Visite exclusive des coulisses de LA COLERE DES TITANS - Troisième partie : Les effets de plateau
Article Cinéma du Dimanche 18 Mars 2012

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Par Pascal Pinteau

Après avoir quitté le superviseur des cascades Paul Jennings, nous nous dirigeons vers un autre plateau où nous attend Dave Watkins, l’un des proches collaborateurs de Neil Corbould, qui supervise tous les trucages réalisés en direct. Dave nous entraîne dans le décor à géométrie variable qui représente le labyrinthe qui mène à l’antre de Kronos, et dont les parois et les murs peuvent être déplacés pour adopter différentes configurations. Nous empruntons prudemment un escalier et nous enfonçons dans une série de couloirs sombres au sol composé de dalles très irrégulières. Malheureusement, l’une de nos accompagnatrices descend un peu trop vite un des escaliers du décor, se prend les pieds dans l’un des interstices entre les dalles et tombe. Elle se relève en grimaçant, sans se départir de sa bonne humeur, et se dirige en boitant vers l’infirmerie des studios. (Nous apprendrons plus tard que la pauvre s’est fait une double fracture des jambes.) Après cet incident, nous progressons avec une précaution redoublée dans ce lieu inquiétant, afin de parler avec Dave Watkins…

Entretien avec Dave Watkins, assistant superviseur des effets de plateau

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez mis au point ce décor dont certaines parties sont animées ?

Volontiers. Comme vous pouvez le constater, le plateau dans lequel nous avons construit ce décor est de taille moyenne, et le premier défi à relever a consisté à faire tenir les décors et les mécanismes qui déplacent les parois dans cet espace relativement confiné. Nous ne pouvions pas nous contenter d’utiliser de longs vérins pour pousser et tirer les parties mobiles, car ils auraient percuté les murs du plateau. Les mécaniciens de notre équipe ont donc mis au point des systèmes très ingénieux, articulés en ciseaux, qui décuplent le mouvement de l’élément de décor. Grâce à ces équipements, quand le mécanisme « pousseur » s’allonge d’un mètre dans les coulisses, l’élément de décor se déplace sur six mètres dans le labyrinthe. En guise de contrepoids, pour équilibrer la charge entre le mur factice et le mécanisme, nous utilisons des réservoirs d’eau qui pèsent deux tonnes. Tout cela est contrôlé par des mécanismes hydrauliques. Nous avons placé des caméras vidéo un peu partout dans les recoins du décor, afin que les opérateurs de parois mobiles puissent voir à tout moment où se trouvent les membres de l’équipe technique, le réalisateur et les trois acteurs présents dans le décor du labyrinthe. Toute l’équipe du film a été briefée sur le fonctionnement du labyrinthe, et donc, chacun est bien conscient que ces machineries sont potentiellement dangereuses. Nous avons pris les mesures de sécurité pour nous assurer que personne ne sera blessé par le fonctionnement des éléments mobiles, et les répétitions qui sont faites avant chaque scène permettent de faire en sorte que chacun reste à l’abri du danger, sous la surveillance constante de nos opérateurs. Ils sont prêts à appuyer sur les boutons d’arrêt d’urgence à tout moment en cas de problème.

A quoi servent les petits tuyaux d’air comprimés que l’on voit dans les coulisses, et qui traversent les parois ?

Nous avons placé des rampes d’air comprimé autour des murs qui bougent, afin de projeter de la poussière sur le sol dès qu’ils se déplacent, ce qui amplifie le côté dramatique de l’effet. En complément de cela, il y a aussi des rampes motorisées qui laissent tomber de la poussière à partir du plafond.

Le labyrinthe ressemble donc à un assemblage de cubes qui se déplacent pour former de nouveaux couloirs ou pour en refermer d’autres ?

Oui. On pourrait aussi le comparer à un Rubik’s cube géant ou à un jeu vidéo de TETRIS. De plus, le labyrinthe est doué d’intelligence. A chaque fois que Persée croit qu’il a trouvé une issue et va pouvoir sortir de là, le labyrinthe, qui a un coup d’avance sur lui, anticipe ce qu’il s’apprête à faire, et lui tend de nouveaux pièges, en essayant de l’écraser, ou en refermant une porte juste devant lui. Mais Persée ne tarde pas à comprendre cela. Il décide d’improviser, et de tendre lui aussi des pièges au labyrinthe pour le duper. En plus des parois qui bougent horizontalement, il y a aussi des éléments qui se déplacent verticalement, à partir du plafond ou du sol.

Les mécanismes que vous avez créés permettent aussi de renouveler constamment le décor et de donner l’impression que les personnages se déplacent dans le labyrinthe, alors qu’ils restent toujours dans les mêmes couloirs et escaliers…

Oui. Un couloir peut être transformé en une pièce, devenir un cul-de-sac, ou même un passage au plafond plus bas. Au cours d’une scène, la robe d’Andromède se prend dans une paroi qui s’abaisse et l’empêche de se déplacer…Cela contribue au suspense de la séquence. Persée vient à son secours juste avant qu’un énorme bloc de pierre ne viennent s’écraser à cet endroit, en projetant des débris et un nuage de poussière. Dans l’histoire, le labyrinthe est sensé mesurer 1,6 KM de haut. Un peu plus loin, il y a une paroi qui est déplacée grâce à un grand vérin hydraulique, parce que dans cet endroit, le vérin peut bouger parallèlement aux murs du plateau.

Comment les murs ont-il été fabriqués ?

La structure du labyrinthe est un échafaudage de métal recouvert de grillage, sur lequel est appliqué de la toile imprégnée de plâtre, puis des couches de plâtre supplémentaires, texturées grâce à des moules souples en silicone, pour leur donner l’aspect de vrais blocs de pierre.

Combien de temps a-t’il fallu pour construire ce décor ?

De la conception au décor fini avec les mécanismes en place, cela a duré trois mois. Notre équipe était composée de 20 personnes.

Le décor va t’il être prolongé par des perspectives réalisées en images de synthèse ?

Oui, mais seulement dans le fond de l’image, pour allonger certains couloirs, ou pendant les plans larges qui montreront l’extérieur du labyrinthe. Tout le reste est réalisé avec le vrai décor et nos effets de plateau. On aurait pu aussi concevoir toute la séquence avec des décors 3D, mais les acteurs auraient été, à mon sens, « perdus dans le bleu », et n’auraient pas pu réagir à des choses concrètes, ni se heurter à de véritables parois. Je considère qu’une scène comme celle-ci, pour être efficace et convaincante, ne peut pas se passer de vrais décors.

…Sans compter que les acteurs peuvent vraiment ressentir, comme nous en ce moment, l’impression de claustrophobie que génère cet environnement…

Exactement. Je crois qu’ils ont besoin de voir les murs bouger en vrai pour ressentir le danger de cette situation. Leurs réactions sont bien plus naturelles.

La suite de notre reportage sur le tournage de LA COLERE DES TITANS sera publiée prochainement sur ESI !

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