LE HOBBIT : UN VOYAGE INATTENDU : Entretien exclusif avec Dean O’Gorman, interprète de Fili – Première partie
Article Cinéma du Vendredi 24 Mai 2013

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A l’occasion de la sortie des éditions DVD et Blu-ray du HOBBIT: UN VOYAGE INATTENDU, qui vous permettra de retrouver dans les bonus les formidables « journaux de bord » du tournage, tous regroupés, Effets-speciaux.info vous propose une conversation avec l’un des nouveaux visages de la saga de Peter Jackson, le comédien Dean O’Gorman, qui nous a raconté comment il est devenu Fili, l’un des pittoresques guerriers nains de cette grande aventure…

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Connaissiez-vous déjà LE HOBBIT et la saga de Tolkien avant d’être impliqué dans ce projet ?

J’avais lu et beaucoup aimé LE HOBBIT quand j’étais enfant, mais pas LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Je n’ai vraiment découvert cette partie-là de l’univers de Tolkien qu’en voyant les films de Peter Jackson. J’ai relu deux fois LE HOBBIT avant de commencer à travailler sur le film, afin d’avoir en tête toutes les informations contenues dans l’œuvre originale, mais après, mon principal outil a été le script. Je dois dire que j’ai été très impressionné par le travail d’adaptation qui a été fait. C’est brillamment écrit.

Comment l’audition s’est-elle déroulée ? Avez-vous fait quelque chose de très particulier pour décrocher ce rôle ?

Les auditions ont eu lieu un an avant le début du tournage, et après y avoir participé, je n’ai plus eu de nouvelles de la production pendant des mois. Je pensais donc que je n’avais pas été choisi, et cela ne me surprenait pas, car je dois dire que je ne m’attendais pas du tout à obtenir un rôle dans LE HOBBIT ! Quand le téléphone a sonné presque un an plus tard et que j’ai eu Philippa Boyens au bout du fil, j’ai été sidéré ! Elle m’a annoncé qu’on envisageait de me confier le rôle de Fili, et m’a expliqué pourquoi c’était un personnage sympathique et vraiment intéressant. Ils m’ont fait venir par avion à Wellington quelques jours plus tard, et j’ai passé une nouvelle audition devant Philippa, en compagnie d’Aidan Turner, qui joue mon frère Kili. Juste avant le début de l’audition, Philippa m’a présenté Peter Jackson, et je lui ai demandé ce qu’il était important de faire ressortir du personnage dans mon interprétation. Peter était très disponible et très décontracté, alors que j’étais extrêmement anxieux. Je crois qu’il l’a senti et qu’il a tout fait pour me mettre à l’aise. Il m’a dit « Je voudrais que l’on sente que Kili et Fili s’entendent parfaitement. Il faudrait que tu travailles cela avec Aidan, pour exprimer à la fois l’affection fraternelle et la complicité qui vous unit. N’hésite pas à improviser et à dire des choses qui te viennent spontanément à l’esprit. L’important, c’est que l’on ait l’impression de voir deux frangins qui s’amusent bien ensemble. » J’étais ravi, car j’adore improviser quand c’est possible. Il y avait à la fois des aspects dramatiques et des moments drôles dans la scène que nous devions jouer, et cela me plaisait également, car la comédie est un des mes registres favoris au théâtre et au cinéma. Grâce aux indications de Peter, je me suis senti plus confiant, plus à l’aise, et l’audition s’est très bien passée. J’étais soulagé, car je me disais que même si je n’étais pas retenu, je n’avais pas à rougir de ma prestation. Heureusement, le suspense qui a suivi n’a pas été long : dès le lendemain, Philippa m’a rappelé pour me dire que j’étais choisi pour jouer Fili, et deux jours plus tard, j’arrivais dans les studios !

Comment décririez-vous les relations de Fili avec son oncle Thorin Oakenshield, son frère Kili, les autres nains et Bilbo ?

