A l’occasion de la sortie en DVD & Blu-Ray d’AVENGERS : Entretien avec Chris Evans (Steve Rogers / Captain America)
Article Cinéma du Vendredi 24 Aout 2012

Propos traduits par Pascal Pinteau

Qu’a représenté pour vous le fait d’obtenir le rôle de Captain America ?

Sur le coup, quand on m’a fait cette proposition, j’étais terrifié. D’ailleurs, je n’ai pas donné mon accord tout de suite. Pour un acteur, cela signifie que l’on accepte de s’engager sur le très long terme, mais au moment où cela se produit, c’est excitant et sensationnel. Vous avez du mal à croire que cela vous arrive.

Dans Avengers, Captain America se retrouve dans un monde moderne nouveau pour lui…

Il s’y adapte tant bien que mal, mais heureusement pour lui, Steve Rogers est quelqu’un de solide et de plutôt optimiste. Il défend de hautes valeurs morales, qui ont été établies à une époque où les gens se traitaient différemment, où il y avait plus de considération entre les uns et les autres. Le niveau d’interaction était plus profond. Il me semble que les nouvelles technologies que nous utilisons nous font régresser sur le plan des relations humaines. Aujourd’hui, vous pouvez proposer un rendez-vous à une fille de manière virtuelle, sans lui dire le moindre mot. Cela ne se passait pas ainsi dans le monde de Steve. Il doit s’habituer à beaucoup de choses nouvelles et déconcertantes. Bien des idéaux dans lesquels il croyait, et pour lesquels il s’est battu avec passion, ont changé aujourd’hui. Ils n’ont pas disparu ; ils sont simplement différents. Steve tente de trouver ses marques dans le monde moderne.

Captain America est-il le chef de l’équipe des Avengers ?

Cette première aventure des Avengers au cinéma étant consacrée à la formation du groupe, je me verrai mal dire que j’en suis le leader. Dans cette histoire, nous essayons de trouver le moyen de fonctionner en tant qu’équipe, en tenant compte du fait que certains d’entre nous sont des superhéros. Cela évoluera sans doute dans AVENGERS 2, comme cela a été le cas dans les comics.

Qu’éprouvez-vous envers ce que l’on pourrait appeler les « valeurs traditionnelles », que certains considèrent comme démodées ?

Eh bien, même si je n’ai pas connu les années 40, j’ai grandi dans les années 80. Je me souviens donc d’une époque où les téléphones portables n’existaient pas. Je me souviens aussi d’un temps où l’on ne disposait pas de l’internet. Ce n’est pas pour cela que je vais m’asseoir en face d’un groupe de jeunes qui utilisent leurs portables a tout bout de champ pour leur dire sur un ton pontifiant « A mon époque, on ne faisait pas tout ça… » Les choses sont différentes maintenant, donc je suis un peu comme Steve Rogers. J’ai vécu en partie ce qu’il éprouve à notre époque, et je peux donc me mettre à sa place.

Comment les différents styles d’interprétation des acteurs principaux se sont-ils harmonisés pendant le tournage d’AVENGERS ?

Je crois que les styles de chacun se combinent très bien les uns avec les autres. Il me semble que nous avons tous la même approche de nos rôles, ce qui nous a beaucoup aidé sur ce film. J’ai travaillé par le passé avec certains acteurs qui font beaucoup de chichis et qui veulent « rester dans leur personnage » tout au long de la journée, ce qui peut être extrêmement pénible pour leurs partenaires. Personne n’a fait ce genre de chose pendant le tournage. Cela ne veut pas dire que personne ne venait préparé. Bien au contraire, je pense que certains de ces acteurs se sont si bien préparés qu’il sont désormais capables de se plonger dans leur personnage et d’en sortir en un clin d’oeil. C’est la troisième fois que Robert Downey Jr incarne Iron Man. Il maîtrise ce rôle à la perfection.

