JACK LE CHASSEUR DE GEANTS : Dans les coulisses d’un conte de fées XXL - Entretien avec le chef décorateur Richard Roberts
Article Cinéma du Jeudi 28 Mars 2013

Suite du grand dossier d’ESI consacré au nouveau film fort sympathique de Bryan Singer : entretien avec le chef décorateur Richard Roberts.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Environs de Londres, 31 mai 2011. C’est à une heure de route de la capitale britannique, dans un paysage de forêts et de champs vallonnés, que nous découvrons l’équipe de Bryan Singer au travail, sur le tournage de JACK, LE CHASSEUR DE GEANTS. La chaumière et la ferme du héros - une coque vide toute en façade qui ne sert qu’aux plans extérieurs – trône dans une clairière. Des tentes nous attendent un peu plus loin, au bas d’une colline, pour assister à la mise en place assez imposante d’une scène où le roi Brahmwell (Ian McShane), le chef de la garde anti-géants Elmont (Ewan Mc Gregor) et Lord Roderick (Stanley Tucci) arrivent au pied du haricot géant pour demander à Jack (Nicholas Hoult) où se trouve la princesse Isabelle. Ils ont appris qu’elle a quitté le château pour venir retrouver le jeune paysan la nuit précédente, mais ils ignorent encore que la tige de haricot géante qui a poussé sous la maison de Jack a entraîné la belle Isabelle dans le ciel au-delà des nuages, vers Gigantua, le pays des géants. Au moment où nous arrivons, les acteurs principaux sont assis sur leurs montures, au premier plan, tandis qu’une longue file de soldats à pied et de cavaliers – une bonne cinquantaine de figurants en costumes de guerriers médiévaux - serpente sur un chemin jusqu’au haut de la colline à l’horizon. A côté d’eux, sur une largeur d’une bonne vingtaine de mètres, les racines et les tiges géantes du haricot enserrent les vestiges de la maison et des annexes de la ferme. Cette longue file de cavaliers en armure et les structures végétales du haricot géant, construites grandeur nature jusqu’à une dizaine de mètres de hauteur, en disent long sur l’ampleur hollywoodienne du film qui se tourne là. Ewan Mc Gregor nous salue de loin, en plaisantant. Comme ses collègues comédiens, il commence visiblement à trouver le temps un peu long, alors que Bryan Singer peaufine l’emplacement des figurants jusqu’à l’horizon, afin de former une belle courbe à l’image. Il doit aussi régler parfaitement le mouvement de la camera relief, qui est montée sur une grue.Tout cela prend du temps, et 45 minutes après notre arrivée, les comédiens en armures et en costumes que l’on devine assez lourds patientent encore sur leurs chevaux, et le plan n’est toujours pas tourné. On sent poindre une certaine lassitude – rester assis aussi longtemps sans bouger sur une selle est particulièrement inconfortable – mais personne ne se plaint pendant que Bryan Singer continue à paufiner le mouvement de caméra à venir...Le réalisateur s’empare d’un micro pour demander aux comédiens de patienter encore un peu, mais les mines restent crispées. Quelques minutes plus tard, Singer crie enfin « Action ! » Plusieurs prises sont tournées pendant la demi-heure suivante. Singer, satisfait de ce qu’il a obtenu, crie « Cut ! Thanks everybody ! » dans son mégaphone. Les acteurs descendent de leurs chevaux en faisant la grimace. Ewan McGregor est tout particulièrement maussade. En dépit de son salut de tout à l’heure, il quitte le plateau en coup de vent, et nous ne le verrons plus par la suite, alors que nous espérions pouvoir lui parler ! L’équipe de tournage se déplace sur un autre lieu. Nous pouvons quitter alors le périmètre qui nous était imparti et nous approcher des racines du haricot géant, afin de les voir de près. Le plus étonnant, ce sont ses énormes feuilles souples et translucides, qui ondulent de manière réaliste sous le vent ! Le chef décorateur vient à notre rencontre pour nous parler de cette réalisation étonnante et de l’ensemble de son travail.



Entretien avec Richard Roberts, chef décorateur.

Pouvez-vous nous expliquer comment les racines et les tiges géantes du fameux haricot magique ont été conçues puis réalisées ?


