Hommage à Ray Harryhausen, un grand maître de l’animation et des effets spéciaux
Article 100% SFX du Mardi 07 Mai 2013

Ray Harryhausen, génie des effets spéciaux, nous a quittés le 7 mai 2013, à l'âge de 92 ans. Afin de lui rendre hommage, nous vous proposons ce dossier que nous lui avions consacré...

Par Pascal Pinteau

Dans l’histoire du cinéma, certains grands créateurs d’effets spéciaux ont laissé une telle empreinte qu’il s ont influencés plusieurs génération de cinéastes. Ray Harryhausen fait partie de ces génies auxquels des réalisateurs comme James Cameron, George Lucas, Steven Spielberg, John Lasseter, Nick Park et Peter Jackson rendent volontiers hommage. Mais pour mieux comprendre son travail, il convient de le situer dans le contexte historique du cinéma d’animation, et plus particulièrement, de l’animation de marionnettes image par image.

Les débuts d’une nouvelle forme d’expression artistique

Au début du siècle, le Russe Ladislas Starevitch et l’Américain Willis O’Brien, futur mentor de Ray Harryhausen, furent les premiers a transposer la technique du dessin animé sur des personnages en trois dimensions. Starevich mettait en scène des récits féériques et burlesques en animant des poupées dont les squelettes de bois articulé étaient recouverts de peaux de cuir. Dans le premier film d’O’Brien, un combat de boxe comique, les deux protagonistes étaient des statuettes d’argile aux squelettes de fil de fer. L’inventeur Thomas Edison, enthousiasmé par le résultat, engagea O’Brien dans sa firme cinématographique et lui fit réaliser le court-métrage Le dinosaure et le chaînon manquant en 1915. On y voyait un dinosaure et un homme singe s’amuser à effrayer des hommes des cavernes. Le succès du film rejaillit sur O’Brien, qui fut chargé de concevoir les trucages du Monde Perdu, première adaptation du roman d’Arthur Conan Doyle. O’Brien développa alors une technique de fabrication de marionnettes si efficace qu’elle est encore employée de nos jours.

Un squelette de métal

Partant d’un plan du squelette du dinosaure, il fabriquait une série d’os de métal aux extrémités dotées de « rotules » : des billes d’acier « sandwichées » entre deux plaques d’aluminium dans lesquelles il avait foré des cratères. Les plaques d’aluminium étaient maintenues par des vis pour enserrer les billes. Reliées par les tiges, les billes des rotules permettaient de positionner le squelette dans n’importe quelle attitude. L’armature métallique était couverte de bouts de mousse pour former la silhouette de l’animal. Une fine peau de caoutchouc habillait le dinosaure, que l’on recouvrait d’écailles en faisant sécher une à une des gouttes de latex liquide. La production du Monde perdu débuta en 1922. O’Brien anima ses miniatures en masquant le coin inférieur droit de l’image. Après avoir rembobiné la pellicule dans la caméra, il cacha la partie de l’image déjà exposée, et y ajouta les prises de vues des comédiens réagissant à la présence des monstres. Le monde perdu sortit en 1925 et connut un énorme succès.

King-Kong : un tournant décisif dans l’histoire de l’animation tridimensionnelle

Ce n’est que huit ans plus tard, en 1933, que Willis O’Brien créa son chef d’œuvre : King Kong. Le gorille géant était une marionnette de 80cm de haut, recouverte de fourrure de lapin. Ses pieds munis de pas de vis étaient vissés et dévissés à la table d’animation à chaque pas. Les iris de ses yeux étaient percés de petits trous dans lesquels on insérait des aiguilles pour animer son regard. Pour la première fois, les décors miniatures dans lesquels évoluaient King Kong et les dinosaures de « Skull Island »(L’île du crâne) étaient munis de petits écrans de verre dépoli sur lesquels on projetait image par image, pendant l’animation, les prises de vues des acteurs. Les projections des comédiens ne pouvaient apparaître que dans une petite partie de l’image, mais grâce à ce subterfuge, les humains et les créatures préhistoriques semblaient se côtoyer.

