Avant-première exclusive - Dans les coulisses de VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE 2 : L’ILE MYSTERIEUSE - Seconde partie
Article Cinéma du Lundi 16 Janvier 2012
Effets-speciaux.info s’est rendu sur le tournage de cette nouvelle aventure sur la piste des romans de Jules Verne, suite de VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE 3-D, dont le producteur est Michael Bostick, qui avait notamment travaillé sur APOLLO 13 de Ron Howard (1995) la mini-série DE LA TERRE A LA LUNE (1998) et la comédie BRUCE TOUT PUISSANT (2003)…Sortie en salles le 15 février.
Entretien avec Michael Bostick, producteur exécutif
Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau
Pourriez-vous nous parler de la séquence que vous tournez aujourd’hui ?
Volontiers. A ce moment de l’histoire, nos héros ont compris qu’ils étaient prisonniers de l’île, et ils recherchent le Nautilus du Capitaine Nemo décrit dans le roman de Jules Verne. En traversant ce champ de fleurs géantes, ils se rendent compte que l’évolution semble avoir fait marche arrière sur l’île. Comme dans la préhistoire, tout ce qui est de nos jours relativement petit redevient très grand : les plantes, les insectes, les reptiles. Dans cette scène, ils vont être attaqués par des bourdons géants et vont traverser ce champ de fleurs pour aller vers une falaise, qu’il leur faudra escalader pour trouver un refuge.
Quels sont les autres animaux géants que l’on verra dans le film ?
Pour nous différencier de l’épisode précédent, il n’y aura pas de dinosaure. En revanche, vous verrez des fourmis et des lézards colossaux, et inversement, un éléphant devenu minuscule. Ce qui est intéressant dans cette franchise, ce sont ses origines littéraires, puisque nous rendons hommage aux romans de Jules Verne. De même, nous essayons d’injecter autant de réalité scientifique que nous le pouvons dans notre récit. L’idée que nous employons dans ce film est basée sur une vraie théorie scientifique d’inversion de l’évolution.
Le capitaine Nemo fait-il une apparition au cours de cette aventure ?
Ah, cela, je ne peux pas vous le révéler ! Mais sachez que ce personnage et tous les prodiges qu’il a accomplis sont présents au cœur du récit. Nous avons employés aussi des éléments évoqués par Verne comme l’Atlantide.
Allez-vous aussi jouer sur des scènes sous-marines ?
Absolument. En employant des designs « rétrofuturistes » amusants. Comme nous disposons d’un budget plus élevé et de plus de temps de tournage pour réaliser ce film, nous allons en profiter pour jouer à fond la carte de l’aventure et de l’évasion pure. Comme vous le savez, nous avons tourné le premier épisode avec la caméra Fusion mise au point par James Cameron et Vince Pace pour AVATAR, avant même que James ne tourne son film. C’était encore du matériel prototype, que nous apprenions à employer tout en tournant, quitte à faire de petites erreurs au début. A présent, nous sommes au point au niveau technique et nous savons ce que nous faisons ! (rires) Nous employons le nouveau modèle de caméra Fusion, la toute dernière génération, créée juste après celle d’AVATAR. Les équipes de Vince Pace travaillent avec nous, et nous avons plusieurs opérateurs relief qui ont acquis beaucoup d’expérience pendant ces dernières années. Notre superviseur du relief a géré la 3-D du dernier épisode de PIRATES DES CARAÏBES, et nous avons économisé beaucoup de temps et d’argent grâce aux connaissances qu’il a acquises sur ce film-là. Les miroirs qui se trouvent dans les caméras coûtent extrêmement cher et pendant un tournage en décors naturels comme le nôtre, et dans une région proche de la mer, les sels marins portés par le vent peuvent venir se déposer sur les miroirs, puis corroder et dissoudre leur revêtement à base d’argent. Je sais que pendant d’autres tournages, la production a consommé jusqu’à 60 miroirs, ce qui leur a coûté une fortune, car chaque pièce coûte près de 10000 dollars. Les conditions de tournage de ce second épisode sont très différentes, elles aussi. Le premier film a été tourné essentiellement en studio, sur fond bleu. Nous étions resté en studio pendant 60 jours, et n’avions disposé que d’une semaine de tournage en extérieurs. Pour VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE 2, nous tournons en décors naturels pendant la moitié du temps, soit 35 jours sur les 70. Nous employons aussi beaucoup de fonds bleus placés en extérieurs et mêlés à des éléments naturels et des décors, comme vous pouvez le voir aujourd’hui. Je crois que tout cela va nous permettre de donner un aspect beaucoup plus riche et varié au film. Ce ne sera pas un univers entier créé en images de synthèse. C’est un grand avantage pour nos acteurs, car ils peuvent évoluer dans un vrai environnement et non pas seulement sur un plateau bleu.