Volontiers. Dans le film, la tige du haricot magique pousse en une nuit et atteint une hauteur de plus de 8 kilomètres. Comme elle a entraîné la maison de Jack avec elle, ainsi que la princesse qui se trouvait à l’intérieur, la chaumière à moitié disloquée et sa passagère involontaire se retrouvent au bord du pays des géants, qui comme dans le conte, est une sorte d’immense plateau rocheux qui flotte par magie dans le ciel. Au bord de ces falaises, il y a des têtes géantes sculptées dans la pierre. Le décor qui se trouve autour de nous représente comme vous l’avez compris ce qui reste de la maison et de la ferme de Jack après que le haricot ait poussé. Pour le concevoir, nous avons échafaudé une théorie sur la manière dont cette plante magique se développe. Nous avons imaginé que les racines se déploient en un premier cercle autour de l’endroit où le haricot a germé, et génèrent plusieurs tiges qui poussent et se rejoignent plus haut pour n’en former qu’une. Puis des racines secondaires poussent à partir des premières, et les rejoignent pour s’entremêler et consolider la tige centrale, l’aidant ainsi à s’ancrer encore plus solidement et sur une surface plus large dans la terre, et à monter ainsi sans risquer de ployer et de retomber. Contrairement aux illustrations du conte, il n’y a pas ici une seule tige qui monte tout droit du sol jusqu’au pays des géants, mais un enchevêtrement de plusieurs tiges qui constituent une base assez solide pour qu’une extrémité de la plante puisse atteindre 8 kilomètres de haut. C’était une manière d’ajouter une certaine logique « architecturale » dans la structure de cette plante géante, tout en restant dans un fantastique assumé. Bien sûr, il y avait des limites à ce que nous pouvions construire « en dur » dans ce champ. La base de la tige centrale que vous voyez ici sera probablement au moins 3 fois plus large dans le film, une fois qu’elle aura été retouchée et amplifiée par des trucages numériques. Mais il fallait que l’on dispose d’un décor réel de cette taille pour pouvoir rendre crédible le début de cette histoire, notamment quand les personnages principaux découvrent ce qui s’est passé, et décident de partir à la recherche de la princesse, en escaladant la tige géante. Nous avons longuement débattu avec Bryan Singer de la taille que devait avoir le « socle » de racines de la plante. Fallait-il qu’il soit large de 500 mètres, d’un kilomètre ou plus encore ? C’est pour le déterminer que le département de la décoration a fabriqué plusieurs maquettes, qui ont été soumises à Bryan. En fin de compte, il a choisi une base de taille moyenne, afin que les interactions entre les acteurs et les vrais éléments du décor soient plus faciles. Et il a également choisi le paysage naturel où nous nous trouvons pour installer la base du haricot magique. Le résultat final grandeur nature est très proche de la maquette originale, je dois dire.

Quelles ont été les difficultés du travail de conception ?

Franchement, cela a été l’indication qu’on nous a donné de partir d’emblée sur des bases totalement imaginaires, sans se référer à de vraies plantes. Dans la nature, toutes les formes d’une plante sont justifiées. Elles découlent de la manière dont la plante a poussé, dont ses feuilles se sont déployées, etc. Il y a une véritable ingénierie du monde végétal, et plus on l’étudie, plus on est impressionné par les solutions extraordinaires que la nature a trouvé. En entamant notre travail sur JACK, il a fallu inventer des formes et des textures imaginaires, ce qui nous a privé de références, et de justifications basées sur le réel. Au départ, nous nous sommes malgré tout inspirés de tiges de bois séché en provenance de Malaisie. Les tiges du haricot que vous voyez ici y ressemblent beaucoup. C’était un coup de chance, car nous avons trouvé ces trois bouts de bois par hasard dans l’entrepôt d’un loueur d’accessoires, et nous les avons assemblées de manière sculpturale pour former une structure de tige qui a immédiatement plu à Bryan, dès le premier coup d’oeil. Nous avons convenu à ce moment-là qu’il était vain d’essayer de rivaliser avec la nature et que quoi que nous fassions, nos designs ne seraient jamais aussi convaincants que de vraies tiges végétales. Nous avons simplement imaginé que les tiges de notre haricot magique pouvaient pousser soit individuellement, soit s’agglomérer et s’enchevêtrer les unes dans les autres pour former une tige colossale. Bryan a validé cette idée, et après avoir fabriqué plusieurs petites maquettes de 30cm de haut, nous avons engagé un sculpteur afin qu’il fabrique 8 sections différentes d’une tige à une plus grande échelle. Ces éléments-là mesuraient jusqu’à un mètre de haut. Nous les avons moulés puis nous nous sommes servis d’un grand nombre de tirages de ces éléments à la manière d’un jeu de construction : en combinant ces 8 sections très détaillées, nous pouvions créer de nombreuses formes de tiges, toujours à échelle réduite. Ensuite, ces différents assemblages de tiges miniatures ont été scannés en 3D puis ont été envoyés à un prestataire qui utilise une machine pilotée par ordinateur, qui sculpte automatiquement d’énormes blocs de mousse d’uréthane pour reproduire les éléments dont on a besoin en volume. Nous avons obtenu ainsi les versions agrandies, à taille réelle, de ces tiges, que nous avons moulées à nouveau, afin de produire de nombreuses copies à l’échelle 1 de ces pièces en résine et en fibres de verre, afin de les assembler. Les parties des tiges que les acteurs font mine d’escalader ont été construites par ce biais dans les studios d’Elstree. Elles mesurent jusqu’à 13 mètres de haut. En revanche, les racines qui ont été construites ici en décors extérieurs ont été fabriquées de manière plus traditionnelle, avec une structure en bois recouverte de plâtre, d’après une maquette approuvée par Bryan. La difficulté a été de s’assurer que les deux parties de la plante géante, celles construites en résine et celles en plâtre, auraient exactement la même apparence à l’image.