Les débuts de Ray Harryhausen

Ray Harryhausen est né le 29 juin 1920 près de Los Angeles, en Californie. C’est en 1933 qu’il rencontra un gorille géant qui allait changer sa vie : King-Kong ! Fasciné par ce chef d’œuvre qu’il vit un nombre incalculable de fois, Harryhausen décida de consacrer sa vie à devenir le plus grand animateur du monde. Cinq ans plus tard, à 18 ans, il construisit un ours des cavernes doté d’une armature en bois et d’une fourrure…prélevée dans un manteau de sa maman ! Ce premier court-métrage amateur allait être suivi par de nombreux autres, de plus en plus maîtrisés et ambitieux. Dans l’un d’entre eux, intitulé Evolution , Harryhausen anima des dinosaures qu’il avait construits lui-même. La qualité de ce travail lui permit d’attirer l’attention des producteurs d’Hollywood. Harryhausen effectua son premier travail professionnel à 20 ans, en animant plusieurs courts-métrages de la série des Puppetoons de Georges Pal, un réalisateur qui signera plus tard La machine à explorer le temps (1960) , La guerre des mondes (1953), Tom Pouce (1959) et d’autres films fantastiques. Pendant son service militaire, Harryhausen anima des courts-métrages didactiques comme « Comment construire un pont ». Il réalisa aussi des sculptures de « Snafu », un personnage humoristique de soldat qui divertissait les troupes de l’armée américaine. Une fois libéré de ses obligations militaires, Harryhausen trouva un stock important de pellicules Kodak couleur dont la date limite d’utilisation était dépassée. Il eut l’idée de réaliser plusieurs adaptations des Mother Goose Stories (Les contes de ma mère l’oie). Afin de ne rien perdre de la précieuse pellicule, il « monta » les films à l’intérieur de la caméra, tournant chaque plan dans l’ordre, sans savoir si le résultat final serait exploitable ! Fort heureusement, la pellicule développée ne comportait pas de défauts. Harryhausen put trouver un distributeur et exploiter le fruit de son travail acharné. Ses courts-métrages furent projetés dans de nombreuses écoles américaines, et y sont toujours présentés à l’heure actuelle. D’autres court-métrages suivirent : King Midas (le roi Midas), Little Red Riding Hood (Le petit chaperon rouge) Hansel & Gretel , Rapunzel, The story of King Midas (L’histoire du roi Midas). Harryhausen eut ensuite l’occasion de présenter son travail à Willis O’Brien, le créateur de King-Kong , qui l’encouragea et lui confia plus tard l’animation de plusieurs séquences de Mighty Joe Young .

Mighty Joe Young :


Ray Harryhausen et la révolution de la Dynamation

Le jeune disciple d’O’Brien, inventa la “Dynamation” dans les années 50. A l’inverse de ce qui avait été fait auparavant (de petites images réelles intégrées dans des décors miniatures), ce système permettait d’intégrer librement des marionnettes miniatures dans des images réelles. A l’aide d’un projecteur de cinéma modifié, Harryhausen rétroprojetait image par images des prises de vues des acteurs sur un écran ressemblant à une grande feuille de papier-calque. Il plaçait sa créature devant l’écran, sur un support imitant le sol déjà filmé, afin de l’intégrer à l’image réelle. A chaque nouvelle posture de la marionnette, Harryhausen changeait l’image rétroprojetée. C’est ainsi que ses extraordinaires créations prenaient vie. Grâce à la « Dynamation », les interactions entre les acteurs et les marionnettes devenaient bien plus spectaculaires. Harryhausen pouvait mettre en scène des combats à l’épée comme celui qui oppose Sinbad à une statue de Kali dotée de six bras dans le Voyage Fantastique de Sinbad (1973). Le chef d’œuvre de Harryhausen est sans conteste Jason et les Argonautes (1963) qui regorge de morceaux de bravoure, parmi lesquels on peut citer l’apparition de Talos, le géant de bronze, le combat contre l’hydre gardienne de la toison d’or et la bataille contre une horde de squelettes, un incroyable tour de force artistique et technique. Ray Harryhausen reçut un Oscar spécial en 1992, pour saluer sa brillante carrière.



