Avant-première REAL STEEL : Entretien exclusif  avec Hugh Jackman – Seconde partie
Article Cinéma du Lundi 10 Octobre 2011

[Retrouvez la première partie de cet entretien]


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau



C’est assez surprenant que voir que cette production Dreamworks & Spielberg, distribuée par Disney, est par moments assez sombre. Il y a un père qui se comporte comme un crétin, un enfant qui est fasciné par la célébrité et par l’argent une fois qu’il a goûté à la compétition, et un sport qui exalte l’escalade de la violence, même si les combattants sont des machines… C’est une vision assez cynique du futur…

Ce film est destiné aux spectateurs de tous les âges. Et si vous avez l’occasion de revoir E.T. prochainement, vous serez sans doute surpris de constater que ce film aussi a des aspects sombres : la mère vient d’être quittée par son mari et elle est à bout de forces. La famille se disloque, les enfants sont incontrôlables, tristes, et passent leur temps à se chamailler. Cela n’a rien d’une vision optimiste à la Disney. Je me souviens que quand je suis allé voir ce film en salles avec mon père, c’est la première fois que je l’ai vu pleurer. C’était un film qui était destiné plutôt aux enfants, et pourtant, il a ému mon père qui était toujours stoïque d’habitude, et qui ne pleurait jamais. Je crois que c’est un des atouts de REAL STEEL: c’est un divertissement, mais il offre aussi plus que cela. Ni Disney ni Dreamworks n’ont eu peur d’aller dans cette direction et d’évoquer des circonstances douloureuses.

Avez-vous vu l’épisode de LA QUATRIEME DIMENSION dans lequel la nouvelle originale de Richard Matheson avait été adaptée ?

Oui, il était formidable. L’interprétation de Lee Marvin était fantastique. Les producteurs du film avaient acheté les droits de la nouvelle de Matheson il y a quelques années, et je sais qu’ils aiment beaucoup cet épisode. Peut-être ont-ils glissé des références à l’intention des fans de LA QUATRIEME DIMENSION dans le film, mais si c’est le cas, j’ignore lesquelles.

Avez-vous craint que les effets visuels puissent jouer un rôle trop important dans le film, comme cela arrive dans certaines productions actuelles ?

Oui, jusqu’à ce que je lise le script. Après, j’étais rassuré. Avant le tournage, Shawn Levy m’a conseillé de revoir ROCKY . En le visionnant, je me suis rendu compte que la séquence où l’on voit Rocky escalader les marches, accompagné par le fameux thème musical, n’intervient qu’au bout de 75 minutes de film ! Il y a un combat de boxe très court au début, qui doit durer 2 minutes, et ensuite, il n’y a plus du tout d’action pendant 75 minutes jusqu’à la scène de son entraînement et le grand combat à la fin. Nous avons procédé de la même manière. REAL STEEL n’est pas TRANSFORMERS. Nous ne montrons pas des robots en guerre.  J’étais sûr que les effets seraient parfaitement réalistes, car ils ont été réalisés par l’équipe d’AVATAR, mais je savais que le script nous permettrait de préserver l’intégrité de l’histoire. J’ai été frappé de voir à quel point on s’attache aussi au robot, et comme c’est certainement ce qui était le plus dur à faire, cela témoigne de la qualité du travail de Shawn Levy.

Quelles sont les idées que vous avez suggérées pour développer votre personnage, après avoir lu le script ?

Shawn et moi avons travaillé en lisant ensemble le script, scène par scène, ce qui m’a permis de faire de nombreuses suggestions. J’ai proposé par exemple d’ajouter la scène du marchandage financier entre Harry et Charlie, et le moment où Charlie panique parce qu’il doit guider les gestes du robot. Il se bloque en s’en croyant incapable, parce que c’est comme s’il remontait sur le ring lui-même.

Vous avez tourné avec des robots animatroniques, qui sont aussi représentés en 3D…

Oui, nous avons tourné avec de vrais robots, et plutôt que de leur donner un aspect délirant, ou des pouvoirs extravagants – même s’il y a des moments chocs comme l’arrivée de Zeus, bondissant sur le ring – nous avons préféré rester dans une certaine crédibilité. Tous les gros plans ont été tournés avec les animatroniques, et tous les combats ou les scènes où l’on voit les robots marcher ont été réalisés en 3D, avec le système Simulcam mis au point pour AVATAR. La différence, c’est que nous avons pu tourner dans n’importe quel environnement, tandis qu’AVATAR a été tourné sur un plateau vert, en studio.

Que pouvez-vous nous dire de THE WOLVERINE, la prochaine aventure de votre personnage fétiche ?

Je vais le tourner l’année prochaine, mais avant, je vais jouer dans le film tiré de la comédie musicale LES MISERABLES, qui sera filmé à Londres.  Immédiatement après, nous entamerons le tournage de THE WOLVERINE, qui sera réalisé par James Mangold.

Pourriez-vous nous en dire plus ?