Alors que nous parlons, deux hommes sont occupés à scanner différentes parties des racines du haricot avec un laser. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’ils sont en train de faire ?

Ils font partie de l’équipe des effets visuels, et profitent du fait que l’équipe de tournage soit partie filmer ailleurs pour réaliser ces scans du décor vide. Ils n’avaient pas eu la possibilité de le faire depuis qu’il a été achevé. Ces scans vont leur permettre de reconstituer les volumes de ces éléments en 3D, puis d’habiller ces modélisations avec des photos des textures peintes. Les points oranges que vous voyez au sommet des racines vont servir de marqueurs - c’est à dire de points de repères – de la position dans l’espace des endroits où on va lier les vrais décors aux extensions numériques.

Pourquoi avez-vous utilisé une méthode de construction différente pour les racines installées en extérieurs ?

Parce que les racines construites en extérieurs ont des formes beaucoup plus complexes. Chaque section est particulière. On ne pouvait pas fabriquer un « jeu de construction » de racines à base d’éléments modulaires comme nous l’avions fait pour les tiges. Il valait mieux construire directement ces formes selon les méthodes traditionnelles, avec des infrastructures en bois, recouvertes de grillages métalliques et de plâtre. Dans le film, la vue d’ensemble des racines sera encore plus complexe que ce que vous voyez là. Les tiges émergeant des racines se rejoindront pour former une voûte végétale qui ressemblera un peu à la structure métallique d’un parapluie. L’avantage d’avoir construit un décor aussi grand ici, c’est que Bryan peut tourner directement certains plans devant la base des racine, sans avoir à les compléter numériquement. C’est toujours une source d’économies fort appréciée par la production ! Cela vous explique aussi pourquoi certaines tiges secondaires sont aussi grandes : il fallait qu’elles atteignent le haut du cadre choisi par Bryan quand il filme un plan large sans effets numériques, autour du pied du haricot géant.

Voit-on les tiges monter jusqu’au ciel dans la scène où le haricot magique se met à pousser ?

Non, car cela se passe pendant la nuit, au cours d’un orage très violent. Les premières tiges traversent le plancher, et la maison est entraînée vers le haut alors qu’Isabelle se trouve dedans. Dans l’obscurité, on ne voit les tiges que jusqu’à une certaine hauteur. Jack essaie de s’y agripper, mais comme elles sont lisses et dégoulinantes de pluie, il perd prise, et retombe sur le sol détrempé sans se faire trop de mal. Il reste là un bon moment, et ce n’est qu’au matin qu’il découvre la hauteur phénoménale de l’enchevêtrement des tiges. On les voit beaucoup plus en détail pendant la séquence où Jack, Elmont et les soldats les escaladent pour arriver jusqu’au pays des géants.