Un auteur complet

De nos jours, les équipes qui signent les effets spéciaux des grands films Américains regroupent des centaines de personnes. La plupart de ces trucages font appel aux ordinateurs et aux effets numériques de retouche d’images. C’est la raison pour laquelle on a du mal à imaginer que les créations de Ray Harryhausen, elles, ont été le fruit du travail acharné d’un seul créateur ! Harryhausen dessinait chaque scène de ses films, qui étaient soigneusement reprises par les scénaristes. Il dirigeait les déplacements des comédiens sur le plateau, indiquait les cadrages des scènes impliquant ses créatures et supervisait la « chorégraphie » des combats. Il sculptait ses personnages, concevait leurs armatures de métal, peignait tous les détails de leurs peaux de mousse de latex, et les faisait ensuite vivre image par image devant l’écran de rétroprojection. Il s’agit bien là d’un travail complet, qui porte la marque d’un très grand créateur…



Les animations de Ray Harryhausen (collaboration seulement):

- Mighty Joe Young (1949 réal :Ernest B. Schoedsack) permit à Harryhausen de travailler avec son mentor Willis O’Brien, et avec le co-réalisateur de King Kong. O’Brien reçut un Oscar pour les effets spéciaux de ce film mettant en scène un gentil gorille géant.

- The Animal World (1956 réal : Irwin Allen) Evocation du règne animal depuis les temps les plus reculés, ce film de montage fut produit par Irwin Allen, auquel on doit les séries TV Au cœur du temps, Perdus dans l’espace, Voyage au fond des mers et les films L’aventure du Poséidon et La tour infernale. La partie la plus intéressante de ce long métrage concerne bien évidemment la préhistoire. Harryhausen anima si brillamment les dinosaures que l’un de leurs combats fut jugé trop réaliste et trop violent par la censure, qui exigea des coupes !

Les films créés par Ray Harryhausen :

Courts métrages:

The mother goose stories (Les contes de ma mère l’oie) Little Red Riding Hood (Le petit chaperon rouge) Hansel & Gretel Rapunzel The story of King Midas (L’histoire du roi Midas). The tortoise and the hare (le lièvre et la tortue) Film initié en 1952 et resté inachevé jusqu’en 2000. Harryhausen confia ses marionnettes originales et sa caméra 35mm à deux jeunes animateurs, Mark Caballero et Seamus Walsh, qui s’étaient portés volontaires pour terminer le film. Ce fut fait après deux ans de travail. Les scènes de 1952, joliment restaurées, se mêlent parfaitement aux scènes récentes, tant par le soin apporté à l’animation et à la réalisation des décors, que par le rendu des couleurs.

Longs métrages :

The Beast from 20000 fathoms (Le monstre des temps perdus 1949 réal : Eugène Lourié) . Adapté d’une nouvelle de son ami d’enfance Ray Bradbury, ce premier film d’Harryhausen fut réalisé avec un budget minuscule. Grâce à sa technique de rétroprojection et à la qualité de ses trucages, Harryhausen parvint à rendre le film assez spectaculaire pour attirer de nombreux spectateurs. Ce premier essai en solo fut un coup de maître et lui permit de lancer sa carrière, ainsi qu’une longue association avec le producteur Charles H. Schneer.

It came from beneath the sea ( Le monstre vient de la mer 1955 réal : Robert Gordon) Un second film typique de la mode des « monstres géants » des années 50. Cette fois, c’est une pieuvre géante qui en est l’héroïne. Pour des raisons budgétaires (les armatures articulées coûtent cher à usiner !), Harryhausen n’eut la possibilité de fabriquer que cinq des huit tentacules qu’une pieuvre est sensée posséder ! Dans une des scènes les plus célèbres , le monstre marin (surnommé fort logiquement« Quintopius » par Harryhausen !) détruit le pont du Golden Gate de San Francisco.