Thorin étant à la fois son oncle, l’adulte dont il était le plus proche après la mort de son père, et le prince destiné à devenir le roi de Durin, il est forcément l’une des personnes les plus importantes aux yeux de Fili. Fili recherche toujours son approbation, comme s’il était son père. Il serait prêt à le suivre aveuglément n’importe où. Il soutient totalement la cause de Thorin, comme le fait aussi Kili, son frère cadet. Fili étant l’aîné, il garde toujours un œil sur Kili, qui bien qu’étant très sociable, a tendance à être impulsif et à agir avant de réfléchir. Fili est bien conscient d’appartenir à la dynastie royale de Durin, et d’avoir de ce fait des responsabilités. Il deviendrait roi si jamais Thorin mourrait… Il agit donc de manière plus réfléchie que son cadet, qui n’est pas destiné à régner. Fili est également un grand frère affectueux et protecteur, qui veille à ce qu’il n’arrive rien de mal à Kili. En travaillant nos deux personnages, Aidan Turner et moi nous sommes dit que leur mère avait certainement dû ressasser maintes fois à Fili « Surtout, surveille ton petit frère et empêche-le de faire des choses stupides ! » (rires) En ce qui concerne les rapports entre Fili et les autres nains, comme elles n’étaient pas décrites de manière spécifique dans le livre, nous avons pu broder un peu et imaginer leurs interactions. En général, Thorin, Fili et Kili restent toujours ensemble, peut-être en raison de leur rang, mais surtout à cause de leurs liens familiaux. Il arrive assez souvent que Balin et Dwalin se joignent à eux, car Balin est un seigneur nain et un conseiller que Thorin respecte énormément, et Dwalin un guerrier émérite d’une grande loyauté, qui suivrait Thorin sans hésiter jusqu’en enfer ! En ce qui concerne le reste des nains, nous avons développé progressivement leurs relations pendant le tournage, de scène en scène, en travaillant entre comédiens et aussi avec Peter Jackson. Les choses ont évolué ainsi naturellement. Bilbo, lui, est d’emblée un cas à part. C’est une créature un peu trop sophistiquée dont tous les nains se méfient, Fili y compris. Pour eux, Bilbo est trop petit – même selon les standards des nains ! - et trop chétif pour pouvoir se battre correctement. Ils ont tous l’impression que le Hobbit veut voyager uniquement pour admirer de beaux paysages, et qu’en dehors de savoir cuire du pain, il n’a aucune compétence utilisable pendant leur mission. Bref, ils le toisent de haut, et lui font bien comprendre qu’ils le considèrent comme un poids mort. Fili et Kili étant les deux plus jeunes nains du groupe, ils sont vite dissipés et aiment plaisanter et faire des farces. Au début du voyage, ils ne se privent donc pas de taquiner Bilbo, de lui raconter des bêtises, ou de le surprendre pour l’effrayer. C’est le genre de choses que les gosses font en colonie de vacances, pour embêter les petits nouveaux qui arrivent au sein d’un groupe. Mais au cours du voyage, Fili découvre que Bilbo vaut meux que ce qu’il croyait, et que ses connaissances et ses ressources peuvent être extrêmement utiles. A partir de ce moment-là, ils le traitent avec respect, comme un compagnon d’aventure digne de considération.

Pouvez-vous nous parler du « camp d’entraînement » qui a été organisé par la production pour tous les acteurs qui jouent les rôles des nains ? Comment était-ce ? Qu’y avez-vous fait, et comment est-ce que cela vous a aidé à tisser des liens et à forger un esprit d’équipe ?