Les feuilles que vous avez construites ont un aspect translucide et souple qui est très réaliste. Vous avez certainement dû faire de nombreux tests avant d’arriver à un résultat aussi convaincant…

Oui, les feuilles géantes étaient l’un des défis les plus ardus à relever pour réaliser ce décor. Il est très difficile d’imiter la nature, et quand on tente de le faire malgré tout, avec une certaine naïveté, on en a très vite la preuve ! Il fallait non seulement retrouver la transparence des vraies feuilles, mais aussi leur souplesse, leur finesse, et leur faculté à rester perpendiculaires au corps de la tige quelle que soit leur position… De plus, il fallait aussi qu’elles soient assez solides pour reprendre leur forme initiale après que les cascadeurs les aient agrippées ou aient marché dessus pendant la scène de l’escalade tournée dans les studios d’Elstree. A cause de cela, elles ne pouvaient pas être aussi fines que des feuilles de papier. Les pieds des cascadeurs devaient pouvoir se poser et tenir dessus. Il nous a fallu travailler pendant un an pour arriver au résultat que vous voyez aujourd’hui. Nous disposons de 4 tailles de feuilles. En dépit de tous nos efforts, nous n’avons pas pu les rendre aussi fines que celles produites par la nature. Nous avions envisagé pendant un moment d’employer des armatures de métal recouvertes de soie verte, mais cet assemblage n’aurait pas été assez solide. Il fallait tenir compte aussi du vent qui souffle assez fort sur le décor devant lequel nous nous trouvons. Il y a 2 jours, la vitesse des rafales atteignait 50KMH, et j’ai été ravi de voir que nos feuilles ont non seulement bien résisté, mais qu’elles bougeaient aussi de manière très naturelle. Nous avons réparti des feuilles de 4 tailles différentes un peu partout sur les tiges. Il y a des variations de couleurs sur chacune, pour les différencier un peu, et nous avons joué aussi sur les épaisseurs de matière pour doser leur courbure au vent.

Sont-elles fabriquées en silicone ?

Oui. Il s’agit d’un silicone particulier, assez rigide, que notre fabricant d’accessoires a fait venir des Etats-Unis. La première livraison a pu se faire par avion, puis la réglementation américaine a brusquement changé, et nous a contraints à les faire acheminer par bateau. Comme vous l’imaginez, cela nous a donné des sueurs froides, car au lieu de quelques jours d’attente avant de les recevoir, on passait soudain à six semaines de délais ! Heureusement, Bryan nous a demandé de rendre les feuilles un peu plus souples, ce qui nous a permis de commencer à en fabriquer une première série en faisant un mélange entre un silicone local et le silicone américain déjà en stock, pendant que nous attendions de recevoir le reste de la commande. L’armature est en métal et il y a aussi des parties translucides en nylon, que nous avons usinées et rabotées pour les rendre aussi fines que possible. Tout cela est une approche de fabrication assez traditionnelle, avec des matériaux classiques, mais comme les finitions sont faites à la main, nous disposons d’une plus grande latitude pour varier l’apparence des feuilles. Il suffit que l’épaisseur des parties en nylon de l’armature soit plus ou moins fine pour que la tenue de la feuille varie, et soit plus ou moins tendue. Nous les différencions aussi en variant les teintes et en faisant des petits trous dedans, comme ceux que l’on peut observer sur de vraies feuilles, après que des insectes aient foré dedans pour se nourrir.

Devez-vous faire des travaux de maintenance sur ces feuilles qui restent exposées aux intempéries ?

Oui, mais contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, cela ne concerne pas des retouches de peinture, car les feuilles sont teintées dans la masse et supportent très bien la pluie. En fait, comme les feuilles pèsent malgré tout un certain poids, elles ont tendance à s’affaisser un peu au bout de la journée, en faisant ployer leurs armatures. Pour remédier à cela, nous les retournons une par une à la fin de chaque journée de tournage, et les laissons ainsi pendant la nuit, afin que la pesanteur les redresse. Le lendemain matin, nous procédons rapidement à la manipulation inverse, et les feuilles ont a nouveau leur aspect optimal ! (rires)

Combien de temps vous a-t-il fallu pour construire tout cela ?

12 semaines. Et cela comprend aussi le décor extérieur de la ferme de Jack que l’on verra intact seulement dans quelques plans du film, avant que le haricot ne commence à pousser et à tout détruire.

Comment avez-vous trouvé ce lieu, qui est préservé de toute trace d’agriculture moderne ?

