore un souffre-douleur chétif, Evans reste « le petit Steve » après sa métamorphose en colosse athlétique revêtu de l’uniforme de Captain America. Il doute encore de lui, même si sa bravoure n’est jamais prise en défaut. Bien entendu, avec un titre comme CAPTAIN AMERICA, on pouvait craindre que cette aventure ait un aspect pro-américain trop pesant par moments : il n’en est rien !  En situant bien les motivations du héros dans le cadre de la défense de la liberté et de la lutte contre les nazis, et en montrant des soldats de tous les pays (y compris un français parlant en français dans la V.O., et qui fait partie du groupe des « Howling commandos » que les amateurs de Marvel connaissent bien) Joe Johnston et les scénaristes décrivent la lutte commune de plusieurs nations, aux côtés desquelles Steve Rogers combat comme un « des gars de l’équipe » un peu plus costaud que les autres, mais surtout pas comme un leader.

Un casting irréprochable

Autour de l’excellent Chris Evans, aucune fausse note dans la distribution : tous les rôles secondaires, parfaitement joués, « existent » d’autant plus qu’ils sont bien servis par le scénario. Hugo Weaving se délecte dans le rôle de l’affreux Johann Schmidt / Crâne Rouge, Hayley Atwell campe une Peggy Carter à la fois forte et charmante, Stanley Tucci campe un professeur Erskine drôle et touchant, Tommy Lee Jones un colonel Phillips dur à cuir mais plus sensible qu’il n’y paraît, et Sebastian Stan un Bucky Barnes solide et digne. Grâce à la maestria de Joe Johnston, les deux heures du film passent comme 80 minutes, sans que l’on ait l’impression que certaines scènes manquent pour mieux définir les personnages. L’un des autres plaisirs de la découverte de CAPTAIN AMERICA vient du travail remarquable des décorateurs, designers et costumiers, qui ont créé un univers parfaitement crédible, à mi-chemin entre la réalité des années 40 (les reconstitutions sont parfaites) et la Science-Fiction rétro-futuriste purement Marvel des machines de guerre de l’Hydra. Pendant la projection, on a presque envie de se pincer, tant le film respecte les codes visuels de la BD dans toute leur démesure ! Pour beaucoup de fans de comics, ce sera une expérience particulièrement jouissive, car il est fort probable qu’aucune des « major companies » d’Hollywood n’aurait eu le cran de traiter le personnage ainsi, par peur que les années 40 ne soient pas assez attirantes pour les ados des années 2010…

Quand premier et second degré font bon ménage…

Le récit est jalonné de trouvailles narratives que nous ne dévoilerons pas ici pour ne pas nuire à votre plaisir de découvrir le film. Nous nous contenterons de dire que la manière dont la transformation de Steve Rogers en surhomme, puis sa médiatisation en tant que Captain America sont gérées par le script touchent à la perfection, et permettent même une formidable mise en abyme du premier numéro de la BD originale ! De nombreuses touches d’humour judicieuses jalonnent l’histoire, lui évitant toujours de se prendre trop au sérieux. Ainsi, ce qui ressort de l’ensemble, c’est la sincérité des concepteurs du projet, transmise par tous les membres de l’équipe, devant et derrière la caméra. Le travail des différents studios chargés des effets visuels est lui aussi remarquable, notamment pendant la première partie du film, quand Steve Rogers est incarné par un Chris Evans rapetissé et rendu maigrelet par plusieurs techniques parfaitement utilisées. Gageons que les spectateurs qui ne connaissent pas bien Chris Evans seront stupéfaits de le voir sortir du laboratoire avec une toute autre stature, qui est pourtant la sienne. Les studios Marvel ont misé gros en produisant le premier film de superhéros situé pendant la seconde guerre mondiale, et l’ambition de leur pari tourne une fois de plus à leur avantage. Allez voir CAPTAIN AMERICA pour découvrir l’un des meilleurs films d’aventures de cet été !

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