Comment le travail avec Joss Whedon s’est-il déroulé ?

Joss est fantastique. Quant il se retrouve sur le plateau, il est confronté à beaucoup d’acteurs qui ont des avis à émettre sur le scénario. Je crois qu’il n’est pas facile d’être réalisateur sur un film de ce genre, où il faut se mettre au service de tout le monde. Si vous dirigez une énorme scène avec beaucoup de comédiens, il est difficile de s’assurer qu’ils sont tous satisfaits…Mais Joss réussit malgré tout à parler de choses spécifiques et judicieuses à chacun d’entre nous. Si l’un de nous a un problème, Joss doit tenter de comprendre ce qui ne lui convient pas. Si la difficulté vient des dialogues, personne ne peut mieux les réécrire que Joss. Il excelle dans l’art de mélanger et de redistribuer les cartes : il insère quelques mots nouveaux ici et là, intervertit une réplique, et parvient à obtenir ainsi quelque chose de différent, et de bien meilleur.

Cela devait être utile dans les nombreuses scènes de disputes !

Oui ! Joss comprend à merveille l’art de l’écriture des dialogues, et des réparties mordantes ; il maîtrise les rythmes de l’expression orale d’un personnage. Beaucoup d’échanges entre les protagonistes des Avengers ont un rythme soutenu, ponctué de réparties très amusantes. Si une scène pose un problème à un acteur, et que Joss doit la modifier, nous ne perdons jamais la moindre plaisanterie ou la moindre répartie pleine d’esprit au cours de ce processus. Joss fait ces changements sur le champ, mais il réussit à conserver tout le sel de ces dialogues très spirituels. Il est vraiment brillant, extrêmement malin. On en revient toujours au fait que le plus important dans un film, c’est le réalisateur. Je me suis rendu compte que vous pouvez disposer d’un excellent scénario, d’un genre très populaire et d’un personnage extraordinaire, mais que si vous n’êtes pas dirigé par un bon metteur en scène, vous n’obtenez rien du tout…En fin de compte, ce qui m’intéresse, c’est de participer à de bons films, et en disant cela, je ne parle pas de ma propre satisfaction ni de l’expression de ma créativité pendant un tournage. Je veux juste contribuer à la création d’un bon film que je pourrai conseiller à tous mes amis d’aller voir, et cela se produit uniquement quand les réalisateurs sont bons.

Les scènes d’action du film sont vraiment étonnantes, très spectaculaires… 

Ce que je trouve particulièrement intéressant dans AVENGERS, c’est que toutes les grandes séquences d’action ne montrent pas forcément des superhéros en train de lutter contre un ennemi commun. Ces types sont en train d’essayer de s’apprivoiser mutuellement afin de former une équipe. Les frictions entre eux dégénèrent vite et tout cela ouvre la voie à des scènes d’action inédites comme le combat entre Thor et Iron Man que mon personnage doit stopper au péril de sa vie !

Incarner Captain America vous a t’il appris quelque chose sur vous-même ?

Si vous jouez pendant toute la journée un personnage qui est un petit malin à la répartie facile, vous allez forcément rentrer chez vous et lancer des plaisanteries à tout bout de champ. Steve Rogers est un type bien. Il fait ce que son devoir lui indique de faire. Si vous vous imprégnez de cet univers mental toute la journée, vous ne pouvez pas vous empêcher de revenir chez vous en vous disant «  Il faudrait que j’essaie de devenir une meilleure personne. Je devrais tenter d’être plus gentil et plus patient avec les autres. »

Vous sentez-vous plus patriote après avoir incarné Captain America ?

Le problème avec le mot « patriote » vient du fait qu’il est totalement subjectif. Il me semble que Captain America tente d’être un symbole du bien et essaie d’agir comme un être humain capable de compassion, de bonté et d’honnêteté, afin de défendre de grandes et fortes valeurs. Si c’est cela votre définition du patriotisme, alors oui, Captain America est un patriote.

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