Comme vous le dites, cet endroit correspond effectivement à la manière dont on se représente la campagne anglaise pendant la période médiévale. Nous avons fait de nombreux repérages avant de le trouver, car il fallait éviter de voir des champs modernes à l’horizon, ou des aménagements végétaux un peu trop soignés comme ceux des parcs naturels. Comme on nous avait demandé de trouver un lieu dans une zone située à moins d’une heure de Londres, nous avons tracé ce cercle sur une carte et fait le tour de toutes les propriétés et domaines privés qui acceptaient les tournages de films. Le paysage de ce site, avec ses clairières, ses bois, ses collines et ses vallons, correspondait exactement à ce que nous recherchions. Il avait déjà servi au tournage du récent ROBIN DES BOIS de Ridley Scott, mais nous l’avons employé différemment, en ne tournant pas aux mêmes endroits.

Y a-t’il des restrictions concernant ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire sur les terrains de cette propriété privée ?

La règle est bien sûr de ne pas utiliser des produits polluants qui pourraient abîmer le site. Nous devons quitter l’endroit en le laissant dans l’état où nous l’avons trouvé. Et nous n’avons pas le droit de creuser le sol à une profondeur de plus de 30cm. De ce fait, tous les décors qui semblent « ancrés » dans le sol sont en réalité simplement posés dessus. Les tiges qui émergent du sol n’ont pas de fondations : elles sont équipées de bases plates assez larges qui sont enterrées à une faible profondeur.

De combien de personnes est constituée votre équipe de conception et de fabrication des décors ?

Je dirais environ 80 pendant le pic d’activité de la production.

Les tiges du haricot s’élèvent très haut en restant verticales, sans se recourber ni retomber sous leur propre poids. Est-ce que cela est justifié dans le film ?

Eh bien nous avions proposé à Bryan qu’elles soient très épaisses et que la base du haricot soit beaucoup plus large, mais il est parti du principe que les tiges étaient très solides et encore plus fines en haut qu’en bas. Les premières tiges qui montent vers le ciel sont un peu comme des filaments très fins qui s’accrochent sur le plateau rocheux du pays des géants. Une fois que les tiges se développent aussi au sommet et épaississent, toute la structure se solidifie de haut en bas, et se tend comme un câble, ce qui lui donne sa rigidité. Voilà l’idée qui permet d’expliquer comment cela marche, mais n’y mettez pas trop de logique, car ce haricot est magique ! (rires)

Pouvez-vous nous décrire les autres décors que vous avez construits pour le film ?

En dehors de ce que vous avez vu ici autour du haricot géant, il y a un petit cimetière médiéval avec deux tombes, à proximité de la ferme de Jack. C’est un décor que nous avons représenté sur un seul dessin préparatoire, que Bryan a aussitôt approuvé. Il est très rare que cela se produise pendant la préparation d’un film. Habituellement, nous réalisons plutôt 200 dessins avant d’obtenir le feu vert du réalisateur ! L’un des autres décors principaux du film est celui de la cité fortifiée, qui comprend des habitations entourées de remparts, avec des douves et des pont-levis, et un énorme château avec un palais à l’intérieur. La cité est supposée mesurer plus d’un kilomètre et demi de large. Il s’agit d’un endroit imaginaire aux proportions très exagérées, qui ne se réfère à aucune construction médiévale réelle. Nous avons tourné certaines scènes supposées se dérouler là dans la cathédrale de Norridge, dans celle de Wells, ainsi qu’à Hampton court, et nous avons construit un grand décor de cour de château dans les studios d’Elstree. Ce décor sera complété par des extensions numériques des murailles et par le modèle 3D du château. En ce qui concerne le monde des géants, Gigantua, il est essentiellement virtuel dès que l’on entre dans leurs habitations. Le reste, c’est à dire les paysages naturels de forêts, a été tourné ici en extérieurs. Nous nous sommes bornés à construire certains accessoires des habitations des géants à l’échelle des humains, comme la cage à l’intérieur de laquelle la princesse Isabelle est enfermée, par exemple. Dans la plupart des cas, il s’agissait seulement d’éléments permettant de tourner des plans moyens ou serrés des acteurs sensés se trouver dans le monde des géants.

Vous n’avez donc pas construit des décors surdimensionnés pour représenter les habitations du monde des géants ?

Non. Ces environnements seront intégralement réalisés en images de synthèse. De toutes manières les décors de Gigantua sont tellement énormes que nous n’aurions pas eu assez de place pour les construire, même dans les plus grands plateaux d’Angleterre. Nous avons cependant construit quelques portions du monde des géants afin de tourner directement quelques plans avec les acteurs. Mais ces parties de décors étaient assez petites.

La suite de ce dossier colossal sera bientôt publiée sur ESI !

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