Pour un acteur vétéran comme Michael Caine, le tournage ne doit pas être de tout repos. Comment se débrouille t’il pendant les scènes d’action ?
Formidablement bien ! Il tient même une forme éblouissante ! La semaine dernière, nous avons tourné la scène où il doit escalader cette falaise dont je vous parlais. Nous avions prévu une doublure cascade pour le remplacer pendant ce moment assez physique, mais Michael s’est mieux débrouillé que le cascadeur ! (rires) A 77 ans, il avait plus d’énergie et de dynamisme que sa doublure ! Du coup, c’est avec lui que nous avons tourné l’essentiel de la scène. Bien sûr, nous sommes ravis que Michael ait accepté de jouer dans notre film. Apparemment, il avait toujours eu envie de tourner un grand film d’aventure destiné à un large public familial. Il adore ses petits-enfants et je crois qu’il se réjouit déjà de pouvoir leur montrer ce que nous faisons. A notre grande surprise, il nous a rappelé deux jours après que nous lui ayons envoyé le script, pour nous dire qu’il était partant. Quand nous lui avons demandé s’il envisageait d’utiliser un accent anglais ou un accent américain pour ce personnage, il nous a dit « Je viendrai vous voir pour auditionner, et vous choisirez. » L’idée même que nous faisions passer une audition à Michael Caine nous a sidérés ! (rires) En fin de compte, il a opté pour ce que l’on appelle un accent « du milieu de l’Atlantique », mi-anglais, mi-américain, qui cadre bien avec le côté « savant excentrique » du son personnage.
Cette fois-ci, aux côtés de Josh Hutcherson, on trouve Vanessa Hydgens. Comme ces deux jeunes acteurs se sont-ils entendus ?
Très bien. Nous avons fait passer une audition à Vanessa pour voir comment elle allait interagir avec Josh. Il se trouve que je suis arrivé un peu après que Brad ait commencé l’audition, et en voyant Josh et Vanessa discuter, j’ai eu l’impression qu’ils se connaissaient depuis longtemps et étaient amis. En réalité, ils s’étaient rencontrés pour la première fois ce jour-là. Il était évident qu’ils allaient bien s’entendre et que cette complicité fonctionnerait bien à l’image, quand leurs personnages tombent peu à peu amoureux. Comme Vanessa a 21 ans et que Josh n’en a que 18, elle a tendance à le traiter comme un petit frère sur le plateau, avec affection, mais aussi en lui lançant des plaisanteries, et c’est parfait pour nous, car c’est exactement la manière dont leurs personnages « fonctionnent » dans le film.
Quels sont les effets spéciaux « de plateau » que vous utilisez pendant ce tournage ?
Nous combinons souvent les effets en direct avec les effets visuels, car plus on s’appuie sur des éléments réels dans l’image, mieux on réussit à tromper le regard exercé du public d’aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de construire les fleurs géantes qui sont autour de nous, ainsi que certains éléments de végétation comme le tronc d’arbre banian. Nous avons également construit de faux rochers, et employés des fumigènes et aussi de nouvelles plateformes mécaniques permettant de simuler des secousses sismiques.
Dwayne Johnson étant originaire de Honolulu, il est probablement le seul membre de l’équipe qui ne soit pas surpris par la splendeur des paysages que vous filmez…
Oui ! A chaque fois que nous essayons de l’étonner en lui montrant un endroit superbe que nous avons déniché, il nous dit « Pff, je suis déjà venu ici au moins 1000 fois ! »(rires) Dwayne est connu dans le monde entier, mais ici, il ne peut pas faire trois pas dans une rue sans que quelqu’un vienne le voir pour lui dire « Je connais votre grand père. » ou « Votre tante est ma voisine ». Mais il prend quand même le temps de dire un mot aimable à chacun et serre beaucoup, beaucoup de mains. Dwayne est très heureux de tourner dans un divertissement destiné à tous les publics. Nous espérons qu’il acceptera de revenir dans une prochaine aventure de la même série.
Pour « The Rock », jouer avec Michael Caine est une expérience nouvelle. Comment leur collaboration se passe t’elle ?
Ils s’amusent beaucoup pendant le tournage. Ils se lancent des plaisanteries, se taquinent, et toute l’équipe profite de ces échanges qui fusent tout au long de la journée. C’est une situation parfaite pour nous, car dans le film, leurs personnages ont chacun leur propre idée sur la façon de faire les choses, et se chamaillent tout le temps. Entre deux prises, Dwayne s’intéresse beaucoup aux coulisses techniques du film. Il vient poser des questions à notre directeur de la photo, à l’opérateur chargé de superviser le relief. Il se passionne pour ce travail.
Les acteurs doivent-ils se comporter un peu différemment pendant le tournage d’un film en relief ? Ont-ils des choses à apprendre avant d’être au point ?