Volontiers. Chris McQuarrie a écrit le script, qui est très réussi. James Mangold est en train de concevoir une transposition cinématographique fantastique de cette histoire qui se déroule au Japon, et qui est l’adaptation d’une des plus célèbres aventures de Wolverine dans les comics. C’est Frank Miller qui avait dessiné cette BD. C’est un récit de samouraïs, et aussi une histoire d’amour. Quand j’ai été engagé pour jouer dans le premier X-MEN, on m’a donné beaucoup de BDs des X-Men à lire pour que je me plonge dans cet univers que je ne connaissais pas. Je me souviens que cette saga japonaise m’avait tellement passionné que j’avais dit à la productrice Lauren Schuler Donner « C’est cela que l’on devrait tourner ! » (rires) Et 12 ans plus tard, nous allons bel et bien la filmer !

Vous avez été souvent représenté sous la forme de jouets et de figurines. Qu’est-ce que l’on ressent quand on est acteur et que l’on devient une « marque commerciale » ?

Oh, j’ai l’habitude de cela à présent ! Au début de ma carrière, les techniques de fabrication des figurines étaient moins sophistiquées, et quelquefois, mes effigies en jouets étaient méconnaissables ! (rires) Aujourd’hui, c’est différent, on utilise des machines qui permettent de scanner votre visage en 3D, puis de fabriquer des reproductions miniatures absolument parfaites de votre visage. Quand le premier X-MEN est sorti, aucune figurine ne me ressemblait. Mais il y avait un jouet que j’ai donné à mon fils, qui est né à ce moment-là. Il a donc suivi toute l’évolution des jouets X-Men ! Il y avait donc un Wolverine assez grand, très simplifié, et fabriqué dans une matière douce et souple, comme un ours en peluche. Quand on appuyait sur son estomac, on entendait ma voix. Je me souviens d’ailleurs qu’un jour, un type est venu me voir sur le tournage, dans mon mobile home, et m’a dit « Bonjour, est-ce que vous pourriez dire quelques phrases ? » en me tendant un micro et une liste de phrases écrites sur un bout de papier. J’ai donc dit « Ce coup de pied va te rétamer ! » et « Je vais te couper en deux ! », ce qui a pris une minute, et le type est parti. Et quelques mois plus tard, j’ai constaté que ma voix était utilisée pour faire parler ces jouets ! Inutile de vous dire que je n’avais pas encore d’agent ni d’avocat à l’époque, sinon les choses ne se seraient pas passées comme cela ! (rires) Mon fils a beaucoup aimé ce jouet parce qu’il était tout doux, et je me souviens l’avoir vu, profondément endormi, se retourner dans son sommeil, et déclencher alors le bouton qui faisait dire à la poupée « Ce coup de pied va te rétamer ! » (rires) Vous imaginez la situation ? Ce petit bout de chou entendait la voix de son père lui dire des choses violentes. Je suis sûr que je vais payer cela très cher d’ici quelques années ! (rires)

Vous ressemblez de plus en plus à Clint Eastwood. Vous n’avez pas envie de relancer la franchise des DIRTY HARRY ?

 (Hugh Jackman rit) Seulement s’il acceptait de les réaliser ! (rires)

Je me souviens que quand je vous ai interviewé pour la première fois en 2000, pour X-MEN, vous m’aviez dit que Bryan Singer, qui avait remarqué cette ressemblance, vous avait proposé de travailler sur un remake de DIRTY HARRY…

C’est exact. Il m’en avait parlé ! Et à un moment, on m’avait proposé ce projet, mais j’avais répondu que je n’accepterais que si Clint Eastwood était d’accord et me donnait sa bénédiction ! Je n’ai pas envie d’énerver le vrai Dirty Harry ! (rires)

Lauren Schuler Donner a déclaré récemment qu’elle avait fait écrire un script pour un X-MEN 4  qu’elle aimait beaucoup et qui avait également plu à la Fox. L’avez-vous lu ? Accepteriez-vous d’incarner Wolverine une fois de plus, dans le contexte d’un X-MEN ?

Non, je ne l’ai pas lu ! Et je ne sais pas si je ferais un autre X-MEN… Il faut déjà que je tourne THE WOLVERINE, et je verrais quel est mon sentiment sur ce personnage après. Cela fera la cinquième fois que je jouerai Wolverine, et je ne suis pas encore prêt à penser à ce que je pourrais faire ou pas au-delà de ce film. Je pense que tôt ou tard, et probablement plus tôt qu’on ne le pense, ce personnage arrivera à sa « date limite de consommation », et que l’on n’aura plus forcément envie de me voir l’incarner.

Je reviens aux MISERABLES, dont vous nous parliez tout à l’heure. Quel rôle allez-vous jouer ?

Celui de Jean Valjean. C’est Tom Hooper, qui a réalisé LE DISCOURS D’UN ROI, qui en fera la mise en scène. J’ai commencé à lire le livre, mais je n’en suis qu’à la moitié pour l’instant…

Avez-vous d’autres projets concernant la comédie musicale ? En vous voyant danser et chanter, on a l’impression que vous êtes habité par l’esprit de Gene Kelly…

J’ai plusieurs projets en préparation en ce sens, et notamment un one man show dont une séquence rendra hommage à Gene Kelly ! J’espère amener ce spectacles en Europe, et notamment à Paris.

Si on vous donnait la possibilité de jouer avec n’importe quel acteur que vous admirez, mort ou vivant, quels seraient vos choix ?

Gene Kelly, Marlon Brando, Paul Newman, Paul Scofield, Michael Gambon, Judy Dench, Laurence Olivier. Ce serait un bon casting !

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