Ce qui est drôle, c’est que ce fameux « camp d’entraînement » n’était qu’un petit avant-goût de ce qui allait suivre, parce que tout le tournage a été une suite ininterrompue d’épreuves physiques ! (rires) Mais pour répondre à votre question, nous nous sommes d’abord entraînés à monter à cheval, à nous battre à l’épée, à marcher, bouger et parler comme des guerriers nains, en apprenant aussi les différents accents des clans du peuple nain. La population du royaume de Durin, par exemple, a des intonations particulières, comme les autres communautés de nains situées dans d’autres parties de la terre du milieu. En dehors de cela, nous avons fait aussi de la gymnastique, de la course et un peu de musculation. Mais en vérité, comme je vous le disais, c’est le tournage du film qui a été le véritable entraînement physique ! Une fois que l’on est habillé et maquillé, tout le harnachement que l’on porte – le costume, les accessoires, les armes - est vraiment lourd. Il fallait déployer beaucoup d’énergie tout au long de la journée de tournage. Nous avons tous englouti des piscines entières de café pour tenir le coup ! (rires) Cependant, la phase de préparation en « camp d’entraînement » a été souvent amusante et a contribué à créer un véritable esprit de camaraderie entre les acteurs qui jouent les nains. Cela s’est encore renforcé pendant le tournage. Je dois dire que je n’imaginais pas que ma participation au HOBBIT allait être aussi « physique » que cela, car bien souvent, quand on tourne un film, les scènes sont découpées de telle manière que les acteurs font des petites choses chaque jour, et que la plus grande partie des actions compliqués sont tournées par des doublures ou par des cascadeurs. Généralement, on reste assis la plupart du temps dans sa caravane à attendre que le plan soit prêt à tourner, puis on nous appelle sur le plateau, on tourne quelques prises, puis on attend à nouveau, en allant boire une tasse de café ou en grignotant quelque chose…puis c’est l’heure de la pause-déjeuner. Vous tournez encore quelques prises dans l’après-midi, et la journée est finie, et vous rentrez chez vous ! Le tournage du HOBBIT n’avait strictement rien à voir avec cela : il était bien plus intense physiquement, et les journées de tournage étaient très longues. Dès que le tournage a commencé, j’ai compris que la période du camp d’entraînement n’avait pas seulement servi à créer des liens entre les acteurs, mais qu’elle était indispensable pour nous remettre tous en forme, afin que nous préparer à faire ce que l’on attendait de nous.

Pouvez-vous nous décrire la procédure quotidienne pour vous maquiller ?

Volontiers. Le maquillage m’a vraiment aidé à entrer dans la peau de Fili. Il a fallu que je m’habitue à me voir avec mon faux nez, ma perruque et ma moustache, mais c’était intéressant. J’avais la chance que mon maquillage soit moins important que celui de certains de mes camarades, qui en plus du support des fausses oreilles et d’un faux nez, portaient aussi une prothèse de front. Selon les jours, nous devions arriver à des heures différentes dans les loges de maquillage. Si nous jouions dans la première scène de la journée, il fallait arriver vers 5h00/5h30 du matin. La première chose que l’on posait était le faux nez, puis la casquette/cagoule qui était le support des fausses oreilles et qui agrandissait le volume de ma tête en me donnant l’allure d’un nain et non pas d’un hobbit. Ensuite, on posait la perruque par-dessus cette « casquette », puis on collait ma moustache. Comme le maquillage d’Aidan était structuré comme le mien, nous passions à peu près le même temps au maquillage, environ 1h30 à 2h00. Ensuite, nous allions enfiler nos costumes, nos fausses mains en silicone qui épaississaient nos doigts, et nous étions prêts. Nous avions de la chance tous les deux, car notre transformation était plus rapide que celles de la plupart des autres acteurs jouant les nains et infiniment plus rapide que celles des acteurs jouant les orques ou les gobelins ! (rires) La plupart d’entre eux devaient porter leurs costumes et leurs masques de créatures toute la journée, sans pouvoir enlever quoi que ce soit entre les prises. Comparés à eux, nous étions privilégiés.

Avez-vous injecté certains traits de votre personnalité dans votre interprétation de Fili ?

C’est sans doute quelque chose que mes amis et les gens de ma famille remarqueront plus facilement que moi, quand le film sortira… Comme nous avons eu la possibilité de passer plus d’un an à jouer ces personnages, nous avons pu les développer et les affiner tout au long du tournage, alors que nous nous connaissions tous de mieux en mieux, entre acteurs et avec Peter. Nous avons eu tout le temps de réfléchir à nos personnages, à leurs motivations, leurs émotions, leurs conflits intérieurs…C’était un privilège rare de pouvoir explorer ainsi différentes idées, puis de les tester avec le réalisateur et les autres acteurs de la troupe. Je dirais que l’un des points communs entre Fili et moi, c’est que j’étais très enthousiaste de participer au film, et que Fill se réjouit de participer au voyage de Thorin ! (rires) je pense que j’ai projeté cet enthousiasme dans le rôle. En dehors de cela, n’ayant pas combattu d’orques ni de dragons dans ma vraie vie, j’ai un peu de mal à voir d’autres points communs entre le personnage et moi. Mais peut-être que cela me sautera aux yeux quand je verrai le film terminé.

ESI vous entraînera à nouveau en terre du milieu en vous proposant très vite la suite de cet entretien !

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