The Earth versus the flying saucers (Les soucoupes volantes attaquent 1956 réal : Nathan Juran) Pour une fois, on ne trouve aucun monstre dans ce film. Harryhausen utilisa son procédé pour animer image par image les soucoupes volantes qui menacent la terre, détruisent le capitole et d’autres monuments de Washington. A noter : Plusieurs scènes de ce film, ainsi que l’apparence des soucoupes, ont été copiées par Tim Burton dans Mars attacks, sans que la référence aux trucages de Harryhausen soit citée. Hommage ou pillage ? A vous de juger…

Twenty million miles from earth (A des millions de kilomètres de la terre 1957 réal : Nathan Juran). De retour d’une expédition sur Vénus, un vaisseau spatial ramène sur terre l’œuf d’une étrange créature : un Ymir. A peine sorti de son œuf, l’animal grandit et sème la destruction en Italie. Le morceau de bravoure du film est le combat entre l’Ymir et les troupes de l’armée dans le cadre grandiose du Colisée de Rome.



The Seventh voyage of Sinbad (Le septième voyage de Sinbad 1958 réal : Nathan Juran). Premier long métrage en couleur de Ray Harryhausen. Un somptueux conte de fée dont chaque scène est un régal : l’apparition d’un cyclope aux pieds fourchus, Sinbad combattant un squelette à l’épée, l’arbalète géante utilisée pour terrasser un dragon, etc… C’est le grand compositeur Bernard Hermann, collaborateur attitré de Hitchcock, qui signa la musique de ce chef d’œuvre du fantastique.



The Three worlds of Gulliver (Les voyages de Gulliver 1959 réal : Jack Sher) Jolie adaptation du classique de Jonathan Swift, dans laquelle Harryhausen utilisa ses talents pour réaliser de belles scènes d’animation (le combat du minuscule Gulliver contre un écureuil et un crocodile du pays des géants) mais aussi des trucages réjouissants lorsque le héros devient un colosse entouré d’une population d’êtres minuscules. Seconde collaboration musicale avec Bernard Hermann.

Mysterious Island (L’île mystérieuse 1960 réal : Cy Enfield) Grand admirateur de l’œuvre de Jules Verne, Harryhausen signe ici une adaptation très libre de la suite des aventures du Capitaine Nemo. Les expériences menées par Nemo dans son île ont eu pour effets de faire grandir la faune. Les naufragés auront la surprise d’être attaqués par un crabe colossal, une abeille géante, et une sorte d’autruche préhistorique ! Une fois encore, Harryhausen signe de nombreux effets spéciaux (éruption d’un volcan miniature, mattes paintings, maquettes du sous-marin de Nemo) en plus de ses remarquables scènes d’animation. Troisième collaboration avec Bernard Hermann.

Jason and the Argonauts (Jason et les Argonautes 1963 réal : Don Chaffey). Chef d’œuvre absolu de Ray Harryhausen, ce film réunit tous les ingrédients que l’on aime trouver au cinéma : une histoire passionnante, d’excellents interprètes, une réalisation inspirée et nerveuse, des effets spéciaux inoubliables, et l’une des plus mémorables musiques du 7ème art, signée une fois encore par Bernard Hermann. Un pur moment de plaisir et une poésie que l’on peine à retrouver dans les superproductions américaines récentes, souvent dénuées d’âme… Ce film présente plusieurs tours de force, mais le plus remarquable d’entre eux est sans nul doute le combat à l’épée qui oppose Jason et ses amis à une horde de 7 squelettes. A chaque nouvelle image, les gestes des 7 marionnettes devaient être coordonnés avec ceux des acteurs réels rétroprojetés sur un écran. En voyant ces images, on se demande comment Harryhausen est parvenu à réaliser ces prodigieuses séquences tout seul. Aujourd’hui, pour mettre en scène le même combat, on engagerait au moins une dizaine d’animateurs, et l’on utiliserait des caméras de contrôle vidéo image par image, des ordinateurs, et des effets numériques pour corriger les erreurs a posteriori…

First men in the moon (Les premiers hommes dans la lune 1964 réal :Nathan Juran) Traitée sur le ton de la comédie, cette adaptation du roman de H.G. Wells contient nombre de scènes surprenantes : le voyage spatial des héros, la découverte de la cité des sélénites, des créatures insectoïdes, et le combat contre une chenille géante. A noter : Au début du film, on assiste à l’alunissage d’un module spatial contemporain. Les astronautes trouvent ensuite des traces qui prouvent que d’autres hommes les ont précédés sur la lune. Les images des engins spatiaux animés par Harryhausen furent utilisées par plusieurs chaînes de télévision en 1969, pour décrire le déroulement de la mission Apollo qui permit à Neil Armstrong de poser réellement le pied sur la lune !