Absolument. Pendant le tournage d’un film « normal » en 2D, ils doivent gérer le fait qu’on va les voir sur des écrans de 12 mètres de large, et occuper cet espace en comprenant bien la mise en scène et le cadrage choisi par le réalisateur. Avant le début des prises 3-D relief, nous faisons des prises de vues test avec les acteurs, pour savoir comment les filmer au mieux. Il peut arriver, par exemple, que le menton d’un acteur ressorte beaucoup en 3-D, et que certains angles de prises de vue soient plus flatteurs pour lui. Nous notons cela et Brad en tient compte par la suite pour concevoir ses plans. L’un des avantages dont nous bénéficions, c’est la présence de ces excellents moniteurs LCD 3-D dont nous nous servons sur le plateau. Nous voyons directement les effets relief pendant la préparation des plans, et nous pouvons indiquer tout de suite aux acteurs les corrections à effectuer pour qu’ils se placent mieux dans l’espace 3-D. Il suffit de peu de chose pour qu’un plan en relief prenne une allure bizarre et cette possibilité de corriger les choses en amont est formidable et nous fait gagner un temps fou. Aujourd’hui, tourner en relief ne nécessite aujourd’hui que 30% de travail et de budget en plus.
Si ce second épisode remporte le même succès que le premier, quel autre des voyages extraordinaires de Verne choisiriez-vous pour la suite de la franchise ?
Eh bien nous avons l’embarras du choix. Il y a tant de destinations décrites dans les romans et les nouvelles de Jules Verne…Pour l’instant, celle que nous envisageons serait la lune, mais rien n’est définitivement établi.
Rendez-vous un petit hommage à la version des années 60 de L’ILE MYSTERIEUSE ?
C’est un film que nous avons beaucoup visionné avant de nous lancer dans ce projet, et nous admirons tous Ray Harryhausen, donc oui, il y aura des hommages à son travail.
En tant que producteur, aimez-vous tourner ainsi, au milieu d’une vraie jungle ?
Oui, beaucoup. Se retrouver dans un environnement aussi beau a un effet positif sur toute l’équipe, même s’il faut gérer les intempéries, les variations de lumière lorsque le soleil disparaît derrière les nuages. Mais nous nous y sommes adaptés, car notre devise est devenue « Tout peut arriver sur l’île mystérieuse ! » . Comme la vallée dans laquelle nous nous trouvons est une terre sacrée, nous avons dû organiser une cérémonie avant le début du tournage. Un prêtre Hawaïen est venu bénir les 50 personnes de notre équipe le premier jour.
Quels sont les pièges concernant le relief que vous avez appris à éviter ?
Nous nous sommes rendu compte qu’il était difficile de tourner de la même manière avec une steadycam. Il faut ralentir les mouvements de la caméra, et faire en sorte que les plans durent un peu plus longtemps afin que les spectateurs aient toujours le temps d’ajuster leur regard à chaque nouvel espace en trois dimensions. Cela va à l’encontre de ce que l’on fait habituellement dans un film d’action. Ici, un montage hyper rapide avec des plans courts est exclu.
Quels types d’effets 3-D allez-vous utiliser dans les séquences sous-marines ?
Ce sera la continuation des effets relief que nous employons dans le reste des scènes : dans la jungle, nous utilisons de la fumée, ou des particules de pollen en suspension dans l’air, et sous l’eau, ce seront des bulles ou des fumerolles qui créeront des sensations 3-D spectaculaires. Les nombreuses scènes sous-marines seront tournées aux Screen Gems Studios de Wilmington, en Caroline du nord, dans le plus grand bassin intérieur du monde, qui mesure 12 mètres de large par 24 mètres de long.
A quoi sert l’étrange machine qui se trouve à côté de la caméra ?
C’est un équipement que nous avons surnommé « le gazouilleur ». Il est composé d’une série d’appareils photos qui sont disposés à 360° autour d’un support, et prennent des vues en haute résolution de tout le paysage. C’est le bruit qu’il fait en fonctionnant, proche du gazouillis d’un oiseau, qui nous a inspiré son surnom. Les prises de vues sont réalisées à intervalles réguliers, afin de tenir compte des changements d’éclairages en extérieurs. Elles vont servir à reconstituer numériquement certaines parties du paysage, notamment les parties de la montagne et du ciel qui sont masquées par le fond bleu. Il fallait placer les fleurs géantes sur du bleu pour y incruster les bourdons géants par la suite, et une fois que ce sera fait, il faudra rajouter le vrai paysage derrière les fleurs et les bourdons.
Sur ces mots, Michael Bostick retourne à ses occupations alors qu’arrivent sur le plateau les jeunes héros du film, Josh Hutcherson et Vanessa Hudgens…
La suite de notre reportage paraîtra bientôt sur ESI !