One Million Years B.C. (Un million d’années avant JC 1966 réal : Don Chaffey) . Cette évocation des temps préhistoriques confronte les hommes des cavernes aux dinosaures, ce qui n’est jamais arrivé dans la réalité. Retenons néanmoins plusieurs morceaux de bravoure : l’attaque d’une tortue géante, l’irruption d’un jeune tyrranosaure dans un campement, et l’enlèvement de l’héroïne par un ptérodactyle. Ce film marque les débuts de la fracassante Raquel Welch au cinéma, dans un bikini de fourrure qui mettait en valeur ses immenses dons de comédienne.

The Valley of Gwangi (La vallée de Gwangi 1968 réal : James O’Connolly). Un projet initié par Willis O’Brien dans les années 40. Un film injustement méconnu de Ray Harryhausen, dont le lancement publicitaire a été sabordé par la Warner. Au début du film, des cowboys découvrent une vallée inaccessible dans laquelle des dinosaures ont survécu. Ils décident de capturer le tyrannosaure qui vit dans la vallée, et l’exhibent sous le nom de « Gwangi » dans un cirque. Le monstre s’échappe et sème la terreur dans une ville mexicaine. Les cowboys parviennent à l’enfermer dans une cathédrale. Gwangi y périra, victime de l’incendie qu’il a provoqué.



The Golden voyage of Sinbad (Le voyage fantastique de Sinbad 1973 réal : Gordon Hessler). Cette seconde aventure de Sinbad contient de très belles scènes : une figure de proue prend vie, une statue de la déesse Kali , armée de six sabres, combat Sinbad et un centaure affronte un griffon (mélange de lion et d’aigle). Le compositeur Miklos Rosza signa la musique flamboyante de ce second volet réussi de la trilogie Sinbad.

Sinbad and the eye of the tiger (Sinbad et l’œil du tigre 1977 Sam Wanamaker) Si cette troisième et dernière aventure de Sinbad souffre d’une réalisation mollassonne, elle recèle des moments étonnants et de fort belles images : des démons jaillissent d’un feu pour affronter Sinbad, un phoque géant menace de détruire son vaisseau sur la banquise, et un tigre aux dents de sabre affronte un géant cornu qui est aussi l’ami de notre héros. Dommage cependant que la trilogie Sinbad imaginée par Harryhausen s’achève sur une semi-réussite, dotée d’une partition musicale particulièrement peu inspirée .

Clash of the titans (Le choc des titans 1980 réal : Desmond Davis) Ultime film de Ray Harryhausen, Clash of the titans conclut agréablement une carrière exceptionnelle. Retournant aux sources du succès de Jason et les argonautes, Harryhausen explore une fois de plus la mythologie grecque, mais le résultat final reste malheureusement inférieur à Jason. Les raisons de cette semi-réussite sont multiples. Produit par la MGM comme un « blockbuster » de l’été, bénéficiant d’un casting de vedettes inhabituel dans la carrière d’Harryhausen (Laurence Olivier dans le rôle de Zeus , Claire Bloom et Burgess Meredith dans des rôles secondaires), Clash of the titans est devenu une machine très lourde. Trop lourde, certainement pour Harryhausen, qui dut passer 50% de son temps à régler des problèmes diplomatiques et administratifs, et qui ne put assurer que la moitié des scènes d’animation, faisant appel notamment à Jim Danforth pour animer (superbement) Pégase, le cheval volant. Parmi les scènes les plus saisissantes, on retiendra le duel contre Calibos , un homme que Zeus a transformé en monstre aux pieds fourchus, l’apparition du Cerbère et celle du Kraken, le monstre des mers capable d’anéantir une ville en provoquant un raz de marée. Le morceau de bravoure du film est le combat entre Persée et la Gorgone, entièrement animé et réalisé par Harryhausen. Par son simple regard, la créature à la chevelure de serpents transforme en statue de pierre celui qui la contemple. Plus que le film lui-même, c’est cette séquence de la Gorgone, réalisée en solo par le maître, qu’il faut considérer comme la brillante conclusion d’une non moins brillante carrière.



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